dimanche 28 décembre 2008

Think positive!

Au moment où je griffonne ces lignes, il tombe une petite bruine sur Montréal. Dire que cela arrive pendant les vacances des Fêtes alors que nombreux auraient le goût d’aller digérer la dinde et les atocas en jouant dans la neige! Pour ma part, les soubresauts de Miss Météo, je les prends avec un grain de sel. Je me dis que c’est bon pour le ski de printemps!

Oui! oui!, c’est bon pour le ski de printemps! La pluie qui tombe s’imbibe dans la neige pour former un mélange qui, une fois le froid revenu, se transforme en un immense bloc de glace sur les pentes de ski. Ce bloc de glace, une fois le printemps arrivé, se transformera en «gros sel» pour le plus grand plaisir des adeptes des sports de glisse, dont l’auteur de ses lignes en tant que planchiste.

Évidemment, au moment où s’ingurgitent la dinde et les atocas, personne n’a le goût de parler de ski de printemps. Cela se comprend, tout le monde a l’esprit à la fête. D’ailleurs, certains vont probablement m’accuser de mettre la charrue devant les bœufs; parler du printemps alors que l’hiver a à peine donné un aperçu de ce qu’il est capable. Remarquez, je ne suis pas surpris qu’on m’accuse pour ma hâtive allusion au printemps. Plusieurs sont-ils à aimer parler de l’hiver.

D’ailleurs, ils en ont beaucoup à dire sur l’hiver. Et vous l’avez probablement remarqué lors de vos dernières soirées festives. Ils en ont beaucoup à dire après avoir eu la gorge caressée par quelques liquoreux verres. C’est justement à ce moment-là qu’ils aiment parler des aléas de la blanche saison. «Qu'est-ce qu'ils font avec nos taxes?», «Ça fait trois jours et la neige n’est pas encore enlevée dans ma rue.», «Ils ne savent pas planifier.», «Ils déblaient telle rue avant telle autre.», «Les trottoirs ressemblent à des patinoires.», «Ça n’a pas de bon sens.», «C’est scandaleux!», «Moi je ferais ça comme ça.», etc.

Ce qui est intéressant à mes yeux, c’est que plus les «hiverneux» parlent, plus ils semblent trouver des solutions; probablement des experts du «brainstorming»! Plus intéressant encore, c’est que toutes leurs idées, les unes meilleures que les autres à les entendre, ne semblent avoir aucun effet sur un compte de taxes. Bienvenue au royaume de la gratuité! Sur cette lancée, je vous invite à lire l’article de Stéphane Laporte que j’ai déniché au hasard, Il neige à Montréal.

Pour ma part, la neige, il n’y en aura jamais assez. Le désagrément qu’elle me cause – 10 minutes de pelletage tout au plus forme physique aidant je vous l’accorde – n’est rien comparé aux plaisirs qu’elle me procure. Par exemple, j’ai profité de la soi-disant tempête de dimanche dernier sur les pentes de ski. Et j’ai réitéré mon plaisir mercredi le 24 avec les quelques autres centimètres tombés au sol. Deux magnifiques journées comme je les aime : de la poudreuse, de la poudreuse et encore de la poudreuse fine et légère à perte de vue.

C’est d’ailleurs mercredi matin sur le chemin menant aux pentes enneigées que j’ai entendu le maire Tremblay à la radio. On le questionnait sur vous savez quoi. J’ai bien aimé sa façon de voir les choses : «Les citoyens sont exigeants et ils ont raison de l’être.», «Nous allons déblayer les rues pour les satisfaire.», «Les employés travaillent forts.», «Ce n’est pas parce qu’une personne se fait prendre avec une bière au travail que tous les employés sont comme ça.», «Les employés font de gros efforts, je crois que c’est normal qu’ils fêtent en famille comme tout le monde», «On va interrompre le chargement de la neige ce soir (le 24) et on va reprendre ça le 26». Très logique n’est-ce pas? On ne peut être contre la vertu : les employés travaillent fort et ils ont le droit de fêter en famille comme tout le monde.

Je vous parle de ça parce qu’il est difficile de trouver meilleur leçon de leadership. Monsieur Tremblay agit comme un leader doit le faire. Il va au front et encaisse les coups venant de ceux qui se délectent de l’incapacité de la ville à enlever la neige. Dans le détour, le Maire profite de l’occasion pour vanter les efforts des employés de la ville.

Personnellement, j’aime bien la façon de faire du maire Tremblay. J’aime également lorsqu’il va sur le terrain et qu’on le voit en train de ramasser un détritus dans le but de donner l’exemple à ses concitoyens. Ou encore, lorsqu’il explique que tous les citoyens doivent faire leur part pour que la ville soit plus propre et plus belle. C’est exactement ce que doit faire un leader : donner l’exemple, communiquer les valeurs et les comportements valorisés par l’organisation tout en protégeant son équipe des commentaires désobligeants des autres.

Bien sûr, plusieurs vont accuser le maire Tremblay de ne pas être dans son bureau à résoudre les problèmes lorsqu’il va sur le terrain. Ils vont également l’accuser d’être trop mou face à des employés qui ne donnent pas de résultat. Ou encore, ils vont se moquer de lui pour ses beaux discours dont la majorité se balance.

Sincèrement, je préfère ne pas imaginer à quoi doit ressembler le leadership de ces accusateurs. Le maire Tremblay a la bonne attitude pour instaurer une culture de leadership dans la ville. C’est en ayant de bons mots pour les employés, en les soutenants dans l’adversité, en communiquant clairement les attentes et en donnant l’exemple des comportements attendus que le leadership prend forme. Eh oui! C’est comme ça qu’on développe une culture du leadership. Trop simple pour être vrai!

Bien sûr, instaurer une culture du leadership au sein de la ville de Montréal ne se fera pas en criant ciseau. De mon point de vue, c’est une tâche titanesque compte tenu de l’historique des administrations passées. Et c’est ce qui rend l’attitude du Maire Tremblay d’autant plus remarquable, il agit sur tous les fronts. Il louange le travail des employés. Il parle des bonnes manières citoyennes à la population. Et il se présente dans les médias pour encaisser les coups des gérants d’estrade qui croient à la pensée magique. Le tout avec une attitude et une approche constructive.

À l’aube de la nouvelle année, je ne sais pas si vous allez prendre des résolutions concernant votre leadership. Si vous en avez le désir mais que vous ne savez trop par où commencer, le maire Tremblay est un exemple à suivre. Sa façon de faire est très simple. Elle se résume en deux mots : Think positive!

dimanche 21 décembre 2008

Le retour de Magic Sam

Hello Hello mon ami! Es-tu gentil cette année? Tu demandé milliards de money Père Noël? Faut être gentil durant l’année pour avoir beaux milliards dans bas de laine. Aye!, mon ami! T’a vu ça toi? Tu sais que Magic Sam y est bon avec tour magie. Ok! Magic Sam y est bon, mais l’autre tu as vu? Écoute!, 50 milliards de money. Wow! Ça belle magie! Pouf! Big money disparue. C’est ça qu’il appelle le tousse tousse test? En tout cas, ça doit pas sentir bon trop trop!

Plus drôle mon ami c’est que si je dis Bernard Madoff l’autre mois, toi tu réponds moi: "Magic Sam! Le gars légende de Wall Street. Le gars ancien président Nasdaq. Y lance son entreprise quand juste 22 ans. This guy is a born business man. Aye! Évident le gars un leader!"

Non mais là tu comprends y faut que tu ouvres ton s’yeux. Tu vois que même si un titre sur ton carte affaire, ça veut pas dire le gars un leader. Tu comprends avec Madoff? C’est pas parce que le gars un «leader» que c’est bon leader. C’est pas parce que le gars un «leader» qu’on fait bonne chose. Pas parce que «leader» que ton action est construtive pour entreprise ou société. Tu vois mon ami comme y faut rester œil ouvert?

Et là pas fini avec Père Noël. T’as vu ça? Le beau money pour GM Chrysler, 17 milliards dollars US mon ami. That’s again, Magic Sam tout régler. Aye!, mon ami, pense ça, 17 milliards juste pour 3 mois. Ho! Ho! Ho! Santa Clauss demande restructuration. Wow!, trois mois restructurés sont même pas capable trente dernières années. Trente années pas capable comprendre succès japonais. Faut pas être vite vite comprendre. Belle petite qualité économique voiture. Mais eux autre Think big! Something wrong mon ami. Il lance money par fenêtre. C’est sûr je comprends pas le choix sinon big crise économique. C’est beau comprendre but faut pas oublier réfléchir.

Mon ami, t’as vu côté canadien? Harper annonce 4 milliards dollars avec Ontario. T’as entendu syndicat? Pas question on fait concession sur salaire. Wow! This guy really believe Père Noël. Aye!, mon ami, je rêve là? Aye!, son industrie bord faillite. Come on!, tu viens planète extra-terrestre? Tu fais méditation au lieu écoute ton TV? Toute économie plante mois après mois et le gars dit pas concession sur salaire! Aussi bien demandé penche toi pour un autre tousse tousse test!

Je sais pas ce que tu penses mon ami mais c’est clair chacun pour soi. Politicien essaye juste se faire réélire. Syndicat veut juste plus money pas concession. Patron gagne million avec stock option. Évident mon ami, no one have vue d’ensemble. Tout le monde là pour son petit affaire and nobody care pour les autres. C’est ça tu appelles vivre société? Aye come on, arrête tirer couverte juste pour toi.

C’est sûr mon ami, toi peux pas tout régler. Regarde travers monde, problème à cause chacun veut plus pour lui sans donner l’autre. Pas dur comprendre. Quand Magic Sam petit, même problème. Malgré temps, pas grand-chose régler.

Peut-être pas toi toute régler mais mon ami, tu fais quoi pour un peu meilleur ton côté? C’est sûr Magic Sam pas très bon français. Magic Sam fait tite blague mais sérieux, tu fais quoi pour que monde meilleur? Tu fais quoi pour ton équipe plus humain? Si toi agis pas autour de toi, qui va le faire? Pense ça pendant vacance. Pense bien mon ami parce que next year peut-être décisions difficiles.

By the way, Joyeux Noël!
Magic Sam
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dimanche 14 décembre 2008

L'affaire est ketchup

La semaine dernière, plusieurs s’époumonaient pour affirmer que Stephen Harper est de mauvaise foi. Que de péripéties auxquelles a-t-on eu droit par la suite! Cette semaine, on déplore le manque de participation aux élections provinciales. Que d’appels aux urnes avions-nous eus droit!

«C’est important que vous alliez voter.», «Une fois par quatre ans, vous pouvez directement exprimer votre choix.», «Voilà l’occasion de participer à la démocratie.», «Le droit de vote, c’est l’un des plus précieux de tous les droits.», «C’est irresponsable de ne pas aller voter.», etc.

Avec un taux de participation de 57,3%, faut croire que l’appel aux urnes n’a pas touché la cible. Alors on essaie de comprendre les raisons de cette désaffectation. Et on se perd dans les hypothèses. C’est pourtant très simple à comprendre, si les gens ne se rendent pas voter, c’est probablement qu’il n’y a rien d’inspirant dans le monde politique. Les urgences des hôpitaux, les infrastructures publiques qui se dégradent à la vitesse grand V, le décrochage scolaire, les disparités sociales, les «pas de hausse» de taxes, etc. Tout ça a déjà été entendu. Tout n’est que du réchauffé pour lequel on nous promet enfin LA solution.

Il n’y a pourtant pas besoins de cogiter très longtemps pour expliquer le faible taux de participation aux élections, c’est juste que la population ne s’est pas identifiée aux enjeux proposés. À vrai dire, la population ne s’est pas identifiée au manque d’enjeux. Quoique désolant, il faut admettre qu’il n’y a pas de réels projets de société qui sont proposés lors des élections. Comme je le disais dernièrement dans mes chroniques (Par la barbichette, L’effet Obama au Québec et Votez), nos politiciens n’ont rien qui vaille à nous proposer. Dans les circonstances, vaut-il la peine d’être surpris du manque d’engouement des électeurs à aller poser leur croix à gauche, à droite ou au centre?

Pour ma part, je regarde le taux de participation aux élections comme le reflet de la motivation au sein d’une entreprise. On veut des employés motivés et dévoués alors que bien souvent, on n’a rien à leur proposer. Les gestionnaires sont là à carburer aux défis à relever. Ils sont fiers de leurs réalisations comme le politicien l’est de se faire élire. On est fier de soi mais qu’a-t-on à offrir aux employés, aux électeurs? On fait notre gros «show» et on récolte les honneurs pour soi : notre élection ou notre promotion.

Les politiciens aimeraient que les électeurs courent aux urnes afin qu’ils puissent être élus ou réélus. On supplie la population de voter alors qu’il n’y a rien de motivant à le faire. Toutes les élections, on entend les mêmes discours; sûrement une preuve qu’on n’a pas de réelles solutions aux nombreux problèmes. De leur côté, les gestionnaires veulent plus d’efforts et plus d’engagements afin de réaliser leurs projets. Mais dès qu’ils en ont l’occasion, ils quittent pour aller relever de nouveaux défis ou ne trouvent rien de mieux que de faire des coupures. Dans ces contextes, faut-il se surprendre du manque d’engouement des électeurs à aller voter ou des travailleurs à se dépasser? Rien de surprenant mais on nie l’évidence. On cherche des raisons pour expliquer.

Je ne sais pas si vous l’avez remarqué mais le plus cocasse avec les élections est qu’on donne des intentions aux électeurs. «La population n’a pas donné un gouvernement majoritaire parce qu’elle ne fait pas confiance…», «La population a donné une faible majorité car elle voulait une opposition capable de dénoncer correctement les actions du gouvernement». «La population… », comme s’il y avait une conscience globale ou supérieure qui organiserait un vote stratégique. Désolé de le mentionner mais il n’existe pas de dessein supérieur qui aurait un effet sur le résultat des élections.

Pour ce qui est du taux de participation, si seulement 57% de la population a été votée, c’est tout simplement qu’elle en a marre des discours insipides. En fait, si seulement 57% des 5,7 millions d’électeurs ont été votés, c’est tout simplement que tout un chacun avait le désir d’exprimer un message clair et direct: Au royaume de la poutine, on en a assez des creuses promesses. Au royaume de la poutine, si seulement 57% des 5,7 millions d’électeurs ont été votés, c’est parce qu’on aimerait que les politiciens comprennent que l’important, c’est que «l’affaire est Ketchup».


dimanche 7 décembre 2008

Leçon de diversion

Que vous aimiez ou non la politique, votre constat est assurément que la semaine a été une source d’intenses palpitations. Tout ça le croirez-vous, à cause des changements climatiques. Oui messieurs dames, les changements climatiques affectent la politique canadienne. Vous comprenez maintenant pourquoi Stephan Harper ne veut endosser le protocole de Kyoto. C’est tout simplement que les changements climatiques lui sont très utiles le temps venu!

Évidemment, là je vous reconnais! Encore une fois, vous êtes sceptiques! Dans les circonstances, laissez-moi vous expliquer…

Comme vous le savez… Vous ne le savez peut-être pas mais vous en avez déjà entendu parler?... D’accord, vous le savez mais vous refusez de le reconnaître… Du pareil au même… En tout cas, peu importe… Les scientifiques eux autres sont d’accord pour dire que les changements climatiques affectent sérieusement l’équilibre environnemental de la planète. Ils ont pu mesurer des hausses de température à travers le monde ce qui inclut le Grand Nord canadien. D’ailleurs, selon leur modèle, les hausses de température seront plus importantes dans les régions arctiques.

Là vous allez me dire, Guy-Michel c’est bien beau les modèles mais on veut des preuves. Eh bien! ça ne pouvait mieux tomber, j’en ai justement une belle preuve. On nous parle de hausse des températures dans les régions arctiques. Si je ne me trompe, le Grand Nord canadien fait partie des régions arctiques? Par extension, cela inclut également le Pôle Nord. Et bien voilà la preuve est faite!

Bien sûr que la preuve est faite! Vous ne comprenez absolument rien à ce que je vois. Toujours la même chose avec vous, il vous faut des détails… Vous n’avez pas remarqué ce qui s’est passé avec le Pôle Nord? Vous n’avez rien vu d’anormal avec le Père Noël? Hô! Hô! Hô!... Là! Là! Là! Décidément, vous êtes dur de la feuille. Il vous faut un dessin à ce que je peux voir. Ah ben! Ah ben! un dessin couleur 3-D en plus. On sait bien, lorsque ce n’est pas vous qui payez, on ne regarde pas la dépense! Dessin couleur 3-D…

C’est pourtant évident que les changements climatiques affectent le Pôle Nord. Vous n’avez pas remarqué le comportement du Père Noël? Vous n’avez pas remarqué qu’il a fait sa distribution de cadeau 20 jours et 12 heures avant le temps. Ne me dites pas que vous n’avez rien vu de tout ça!?!

Bien sûr que vous n’avez pas vu le Père Noël. Voyons! Tout le monde sait ça. Personne ne voit réellement le Père Noël. Pensez-vous vraiment qu’il aurait le temps de prendre une bière dans toutes les maisons et de faire asseoir matante Ginette sur ses genoux? Lui il a des choses plus importantes à faire le soir de Noël. Le vrai Père Noël, personne ne le voit parce qu’il doit distribuer des millions et des millions de cadeaux à travers le monde et tout ce qu’il a pour l’aider, c’est le décalage horaire. Donc c’est évident, vous ne l’avez pas vu le Père Noël. Par contre, vous avez sûrement remarqué l’effet de son passage? Comme je vous le disais, cette année, à cause des changements climatiques, Santa Claus a fait sa tournée 20 jours et 12 heures trop tôt.

Teut! Teut! Teut! Teut!… Faites le calcul. Normalement tout ça se passe le 24 décembre à minuit. Enlevez 20 jours et 12 heures… Ça fait combien? Eh oui, je vous l’avais dit… Ça tombe le jeudi 4 décembre à midi! Exactement l’heure où Stephan Harper est sorti de la maison de la Gouverneure générale! Pourquoi pensiez-vous que leur rencontre avait été si longue? Facile à comprendre me semble! Le Père Noël a beau être désorienté par les changements climatiques, il ne fait pas sa tournée à 9h20 ou à 10h12… Vous comprenez maintenant pourquoi Stephan Harper ne veut pas endosser le protocole de Kyoto. C’est tout simplement parce que les changements climatiques lui sont favorables!

Que voulez-vous… cette chronique s’intitule leçon de diversion. Toutes mes excuses si je vous ai convaincu que le Père Noël existait. Pour ma part, je suis tout simplement surpris de voir la réaction qu’engendre la crise politique qui se déroule actuellement à Ottawa. C’est tout simplement délirant! Les journalistes, les syndicats, les partis d’opposition, la population… Aïe! Tout le monde arrache leur chemise et s’époumone pour décrier l’odieux de la prorogation de la Chambre des communes. Dans un reportage radio, il y avait même une dame en pleur à cause des politiciens qui sont en train de défaire SON pays! Du calme, du calme, il n’y a absolument rien là.

Absolument rien là je vous dis. Les gens sont là gnan gnan gnan ça n’a pas d’allure, c’est un dictateur… Vive le Canada… Il se fout de la démocratie… On n’a pas voté pour ça… C’est un parti de droite… Il ne veut faire qu’à sa tête… Etc. Etc. Du calme du calme, ça n’a juste rien à voir. Stephen Harper est juste en train de faire une diversion. Cela étant dit, prenez un grand respire et on regarde ça de plus près.

Par le passé, cela vous est probablement arrivé de diriger une équipe? J’imagine que vous avez déjà fait un projet? Qu’est-ce qu’on fait lorsqu’on planifie un projet? Eh bien un moment donné, on fait l’analyse des opportunités et des menaces. C’est exactement ça qu’ont fait Stephen Harper et son équipe. Voilà à quoi devait ressembler leur feuille de travail :

Opportunités
• Le parti a plein d’argent dans les coffres;
• Les autres partis sont déficitaires;
• Les autres partis n’ont pas les moyens d’aller en élections au cours des prochains 12 mois;
• Stéphane Dion est impopulaire; il est chef des libéraux pendant encore 5 mois;
• Le parti libéral est présentement dans une course à la chefferie, donc ils n’ont pas le temps de s’occuper d’autres choses;
• Avec notre argent, on peut jouer avec l’opinion publique dans les médias;
• Avec notre argent, on peut également se payer une très bonne campagne électorale;
• Impossible de créer une coalition avec Stéphane Dion car c’est le pire ennemi des Québécois et donc, du Bloc Québécois.

Menaces
• Le parti libéral va changer de chef au printemps;
• Peu importe qui sera le nouveau chef libéral, Ignatieff ou Rae, les deux ont plus de charisme que Stephan;
• On entre dans une crise économique mondiale, c’est sûr que le parti va perdre en popularité;
• Si on perd en popularité, de gouvernement minoritaire, on passe dans l’opposition;
• Si on passe dans l’opposition, jamais Stephan n’aura été un vrai premier ministre (premier ministre majoritaire);
• Un gouvernement de coalition pourrait nous renverser (mais c’est quasi improbable avec Dion);
• Les libéraux changent de chef avant le renversement du gouvernement.

Après avoir fait l’énumération des opportunités et des menaces vient l’élaboration d’un plan d’action, les stratégies à envisager et la mise en œuvre du tout afin d’atteindre un objectif précis. Quel est l’objectif de Stephan Harper? Évidemment, devenir un premier ministre majoritaire. Pour que cela se réalise, il faut bien entendu aller en élection. Et pour Harper, cela doit se faire avant le mois de mai ou avant que les Libéraux changent de chef comme on le comprend en lisant sa liste d’opportunités et menaces. Regardons maintenant son plan d’action:

Plan d’action pour se rendre en élection
• Se mettre l’opposition à dos avec l’énoncé économique;
• Faire renverser le gouvernement afin de déclencher des élections;
• Créer une image positive du parti conservateur auprès de la population;
• Dénigrer Stéphane Dion comme chef de parti auprès de l’opinion publique;
• Développer une campagne électorale avec comme thème l’irresponsabilité des partis de l’opposition qui n’ont pas appuyé le gouvernement.

Évidemment, à la lumière des derniers jours, les choses ne se sont pas passées exactement comme l’avaient prévu les conservateurs. Jamais il n’avait pensé que les partis d’opposition se rallieraient derrière Stéphane Dion. J’admets que l’expression «rallié derrière» est un peu forte vu les circonstances mais c’est tout de même ce qui s’est passé. Qui l’eut cru? Le chef des souverainistes à Ottawa qui s’allie avec le pire ennemi du clan indépendantiste. Personne ne l’aurait cru, Stephan Harper le premier. C’est à ce moment que les conservateurs ont sorti leur deuxième plan d’action :

Plan d’action alternatif
• Faire des conférences de presse pour démontrer que le gouvernement est de bonne foi mais que les partis d’opposition veulent faire un coup d’État;
• Dire à la population que la coalition va à l’encontre de la démocratie car elle s’associe à un parti séparatiste;
• Jauger l’opinion publique sur la perception des événements et son adhésion à l’idée de renverser le gouvernement;
• Expliquer à la gouverneure générale qu’il est préférable qu’elle nous donne un peu de temps puisque la coalition risque de se dissoudre rapidement;
• Convaincre la gouverneure générale qu’il faut attendre la fin janvier où l’on va présenter un nouveau budget;
• Faire abroger la session parlementaire par la gouverneure générale. Avec la période des fêtes qui approche, cela devrait être acceptable à ses yeux d’autant plus que l’enjeu est grand;
• Poursuivre les campagnes de publicité qui présentent Stéphane Dion comme quelqu’un qui ne peut diriger le pays avec comme preuve, son association avec le Bloc québécois;
• Préparer un budget bonbon advenant le cas où les Libéraux changent de chef ou que la coalition semble tenir bon. Il pourrait alors prendre le contrôle du parlement;
• Préparer un budget empoisonné pour assurer le renversement du gouvernement et ainsi aller en élection avec Stéphane Dion à la tête des libéraux. On pourra les battre à plate couture et ainsi devenir majoritaire.

Voilà pourquoi il ne faut pas s’énerver avec ce qui se passe à Ottawa. Ce n’est que de la stratégie politique d’un «leader» qui pense plus à son avenir qu’à l’avenir de ses commettants. Bien entendu, Harper prend des risques en jouant à ce jeu. Pourquoi?

Élémentaire mon cher Watson! Il n’a tout simplement pas le choix. Le gouvernement doit jouer quitte ou double car au mieux, il lui reste 4 ou 5 ans à gouverner, au pire, 12 à 18 mois. Comprenez-vous? Si les élections sont déclenchées en janvier avec Stéphane Dion à la tête des libéraux, Harper devient majoritaire et il en a pour 4 ou 5 ans à la tête du pays. Dans le cas contraire, Ignatieff deviendra chef du parti libéral. Six mois plus tard, 12 tout au plus, il renversera les conservateurs et il deviendra premier ministre majoritaire. Et s’en sera fini à jamais de Stephen Harper. Qu’arrivera-t-il si Ignatieff est nommé chef des Libéraux avant la fin janvier? On sort le budget bonbon et on croise les doigts chez les Conservateurs!

Voilà donc pourquoi je vous dis qu’il ne faut pas déchirer notre chemise pour ce qui se passe à Ottawa. Ce n’est que de la petite politique 101. Tout ça n’est que prétexte pour retourner en élection et permettre ainsi aux Conservateurs de devenir majoritaires au parlement. Alors au lieu de vous époumoner à crier l’odieux de ce qui se passe à Ottawa, prenez donc un grand respire, relaxez près de la cheminée qui accueillera bientôt le vrai Père Noël. Et dites-vous que tout cela n’est qu’une simple leçon de diversion!

dimanche 30 novembre 2008

Par la barbichette

Je te tiens, tu me tiens, par la barbichette. Le premier qui rira aura une tapette! Vous souvenez-vous de cette rigolote comptine? Elle m’est revenue en tête cette semaine et ça ne me semble pas être un hasard! N’est-ce pas l’image d’un concours de barbichette qui vous vient en tête lorsque vous regardez nos dévoués politiciens?

Commençons avec le débat des chefs qui avait lieu à l’Assemblée nationale mardi dernier. Délectable moment si vous voulez mon avis. Cela fait longtemps que j’avais vu un événement aussi captivant du point de vue politique. À ma souvenance, jamais je n’avais pu observer autant d’énergie de la part de nos prétendants. Les échanges étaient dynamiques et enflammés.

Et que dire de leurs joutes de barbichettes! Vous les avez remarquées? Avez-vous vu les petits sourires en coin de l’un ou de l’autre alors qu’ils étaient contraints au silence par l’animateur? Pendant que leurs adversaires tentaient de démontrer que leur programme ou leurs actions n’avaient aucun sens, on percevait les vaines tentatives de camoufler un rictus sur le visage des aspirants. Tant Mme Marois, MM Dumont ou Charest ont eu leurs petits moments où j’aurais bien aimé être dans leur tête pour savoir ce qu’ils pensaient:

- Tu parles d’un bon orateur toi…
- Je n’ai rien à dire sur ce sujet là, quelle diversion pourrais-je faire?
- Garde un air sérieux, vaut pas que ça paraisse qu’il m’a déculotté sur ce dossier…

- Encore une fois il a trouvé une faille dans mon programme...
- Oups! faut pas que je me mette à rire… de quoi je vais avoir l’air…

- J’aimerais ça avoir son éloquence, elle connaît bien le sujet…
- Zut! Va encore falloir que je fasse semblant de répondre à sa question…

- Non mais franchement, où est-ce qu’il s’en va avec son idée…
- Il est drôlement incroyable mais faut pas que je rie. Faut pas que je rie.

- Qu’est-ce que je pourrais bien répondre pour contourner sa question…
- Où est-ce qu’elle pointe la caméra que je rie sans que ça paraisse…

- Je l’ai eu! Je l’ai eu! Il commence à sourire…
- Viens ici toi que je te donne une tapette…

Par la suite, la semaine semblait se terminer avec quelques petites joutes de barbichette par conférences de presse interposées. Il nous cache des choses… Vous n’êtes pas digne d’être premier ministre… Comment peut-il nous mentir… Il n’est pas responsable… etc., etc.

Mais coup de théâtre! Se sentant mis de côté, nos politiciens fédéraux ont trouvé une façon pour se faire une place dans l’actualité. Et ils ont mis le paquet : la conférence de presse de Stef H, le retour de Ed, les négociations avec Johnny, la stratégie à utiliser pour mettre Stef D sur la tablette… L’écoute électronique qui présume un complot… Un chausson avec ça? Tout y est pour le canevas d’un polar!

À croire que l’Assemblée nationale et le Parlement se font concurrence pour savoir qui aura les meilleures cotes d’écoute. Ça bien beau être la semaine des BBM mais vaudrait qu’en même pas exagérer les amis! Maintenant, attendez le prochain bulletin de nouvelles où on va entendre : «Les leaders politiques… Oui oui les leaders se sont rencontrés afin de…»

Jouer à la barbichette!?! Oui messieurs dames, nos politiciens sont des accros de la comptine. Dans les circonstances, prenant mon courage à deux mains, je n’ai pas hésité à faire des recherches pour éviter que l’on tombe dans le cynisme à l’égard de la chose politique. Le croirez-vous? J’ai trouvé LA solution à la crise politique actuelle: LA machine à argent! Avec, pour assurer la reprise, une ambiance festive qui j’en suis persuadé, vous donnera le goût d’aller voter mardi prochain!



N’est-ce pas qu’elle est joyeuse cette vidéo? Personnellement, je préfère voir des gens qui s’amusent à ne pas se prendre au sérieux plutôt que de voir des gens qui se prennent au sérieux en s’amusant, à nos dépens!

Lecteurs assidus vous le savez, j’ai l’habitude de terminer mes chroniques avec une petite réflexion. Mais cette semaine, compte tenu des circonstances que je trouve inacceptables dans un pays où l’abondance nous fait oublier que d’autres meurent faute d’eau potable, je vous propose autre chose. Je vous propose de ne pas vous prendre au sérieux!

Êtes-vous prêt à relever ce défi? Pour le vérifier, je vous ai concocté un petit sondage maison que vous trouverez juste ici à votre droite.*

Eh oui, un petit sondage maison comme réchauffement en vue du grand jour! Vous avez le choix entre les Verts, les Jaunes ou les Rouges en fonction de votre appréciation de la vidéo ou des figurants. Et comme c’est gratuit, vous pouvez la regarder à nouveau si vous n’êtes pas certain de votre choix!

Pour ce qui est de la chanson qui vous reviendra en tête dans les prochains jours, je ne suis nullement responsable de vos pensées. Je te tiens, tu me tiens, par la barbichette!


* : Le sondage prend fin le 14 décembre prochain.

dimanche 23 novembre 2008

Roy! Roy! Roy! Patrick Roy!

Vous êtes à la tête de l’une des entreprises québécoises la plus admirée par la population. Dernièrement, vous avez embauché un ancien collaborateur pour lui donner un important poste de gestion au sein de l’organisation. Quelques mois après son arrivée, un conflit de personnalités se développe entre l’un de vos meilleurs employés et votre nouveau gestionnaire, son supérieur immédiat.

Au début, vous pensez que ce conflit va se régler de lui-même. Mais contrairement à vos attentes, la situation empire de jour en jour. Lors d’une journée d’intense activité, la tension éclate entre les deux protagonistes. Cela ne pouvait arriver à un pire moment, les caméras de télévision sont présentes lors de l’événement.

Selon ce qu’on peut voir sur les images captées, on comprend très bien que votre nouveau gestionnaire a décidé que c’est aujourd’hui qu’il allait mettre l’employé au pas. Dans les circonstances, on aurait pu croire que ce dernier allait adopter un comportement de soumission comme il est normal de l’observer dans une relation hiérarchique usuelle. Mais après avoir échangé un regard de totale insatisfaction avec son supérieur, l’employé passe devant vous et vous dit: C’est mon dernier jour de travail ici!

Sur le coup, vous ne pensez pas aux deux importants prix que cet employé vous a permis de gagner. Vous ne pensez pas non plus aux différentes distinctions qu’il a reçues de la part de l’industrie. Toutefois, vous savez que vous devez agir rapidement. La situation ne peut être tolérée plus longtemps car dorénavant, toute la population est consciente du conflit à l’intérieur de votre entreprise. Et que dire des conséquences de cet événement sur la crédibilité de votre gestionnaire auprès des autres membres du personnel?

Quelques jours plus tard, vous avez pris votre décision. Les médias annoncent que l’employé en question sera envoyé chez votre compétiteur. Il y a de fortes chances qu’après avoir fait votre choix et pour vous convaincre que c’est le bon, vous ne cessez de vous répéter la phrase que tout directeur des ressources humaines imbu de lui-même clame à qui veut bien l’entendre: il n’y a personne d’irremplaçable dans une entreprise!

Vous connaissez la suite de l’histoire. Patrick Roy a gagné deux autres Coupes Stanley avec l’Avalanche du Colorado; l’ultime objectif d’une équipe de hockey professionnel. Pendant ce temps, le Canadien de Montréal a fait la traversée du désert pendant laquelle il n’arrivait même pas à se qualifier pour la première ronde des séries éliminatoires. Cherchez l’erreur!

Bien entendu, l’échange de Patrick Roy pour des joueurs de second ordre a sans contredit été une erreur. Il serait donc impensable de ne pas regarder de plus près cet événement afin de mieux comprendre comment une entreprise en arrive à se départir de l’un de ses meilleurs employés. Scrutons plus en détail ce qui s’est passé en décembre 1995 afin de mettre en lumière deux importants obstacles au leadership au sein des organisations.

Dans un premier temps, il faut admettre que Patrick Roy est un leader. Il suffit de prendre connaissance des louanges qu’en font ses anciens collègues pour s’en convaincre. Plusieurs parlent de son énergie, son perfectionnisme pour atteindre l’excellence, sa détermination, sa passion inébranlable pour ce qu’il entreprend, etc. Tout le monde reconnaît Patrick Roy comme un gagnant. Il est de la trempe de ceux que les gens admirent pour ce qu’il est et ce qu’il fait.

Indéniablement, Patrick Roy est un leader. C’est également un humain et en ce sens, il n’est pas parfait. À quelques reprises, il a eu des comportements dignes d’un petit garnement. Ce qui démontre que le chemin du leadership est en fait un chemin parsemé d’embuches. Autrement dit, pour devenir un leader exemplaire, il faut apprendre à se connaître soi-même afin d’être en mesure de canaliser ses pulsions.

Apprendre à se maîtriser. Tout être humain doit faire ce cheminement. Dès le jeune âge, c’est à ça que sert une grande partie de l’éducation que l’on reçoit : apprendre à se maîtriser afin d’être socialement acceptable. Évidemment, avec le temps, la majorité d'entre nous arrive à canaliser ses pulsions. Si ce n’était le cas, je n’ose imaginer à quoi ressemblerait la vie en société.

Toutefois, le cheminement de Patrick Roy nous démontre que ce n’est pas facile d’avoir le contrôle de soi. Et encore moins lorsqu’on a de l’énergie et de la fougue à revendre. Ajouter à cela l’attention que les autres vous accordent, l’argent et le prestige pour comprendre que tôt ou tard, il y a un fort risque de dérapage lorsqu’on a un énorme pouvoir d’influence sur les autres.

Il est important de reconnaître que ce n’est pas facile de devenir un leader exemplaire. Il faut du temps pour apprendre à maîtriser nos pulsions. Il faut travailler sur soi-même par l’introspection afin de mieux se connaître. Il faut également un milieu qui est prêt à soutenir le leader à travers les obstacles qu’il rencontre dans son cheminement. Il faut que le milieu lui donne toutes les chances afin qu’il puisse se développer à son plein potentiel.

Voilà donc expliquer en quelques lignes le premier obstacle à l’émergence du leadership dans les organisations. On comprend donc que cet obstacle se trouve au sein de l’individu en qui sommeille un leader.

Pour sa part, le second obstacle se trouve du côté de l’organisation elle-même. Tout de même curieux n’est-ce pas? Comme tout le monde sait, les entreprises sont à la recherche de leaders. Comment pourraient-elles être un obstacle au leadership? En ce sens, il est important de comprendre que curieusement, autant les entreprises recherchent des leaders, autant elles en ont peur!

Pourquoi le leadership fait peur dans les entreprises? Tout simplement parce que bien souvent, les leaders ne sont pas les gestionnaires eux-mêmes. Bien souvent, c’est les employés qui ont du leadership sur leurs collègues. Vous comprenez que tout cela n’est pas sans conséquence. Pour contrer son manque de leadership dans de telles circonstances, un gestionnaire va généralement utiliser son pouvoir d’autorité pour tenter de mobiliser son personnel.

Bien entendu, l’autorité n’est pas la bonne méthode à utiliser pour mobiliser une équipe comme tout le monde sait. Et ce l’est encore moins pour mobiliser un leader. C’est toutefois ce qui explique que le leadership fait peur. Les gestionnaires sont généralement dépourvus face à un leader naturel comme l’était Patrick Roy au sein du Canadien. Les gestionnaires ont peur des leaders naturels car ces derniers échappent à leur contrôle.

Pour bien comprendre cette peur, on peut se demander pourquoi on a laissé Patrick Roy dans les buts alors qu’il demandait d’en être retiré après avoir été incapable d’arrêter la rondelle de l’adversaire à 9 reprises. La réponse est simple. Tout simplement parce qu’un gestionnaire voulait démontrer que c’est lui qui avait le pouvoir au sein de l’équipe.

Il faut le reconnaître, Patrick Roy est un bel exemple d’un leader qui échappe au contrôle de son supérieur. C’est également un bel exemple qui explique le manque de leadership dans les organisations. Le Canadien de Montréal a envoyé Roy au Colorado afin de préserver le pouvoir d’autorité d’un gestionnaire qui n’arrivait pas à canaliser l’énergie du leader naturel présent dans son équipe.

C’est un paradoxe quasi inexplicable. Les entreprises trouvent difficile de trouver des leaders et de développer le leadership organisationnel. Pourtant, lorsqu’elles ont des leaders au sein de leur organisation, elles ne trouvent rien de mieux que de les congédier pour préserver leur pouvoir d’autorité!

Rares sont les entreprises qui rencontreront un leader avec la détermination, la fougue et la compétence de Patrick Roy. Pour autant, cet événement démontre clairement les enjeux présents au sein des organisations. Plusieurs gestionnaires utilisent leur pouvoir d’autorité pour contrer le leadership des leaders qu’ils côtoient. Comme je le dis parfois : «On veut des leaders, à condition qu’ils fassent ce qu’on leur dit. On veut des leaders, à condition de garder le contrôle!».

Je ne sais pas quel type de problème vous rencontrez dans votre entreprise. Mais la prochaine fois que vous aurez l’impression qu’ils manquent de leadership dans votre entourage, prenez donc deux minutes pour penser à la dernière fois que vous avez congédié un Patrick Roy!

dimanche 16 novembre 2008

400e de Québec

Voilà!, la fête est finie à Québec. Le moulin à images, McCartney, notre Céline nationale, le spectacle du Cirque du Soleil et combien d’autres moins médiatisés mais tout aussi intéressants. Tout ça est fini. Ah oui, il reste, semblerait-il, la fête de fin d’année que le maire Labeaume a promis. À suivre…

Personnellement, je n’ai pas participé aux festivités alors mon but n’est pas de vous dire que c’était bien ou qu’on aurait du faire ci au lieu de ça. Non, je parle du 400e car j’ai le goût de vous parler du Maire Labeaume. À mes yeux, c’est quelqu’un qui a du leadership et je crois que plusieurs auraient avantages à le prendre en exemple.

Vous avez sûrement déjà entendu dire qu’un gestionnaire qui arrive dans de nouvelles fonctions ne doit pas prendre de grosses décisions avant 3 mois? Qu’a fait le maire Labeaume? Élu le 3 décembre 2007, il congédia le directeur général des Fêtes du 400e le 2 janvier 2008. Je ne sais pas ce que vous en pensez mais c’est ce qu’on appelle être vite sur le piton en bon québécois. J’avoue que le geste était risqué car les enjeux étaient très grands. Mais comme l’adage le dit si bien : on ne fait pas d’omelette sans casser d’œufs. Heureusement pour Monsieur Labeaume, la suite des choses a démontré que sa décision était la bonne. Chapeau Monsieur le Maire!

Personnellement, ce que j’aime du maire Labeaume, c’est son franc parlé. C’est quelqu’un qui n’a pas la langue de bois. Il dit ce qu’il pense et il pense ce qu’il dit. Il l’avoue lui-même, «je n’ai pas le discours des politiciens et j’espère que je n’aurais pas à l’avoir dans le futur». Pour ma part, je dirais que Monsieur Labeaume est un gars pratico-pratique. Si vous voulez mon avis, plusieurs gestionnaires devraient s’en inspirer.

Comment arrive-t-on au style pratico-pratique? Bien entendu dans un premier, il ne faut pas avoir peur de faire des erreurs. De toute façon, des erreurs, on est sûr d’en faire. Ce qui est important, c’est d’avoir une bonne moyenne au bâton. Donc, plus vite on passe à l’action, plus vite on peut apprendre de nos erreurs. Conséquemment, plus vite on apprend à faire moins d’erreurs! Évidemment, il faut un minimum de compétence mais cela est une autre histoire. Tenons pour acquis qu’elle est acquise!

Pour ce qui est d’éviter la langue de bois, cela est selon moi un curieux mélange de confiance en soi et d’un grand intérêt pour l’action. Bien entendu, la confiance en soi dont je parle n’est pas celle des grands parleurs qui ont toujours de bonnes excuses ou de bonnes raisons pour justifier les oui mais, si peut-être ou en attendant le rapport.

Je parle de la confiance de ceux qui n’ont pas peur de se mettre la tête sur le billot si vous me permettez l’expression. La confiance de ceux qui prennent action ou qui n’ont pas peur de dire ce qu’ils pensent. La confiance de ceux qui savent ce dont ils sont capables de faire. La confiance de ceux qui préfèrent agir plutôt que d’endormir les autres avec leurs paroles.

Personnellement, j’ai une préférence pour les gens d’action. J’ai une préférence pour ceux qui n’ont pas besoin de 52 études et 43 rapports pour prendre une décision. J’ai une préférence pour ceux qui n’ont pas besoin de prendre deux heures pour expliquer comment faire le tour du quadrilatère. Autrement dit, j’aime bien les gens qui ont le tempérament du Maire Labeaume.

Bravo pour les fêtes du 400e!

lundi 10 novembre 2008

L'Effet Obama au Québec?

Lecteurs, lectrices, électeurs, électrices! J’avoue que cette fois-ci, il m’aurait été difficile de vous surprendre avec mon sujet hebdomadaire. Sans contredit, la victoire de Barack Obama aux élections présidentielles américaines est l’événement de la semaine. Y a-t-il plus belle démonstration de leadership que cette victoire faisant désormais partie de l’histoire? Partout à travers le monde on parle d’Obama. Tout simplement mémorable!

Bien entendu, l’engouement est également présent ici au Québec. Et avec le déclenchement des élections provinciales cette semaine, certains ont voulu en prendre avantage. C’est ainsi qu’on a pu entendre Mario Dumont se proclamer l’Obama québécois. Pour sa part, Pauline Marois a parlé du vent de changement chez nos voisins du Sud qui pourrait franchir la frontière.

Avec l’ampleur du phénomène Obama chez nos voisins et à travers le monde, il est intéressant de se demander si les dires de nos aspirants premiers ministres sont réalistes. Essayons donc de mieux comprendre la Barackomanie planétaire.

À tout seigneur tout honneur, Barack Obama est un orateur hors pair. Il a le sens de la répartie. Il sait communiquer aux foules. Indéniablement, c’est quelqu’un qui est capable de ressentir l’énergie d’un groupe. Il est capable de se mettre au diapason des rassemblements afin de communier ses idées et ainsi créer l’adhésion. Son langage non verbal fait preuve d’une assurance confirmée. Ses mouvements sont d’une telle élégance qu’ils donnent confiance à son auditoire. Irréfutablement, Barack Obama fait partie d’une classe à part. Mais est-ce suffisant pour expliquer la Barackomanie?

Ce qui est surprenant dans la vague Obamienne, c’est l’adhésion de la population au projet de changement qui est proposé. Je dis surprenant car comme tout le monde sait, en général, les gens se cachent sous leur bureau lorsqu’ils entendent le mot changement. Pourquoi alors la population des États-Unis c’est-elle enflammée autour de l’idée de changement proposé par Obama?

En février, alors que l’engouement prenait forme, j’ai fait un blogue intitulé Gestion du changement. J’expliquais alors que la population adhérait aux idées d’Obama parce que dans le changement qu’il proposait, il y avait de l’espoir. Avec un peu de recul, je comprends que cet espoir est en réponse à l’actuel désespoir de la population américaine. Désespoir, le mot peut sembler démesuré mais dans l’inconscient collectif, la population américaine est effectivement anesthésiée par une forme de désespoir.

De quoi est fait le désespoir américain? C’est un amalgame de la crise financière dont le tumulte approche le paroxysme. L’embourbement du pays dans la guerre du golf et l’autre en Afghanistan. La peur de la prochaine attaque terroriste symbolisée par les mesures de sécurité omniprésentes et de plus en plus contraignantes. Sans oublier la perte de confiance de la population envers Georges W. Bush.

C’est important de le reconnaître, Barack Obama a gagné l’accès à la présidence parce que le changement qu’il proposait était ce dont la population américaine désirait. Barack Obama a gagné l’élection américaine parce qu’il a éveillé l’espoir chez ses concitoyens. Il a incarné le renouveau grâce à ses talents de communicateur exemplaires. Barack Obama sera le prochain président des États-Unis parce qu’il y a une complémentarité entre sa personne et les besoins démesurés d’une population. Barack Obama fera dorénavant partie de l’histoire parce que rares sont les moments où un Homme peut répondre favorablement à la détresse d’une population qui désire se reprendre en main.

Aurons-nous une Barackomanie ici au Québec? Certes, nous avons des entreprises qui en arrachent et d’autres qui ferment leurs portes faute de marché. Mais cela n’est en rien comparable à ce qui se passe chez voisins du Sud. Nous n’avons pas été attaqués de façon historique par le terrorisme. Nous n’avons pas des milliers de compatriotes morts dans des guerres que nous avons initiées sans savoir réellement les conséquences qui en découleraient. Et nous n’avons pas non plus un marché financier qui s’effondre tout comme la valeur de nos maisons.

Ici au Québec, nous n’aurons pas notre Obamanie parce qu’il n’y a pas de vent de changement dans l’air. Nos politiciens se chamaillent sur un déficit ou non selon la façon qu’ils alignent les chiffres. Ils s’accusent d’être un menteur ou d’être un con. Les uns comme les autres lancent des idées qui relèvent de la petite gestion quotidienne et tentent de nous faire croire que cela va changer nos vies. D’autres avancent que l’ère de la Révolution tranquille a fait son temps et que nous sommes prêts à passer à autre chose. Pour autant, ils n’ont rien de mieux à proposer que les sempiternels oui mais moi vous et nous.

Ici au Québec, nous ne sommes pas sous l’anesthésie d’un désespoir comme nos voisins du Sud. Nous n’avons pas de problèmes qui nous pousseraient à espérer un changement salutaire. Nous n’avons pas d’orateurs hors pair qui savent se mettre au diapason de la population. Ici au Québec, on a que quelques taloches à se donner parce qu’un candidat a été mis de côté dans une circonscription. Ce qui avouons-le, n’est en rien comparable à la prestance de Barack Obama.

En fait, ici au Québec, on n’a rien qui ressemble de près ou de loin à ce qui se passe chez nos voisins du Sud. C’est dommage, mais lorsqu’on se comporte comme de vulgaires paroissiens, on ne peut réalistement espérer voir poindre le crépuscule d’une petite lueur d’un semblant d’Effet Obama.

dimanche 2 novembre 2008

Tout est relatif – Le Blogue

Bonjour chers lecteurs, lectrices, navigateurs, navigatrices, webteurs, webtrices. Comme vous le savez probablement, c’est la fin du dossier « Tout est relatif » du mensuel du leadership que l’auteur de ses lignes dénomme Le Meneur! Certains disent que l’occasion fait le larron et c’est ce qui explique que cette semaine, mon blogue et mon infolettre joignent leurs forces pour illustrer par des faits tangibles que, « Tout est relatif ». Joindre leurs forces, le mot est faible. Il me semble que, comme je l’ai déjà dit, que la totale de la relativité serait plus appropriée. Vous êtes sceptiques? Voyez ce que je vous ai préparé cette semaine…

Commençons avec notre ex-Gouverneur générale, la sympathique tchique tchique, Madame Thibault. Tchique tchique, vous la pigez? – anciennement la publicité d’une quelconque carte de crédit dois-je préciser pour ceux qui aiment les traits gras au crayon rouge. Avouez qu’avec 700 000$ de dépenses personnelles sur le dos des contribuables, notre ex-Gouverneur devait avoir la gâchette facile sur la tchique tchique. Une gâchette probablement comparable à l’un de mes héros d’enfance qui lui disait-on, était plus vite que son ombre.

En commission parlementaire, Madame Thibault a expliqué que ses dépenses étaient tout à fait justifiées. Ce que j’ai particulièrement aimé dans ses déclarations, c’est lorsqu’elle dit que si elle voyait une personne de son âge devant une commission parlementaire, elle dirait : « Pauvre vieille ». Pour ce qui est de la vieille, c’est elle qui l’a dit. Quant à la pauvre, on n’a plus les pauvres qu’on avait. Pour paraphraser un autre de nos héros d’enfance, "je dirais même plus", on peut se demander ce qu’il lui faut pour être riche!

Mais revenons à cette « Pauvre vieille ». Avouez que c’est une belle façon d’appeler la sympathie des gens. Je ne devrais probablement pas en parler mais avec une telle déclaration, on peut croire qu’à l’époque, Madame Thibault a dû se dire, qui donc osera accuser une personne handicapée d’avoir abusé des fonds publics! Mais comme vous le savez, « Tout est relatif ».

Maintenant, il semblerait que le déclenchement des élections provinciales ici au Québec est imminent. Dans les circonstances, on retrouve les partis d’opposition qui accuse le gouvernement. Entre autres, on l’accuse de penser à son avenir et non à l’avenir des Québécois alors qu’une crise financière se transforme graduellement en crise économique. De son côté, le gouvernement accuse l’opposition qui refuse de s’engager à ne pas le renverser dans les prochains mois. Que c’est beau la démocratie! Eh oui chers partisans, partisanes, lecteurs, lectrices, électeurs, électrices, le pouvoir nous rend on ne peut plus subjectifs et notre regard sur les événements ne peut être plus transparent qu’un « Tout est relatif ».

Et que dire du gouverneur de la Californie, Arnold Schwarzenegger, qui parle des jambes maigrichonnes du probable futur Président des États-Unis. Dans une ultime tentative pour faire pencher la balance en faveur du républicain McCain, l’ex-monsieur muscle propose de faire faire quelques exercices pour biceps afin de muscler les petits bras décharnés du démocrate Obama. Tout en restant dans la testostérone et les stéroïdes, Schwarzi mentionne que Barack pourrait également mettre un peu de viande autour de ses idées. Tout ça, évidemment, pour le plus grand plaisir des partisans républicains de l’Ohio. N’est-ce pas une autre belle démonstration que « Tout est relatif »?

Comme mentionné les semaines dernières, Le journal Les Affaires a lancé le programme Urgence Leadership. Je suis entièrement d’accord avec cette idée d’urgence autour du leadership. C’est d’ailleurs ce qui a motivé la mise sur pied de mon entreprise où j’offre des réflexions sur le leadership par l’entremise de conférences, mon infolettre Le Meneur! et ce blogue.

Pourquoi y a-t-il Urgence Leadership? Parce que nombreux sommes-nous à aimer l’expression « Tout est relatif ». D’accord, peut-être ne l’aimons-nous pas mot à mot mais à l’usage, avouez qu’elle nous est aussi utile que pour d’autres, la tchique tchique.

Lecteurs, lectrices, webteurs, webtrices, leaders, leadrices, il faut se rendre à l’évidence, il n’est pas rare que notre regard sur les événements embellisse nos faits et gestes à notre avantage. Qui n’a jamais fait un peu de propagande pour se valoriser aux yeux des autres? Qui n’a jamais omis quelques détails afin de ne pas compromettre sa crédibilité? Qui n’a jamais joué sur les mots dans le but de mettre en valeurs ses idées?

Je ne sais pas qui, mais avouez que l’actualité de la semaine est un belle exemple que l’expression « Tout est relatif » fait partie intégrante de notre quotidien. Ainsi, la prochaine fois que vous aurez l’impression que votre leadership bat de l’aile, pour vous sortir de cette impasse, rappelez-vous ce bref moment d’anthologie : « Tout est relatif » - Le blogue!

dimanche 26 octobre 2008

Leadership?

Hello! Hello! Mon ami. Tu souviens de moi, Magic Sam ? Wow! t’aimes ça montagnes russes? Les actions qui montent, qui baissent, qui baissent, qui baissent, qui montent, oups! qui baissent encore. Oh! Oh! What a week mon ami! Avoue qui faut nerfs solides cette semaine. C’est pas un temps pour les chickens! Right? Et là tu comprends je parle pas hiver qui s’en vient. En tout cas, moi et mes amis ont ben du fun. On trouve drôle quand tu freak un peu quand money disparaît ton poche. Oublie que mon name Magic Sam pas pour rien.

De toute façon, fais-toi pas avec ça. Voit bon côté des choses. Y a ceux parlaient pénurie main d’œuvre… Là, toi vas travailler pour récupérer argent. Toi travaille parce que argent disparu, pénurie main-d’œuvre disparue. Hey! Ça c’est belle magic trouves-tu? Tu vois que mon main plus vite ton œil? Anyway mon ami, toi t’as les valeurs moi j’ai la valeur. That’s the rule! Bye Bye!

S’il n’y avait que Magic Sam qui fait les manchettes, ça ne serait pas si pire. Mais il y a également l’épisode de l’Assemblée nationale. Oui oui, la trahison des partis d’opposition face au gouvernement? Depuis je ne sais plus combien d’années le président de l’Assemblée nationale vient des banquettes du parti au pouvoir. Bla! Bla! Bla!… C’est scandaleux messieurs dames, cette année, le président a été nommé par l’opposition. Bla! Bla! Bla! Serait-ce une prémonition de la fin du monde qui approche? Peut-être encore pire… Qu’en sais-je? Que pourrais-je inventer d’autre comme ironie?

Toujours à Québec, après le scandale du président, on a eu droit à la défection des députés de l’opposition qui ont changé de côté. Si vous voulez mon avis, ces députés sont en avance sur leur temps… Eh oui, dans à peine deux mois, ce sera le temps des rigodons… Changez de côté vous vous êtes trompés! Hi! Aaaahhhh! Excusez-la! Trêve d’ironie… La défection nous a permis d’entendre une autre belle diatribe de compliments les uns à l’attention des autres. Ils sont ci, ils sont ça, patati, patata! Sincèrement, parfois, je m’arrête pour essayer de me convaincre que le fameux, «On a les leaders qu’on mérite», n’est nullement fondé.

Et que dire du maintenant célèbre dossier du CHUM et ses nombreuses tergiversations? Il y a encore du monde pour demander une révision du lieu d’implantation. D’accord, le sujet n’était pas dans l’actualité de la semaine mais avec tout ce que j’ai pu observer au cours des derniers jours, je n’ai pu m’empêcher de le ramener sur le tapis. Du CHUM 2010 on est passé au CHUM 2012 pour maintenant parler du CHUM tout court. Cela étant donné qu’il serait gênant d’avouer qu’il sera dorénavant question du CHUM 2015. Leadership! Avez-vous dit leadership?

Je sais que c’est un drôle de début de chronique mais comme je vous le proposais dimanche dernier, j’ai passé la semaine à visiter le nouveau site du journal Les Affaires, Urgence Leadership . J’adore ce site. J’y fais plein de belles trouvailles. Il alimente mes réflexions… Mais je reste perplexe.

Je suis perplexe lorsque d’un côté, je vois des gens s’interroger sur l’urgence du leadership et que de l’autre, je vois que du cabotinage. Serait-ce ça le problème du leadership? Trop de gens seraient-ils là que pour se faire remarquer? On nous offre des petites bravades pour un clip télé. On s’accuse de çi ou de ça. On fait la vierge offensée pour un tout ou pour un rien. Et on se tape dans le dos entre copain-copain. Leadership! Avez-vous dit Urgence Leadership?

Sincèrement, faut-il se surprendre qu’on en soit rendu à Urgence Leadership? Les tergiversations autour du CHUM, l’arrêt du chantier de construction du pavillon Berri de l’UQAM, les querelles infantiles de nos élus, tout cela vous semble normal? Combien croyez-vous qu’il y a de gens en poste non pas parce qu’ils ont des projets à proposer mais bien parce qu’ils savent endormir les autres avec de belles paroles? Urgence Leadership!

Vous croyez que j’exagère ou vous avez peur de regarder la réalité en face tel qu’elle est? Combien de gens sont en poste non pas parce qu’ils ont des idées mais bien parce qu’ils aiment le pouvoir? Certes, ils en ont des idées, ils en ont des projets. Des idées, des projets, comme vous et moi pouvons en avoir. Mais selon vous, quelle est leur réelle motivation? Urgence Leadership!

Ce dont on a besoin actuellement, c’est de vraies idées. On a besoin de vrais projets. On a besoin de gens qui ont de réelles motivations. On a besoin de gens qui veulent faire avancer les choses. De gens qui veulent faire avancer leur organisation. Des gens qui veulent faire avancer la société. On a besoin de vrais leaders. Urgence Leadership!

Serait-on rendu à Urgence Leadership parce que trop de gens confondent pouvoir et leadership? Serait-on rendu à Urgence Leadership parce que trop de gens aiment le pouvoir? Serait-on rendu à Urgence Leadership parce que trop de gens aiment le pouvoir et s’enfargent sur le leadership?

dimanche 19 octobre 2008

Urgence Leadership

Urgence Leadership, vous connaissez? C’est la nouvelle section internet du Journal Les Affaires. On s’y intéresse exclusivement de leadership. Je vous invite à aller y faire un tour, urgenceleadership.com, on y trouve plein de choses intéressantes sur mon dada préféré.

Pour moi qui s’intéresse au sujet, Urgence Leadership va probablement devenir mon jardin d’Ali Baba. J’ai l’impression que je vais y trouver tout ce dont j’ai besoin pour comprendre encore mieux l’état du leadership au Québec. Et qui sait, peut-être vais-je devenir l’un de leurs chroniqueurs? Après tout, lorsqu’il y a urgence, c’est souvent parce que notre façon de faire ne convient plus à la situation. Il faut alors penser à voir les choses différemment. C’est exactement ce que je propose depuis plus d’un an avec ce blogue et Le Meneur!

Peut-être étiez-vous absent lors de mes débuts? Dans ce cas, je vous invite à relire les premières éditions du Meneur! et celle de ce blogue. J’ai moi-même fait l’exercice avant d’entreprendre l’écriture de cette chronique. Vous allez peut-être me trouver un tantinet chauvin mais je dois avouer qu’après mes lectures, je me sens rassuré. Comme je le disais dans l’édition du mois d’août 2007 du Meneur!, c’est tout simplement effarant l’usage que l’on fait des mots leader et leadership.

C’était vrai en août 2007, et ce l’est encore en octobre 2008. Allez naviguer sur le Web si vous n’êtes pas convaincu. Vous le constaterez de vous-même, chacun a sa propre vision du leadership. Il n’y a rien de mal à ça mais comme je le disais l’an passé dans le Meneur!, si tout devient du leadership, ce n’est pas facile de l’améliorer par la suite. Faut-il se surprendre qu’il y ait Urgence Leadership lorsque chacun pense à sa façon?

Urgence Leadership veut aider les gestionnaires et les organisations à améliorer leur leadership. Dans un premier temps, on nous propose de prendre conscience de la situation. Cela va de soi et à mes yeux, j’ai l’impression que les planètes s’alignent car c’est justement cette prise de conscience que je mets de l’avant dans toute ma démarche. Mes conférences, mes formations, mon coaching, mon infolettre le Meneur!, mon blogue, tous ont comme objectif de faire prendre conscience aux autres la réelle nature du leadership.

Faut-il se surprendre du lancement d’Urgence Leadership? Je ne le crois pas. Le leadership est devenu tout et son contraire. En conséquence, plusieurs leaders passent sous les yeux des organisations sans qu’elles le réalisent.

Pourquoi cette situation alors que les entreprises recherchent plus que jamais des leaders? Si je me fie à mon expérience, c’est à cause des jeux de pouvoir présents dans les organisations, c’est à cause d’un manque d’ouverture aux idées des autres ou encore, le désir de quelques individus à garder le contrôle d’un environnement donné. Voilà les principaux obstacles à l’émergence d’un leadership à grande échelle dans les organisations. Je vous donne un exemple personnel.

De 1996 à 2001, je me suis consacré à la relance de l’organisme Ingénieurs Sans Frontières Québec (ISFQ) qui était en train de s’éteindre après sa première année d’existence. Je commençais tout juste le remboursement de mes prêts étudiants mais je croyais fermement que ma communauté professionnelle pouvait intervenir auprès des gens des pays en développement. Comme ingénieur, j’avais la conviction que mes collègues devaient agir pour aider ceux qui meurent par manque d’eau ou qui vivent dans des conditions semblables à celles du moyen-âge.

À l’époque, j’ai cogné aux portes des acteurs importants du monde de l’ingénierie. Étonnamment, les gens que j’ai rencontrés m’ont tous dit que l’idée était bonne mais personne ne s’est engagé à faire quoi que ce soit. Honnêtement, j’en étais stupéfait. Je trouvais, et je trouve encore, inconcevable qu’une communauté apte à envoyer des robots sur Mars puisse rester indifférente aux problèmes des gens dans le besoin.

Après 5 ans d’effort au sein d’ISFQ, voyant le peu d’intérêt de la communauté des ingénieurs, j’ai quitté l’organisme. Cela ne s’est pas fait dans la joie. J’ai posé ce geste contre mon gré et ç’a été une grande déception car je croyais fermement à cette cause. Mais je n’avais pas le choix de tout laisser tomber pour des raisons personnelles. La vie est ainsi faite que malgré nos bonnes intentions, vient un moment donné où on a besoin d’argent pour payer les comptes.

Heureusement pour ISFQ, il y a eu un lent revirement de situation. Depuis un peu plus d’un an – 5 années plus tard à mon départ – l’organisme est supporté par le Réseau des ingénieurs du Québec qui lui offre un local et un soutien financier. J’ai la certitude qu’ISFQ fera parler de lui dans les prochaines années. Lorsque cela se produira, les ingénieurs auront une autre raison d’être fiers de leur profession.

Bravo pour ce succès à venir mais alors que l’on parle de crise du leadership – Urgence Leadership – il devient intéressant de se demander pourquoi est-ce que cela a pris plus de 10 ans pour qu’un organisme reçoive le soutien de la communauté des ingénieurs tel qu’il se doit.

Bien entendu, pour plusieurs, la réponse facile se résumera au fait que je n’ai pas su vendre le projet correctement. Sur ce point, cela est fort probable. Ce n’est juste pas mon tempérament de vendre des choses. En fait, je trouve très difficile de vendre ce qui à mes yeux est une évidence.

Mais au-delà de l’expérience personnelle, ce qui explique probablement la longue dormance d’ISFQ, c’est le manque d’ouverture des uns aux idées des autres. C’est la difficulté des uns à voir le potentiel présent dans le projet des autres. C’est la crainte des uns de donner aux autres. C’est également un manque d’engagement social.

Si vous voulez mon avis, c’est le monde à l’envers. Les entreprises recherchent des gens qui ont des passions, on recherche des gens créatifs, on recherche des gens qui n’ont pas peur de prendre des initiatives. Le problème est qu’on voudrait également que ces gens n’aient pas trop d’opinion. À moins que le problème soit que l’on veut des leaders à condition qu’ils aient les mêmes idées que nous!

Lorsque je m’arrête pour regarder la longue dormance d’ISFQ, je ne suis pas surpris que l’on en arrive à créer Urgence Leadership. Le leadership est en crise parce que les organisations ont de la difficulté à comprendre ce qu’est le leadership. Le leadership est en crise parce que plusieurs personnes ont peur d’avoir des leaders dans leur entourage. Le leadership est en crise parce que plusieurs entreprises entretiennent une culture qui nuit à son émergence.

Mes 15 années d’expérience comme ingénieur me donnent la certitude qu’il y a fort probablement des problèmes de leadership dans votre entreprise. Si c’est le cas, je vous invite à visiter le site Urgence Leadership pour prendre conscience que votre organisation n’est pas la seule aux prises avec ce fléau. Après tout, nos problèmes sont toujours moins grands lorsqu’on sait qu’on n’est pas les seuls à y faire face. Pour ce qui est des solutions, je suis là pour vous offrir mes services. Au fil des ans, j’ai acquis une solide expérience pour comprendre le leadership organisationnel. Groupe Management Leadership est là pour votre Urgence Leadership!

dimanche 12 octobre 2008

Votez

Plus que quelques jours avant d’aller poser votre X pour le candidat de votre choix. Plus que quelques heures avant d’entendre la statistique phrase : «Si la tendance se maintient…». Je ne sais pas si vous avez fait votre choix mais si c’est le cas, je serais curieux de savoir ce qui vous motive à voter pour lui au lieu de l’autre. Parce que vous êtes fédéraliste ou souverainiste? Parce que vous avez à cœur l’environnement? Parce que vous préférez le libre marché et avez en horreur les multiples règlements qui demandent des heures et des heures de remplissage de formulaire? Ou encore, parce que vous croyez qu’il serait temps que quelqu’un fasse preuve de leadership! Avez-vous dit leadership?

Si c’est le leadership qui vous incite à tracer votre X dans une case plutôt qu’une autre, peut-être avez-vous encore quelques doutes pour qui voter? Cela ne serait pas surprenant, tous les chefs ont affirmé haut et fort avoir du leadership. Je ne veux rien leur enlever mais dans les circonstances, comme électeur, on ne veut pas quelqu’un qui a du leadership. On veut quelqu’un qui en a plus que les autres afin que les choses avancent. Mais vous connaissez le refrain : "Votez pour moi, j’ai du leadership et je vais…!" "Vous n’êtes pas honnête, c’est moi qui a du leadership si vous aviez du…" "Mesdames, messieurs, ne portez pas attention à ce qu’ils..." Bref, un capharnaüm de promesses qui relèvent plus d’une tentative de charme que de réelles intentions.

Dans un tel contexte, vous avez compris que ça ne sert à rien d’écouter ce que nos politiciens ont à dire. Chaque élection, c’est la même chose. On nous promet la lune, la mer et la plage. Et chaque fois on se retrouve les deux pieds dans la bouette autour d’un lac envahi d’algue bleue. Dans les circonstances, vous comprenez qu’il est préférable de se faire confiance. Il est préférable de porter notre attention à leurs petits jeux derrière leurs paroles et sourires. Passons en revue les événements marquants de la semaine.

Je commencerai avec Monsieur Harper. Tout au long de la campagne, il a donné l’image d’un homme sûr de lui. Et à ce niveau, il a le physique de l’emploi. Avec sa stature, sa physionomie, son timbre de voix, ses cheveux bien coiffés, Monsieur Harper a une image on ne peut plus stoïque. L’image du courageux père qui veille sur le pays comme il veillerait sur sa famille.

Avec cette aura, Monsieur Harper a adopté un discours qui lui va à merveille. Il parle toujours sur un ton calme avec des déclarations qui laissent sous-entendre qu’il est quelqu’un de responsable. Quelqu’un qui prend les décisions qui s’imposent selon les événements. Bien jouer!

Pour faire contraste avec Monsieur Dion, Monsieur Harper l’accuse de paniquer. Sa stratégie a atteint son apogée lors du débat des chefs. "Monsieur Dion vous paniquez. Vous n’avez pas de plan pour faire face à la crise financière aux États-Unis. Les conservateurs ont un plan. Vous, vous improvisez…".

Mais voilà, cette semaine, Monsieur Harper s’est fait prendre à son propre jeu. Avec la crise financière qui atteint des sommets, les journalistes ont insisté sur la question. C’est à ce moment où pris de court, il a répondu : "Ce n’est pas le rôle d’un premier ministre de paniquer".

Je ne sais pas si vous le réalisez mais cette phrase est riche d’information. Elle nous fait part d’un réel fond de pensée. Elle nous indique que si Monsieur Harper reste de glace face à ce qui se passe autour de lui, ce n’est pas parce qu’il sait où il s’en va. C’est tout simplement parce qu’il se campe dans l’idée qu’un premier ministre ne doit pas paniquer. Très révélateur.

La déclaration de Monsieur Harper nous indique qu’il pense que réagir à une situation critique, c’est paniquer. Pour lui, dans l’adversité, peut-être est-il plus important de donner une impression de contrôle que d’agir pour reprendre le contrôle? À vous de tirer vos conclusions. On passe à un autre événement.

Allons du côté de Monsieur Dion. Alors que Monsieur Harper ne laisse transparaître aucune émotion, Monsieur Dion est d’une transparence qui défie les lois de la physique. Non pas qu’il soit un livre ouvert. Mais lorsque vient le temps de répondre à une question, il ne peut que répondre ce qu’il pense vraiment. Curieusement, on a beau enseigner à nos enfants les bonnes manières, être transparent, ce n’est pas winner comme on aime le dire dans les cercles branchés.

S'il n'y avait que la transparence, mais non. Contrairement à Monsieur Harper, Monsieur Dion n’a pas le physique de l’emploi. Si vous en doutez, jetez un coup d’œil du côté des caricaturistes. C’est assez éloquent. Dans l'adversité, de sa frêle physionomie, il n’a que quelques mots pour se défendre : "Je gagne à être connu". Jamais je n’avais osé le croire.

Vous avez sûrement vu le bout d’entrevue où un journaliste anglophone demande à Monsieur Dion ce qu’il aurait fait s’il avait été à la place de Stephen Harper. Sa réponse? "Pourriez-vous répéter? Je ne comprends pas votre question…". Cela valait 100$ de le voir mal à l’aise en se dandinant sur sa chaise allant jusqu’à s’adresser à la recherchiste pour éclaircir la question. Cherchait-il simplement à gagner du temps? Avait-il oublié sa réplique écrite il y a trois mois? Certes, encore une fois, Monsieur Dion s’est mis les pieds dans les plats. Dans l’image populaire ce n’est pas l’attitude que devrait avoir un premier ministre. On veut quelqu’un de confiant. Pourtant…

Comme il le dit si bien, Monsieur Dion gagne à être connu. Et à mon propre étonnement, je lui donne raison. Cette bourde dans la langue de Shakespeare, je crois que c’est une belle démonstration de son intégrité. Il aurait pu répondre n’importe quoi comme sait normalement le faire un «politicien» face à n’importe laquelle question. Mais en élève modèle comme il a dû l’être par le passé, Monsieur Dion a essayé de réellement comprendre la question afin de pouvoir lui donner une réelle réponse. Non! ce n’était pas élégant. Ça relevait de l’amateurisme. Mais pour nous électeur, ça nous apprend beaucoup sur l’homme.

Contrairement à Monsieur Harper qui contrôle le message que son parti transmet aux médias – c’est les journalistes qui l’affirment – Monsieur Dion répond aux questions qu’on lui pose du moins, lorsqu'il comprend la question! D’accord, il n’est pas toujours très habile comme politicien. Et probablement qu’il n’arrivera pas à imposer une ligne rigide au sein de son parti comme Monsieur Harper arrive à le faire – toujours selon les journalistes. Par contre, avec ce que j’ai vu de lui depuis le début de la campagne électorale, j’ai la certitude que c’est un homme honnête, un homme de conviction. Ce qui à mes yeux, n’est pas quelque chose de négligeable lorsqu’on en a marre de se faire raconter des sornettes.

À vous maintenant de tirer vos propres conclusions. Pour ma part, je ne sais pas encore où je poserai mon X mais je dois avouer que je rêve d’un premier ministre à qui je peux faire confiance. Je rêve d’un premier ministre qui va me donner l’heure juste parce que je crois que c’est ça l’essentiel.

Vous comprenez, nos premiers ministres ont beau se vanter d’avoir créé des emplois pendant tel mois de l’année ou d’avoir fait ci ou ça pour l’économie. Mais comme électeur, il faut être réaliste. Nos politiciens ne peuvent faire grand-chose dans la création d’emploi sur une base mensuelle. Comme ils ne peuvent faire grand-chose lorsqu’une crise financière éclate. Tout ce que nos politiciens peuvent faire dans les temps de crise, c’est d’annoncer quelques mesures qui mettent un peu de baume sur quelques familles. Pour le reste, c’est l’effet des cycles économiques mondiaux qui créent ou non des emplois. Les promesses et vantardises, il est préférable de mettre ça de côté lorsque vient le temps de faire son choix.

Oui! je rêve de politiciens honnêtes. Je rêve d’un monde meilleur. Et je crois sincèrement que la seule façon que cela peut arriver, c’est de mettre les bonnes personnes au bon endroit au bon moment. Pour que cela arrive, écouter ce que l’un ou l’autre a à dire n’est souvent pas la chose à faire. C’est assurément plus significatif de les observer dans les moments critiques. Parce que c’est dans l’adversité que les réelles motivations et la réelle personnalité se révèlent au grand jour. C’est vrai en politique. C’est vrai dans nos entreprises. Je vous laisse réfléchir à tout ça. Et n’oubliez pas que l’important, c’est d’aller voter!

dimanche 5 octobre 2008

Pouvoir

Que l’on aime ou pas la politique, lors d’une campagne électorale, tôt ou tard, le sujet entre dans la conversation. Que ce soit autour de la machine à café ou lors de l’attente de l’ascenseur, quelques commentaires viennent inévitablement colorer nos discussions avec les collègues de bureau. Sans crainte de me tromper, j’ai la certitude que le débat des chefs ne fait pas exception à cette règle non écrite mais Ô combien véridique.

Pour ma part, mandat oblige, c’est à Rouyn-Noranda que j’ai regardé le tant attendu événement. Après le retard de vol dû à un petit ressort qui empêchait la porte de l’avion de se refermer – élémentaire mon cher Watson – c’est en mangeant des fajitas dans une sympathique chambre d’hôtel que j’ai regardé nos Chefs répondre à tout, sauf la question qui leur était posée!

Je ne sais trop si c’est l’effet de la bière que je sirotais avec mon gargantuesque repas ou l’effet du décalage horaire… Vous allez me dire qu’il n’y a pas de décalage horaire entre Montréal et Rouyn-Noranda? Et bien avec tout ce que j’ai pu entendre d’irrationnel lors du dit débat, il me fait plaisir de vous informer que dorénavant, si je suis élu, il y aura décalage horaire entre ces deux villes. Votez pour moi, je tiendrai mes promesses!

Que disais-je… Peu importe… Je ne sais trop la raison, peut-être l’air frais de la région ou quoi s’encore, mais un moment donné, alors que je regardais nos Chefs, j’ai eu une saugrenue idée. Eh oui, je me suis demandé pourquoi des hommes si intelligents, si éloquents… Pourquoi ne mettraient-ils par leur savoir et leur détermination dans un mouvement de collaboration au lieu de leurs éternelles confrontations?

Je sais! C’est une idée qui n’a ni queue ni tête. Peut-être même la quadrature du cercle! Mais y a-t-il quelqu’un qui pourrait me dire pourquoi n’est-ce possible que nos représentants collaborent au lieu de perpétuellement s’affronter?

Avouez que c’est tout de même risible de voir des adultes…. Mieux! Risible de voir des aspirants au titre de premier ministre… Risible de les voir se quereller sur des «mon plan est meilleur que le tien», «mes taxes sont moins grosses que les tiennes», «moi je protège l’environnement, toi tu pollues». Il ne manque que «tu pues!» pour clore le débat et se croire, encore une fois, jadis dans une cour d’école.

Sincèrement, lors du débat, je me suis posé la question. Pourquoi nos hommes politiques ne collaborent-ils pas entre eux au lieu de s’invectiver de part et d’autre? Pourquoi sont-ils là à tourner autour de la question en essayant de vanter leurs idées et dénigrer celles des autres? Pourquoi?

Pourquoi nos politiciens ne pourraient pas faire front commun afin que tous ensemble, ils travaillent à résoudre les problèmes auxquels notre société est confrontée? Pourquoi serait-ce là qu’une saugrenue idée? Pourquoi?

Y aurait-il quelque chose qui m’échappe? Serais-je un être qui a hérité d’une intelligence qui m’empêche de comprendre? Les discussions qu’on nous présente seraient-elles qu’une bribe de celles qu’ils débattent dans une Xième dimension?

N’ayez crainte, je crois comprendre une partie de la réponse. Les bravades de nos hommes politiques ne sont peut-être que le reflet de jeux de pouvoir? Le reflet de gens qui aspirent faire valoir leurs idées coute que coute. Le reflet de gens qui s’enferment dans leurs dogmes par manque d’ouverture pour les idées des autres. Le reflet de gens condamnés à dire le contraire pour ainsi tenter démontrer qu’ils sont meilleurs.

Y a-t-il plus idiot que cela? Y a-t-il plus ridicule? Y a-t-il plus belle démonstration que la recherche du pouvoir aliène les uns comme les autres? Y- a-t-il plus éloquent de la petitesse de l’Homme? Aussi agréable à détenir puisse-t-il être, le pouvoir éveille chez l’humain l’instinct prédateur.

Difficile de se le cacher, le pouvoir rend nos hommes politiques on ne peut plus subjectifs. Avec les résultats que l’on peut observer et constater, ne serait-il pas pertinent pour eux de prendre un petit 5 minutes en fin de journée pour faire un recul sur leurs activités? Ne serait-il pas pertinent qu’ils fassent l’exercice que je vous propose ces mois-ci avec Le Meneur!?

Et vous dans votre entreprise, êtes-vous un collaborateur ou un prédateur? Êtes-vous un politicien en herbe? Quelles sont vos motivations à faire passer vos idées auprès de l’équipe de direction? Je sais bien que vous et vos collègues ne pouvez avoir des propos aussi clairs et limpides que nos hommes politiques. N’empêche, travaillez-vous pour l’équipe et l’organisation ou travaillez-vous pour votre petit groupe qui aspire au pouvoir?

dimanche 28 septembre 2008

Magic Sam

Hello! Hello! mon ami! Tu pensais Magic Sam finit sa magie? Mais non, tu sais que Magic Sam n’est pas fini. Il faut toujours rappel une spectacle. Oh! excuse-moi. Est-ce qui dit un spectacle ou une spectacle? Un ou une? Tu pas me… Anyway, un ou une, tu sais mon tour nouvel pas mal bon. C’est mes amis m’ont montré.

L’autre fois, j’avais juste donné un petit tour magie. Je t’avais pas dit, c’était juste une appetizer? Je t’ai bien eu. Tu pensais c’était fini? Moi aussi but mes amis sont drôles! Y font petit cachette. Mais fais toi pas avec ça, on parle d’argent mais réalité, c’est juste des chiffres. Toute façon, Magic Sam va tout arranger.

T’as vu ça mes amis? Wow! Ils sont spécials. Aïe! tu imagines? Ils ont inventés toutes sortes façons pour faire l’argent. Eux autres font l’argent et toi ta grosse maison. Tout le monde content. Right? Qu’est-ce tu veux, mes amis ont des trucs pour donner toi plus grosse maison, plus grosse auto, plus ce que tu veux. Pis eux plus bonus. Toi content. Eux autres contents!

Écoute pas ceux qui parlent leadership. Eux autres vont dire qu’il faut valeurs. Ben voyons dont. That’s for looser. T’as pas besoin valeurs si tu veux réussir dans ton vie. Faut pas que tu gêné de faire des petites passes. Comme il dit : Pas scrambled eggs sans casser les œufs.

Tu devrais voir mes amis. Ils ont beaux bonus, belles maisons. C’est ça que tu veux? Alors qu’est-ce que t’attend? Open your eyes. 700 milliards de money. Tu penses que juste 2, 3 men on fait ça? Wake up!

De toute façon, regarde ceux ont des valeurs. Tu connais Mandela? 30 ans dans prison. Là tu vas me dire il reçoit prix Nobel. Come on! Il a reçu 75 ans. Tu veux attendre toute ton vie? Prend l’autre noir. Luther King. Bla bla bla tout le monde parle Luther King what a man! Hey! tu veux faire mourir à 39 ans?

C’est vrai toi à Québec tu as Laliberté et Cirque soleil, Bombardier et motoneige, train, avion. Et l’autre avec ses pharmacies, il jouse au hockey aussi je pense? Ça c’est des good men. Mais soit réaliste, tu penses avoir bonne idée comme eux autres?

Tu comprends? Si tu veux grosse maison, grosse salaire, grosse bonus, oublie leadership pis valeurs. Do what ever you can to do money. That’s the rule mon ami. Si toi tu vas pas faire argent pour respecte tes valeurs. Don’t worry ton voisin va faire. Fais semblant t’es cool avec ton boss. C’est comment boss en français? Oh oui, sois cool avec ton patron. Et lui te faire confiance.

Surtout, critiquer pas ton boss. Lui aimer pas ça. T’es mieux ferme ton boite pis attend ton tour. T’es mieux attendre tour que attendre 75 years pour faire connaître pour ton valeur. Right? If you want success, t’es mieux entrer dans game! Je te dis, pas besoin valeurs pour leadership. Fais comme les autres, tu vas voir argent dans ton main.

Je sais, tout le monde pas comme ça. Mais 700 milliards, do you know what that mean? Si je dis tout je vu, tu me croyez pas. Ouvre juste plus tes yeux et sort ton salon. Tu vas voir around toi sometimes borderline. Et si toute clean, toi chanceux d’être là.

Là Magic Sam va mettre 700 milliards ton poche pour sauver merde de finance. Plein de men on fait full money avec ça. Pour now, pas un faite pointer ton doigt. Tu comprends what I mean? Tu comprends je dis oublie valeurs leadership? T’as pas besoin ça réussir dans ton vie. Pense ça. Tu veux Nobel 75 ans ou tu veux grosse maison demain matin?

En tout cas, c’est ta choix. Et si tu veux plus des trucs, t’a juste pense mon parole magie, Abracadabra! And don't forget moi, Magic Sam!
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dimanche 21 septembre 2008

Subliminalement

Leadership! Leadership! Leadership! Wô Wô Wô le leadership! Calmez-vous le leadership! Je veux bien croire que le cours des actions a plongé à en donner des sueurs froides mais ce n’est pas une raison pour faire prendre des sommets à celui du leadership!

Avouez que c’est tout de même incroyable Mesdames Messieurs. Si la tendance se maintient comme va nous dire Berny en octobre, certains vont finir par nous raconter qu’ils voient du leadership dans leur soupe. Ou encore, ils vont essayer de nous faire manger des céréales au leadership le matin. Je veux bien croire que je suis un gars tolérant mais lorsqu’on est rendu à nous parler de leadership de façon subliminale, me semble qu’on dépasse les bornes!

Oui oui Messieurs Dames, méfiez-vous! On tente de nous influencer de façon subliminale avec le leadership! Vous n’avez pas vu à la télé? Vous n’avez rien vu de tout ça? Eh bien, voilà la preuve! C’est subliminal! Alors qu’ils sont en pleine campagne électorale, nos partis politiques essaient de nous faire croire que leurs chefs sont des leaders. Je vous le redis : Méfiez-vous! **

Leur plus subtile tentative d’influence? C’est lorsque dans leur point de presse ou discours, ils placent le mot leadership en arrière-plan de chaque côté du prétendant. Si vous voulez mon avis, tout ce qui manque à cette orchestration, c’est les petites flèches clignotantes en direction de l’orateur en dessous du mot pour nous indiquer que lui en a du leadership. Et S.V.P., n’allez pas croire les spécialistes de l’image qui vont dire que mon idée est Kitsch. Cela ne serait qu’un autre de leurs efforts pour détourner votre attention.

Et que dire de leur plus infantile tentative? Lorsqu’ils commencent à nous donner toutes sortes de raison pour nous faire croire que l’autre n’est pas un leader. Ça me fait penser au temps où nous étions petits. Oui oui, vous vous souvenez dans la cour d’école?… Mon père est meilleur que le tien! Non c’est mon père qui va plus vite que le tien! Ce n’est pas vrai… Mon père pense plus vite que le tien!...

La totale? C’est lorsqu’ils affirment faire preuve de véritable leadership! Si le leadership est ce que nos partis politiques nous proposent et bien désolé, je ferme boutique!

Bien sincèrement, cette semaine, j’ai pris conscience de notre obnubilation pour le mot. Ça dépasse tout ce que je pouvais imaginer sur le sujet. J’ai bien beau vivre par et pour le leadership, je trouve incroyable le pouvoir d’attraction de ce vocable. On y accorde une importance qui frôle la fascination. Faut croire que dans l’imaginaire collectif, un leader doit être quelqu'un de tout simplement fantastique! Est-ce réellement le cas? Ou devrais-je dire, est-ce toujours le cas?

N’ayez crainte, je crois fondamentalement à l’importance du leadership dans une organisation. Je crois fondamentalement au rôle du leadership dans une société. Je crois fondamentalement que le leadership fait la différence entre une organisation performante et un groupe d’individu démobilisé. Par contre, je ne crois pas, mais pas du tout, qu’un individu qui a besoin de dire qu’il est un leader en soi réellement un.

Lorsqu’on a besoin de convaincre notre entourage qu’on est un leader. Lorsqu’on a besoin de dénigrer les autres pour démontrer qu’on est un leader. Lorsqu’on a besoin de crier sur tous les toits qu’on est un leader. Dans ces cas-là, il y a de fortes chances que notre leadership ne soit guère plus reluisant que la teneur de nos paroles; aussi belles puissent-elles être!

Voyez-vous, on n’est pas un leader parce qu’on pense en être un. On n’est pas un leader parce qu’on paie des gens pour dire que nous en sommes un. On n’est pas un leader parce qu’on a pris des décisions qui relevaient de nos responsabilités. On n’est pas un leader lorsqu’on a besoin de le dire pour que les autres en viennent à y croire. On n’est pas un leader lorsqu’entre deux maux, les gens choisissent le moindre.

On est un leader lorsque les gens, naturellement, ont le goût de nous suivre. On est un leader lorsque d’eux-mêmes, les gens viennent à notre rencontre pour nous aider. On est un leader lorsque nos employés se font un devoir de venir nous informer de l’avancement des activités courantes. On est un leader lorsqu’on voit que notre entourage prend des initiatives pour que les dossiers progressent. On est un leader lorsqu’on remarque que les autres ont le goût de donner le meilleur d’eux-mêmes.

On n’est pas un leader parce qu’on occupe un poste ou une fonction. On est un leader lorsque par nos actions, nos valeurs, notre façon d’être, notre personnalité, notre énergie, notre engouement bref, on est un leader lorsqu’il y a accord entre ce qu’on fait et les attentes des autres. On est un leader lorsque nos actions inspirent les autres.

Vous comprenez? Être un leader, ça n’a rien à voir avec le rêve ou le désir. Il n’y a rien de plus concret que le leadership. C’est dans l’action qu’on devient un leader. C’est par la cohérence de nos décisions, par la justesse de nos choix… C’est par les valeurs que l’on partage qu’on devient un leader aux yeux des autres.

Comme gestionnaire, soyez avertis et responsables. Ne prenez pas exemple sur ceux qui s’époumonent à convaincre les autres qu’ils sont des leaders. Parce que dans le feu de l’action, on ne devient pas un leader subliminalement.

** Par souci d’objectivité, aucun hyperlien vers les publicités des partis politiques n’a été inséré à ce blogue. Le lecteur intéressé pourra facilement les trouver par lui-même.

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dimanche 14 septembre 2008

Entrainement

ATTENTION. Le texte ci-dessous aborde un sujet très sensible, l’avortement. À sa lecture, il est possible que certaines personnes soient choquées, bouleversées ou offusquées. Conséquemment, il est également possible que certaines personnes ne soient pas d’accord avec mes arguments. Je respecte à l’avance vos opinions. Je souhaite également que l’inverse soit vrai.

Le but du texte ci-dessous est de démontrer qu’il n’est pas toujours facile d’être objectif dans nos activités et actions quotidiennes. En l’occurrence, il est possible que je sois moi-même subjectif en tentant de démontrer l’importance de l’objectivité. Veuillez m’en excuser à l’avance.

Par souci de transparence, je précise que dernièrement, j’ai fait un blogue intitulé Détermination. J’ai écrit cet article lorsque les médias ont annoncé que la gouverneure du Canada, Michaëlle Jean, octroierait la décoration de l’Ordre du Canada au Dr Henry Morgentaler.

Pour terminer cette mise en garde, certains passages ci-dessous, par exemple le paragraphe qui suit, peuvent donner l’impression d’un manque de sérieux. Pourquoi utiliser ce style littéraire? D’une part, cela fait partie de ma personnalité. J’aime prendre un ton moqueur à l’occasion. D’autre part, cela permet au texte de devenir en lui-même un exercice visant à développer l’objectivité. Il nous exerce à faire la distinction entre les propos d’un individu et ses réelles intentions. Bonne lecture!


Après Le Meneur! de septembre intitulé Tout es relatif, je vous ai dit la semaine dernière qu’avec le lancement des campagnes électorales ici au Canada et chez nos voisins du Sud, que nous allions baigner dans une mer de relativisme. Après mon je-ne-peux-avoir-choisi-un-meilleur-moment, voilà mon jamais-je-n’aurais-cru-si-bien-dire!

Certes, cette semaine, au lieu de me lancer dans un sujet à controverse, j’aurais pu me la couler douce en abordant le sempiternel projet du CHUM qui, je suspecte, tente de nous rendre malade avec les multiples reports et nombreuses tergiversations! Nous rendre malade, le CHUM… Passons, car me la couler douce, ce n’est pas ma tasse de thé, comme diraient les Anglais. J’ai donc opté pour du plus concentré, un genre d’espresso. Dans les circonstances, veuillez S.V.P. ne pas oublier qu’un gars averti en vaut deux comme le dit si bien l’adage.

Cette semaine, c’est donc jeudi à 13h09 que l’espace-temps s’est déformé… Mais quoi? On parle de relativisme! D’accord, un peu de sérieux… Je m’applique… Concentration… C’est donc jeudi à 13h09 après les nouvelles de 13 heures à la radio que j’ai tendu l’oreille à Maisonneuve en direct. Il était question de LA nouvelle du jour… Le retour de la décoration de l’Ordre du Canada de Monseigneur Jean-Claude Turcotte pour protester contre l’octroi de ce même Ordre au Dr Henry Morgentaler.

Je vous l’avais dit que c’est du concentré… Je dirais même plus, un Big Bang de relativisme… Espace-temps, Big Bang, vous voyez le lien? Il aurait été difficile de ne pas mentionner le Big Bang avec la mise en service du LHC! Comme quoi on n’est pas toujours obligé de se prendre au sérieux malgré le sérieux du sujet.

En entrevue à la radio, Monseigneur Turcotte expliquait à Monsieur Maisonneuve qu’il ne pouvait garder sa décoration de l’Ordre du Canada étant donné que Monsieur Morgentaler était également pour la recevoir. Pour Monseigneur Turcotte, l’avortement est un acte qui va à l’encontre de ses croyances. Autrement dit, il ne peut être associé à la même Décoration qu’une personne qui ne partage les mêmes valeurs.

Jusqu’ici, rien de répréhensible en soi. Qu’un cardinal-archevêque décide de retourner une Décoration par intégrité et respect de ses valeurs, je respecte cela. Toute personne a le droit d’agir en accord avec ses profondes convictions. C’est un droit inaliénable dans un pays démocratique. Au risque de me répéter, je respecte cela au plus haut point.

Par contre, dans le cas d’une personne qui a un ascendant sur les autres, par exemple un gestionnaire ou dans ce cas-ci un cardinal-archevêque, il est important de s’assurer que les intentions personnelles ne soient déportées vers le collectif. Autrement dit, un gestionnaire qui aspire faire preuve de leadership doit être apte à faire la distinction entre ses besoins, ses désirs et ses valeurs personnelles et les besoins, désirs et valeurs de son équipe (besoins, désirs et valeurs collectifs). Le gestionnaire qui veut exercer du leadership doit être capable de reconnaître ses motivations personnelles afin de ne pas utiliser son équipe pour satisfaire ses propres besoins (promotion, bonus, prestige, etc.). Il doit être apte à déceler ce qui le motive par souci d’intégrité et de respect pour les gens qui l’entourent.

C’est ce qui explique que la semaine dernière je vous parlais de l’importance de s’entrainer afin de devenir plus objectif. On a tendance à voir en soi de l’objectivité. On a tendance à croire qu’il y a foncièrement accord entre nos valeurs et nos actions. Alors que chez les autres, notre tendance est de voir de la subjectivité. Est-ce mon cas face à Monseigneur Turcotte? Je prends des risques mais commençons l’entrainement.

Au début de l’entrevue (1:55)*, Monseigneur Turcotte explique que dans son cas, la décoration de l’Ordre du Canada a été octroyée à un individu et non à une institution. Autrement dit, que la Décoration qu’il a reçue est intimement liée à sa personne et ses valeurs. Dans les circonstances, sa décision de la retourner est tout aussi personnelle et vise le respect de son intégrité morale.

Tout cela semble bien noble à première vue, Monseigneur Turcotte explique qu’il agit par intégrité en fonction de ses valeurs. D’accord mais dans ce cas-là, aurait-il été possible de retourner la décoration de l'Ordre par courrier avec une lettre explicative à la gouverneure générale? Comme il le dit, son silence aurait pu être interprété comme une concession au politically (8:05)… c'est-à-dire une concession et son accord à l’octroi de la Décoration au Dr Morgentaler.

Voilà ce à quoi l’on doit être vigilant lorsqu’il est question de leadership. Certains nous parlent de beaux principes pour lesquels la majorité va se dire d’accord alors qu’en réalité, leurs intentions sont tout autre. Ici, Monseigneur Turcotte nous explique qu’il retourne l’Ordre du Canada par respect de ses croyances alors que dans les faits, son désir est de relancer le débat sur l’avortement. « Je suis très conscient que mon intervention va foutre le bordel. » (7:50)

Poussons plus loin l’entrainement. Avant de suivre un leader, il faut avoir l’assurance de ses réelles motivations. Monseigneur Turcotte explique qu’il ne peut accepter avoir la même Décoration que le Dr Morgentaler parce que comme catholique, il est convaincu que le respect de la vie va du début (de la conception) jusqu’à la fin. « On n’a pas à choisir les vies humaines que l’on protège à celle que l’on ne protège pas! » Qu’au nom de ce principe, l’église à laquelle il appartient va défendre autant le fœtus que l’enfant infirme, les pauvres, les laissés pour compte. Autant ils vont s’opposer à la guerre parce que la guerre touche à la vie humaine. (2:17)

Monseigneur Turcotte avance qu’il retourne sa Décoration parce qu’il s’est senti très interpellé dans sa conscience (7:40). Encore une fois, il tente de montrer que sa motivation est très profonde en lui. Est-ce réellement le cas? Est-il mu par le respect de la vie ou simplement par une partisanerie politique?

Le Canada est en guerre contre les talibans depuis 2001. Près de 100 militaires canadiens ont été tués sans compter les nombreux civils et militaires afghans. Si l’Église catholique n’a pas à choisir qui elle défend, pourquoi ne pas avoir retourné la décoration de l’Ordre il y a 7 ans lorsque le Canada est entré en guerre? Pourquoi retourner l’Ordre parce qu’un individu a milité en faveur de l’avortement? Un geste pour lequel près de 70% de la population est d’accord. Par le retour de l’Ordre du Canada, est-ce que l’église choisirait qui elle protège ou agirait-elle par stratégie politique pour faire avancer ses croyances?

Je n’ai rien contre le fait qu’un groupe puisse intervenir politiquement dans la société. Par contre, sous l’angle du leadership, le double discours n’a pas sa place. Sous l’angle du leadership, on ne peut parler de valeur et de conviction alors que l’enjeu est avant tout politique et stratégique. Comme je le dis dans ma conférence Le Secret du leadership, si vous voulez motiver vos équipes, ne soyez pas stratégique, soyez authentique.

Il faut être vigilant lorsqu’un individu nous parle de ses motivations profondes. Parfois, notre intention est avant tout de voir les autres adhérer à nos idées. Lorsque c’est le cas, est-ce qu’on agit pour le bien collectif ou pour soi-même? Est-ce qu’on agit pour faire avancer les autres ou l’on tente de changer leur vision pour mieux rester campé sur notre confortable vision du monde? Tout gestionnaire qui aspire à faire preuve de grand leadership doit apprendre à maîtriser ses démons intérieurs et être honnête lorsqu’il en est question. Monseigneur Turcotte nous fait une belle démonstration en ce sens.

Après avoir dit que sa démarche était personnelle et en fonction de ses valeurs, Monseigneur Turcotte mentionne que l’assemblée des évêques et lui-même ont décidé de relancer le débat sur l’avortement (3:20). Autrement dit, d’une action qui était fondée sur des principes et valeurs personnels voilà que c’est l’assemblée des évêques qui entre dans un débat de société. Il dit : « Je pense qu’il faut revoir ces questions-là de façon intelligente et en profondeur… Cela étant donné qu’on a d’un côté le record des avortements et de l’autre, des gens qui font des manipulations génétiques pour avoir des enfants. » (5:45)

Ici, on se retrouve devant un autre défi pour l’aspirant-leader : la justesse des arguments. Monseigneur Turcotte avance que la société doit revoir la question de l’avortement avec intelligence et en profondeur. Est-ce que cela veut dire qu’en 1988, lorsque la cour suprême a décriminalisé l’avortement, que le jugement a été fait de façon inintelligente? Est-ce que cela veut dire que les juges de la cour suprême n’ont pas traité la question en profondeur?

Monseigneur Turcotte justifie son point de vue par le fait qu’on a au Québec le record des avortements et de l’autre, des gens qui font des manipulations génétiques pour avoir des enfants (5:55). Est-ce que cela signifie qu’on devrait interdire l’avortement et que les femmes auraient à mener à terme leur grossesse afin de donner leur enfant à l’adoption? Je n’ose imaginer le débat éthique et moral qui pourrait s’ensuivre d’une telle législation. Simple exemple, le principe des mères porteuses n’est pas accepté dans la majorité des pays du monde. Et que ferait-on du droit de la femme de disposer de son corps? Elles seraient dorénavant obligées d’enfanter sous peine d’être emprisonnées?

Comprenez-vous? Ce n’est pas facile d’être un leader? Ce n’est pas facile d’agir en fonction du bien du groupe et de l’équipe. Nous avons tous nos démons intérieurs, nos croyances et nos valeurs. Nous avons tous notre propre vision du monde qui nous rend subjectifs face à ce qui se passe autour de nous. Comme je le disais dans Le Meneur!, tout est relatif. C’est probablement ça le plus grand défi du leadership : devenir objectif afin d’être juste envers soi et les autres qui nous entourent. Devenir objectif afin que nos actions ne visent pas à imposer nos croyances aux autres.

La sortie publique de Monseigneur Turcotte est un bel exemple du défi que pose l’objectivité à tout gestionnaire. Ce n’est pas facile d’être objectif lorsque notre rôle n’est pas d’agir pour répondre à nos besoins et croyances. Pas facile d’être objectif lorsque notre rôle est d’agir pour le bénéfice du groupe.

La semaine dernière, je terminais mon blogue en mentionnant que l’objectivité se développe par l’entrainement. Avouez que le retour de la décoration de l’Ordre du Canada par Monseigneur Turcotte nous en propose tout un. Qu'en pensez-vous?

(x : xx)* Dans le texte, les chiffres entre parenthèses correspondent aux minutes de l’entrevue radio.