dimanche 29 juin 2008

Appropriation

Gens du pays c’est votre tour de vous laisser parler d’amour. Gens du pays… Qui n’a pas entendu cette patriotique chanson de notre poète, M. Gilles Vigneault, en ce temps de fête Nationale? La fête des Québécois comme vous le savez. Celle où on peut entendre le rassembleur "Le Québec au Québécois" lors de cette bleue et blanche journée.

Je vous l’avoue, je ne suis pas celui qui partirait au-devant du traditionnel défilé une main sur le cœur et de l’autre, le drapeau à bout de bras le poing fermé. Certes, j’ai déjà participé à quelques marches il y a de ça plusieurs années. Mais j’y allais surtout par curiosité. J’ai toujours été impressionné par les gens qui endossent une cause comme si le sort de l’humanité allait s’y jouer. Oui!, le patriotisme inconditionnel m’impressionne. Je demeure intrigué par ces gens capables de vivre passionnément un sentiment d’appartenance collectif.

Cette année, allez savoir pourquoi, les commentaires de quelques personnes ont attiré mon attention. Peut-être est-ce dû à mes réflexions professionnelles? Depuis quelques semaines, mes intérêts se tournent vers la performance organisationnelle. Ce qui, nécessairement, exige une forme d’adhésion des employés aux valeurs de l’entreprise. Peu importe, j’ai apprécié entendre ces gens exprimer leurs plaisirs à participer au défilé de la St-Jean-Batiste. "Je me sens interpellé.", "C’est bon pour le sentiment d’appartenance.", "On est des Québécois!"

Je dois commencer à être vieux jeu, encore cette année, j’ai regardé le spectacle de soirée à la télé. Je préfère cette formule car je me souviens que dans la foule de 100 000 personnes, tout ce que tu vois, c’est une mer de drapeaux bleu et blanc au-dessus des têtes, ou l’écran géant à quelques centaines de pieds. Cela fait un peu ringard mais j’aime mieux la télé et ma bière froide que me faire marcher sur les pieds et avoir à jouer du coude pour fuir un drapeau qui me cache la vue pour en trouver un autre encore plus gros trente foulées plus loin.

C’est devenu coutume le 24 juin, les organisateurs se veulent rassembleur. Le Québec… cette terre francophone… ce lieu où tous ont leur place… Nos ancêtres… en leur mémoire… Nous tous… ensemble… célébrons… et un jour… le Québec! Et chaque invité y va de sa petite phrase pour soulever la foule et donner de l’ambiance à la soirée. On y parle de fraternité, de ressemblance les uns aux autres et d’amour. L’amour de la nation, l’amour du Québec.

La soirée était belle et la fin approchait. Les Loco Locas sont arrivés sur scène. Ils ont entonné le fameux «Mon cher Jean, c’est à ton tour…» pour souligner la fête de Jean Charest, notre premier ministre. Il souffle son 50e anniversaire cette année. Quoique sympathique de le souligner, ce n’était qu’en fait un prélude à leur bien connu chanson «Libérez-nous des libéraux». Un coup bas n’aurait pas fait mieux. Évidemment, la foule était en liesse. Ce n’est un secret pour personne que la majorité des gens qui participent aux grands rassemblements de la St-Jean sont majoritairement souverainistes. Je n’ai rien contre cela quoique…

Je demeure perplexe face aux organisateurs. On nous parle de la fête des Québécois, du fait français, nous tous sur Notre terre d’accueil… On veut rassembler… mais dans les faits, on ne cherche qu’à endoctriner. Vous devez penser comme nous, sinon nous allons vous chasser du pouvoir. Que les organisateurs laissent les Loco Locas chanter leur chanson qui appelle à la hargne contre les libéraux, cela me laisse songeur face à leur réel leadership! Avez-vous dit leadership?

Évidemment, tout cela sous l’égide de la fameuse liberté d’expression. Il semble que certains oublient que la liberté des uns se termine là où celle des autres commence. C’est là l’un des problèmes de nombreux soi-disant leader, le manque d'intégrité. On nous parle d’unité… alors qu’on agit pour la division. La fête des Québécois… souverainistes. Le manque d’intégrité, l’inaptitude à réellement rassembler. Voilà quelques barrières au leadership.

À la toute fin du spectacle, j’ai été estomaqué d’entendre le président de la société St-Jean-Batiste, sourire Pepsodent à pleine bouche, remercier le gouvernement pour sa généreuse contribution financière. Quelle belle subtilité! Il aurait pu remercier le gouvernement d’avoir accepté de se faire… Ça aurait eu la même signification mais en un peu moins polie. On prétend fêter Le Québec alors qu’on fête Notre Québec (indépendant). On nous parle du Nous rassembleur alors qu’à l’usage, on comprend que c’est un Nous souverainiste. Cela me laisse pantois. Combien croient exercer du leadership alors que tout ce qu’ils font n’est que de l’appropriation?

dimanche 22 juin 2008

Péchés mignons

Chers lecteurs, vous m’excuserez mais depuis quelque temps, l’actualité oriente ce blogue vers ce que je qualifierais de thérapie de groupe. Cette semaine, pour notre plaisir, nous allons donc parler des péchés mignons. Après tout, qui n’a jamais eu de ces petites douceurs qui stimulent les sens? Pour ma part, je me souviens encore du temps où l’on aimait aller chez le Roi de la patate. À l’époque, à mes yeux, il n’y avait rien de plus jouissif que de tenir entre mes mains un sac de bonnes frites graisseuses. Au royaume de la poutine, j’imagine que nous sommes plusieurs à avoir partagé ce petit vice.

Vous vous souvenez du moment où vous plongiez la main dans le sac pour aller pincer de vos doigts 2 ou 3 patates? Généreusement saupoudrées de sel et baignant dans le ketchup, les papilles gustatives attendaient avec impatience le prochain arrivage de ce somptueux amalgame. Humm! Le simple fait d’en parler m’en donne l’eau à la bouche. Quel plaisir était-ce que d’avoir en gueule ce mélange pourtant peu recommandable du point de vue nutritif. Ah! les plaisirs d’antan!

Il ne faut pas se le cacher, chez le Roi de la patate, on aimait plonger la main dans le sac. Mais comme je l’ai mentionné au cours des dernières semaines, notre personnalité se développe dès le jeune âge. Pour certains, les plaisirs d’autrefois sont devenus des souvenirs mémorables même si parfois, on préfère ne pas en parler. Pour d’autres par contre, ils sont devenus un mode de vie.

Par exemple, je pense à Vincent. Lui aimait ça plongé la main dans le sac. Cela se confirme d’ailleurs par son tour de taille. Certes, il ne fait pas dans le poids lourd mais si je m’y compare, il a quelques rondeurs probablement dues à sa dépendance. On n'avait qu’à mettre un sac devant lui pour qu’il y plonge la main. Avec le temps, Vincent est devenu accro de la « plongette ». Le problème est que ses goûts se sont raffinés.

Raffinés, remarquez que tout est relatif dans la vie. Je devrais plutôt dire que ses goûts sont devenus un peu plus dispendieux. Parce qu’aussi jolie puissent-elles être, il n’y a rien de raffiné à se retrouver dans un club de danseuses. Eh oui, Vincent a troqué la patate pour la « pitoune ». Ce qui démontre qu’il n’était pas très bon en français. Autrement, il aurait compris que c’est la poutine qu’on aime au Québec, pas la « pitoune ». Heuuu, c’est vrai que certaines « pitounes » ressemblent à des patates et que parfois elles deviennent poutine, mais cela nous amène loin de notre sujet.

Pour revenir à Vincent, c’est vrai qu’il n’était pas très bon en français. Il était meilleur en mathématique. D’ailleurs, il était très bon en mathématique. Il avait la bosse des maths. Le Roi de la règle à calculer quoiqu’il n’aimait pas suivre les règles. En fait, il préférait faire disparaître les chiffres. Un vrai magicien. Et il en a fait disparaître des chiffres, des millions et des millions de chiffres.

C’est indéniable, Vincent aimait plonger la main dans le sac. Plus jeune, cela n’avait qu’une incidence sur son tour de taille. Plus tard par contre, cela a eu une incidence sur des milliers de Québécois. À cause que Vincent aimait plonger la main dans le sac et les «pitounes», de nombreux Québécois ont perdu toutes leurs économies. Devant ce drame pour plusieurs retraités, il y a des gestionnaires qui n’ont que des Honnn! comme réponse. Ils avaient pourtant défini Lacroix comme quelqu’un d’intelligent et de compétent. Plusieurs lui ont fait confiance sans se douter aucunement de ses réelles intentions.

Le doute, l’absence de doute devrais-je dire, est une partie du problème auquel de nombreuses organisations font face. On ne sait plus douter. On a perdu notre sens critique. On ne sait plus comment remettre en question la compétence des gens. Cela vous est sûrement déjà arrivé d’avoir une plainte d’un subordonné face à son supérieur. Dans les circonstances, il y a de fortes chances que vous ayez octroyé le bénéfice du doute au supérieur. C’est ancré dans notre inconscient collectif, on donne plus de crédibilité à celui qui est plus élevé dans la hiérarchie ou celui qui a connu le succès. C’est justement ce qui a permis à Vincent Lacroix de se plonger la main dans le sac jusqu’au coude.

Les fraudes de Lacroix nous indiquent que les gestionnaires doivent réapprivoiser le doute. On ne peut faire confiance à nos collaborateurs simplement parce qu’ils ont atteint un certain niveau hiérarchique ou un statut social. Si vous voulez développer une organisation florissante à long terme, vous devez réapprendre les bienfaits de la vigilance.

Faites attention à ceux qui aiment construire des royaumes autour d’eux. Apprenez à les reconnaître. Souvent, leurs paroles sentent le « ketchup » à plein nez. Comme gestionnaire, vous devez apprendre à mieux connaître vos collaborateurs. Peu importe leur niveau hiérarchique, vous devez être en mesure de reconnaître leurs réelles intentions. Quelles sont leurs profondes motivations? En particulier, avant qu’ils ne deviennent grands, vous devez savoir identifier leurs petits péchés mignons.

Pour votre plaisir, je vous propose de relire mon blogue Série Mondiale.
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dimanche 15 juin 2008

Discernement

Après quelques semaines de cache-cache avec les journalistes, mon ami Maxime est sorti de son mutisme pour revenir sur la maintenant célèbre Affaire Couillard. Il a fait son retour dans son comté à la radio locale. En quelque sorte, il voulait remercier ses électeurs pour les nombreux appuis qu’ils lui ont manifestés depuis que son cornet double boules lui a fondu entre les mains – Je vous invite à lire mon blogue Jeux d’enfance pour mieux comprendre ma référence au cornet.

Pour ma part, après ses mésaventures plantureuses, je croyais que Maxime retournerait travailler dans le secteur privé. Je pensais qu’après avoir mis la cerise sur son sundae d’erreurs politiques, qu’il aurait tourné la page pour aller mettre à contribution son talent dans un autre domaine. Faut croire que je connaissais mal son tempérament batailleur. Mais au risque de le décevoir, je dois avouer que je commence à croire les partis de l’opposition qui le dénoncent sur toutes les tribunes pour son soi-disant manque de jugement.

À vrai dire, je commence à douter sérieusement de sa réelle intégrité face à la politique et les électeurs. Parce que voyez-vous, Maxime a annoncé sur les ondes qu’il sera de nouveau candidat lors des prochaines élections. Pourquoi osera-t-il revenir sur l’arène politique? D’une part, parce qu’il est confiant de gagner son pari étant donné les nombreux appuis qu’il a reçus de ses électeurs.

D’autre part, il est encouragé par les mots de ses collègues parlementaires : "Baisse la tête et fais-toi discret. La tempête va finir par passer et les gens vont oublier.". Oui chers électeurs, nous allons oublier! Je ne sais pas ce que ça vous fait de savoir ce que pense nos représentants politiques mais moi, ça me désole. D’une certaine façon, cela démontre le respect que nos élus nous accordent. Dit crument, cela démontre qu’ils n’ont rien à cirer de ce qu’on pense de leurs faits et gestes.

Plus le temps passe, plus je deviens sympathique aux ouï-dire de l’opposition. Voyez-vous, il faut vraiment manquer de jugement pour aller rapporter sur les ondes les mots de nos collègues : "Tout va être oublié d’ici les prochaines élections.". En général, on n’aime pas que les autres aillent dire tout haut ce qu’on pense tout bas : "Ah! les cons finiront par oublier ce que t’as fait! Et comme de bons cons, ils voteront à nouveau pour toi! Dans moins de temps que tu le penses, tu seras parmi nous dans le cercle des ministres!". Dire haut et fort ce que pensent ses collègues est tout simplement une preuve que Bernier manque de jugement. À tout le moins, cela démontre qu’il ne prend au sérieux ni ses erreurs, ni la chose politique, ni les électeurs.

La sortie à la radio de Maxime est intéressante sous l’angle du leadership. Elle montre ce que pense, parfois, un soi-disant leader des gens qui l’entourent. Elle montre l’emprise de nos ambitions personnelles sur les gestes que l’on pose – je n’ai pas à m’en faire, la population va oublier d’ici quelques semaines et je pourrai revenir à mes occupations. Leadership! Avez-vous dit leadership? Malheureusement, il y aura toujours des gens pour suivre un individu et ce, peu importe ce qu’il a à proposer.

Il faut toujours être prudent lorsqu’il est question de leadership dans une entreprise. Souvent, on coupe les coins ronds. Lorsque vient le temps de pourvoir un poste, on regarde parmi les gestionnaires celui qui a les meilleures relations avec son entourage. Souvent, on cherche celui qui sera habile à mobiliser les équipes. On croit qu’ainsi, l’organisation va pouvoir atteindre les objectifs que l’on souhaite. Après quelque temps par contre, on est parfois surpris que les résultats ne soient pas au rendez-vous. Surpris des déclarations de notre nouveau dirigeant. Il n’y a pourtant pas raison d’être surpris. C’est souvent ce qui se produit lorsqu’on ne choisit pas nos gestionnaires avec discernement.

dimanche 8 juin 2008

Démesure

Vroum vroum vroum su mon ti-bicycle vroum vroum vroum je prends bien mon temps. Vroum vroum vroum su mon ti-bicycle vroum vroum vroum je vivrai longtemps! Les travailleurs de l’usine de GM à Oshawa n’ont pas l’esprit à fredonner du Tex Lecor ces temps-ci. Depuis une semaine, ils manifestent contre la fermeture annoncée de leur usine de production. Ils sont d’autant plus fâchés que pas plus tard qu’au mois de mai, ils avaient signé leur convention collective pour une durée de trois ans.

Je comprends leur déception. Et j’imagine qu’elle est d’autant plus grande qu’ils se sentaient protégés par leur nouvelle entente signée pour trois autres belles années. C’est toujours rassurant de savoir qu’on va faire le gros salaire pendant que l’employeur accumule les dettes. Rassurant mais peut-être pas réaliste. Pas réaliste de se croire invincible lorsqu’on évolue dans une industrie en plein chambardement. Pas réaliste de croire que notre employeur va continuer de perdre des milliards de dollars pendant qu’on se la coule douce avec des plans de pensions et autres avantages sociaux mur à mur.

En mars dernier (So!-So!-So!), j’ai parlé de l’attitude des dirigeants syndicaux de l’industrie automobile. Comme on peut le voir actuellement à Oshawa, il continue de faire croire que l’employeur n’est qu’un gros dégueulasse qui ne respecte pas sa parole. Qu’il ait perdu 54 milliards de dollars l’an dernier, on s’en fout! Nous on veut nos emplois. Il nous avait dit que l’usine resterait ouverte pour encore trois ans. Qu’il respecte sa parole. Ah les #!!&?$@$ de capitaliste!, il faut les mettre à leur place. So! So! So!

Évidemment, lorsque 1000 emplois avec un salaire moyen de 72 000$ risquent d’être perdus, cela génère de la relève aux discours syndicaux. C’est ainsi que nos Jack Layton et Stéphane Dion se sont présentés à Oshawa pour témoigner de leur soutien aux travailleurs. Aussi habile qu’à son habitude, Dion c’est fait rabrouer parce qu’il ne s’est pas montré à la hauteur de son homologue.

Jack par contre, il connaît le langage à utiliser. Il sait que les travailleurs sont habitués à entendre à peu près n’importe quoi à condition que ce soit à leur avantage. C’est ainsi qu’il a sorti sa cuillère, en a frotté le dos, et déclaré qu’il fallait défaire le gouvernement dès lundi matin pour sauver les 1000 emplois en question.

Oui mesdames messieurs. Notre super Jack propose de faire tomber le gouvernement pas plus tard que demain, lundi le 9 juin, parce que GM a décidé de fermer l’usine d’Oshawa en 2009! So! So! So! solidarité. Si ce n’est pas de la démesure, pourriez-vous S.V.P. me dire ce que c’est? Et comme si ce n’était pas assez, Layton poursuit en disant n’importe quoi. Ainsi, il accuse le gouvernement de manquer de leadership. Un classique. Avez-vous dit leadership?

Pour être honnête, le gouvernement conservateur n’y est pour rien dans la débandade du secteur automobile. Cela fait des années que les trois géants perdent des parts de marché. Si les travailleurs de l’industrie automobile perdent aujourd’hui leur emploi, c’est dommage mais c’est un peu de leur faute. Non pas individuellement mais collectivement.

C’est eux qui sont responsables de ne pas avoir fabriqué des produits de qualité. De ne pas avoir dessiné des modèles au goût du jour et non au goût de «mononcle» Gérard. Responsable de ne pas avoir pensé à des produits moins énergivores. Responsable de ne pas avoir acheté les modèles de leur employeur au lieu de faire comme la majorité en achetant ceux des Asiatiques. À l’époque, avez-vous déjà pris le temps de regarder le stationnement de la GM Boisbriand lorsque vous circuliez sur l’autoroute 15? Pour ma part, j’en étais stupéfait. Stupéfait de voir le nombre de petites asiatiques dans le paradis de la grosse nord américaine full equip.

Personnellement, je ne peux rien contre ces supposés leaders qui proposent l’impensable. Des leaders dis-je? Oui, par définition! Par définition, un leader mobilise les foules. Par définition, les gens sont prêts à suivre les leaders. Le problème est qu’on oublie trop souvent qu’un leader doit être articulé. Il doit être en mesure de proposer de bonnes idées. Pas nécessairement des idées réalistes car une société a besoin de rêves pour avancer. Toutefois, il serait bon de se rappeler qu’il y a une distinction à faire entre le rêve et la démesure. Faire tomber le gouvernement parce que 1000 travailleurs vont perdre leur emploi en 2009. C’est de la démesure.

Vous croyez que tout ça n’est qu’une bravade politique d’un chef de parti de 3e ordre? Je ne peux rien contre les leaders de l’impensable mais je peux toutefois vous dire de vous méfier. Gardez l’œil ouvert. Surveillez celui qui mobilise les autres. Assurez-vous de prendre connaissance du message qu’il véhicule. Car je suis persuadé qu’il y a au moins un Jack Layton quelque part entre les murs de votre entreprise. Il y a quelqu’un quelque part qui, juste pour se faire du capital politique, est prêt à proposer la démesure.

Comme le dit l’adage, un dirigeant averti en vaut deux!

dimanche 1 juin 2008

Jeux d'enfance

Battleships, vous connaissez sûrement ce jeu de cache-cache qui nous amusait les jours de pluie? Je me souviens encore des heures de plaisir qu’il nous procurait malgré sa relative simplicité. Vous souvenez-vous de vos tentatives pour déjouer l’adversaire? Parfois les bateaux tous collés les uns sur les autres. L’alternative était de les placer chacun dans un coin avec le démineur près du centre. Deux stratégies qui généralement ne faisaient pas long feu. C’était le bon temps. Une partie de Battleships et un cornet double boules, il n’y avait pas meilleure façon de faire mon bonheur. Plouchhh!

Une partie de Battleships et un cornet double boules, je sais, cela fait un peu simpliste comme formule du bonheur. Mais je ne suis pas gêné de vous avouer ma relative simplicité. Non!, car cette semaine, j’ai réalisé que les grands de ce monde ont sûrement partagé les mêmes plaisirs. Remarquez, je dis les grands de ce monde mais ils demeurent des gens comme vous et moi. Des gens qui aiment s’amuser au Battleships tout en savourant de temps en temps un cornet double boules. En tout cas, s’ils n’ont pas aimé cela lorsqu’ils étaient jeunes, ils semblent y prendre un certain plaisir à l’âge adulte. Touché!

Plus jeune, j’aurais sûrement aimé jouer avec Maxime sauf que les jours de pluie, on ne partageait pas les mêmes intérêts. Moi j’étais Battleships comme vous le savez mais lui, il avait une préférence pour le G.I. Joe. Et pour être honnête, je dirais que sa préférence était en lien avec sa personnalité. Oui, Maxime a toujours eu le besoin d’épater les autres. D’ailleurs, cela se reflétait dans le choix de ses cornets. Le malheur pour lui, c’est qu’il n’a jamais compris qu’aussi agréable à regarder puissent-ils être, ils fondent entre les mains en un rien de temps en salissant tous vos vêtements. Et cela laisse des tâches que même le savon plus blanc que blanc de la famille, aussi conservatrice puisse-t-elle être, n’y peut rien. Touché!

Il y a quelques mois, mon Cher Maxime se trouvait en pays étranger. Avec sa tendance à vouloir impressionner les autres, Maxime a voulu démontrer à nos amis américains que le Canada pouvait également se démarquer sur la scène internationale. Maxime sait très bien que les Canadiens et les Américains sont copains copains alors il s’est dit que si eux ont leur G.I., nous, nous avons nos Joe. D’où le célèbre GI Joe. Que voulez-vous, heureuse ou malheureuse, une enfance laisse des marques quasi indélébiles sur votre personnalité. Et c’est probablement ce qui explique qu’une fois en Afghanistan, Maxime a fait une généreuse distribution de G.I. canadien soit, nos délicieux Jos Louis! Touché!

Vous connaissez la suite des choses et avez sûrement compris ma référence au cornet double boules. J’ose croire que Mesdames m’excuseront pour cette analogie un peu primitive. Mais avec toutes les manchettes qui en ont parlé, on doit avouer que l’Homme – oui, l’Homme avec un grand H – demeure relativement primitif face à un simple décolleté. Touché!

Voilà comment on transforme des maux d’enfance en mots d’adulte. Mais attendez, je vous en réserve une petite dernière. Comme quoi on n’est pas toujours obligé de se toucher pour avoir du plaisir. Plouchhh!

Battleships, un jeu où entre amis, on cachait nos bateaux sur le quadrilatère… On cachait nos bateaux!… Ô! fallait y penser! C’est un peu la même chose à l’âge adulte. Les uns comme les autres nous montent des bateaux grands comme la mer. C’est ça qui est intéressant avec la version adulte du Battleships. Plus on camoufle nos inepties, plus la recherche de la vérité devient justifiée. Touché!

Mais comme vous le savez, l’Homme doit être sérieux au travail. Il ne peut avouer candidement jouer au Battleships dans son milieu professionnel. Il a donc trouvé un autre nom à ce jeu d’enfance. C’est ce qu’il a appelé la gestion de crise. Et sous cette appellation, les experts recommandent de mettre cartes sur table lorsque la mer s'agite et risque de faire chavirer ton bateau. Faut croire que les experts ne sont pas crédibles au Battleships. Remarquez que ce n’est pas surprenant, eux préféraient les jeux de cartes si vous n’avez pas lu en diagonale. Plouchhh!

C’est ainsi que les joueurs de Battleships et les joueurs de cartes en sont venus à inventer une variante d’un jeu bien connu. Une variante qu’ils ont développée à l’adolescence ou lors du passage de l’enfance à l’adolescence. Vous savez, la période où les hommes fantasment de jouer au poker en espérant s’amuser avec le cornet double boules. Sucré salé!

La variante en question? Le Bluff, évidemment! Nos politiciens et certains gestionnaires ont dû faire des indigestions de crème glacée à l’adolescence car ils adorent le Bluff. Ils préfèrent essayer de camoufler leurs mauvais coups au lieu de mettre cartes sur table comme le recommande les experts. On change les faits. On tente d’attirer l’attention sur autre chose. Surtout, on n’ose pas avouer que la personne qu’on a nommée à telle ou telle poste est incompétente. Indirectement, ce serait avouer notre propre incompétence. Touché!

Plusieurs se demandent comment améliorer leur leadership. Ce n’est pourtant pas si compliqué. Il suffit de faire preuve de transparence. Le plus tôt possible, il faut faire son mea culpa. Lorsqu’on fait une erreur, il faut tout simplement l’admettre et la corriger. Pour améliorer son leadership, il faut mettre les autres en confiance. Il faut leur montrer que nous sommes compétents pour mener à terme les mandats dont on a la responsabilité. Il faut admettre ses erreurs afin de repartir sur de nouvelles bases et ainsi travailler sur quelque chose de constructif au lieu de perpétuer les omissions à n’en plus finir. Mais ça, ça semble difficile à faire. À tout le moins, si je me fie à l’actualité et ce qui se passe dans les entreprises, ils semblent que plusieurs n’arrivent pas à se détacher de leurs jeux d’enfance. Touché! Coulé!

Édition spéciale 1 juin 2008

La démonstration est d’une limpidité à faire réfléchir. Il m’aurait été difficile de passer à côté de l’occasion. D’autant plus que plusieurs personnes ont de la difficulté à accepter que le leadership ne sert pas toujours des causes nobles. C’est vrai que j’utilise souvent des cas extrêmes pour faire valoir mon point de vue. Mais dans la nuance, l’inconscient collectif nous laisse croire que le leadership est toujours bien. Voilà que Madame Clinton vient à ma rescousse.

De toute façon, elle m’en devait une! Oui, oui dans Trémolos, je faisais référence à ses petites larmes qui avaient donné un regain à sa campagne. J’avançais que pour avoir du leadership, il faut être sincère avec les autres. Il faut communiquer ce qu’on ressent réellement. Remarquez, j’avais nuancé mes propos en mentionnant que si cela n’était qu’un événement planifié à l’avance comme certains le prétendaient et bien, le momentum ainsi créé s’estomperait comme neige au soleil.

Vous connaissez la suite mais Madame Clinton s’accroche. Hier, on annonçait qu’elle rue dans les brancards pour obtenir les votes des États de la Floride et du Michigan. Je n’entrerai pas dans les détails et méandres des règles du Parti démocrate. Ce qui est intéressant, c’est l’attitude de Madame Clinton du point de vue du leadership.

Madame Clinton nous donne une belle démonstration qu’un leader ne pense pas toujours au groupe. Souvent, un leader pense beaucoup plus à ses intérêts personnels. Et c’est là que le bât blesse. Un réel leader fait passer les intérêts du groupe avant ses propres intérêts. Dans mes conférences, certains auditeurs s’offusquent de mes propos. Ils argumentent qu’un leader peut très bien penser aux intérêts du groupe tout en pensant à ses intérêts. Je ne dis pas que c’est impossible mais l’attitude de Madame Clinton est un bel exemple du message que je véhicule.

Parfois, comme leader, on perd de vue la réelle cause que l’on défend. On en vient à privilégier nos intérêts personnels, nos ambitions, avant les intérêts du groupe. Plusieurs analystes avancent que Madame Clinton n’a plus de chance de gagner. Mais elle persiste et signe. Pourquoi?

J’aime dire que ce n’est pas parce qu’on nous suit qu’on va dans la bonne direction. Madame Clinton a encore de nombreux partisans derrière elle. Est-ce que son attitude favorise à consolider l’esprit d’équipe au sein du Parti démocrate? Les experts affirment que les tensions deviennent de plus en plus criantes entre le clan Clinton et le clan Obama.

Le leadership, ce n’est pas que l’aptitude à mobiliser du monde. Il y aura toujours des gens pour vous suivre et pour différentes raisons. Le leadership, c’est l’art de mobiliser les autres pour répondre à leurs besoins et non pour satisfaire nos propres besoins. Le leadership que j’appelle positif – celui qui répond aux besoins du groupe – n’a juste rien à voir avec le leadership négatif – celui qui répond à nos besoins personnels.

Et vous, votre leadership, il est positif ou négatif?