dimanche 27 avril 2008

Réactif ou proactif?

Lundi soir dernier, le Québec était en liesse en réponse à la victoire du Canadien de Montréal contre les Bruins de Boston. Malheureusement, pour quelques voyous, la victoire était trop belle pour simplement célébrer dans la joie. Quelques heures à peine après la victoire, ils ont incendié des voitures de police et saccagé des vitrines de magasins. Comme quoi la bêtise humaine est une source intarissable de stupidité.

Tout le monde est d’accord sur ce point, les services de police ont été pris par surprise lors de cette soirée. Une émeute au premier tour des séries, cela ne s’était jamais vu. Comme plusieurs, je ne blâmerai pas les policiers pour ce qui s’est produit. Ils ont tout simplement été débordés par les événements. Dans les circonstances, il serait trop facile de les accuser pour leur travail. Il y a des choses imprévisibles dans la vie et l’émeute de lundi soir en est une. On ne peut donc que déplorer les dommages et les pertes encourus par les commerçants et les deniers publics qui eux auront à remplacer les voitures et autres biens endommagés.

La suite des choses est particulièrement intéressante dans la lorgnette du leadership. Personnellement, j’aime les correctifs apportés par les services d’ordre public. Des centaines et des centaines de policiers postés aux coins des rues et endroits stratégiques. Non pas que je suis un partisan de la répression mais voilà ce que j’appelle être proactif.

Voyez-vous, on ne sait pas si les casseurs vont revenir mais on ne prend pas de chance. On prend les moyens afin de pouvoir mater leurs bas instincts si jamais l’envie les tenaillait. On prend les moyens, sans regarder la dépense car on sait que le remède coûte moins cher que la maladie. C’est ça être proactif. C’est aller au-devant des choses.

J’aime la réponse des services d’ordre car c’est un bel exemple d’une décision proactive. Parfois, on ne peut rester dans l’attente pour voir ce qui va se passer dans le futur. Parfois, il faut accepter de dégager un budget afin de prévenir des événements encore plus coûteux.

Dans les circonstances, il est vrai que les policiers n’avaient pas réellement le choix d’être proactifs. Imaginer les réactions de la population si une autre émeute devait se produire en l’absence des policiers. On doit tout de même les féliciter d’aller de l’avant et de mettre en place des mesures qu’ils jugent suffisantes. On doit les féliciter pour être proactifs. Être proactif, c’est faire preuve de leadership.

Malheureusement, trop d’entreprises sont réactives au lieu d’être proactives. Et je suis persuadé que vous en avez vu des entreprises réactives. Je suis persuadé que vous en avez vu des budgets refusés pour des soi-disant manques d’argent. Je suis persuadé que vous en avez vu de l’abondance pour corriger des problèmes qui auraient pu être prévenus si l’organisation avait été proactive au lieu d’être réactive.

En ingénierie, on a une règle du pouce qui va comme suit : une erreur d’un dollar à la conception vaut 10 dollars aux achats. Cette même erreur vaut 100 dollars lorsqu’on la corrige en production. Malgré cette règle qui ne peut être plus limpide, il y a plusieurs décisions qui laissent passer des problèmes de conception et qui seront découverts qu’une fois en production. Pourquoi tant d’entreprises réactives?

L’émeute de lundi dernier offre une occasion pour se questionner. Par exemple, avez-vous tendance à écouter les suggestions des gens autour de vous lorsqu’à leurs yeux, il y a un risque que le processus dérape? Vous arrivent-ils de plaider le manque d’argent alors que vous ouvrez grand les tiroirs pour corriger les problèmes qui auraient pu être évités? Personnellement, avez-vous un tempérament réactif ou proactif?

dimanche 20 avril 2008

Plus blanc!

Comme le dit si bien l’expression, « Tous les goûts sont dans la nature ». Ce qui, probablement, inclut le mauvais goût. Je dirais même, si vous me le permettez, l’arrière-goût. Du moins, c’est celui qui m’est venu à la bouche lorsque j’ai eu connaissance de la perquisition de la GRC et d’Élections Canada dans les bureaux du Parti conservateur à Ottawa.

Dire qu’ils ont fait leur dernière campagne électorale sur l’intégrité et la transparence. Après le scandale des commandites des libéraux, les conservateurs nous promettaient d’être plus blancs que blancs. On repassera pour le ménage du printemps!

Aurais-je déjà mentionné que le leadership est tout simplement galvaudé? Aurais-je déjà dit qu’on devrait se calmer le pompon lorsqu’on affirme haut et fort que nos politiciens sont des leaders? Leadership! Avez-vous dit leadership?

Soyons tout de même démocrates et laissons la chance au coureur. Après tout, peut-être que le Parti conservateur n’a rien fait de mal si j’en crois les paroles de Monsieur Harper et son équipe. En fait, eux parlent d’injustice. Autrement dit, le fond du problème est qu’Élections Canada fait de la partisanerie. Oui de la partisanerie étant donné qu’il s’acharne sur les conservateurs. Selon eux, tous les Partis politiques utilisent le même stratagème : Tous les Partis font des transferts de fonds entre le fonds national et ceux des comtés afin de contourner la loi électorale.

Plus blanc que blanc disions-nous? Monsieur Harper n’a probablement pas pensé plus loin que le bout de son nez si vous voulez mon avis; ce qui est bon pour Bibi est bon pour Mimi. Autrement dit, nous devrions contester les contraventions des policiers car c’est de la partisanerie de prendre en défaut un conducteur étant donné que plusieurs conduisent plus vite que la vitesse permise. Ou encore, on ne devrait plus arrêter les criminels car on ne les arrête pas tous en même temps. Encore plus partisan, on ne devrait plus s’offusquer que les religieux abusent des enfants car ils ne sont pas les seuls à le faire. On ne devrait plus combattre le crime organisé… voyez-vous où nous mène la logique des conservateurs si on y applique un peu de cohérence? Leadership? N’est-ce pas entre autres de donner l’exemple?

Plus blanc que blanc! La cohérence des conservateurs est effectivement limpide. Au lieu de s’expliquer ouvertement – il doit bien y avoir une petite anguille sous roche si la GRC fait une perquisition – les conservateurs remettent en doute l’intégrité d’Élections Canada. Ils ont fait le même coup avec la Commission canadienne de sûreté nucléaire en janvier dernier(Voir le blogue). À l’époque, Madame Keen était tout simplement déclarée incompétente étant donné qu’elle ne voulait pas déroger aux lois qu’elle devait faire appliquer. Devant son refus d’obtempérer aux demandes des conservateurs, le ministre des Ressources naturelles l’a tout simplement congédié! Plus blanc que blanc avec le savon des conservateurs. Ça élimine les « taches » et les mauvaises odeurs!

Comme vous pouvez voir, l’actualité est une source intarissable d’anti-leadership. Cela me désole de voir tant de tricheries, de stratégies, de conflits, de guerres, de morts et d’incompétences de la part d’individus qui tentent de sauver leur peau. Si vous avez l’impression qu'il manque de leadership dans votre entreprise ou votre équipe, ayez donc l’œil ouvert pour ceux qui vous disent être plus blanc que blanc!

dimanche 13 avril 2008

Jeux enjeux

Décidément, la tendance est au sport sur ce blogue qui pourtant, est dédié au leadership. Il n’y a rien de mal à joindre l’utile à l’agréable me direz-vous. Mais après deux semaines de hockey, je vous propose un sujet un peu plus chaud. En ce sens, jamais l’expression n’aura été si juste : il n’y a pas de fumée sans feu! J’ajouterais même, sans vouloir faire de jeu de mots, que le parcours de la flamme olympique est un sujet brulant d’actualité. Sujet brulant compte tenu de la répression chinoise au Tibet.

Que pensez-vous des manifestants qui demandent la fin de la violence contre les Tibétains? Que pensez-vous de l’appel au boycotte des Jeux olympiques, ne serait-ce que la cérémonie d’ouverture? Que pensez-vous du refus de la Chine d’ouvrir les portes de Lhassa à Louise Arbour, haut-commissaire de l’ONU pour les droits de l’homme, qui désire s’y rendre? Que pensez-vous du commentaire de la Chine qui, en réponse à Jacques Rogge qui rappelait à la Chine son engagement de faire avancer les droits de l’homme, a dit croire que le CIO respectait les Jeux olympiques et adhérait à la charte olympique (ne pas introduire de facteurs politiques)? Les problèmes internes à la Chine ne regardent pas le CIO! Que pensez-vous de la tergiversation de nombreux politiciens concernant leur présence ou non à la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques?

Évidemment, pour nous occidentaux, le respect des droits de l’homme est une valeur fondamentale. Le temps d’un Téléjournal, nous sommes désolés, parfois consternés, de voir les interventions de la Chine dans la province du Tibet. Le lendemain, on se lève pour aller au travail. Les problèmes de la Chine ne font alors plus partie de nos préoccupations immédiates. Parfois, au détour d’une conversation, on exprime notre désir que nos politiciens fassent quelque chose. On espère que dans les circonstances, ils feront preuve de leadership.

Pourquoi si peu de leadership de la part de nos dirigeants politiques alors que les droits de l’homme sont bafoués comme on n’oserait le penser? Pourquoi tant de retenue alors qu’il est clair que la répression chinoise bat son plein? Pourquoi si peu de leadership alors que des individus souffrent, sont déclarés prisonniers politiques ou perdent la vie?

Les événements qui se déroulent actuellement au Tibet permettent de mieux comprendre le leadership. Ils nous font comprendre que le champ d’action du leadership a ses limites. On a beau croire qu’un leader mobilise son entourage dans les plus beaux projets que l’on peut imaginer, les faits sont qu’en réalité, un leader est confronté à d’importants dilemmes.

Les événements en Chine nous font comprendre que même si le leadership dépend de nos valeurs, il ne peut s’exercer sans tenir compte de celles des autres. Les événements nous font comprendre qu’on ne peut exercer de leadership contre le gré de son entourage.

Lorsque les uns et les autres ne partagent pas les mêmes valeurs, lorsque les uns et les autres ont des visions diamétralement opposées, lorsque les uns et les autres ont leur propre agenda, l’exercice d’un leadership mobilisateur devient impossible. On tombe alors dans des jeux de négociation, d’intimidation, de provocation, de déclaration et de confrontation. On tombe alors dans ce que j’appelle les jeux enjeux, la limite du leadership. Les jeux enjeux, on les retrouve dans toutes les organisations.

La limite du leadership, la frontière des jeux enjeux, n’est pas la ligne tracée d’un crayon. Elle ressemble plutôt à une zone diffuse où les uns comme les autres tentent de faire valoir leurs points de vue. Une zone où les uns comme les autres jouent en tenant compte de leurs valeurs, leurs intérêts personnels et leurs objectifs organisationnels. Les Jeux olympiques à venir et la crise du Tibet sont un bel exemple des limites du leadership. Un exemple qui démontre qu’un leader ne peut faire preuve de leadership dans tous les domaines, ni dans tous les milieux.

Dans le cas de la crise chinoise, la majorité des pays sont mis sous silence par leur état de dépendance. Oui, leur étant de dépendance à la Chine; l’un des plus importants berceaux de la production manufacturière au monde. Et comme si cette domination manufacturière n’était pas suffisante, elle finance une partie de la dette américaine comme elle soutient l’économie de nombreux pays avec son appétit insatiable en matières premières.

Pourquoi si peu de leadership de la part des occidentaux face aux événements du Tibet? La réponse saute aux yeux : il n’est pas facile d’exercer du leadership lorsque les autres ne veulent rien savoir de notre point de vue. Pas facile d’exercer du leadership lorsqu’on ne partage pas les mêmes valeurs. Pas facile d’exercer du leadership lorsque dans les jeux d’influence, les enjeux sont diamétralement opposés. En fait, pas facile d’exercer du leadership lorsqu’on dépend de l’autre.

Par chance, la répression chinoise au Tibet n’a rien à voir avec ce qui se passe dans nos entreprises occidentales. Toutefois, elle nous permet de prendre conscience que le leadership qu’on exerce dépend de l’intensité des jeux et des enjeux présents dans nos organisations.

Pour exercer du leadership, vous n’avez pas le choix. Prenez le temps de comprendre les désirs des uns et des autres qui vous entourent. Soyez conscient des valeurs qu’ils véhiculent autour d’eux. Décortiquez ce qui se cache derrière leur agenda personnel. Après tout, votre leadership ne mobilisera jamais plus que les cartes que vous avez en main. Et ça, peu importe les jeux enjeux.

dimanche 6 avril 2008

Go Habs Gooo!

Deux fois en deux semaines que j’aborde le thème du hockey. Je me surprends moi-même car je n’ai rien du fidèle partisan de la noire rondelle. Que voulez-vous, j’ai rarement trouvé plaisir à regarder les autres dans l’action. Je préfère, et de loin, le mode actif au mode passif. À vrai dire, ce n’est pas le jeu en lui-même qui m’intéresse. Ce qui me captive dans le hockey, ce sont les phénomènes de leadership que j’y trouve. Cette semaine, c’est au tour des Glorieux de nous proposer une leçon sur le sujet.

Tout commence il y a un peu plus de quinze ans. À l’époque, un certain Patrick Roy – encore lui – est sorti de la patinoire en regardant son entraîneur d’un regard peu invitant. La relation entre les deux n’était pas à son meilleur depuis quelques jours. Roy a clôt le conflit en s’adressant au président du club assis derrière le banc des joueurs (traduction libre) : "C’est mon dernier match ici à Montréal". Quelques jours plus tard, Roy quittait Montréal pour le Colorado.

La saison suivant son départ, le Canadien n’a rien fait de bon. Les saisons subséquentes n’ont été guère mieux. Alors que le Canadien terminait à la fin du classement, Roy et l’Avalanche du Colorado se qualifiaient chaque année pour les séries éliminatoires. En prime, ils ont gagné deux coupes Stanley!

Cette année, le Canadien semble de retour dans la mêlée. À tout le moins, l’équipe est sur une belle lancée. Elle termine la saison au premier rang de l’association de l’Est. Ce qui ne s’était pas vu depuis 1989. Cela va tellement bien pour l’équipe que plusieurs rêvent de la coupe Stanley à Montréal. Pour ma part, je n’avancerai aucune prédiction mais si l’esprit d’équipe se maintient, le Canadien pourrait nous surprendre.

Ce que je trouve intéressant dans ce revirement de situation se trouve derrière le banc des joueurs. Eh oui, c’est les entraîneurs qui m’intéressent car c’est à eux que revient la tâche de bien diriger l’équipe. C’est eux qui doivent amener les joueurs à la victoire. Plus particulièrement, c’est leur tempérament qui est riche en leçons de leadership.

Il y a quinze ans, l’entraineur du Canadien était Mario Tremblay. Une personne que je qualifierais de fonceur. Quelqu’un qui ne donne pas sa place. Quelqu’un qui veut diriger. Pourquoi Tremblay a-t-il failli à la tâche? Tout simplement parce qu’il n’a pas voulu accepter que Patrick Roy est un leader naturel. Dans son refus, il a essayé d’imposer son pouvoir d’autorité. Avec les conséquences que l’on connaît; le départ de Roy et l’effondrement du Canadien.

L’erreur de Tremblay est courante chez les dirigeants. Souvent, ils n’ont aucune idée de la puissance du leadership naturel d’un individu. Au quotidien, Tremblay aurait mieux fait de travailler avec Roy. Il aurait dû s’en faire un allier. Cependant, comme de nombreux dirigeants, Tremblay n’a pas accepté la place que Roy pouvait prendre au sein de l’équipe. D’une certaine façon, Tremblay voulait protéger son titre sur sa carte d'affaires!

Aujourd’hui, si le Canadien est de retour dans la course, c’est grâce au travail de Guy Carbonneau. Avez-vous remarqué son style? Avez-vous remarqué sa façon d’être lors des points de presse? Des phrases sans émotion, sans convictions, dans le genre : Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise, on a encore perdu. Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise, on a mal joué. Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise, je vais faire des changements. Tout cela exprimé avec de petits tapotements des mains sur la table. Vraiment pas une attitude dominante. Vraiment pas celui qui veut s’imposer à tout prix. Complètement différent de Mario Tremblay à l’époque.

Guy Carbonneau a réussi à reconstruire l’esprit d’équipe au sein du Canadien. Consciemment ou inconsciemment, il a compris qu’il ne pouvait pas s’imposer que parce qu’il a un titre sur sa carte d'affaires. Carbonneau a compris qu’il ne pouvait construire une équipe en essayent de s’imposer à tout prix.

En fait, Guy Carbonneau a compris l’une des règles du leadership : Savoir imposer ses idées au bon moment et de la bonne façon en place de s’imposer comme individu. Il a compris que ses joueurs accepteraient d’être réprimandés s’ils le méritent. Il a compris que ses joueurs accepteraient de le suivre à condition que ses directives ne soient pas gratuites. C’est ça l’art du leadership, prendre le contrôle de la situation dans le respect des autres. Prendre le contrôle n’ont pas pour notre personne mais bien par nos idées.

Mario Tremblay voulait contrôler pour contrôler. Pour sa part, Guy Carbonneau contrôle pour faire évoluer son équipe. Et vous, quelle est votre motivation à vouloir diriger votre équipe? Votre plaisir de justifier le titre sur votre carte d'affaires ou votre désir d’aider les autres à devenir meilleurs? Go Habs Gooo!