dimanche 22 juin 2008

Péchés mignons

Chers lecteurs, vous m’excuserez mais depuis quelque temps, l’actualité oriente ce blogue vers ce que je qualifierais de thérapie de groupe. Cette semaine, pour notre plaisir, nous allons donc parler des péchés mignons. Après tout, qui n’a jamais eu de ces petites douceurs qui stimulent les sens? Pour ma part, je me souviens encore du temps où l’on aimait aller chez le Roi de la patate. À l’époque, à mes yeux, il n’y avait rien de plus jouissif que de tenir entre mes mains un sac de bonnes frites graisseuses. Au royaume de la poutine, j’imagine que nous sommes plusieurs à avoir partagé ce petit vice.

Vous vous souvenez du moment où vous plongiez la main dans le sac pour aller pincer de vos doigts 2 ou 3 patates? Généreusement saupoudrées de sel et baignant dans le ketchup, les papilles gustatives attendaient avec impatience le prochain arrivage de ce somptueux amalgame. Humm! Le simple fait d’en parler m’en donne l’eau à la bouche. Quel plaisir était-ce que d’avoir en gueule ce mélange pourtant peu recommandable du point de vue nutritif. Ah! les plaisirs d’antan!

Il ne faut pas se le cacher, chez le Roi de la patate, on aimait plonger la main dans le sac. Mais comme je l’ai mentionné au cours des dernières semaines, notre personnalité se développe dès le jeune âge. Pour certains, les plaisirs d’autrefois sont devenus des souvenirs mémorables même si parfois, on préfère ne pas en parler. Pour d’autres par contre, ils sont devenus un mode de vie.

Par exemple, je pense à Vincent. Lui aimait ça plongé la main dans le sac. Cela se confirme d’ailleurs par son tour de taille. Certes, il ne fait pas dans le poids lourd mais si je m’y compare, il a quelques rondeurs probablement dues à sa dépendance. On n'avait qu’à mettre un sac devant lui pour qu’il y plonge la main. Avec le temps, Vincent est devenu accro de la « plongette ». Le problème est que ses goûts se sont raffinés.

Raffinés, remarquez que tout est relatif dans la vie. Je devrais plutôt dire que ses goûts sont devenus un peu plus dispendieux. Parce qu’aussi jolie puissent-elles être, il n’y a rien de raffiné à se retrouver dans un club de danseuses. Eh oui, Vincent a troqué la patate pour la « pitoune ». Ce qui démontre qu’il n’était pas très bon en français. Autrement, il aurait compris que c’est la poutine qu’on aime au Québec, pas la « pitoune ». Heuuu, c’est vrai que certaines « pitounes » ressemblent à des patates et que parfois elles deviennent poutine, mais cela nous amène loin de notre sujet.

Pour revenir à Vincent, c’est vrai qu’il n’était pas très bon en français. Il était meilleur en mathématique. D’ailleurs, il était très bon en mathématique. Il avait la bosse des maths. Le Roi de la règle à calculer quoiqu’il n’aimait pas suivre les règles. En fait, il préférait faire disparaître les chiffres. Un vrai magicien. Et il en a fait disparaître des chiffres, des millions et des millions de chiffres.

C’est indéniable, Vincent aimait plonger la main dans le sac. Plus jeune, cela n’avait qu’une incidence sur son tour de taille. Plus tard par contre, cela a eu une incidence sur des milliers de Québécois. À cause que Vincent aimait plonger la main dans le sac et les «pitounes», de nombreux Québécois ont perdu toutes leurs économies. Devant ce drame pour plusieurs retraités, il y a des gestionnaires qui n’ont que des Honnn! comme réponse. Ils avaient pourtant défini Lacroix comme quelqu’un d’intelligent et de compétent. Plusieurs lui ont fait confiance sans se douter aucunement de ses réelles intentions.

Le doute, l’absence de doute devrais-je dire, est une partie du problème auquel de nombreuses organisations font face. On ne sait plus douter. On a perdu notre sens critique. On ne sait plus comment remettre en question la compétence des gens. Cela vous est sûrement déjà arrivé d’avoir une plainte d’un subordonné face à son supérieur. Dans les circonstances, il y a de fortes chances que vous ayez octroyé le bénéfice du doute au supérieur. C’est ancré dans notre inconscient collectif, on donne plus de crédibilité à celui qui est plus élevé dans la hiérarchie ou celui qui a connu le succès. C’est justement ce qui a permis à Vincent Lacroix de se plonger la main dans le sac jusqu’au coude.

Les fraudes de Lacroix nous indiquent que les gestionnaires doivent réapprivoiser le doute. On ne peut faire confiance à nos collaborateurs simplement parce qu’ils ont atteint un certain niveau hiérarchique ou un statut social. Si vous voulez développer une organisation florissante à long terme, vous devez réapprendre les bienfaits de la vigilance.

Faites attention à ceux qui aiment construire des royaumes autour d’eux. Apprenez à les reconnaître. Souvent, leurs paroles sentent le « ketchup » à plein nez. Comme gestionnaire, vous devez apprendre à mieux connaître vos collaborateurs. Peu importe leur niveau hiérarchique, vous devez être en mesure de reconnaître leurs réelles intentions. Quelles sont leurs profondes motivations? En particulier, avant qu’ils ne deviennent grands, vous devez savoir identifier leurs petits péchés mignons.

Pour votre plaisir, je vous propose de relire mon blogue Série Mondiale.
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