dimanche 28 juin 2009

Iran: Contrôle et leadership

Que l’on aime ou non, la vie reprend graduellement son cours normal en Iran. Ai-je dit son cours normal? Curieuse normalité n’est-ce pas? La répression est-elle quelque chose de normal? Le contrôle d’une population par la violence est-il quelque chose d’acceptable? Est-ce une façon de favoriser l’émancipation d’une population et le dépassement de soi? Le contrôle favorise-t-il le leadership! Avez-vous dit leadership?

Dernièrement, j’ai rencontré un professionnel de la génération Y. Le but de la rencontre était d’explorer les possibilités d’une collaboration sur un projet que j’ai initié. Nous avons échangé sur différents sujets dont évidemment le leadership; c’est l’élément central du projet qui justifiait notre rencontre.

Nous étions d’accord sur un point, le leadership est tout et son contraire. Ce qui nous a amenés à conclure que cela explique probablement pourquoi il est si difficile de circonscrire le leadership et ainsi, développer celui des gestionnaires.

Nos échanges sur la difficulté à développer le leadership m’a amené à lui faire part du sujet d’un article que je prépare pour Le Meneur! Le mensuel du leadership. Le titre de l’article en question sera Le Dilemme du Leadership; à lire en septembre ou octobre prochain. J’expliquais alors que le dilemme en question origine d’une confrontation. La confrontation des gestionnaires qui doivent choisir entre leur désir de contrôler – afin de rencontrer les objectifs organisationnels – et leur désir de motiver – la mise en œuvre du leadership.

Personnellement, j’aime bien les échanges conceptuels qui permettent de repousser les connaissances et les idées. J’aime les réflexions philosophiques qui nuancent les différents enjeux du leadership auxquels font face nombre d’organisations. Mais à ma grande surprise, alors que je lançais quelques idées, mon interlocuteur m’a répondu, sourire en coin, comme s’il savait lui, qu’il faut du contrôle dans les organisations.

Bien honnêtement, la réponse de mon homologue m’a laissé perplexe. Perplexe non pas pour sa façon de voir les choses. Perplexe surtout parce qu’il est perçu comme une figure montante du monde des affaires. J’étais également perplexe en pensant qu’il est peut-être une figure montante pour sa façon de penser. Serions-nous dans une société où l’élite croit qu’il faut contrôler les employés?

Dans une autre perspective, mon vis-à-vis serait-il une figure montante par conformisme et soumission? Autrement dit, une figure montante non pas pour son leadership mais bien pour l’individu docile qui entre dans les rangs. Ce dernier constat irait à l’encontre du discours qu’on entend à l’effet que les organisations ont de la difficulté à trouver des leaders. Autrement dit, on ne serait pas à la recherche de leaders mais bien de gens qui entre dans les rangs.

Pour avoir évolué plus de 10 ans dans différents milieux et dans différentes fonctions, je connais la réalité organisationnelle. Je sais que certains individus ont parfois besoin d’être ramenés à l’ordre. Mais ce n’est pas ça du contrôle. Ça, c’est de la discipline.

Le contrôle, c’est autre chose. C’est important d’en prendre conscience lorsqu’on veut du leadership. Le contrôle, c’est par exemple, les derniers événements en Iran. On ne peut plus éloquents lorsqu’il est question de contrôle et de leadership. La répression des manifestants en Iran démontre de façon exemplaire que le contrôle tue le leadership. Et ce, au sens propre comme au figuré.

Les dirigeants iraniens désirent contrôler la population. Selon eux, il faut de l’ordre dans une société. Il faut contrôler afin que les valeurs soient préservées. Le problème du contrôle, c’est lorsqu’on contrôle pour garder le contrôle. À ce moment, ce n’est plus du contrôle, c’est de l’aliénation. Une aliénation qui pousse les individus vers un repli sur soi. Un repli qui justement, va à l’encontre du leadership.

Dans les manifestations en Iran pour contester les résultats des dernières élections, il y avait beaucoup de leadership. Il y avait du leadership pour faire plus, pour faire différent. Il y avait du leadership pour aller de l’avant. Du leadership pour s’émanciper. Du leadership pour vivre une vie plus libre, plus épanouissante. Du leadership pour créer une société différente. Mais les autorités ont préféré contrôler.

Peut-être que les événements en Iran vous laissent indifférent? Peut-être pensez-vous que ce qui se passe à des milliers de kilomètres de l’autre côté d’un océan ne vous concerne pas? Peut-être êtes-vous un partisan du contrôle? Évidemment, je comprends que le vôtre n’a rien à voir avec celui qui a mené à la mort de Neda; cette jeune Iranienne qui a fait les manchettes et qui est devenue un symbole par la force des choses.

Effectivement, ce qui se passe en occident n’a aucune mesure avec le Moyen-Orient. Pour autant, cela doit nous faire réfléchir en tant que gestionnaire. Parce que la mort de Neda serait inutile si l’on ne prend pas conscience que peu importe sa nature, le contrôle nuit au leadership.




Sur le même sujet:
Iran: Motivation à motiver
Iran: Fin d’une autre aliénation?
Iran: Orientation du leadership

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samedi 27 juin 2009

Micheal Jackson: Leader désigné

Avec la frénésie qui secoue la planète, il me serait difficile de ne pas aborder le décès de Michael Jackson. Que voulez-vous, je suis un gars très tendance… Sincèrement, je dois avouer que l’idolâtrie est un phénomène qui me laisse perplexe autant qu’il me fascine. Perplexe au niveau personnel, fasciné au niveau professionnel. Entre nous, l’actuelle frénésie mortuaire n’est-elle pas un fascinant phénomène de leadership? Avez-vous dit leadership?

Effectivement, il y a du leadership dans la mort de Michael, Michael pour les nombreux intimes. C’est ce que j’appelle le leadership désigné dans le modèle que je présente dans la conférence Les Pouvoirs d’influence du leadership. Ce type de leadership donne de l’influence sur les autres par l’entremise de la compétence, du prestige, de la renommée ou dans un autre registre, l’admiration, l’envie et à la limite, la déification.




Un bon exemple de leadership désigné plus terre-à-terre est l’utilisation des porte-paroles par les organismes qui œuvre pour la "bonne cause"; entre guillemets puisque je ne suis pas là pour juger de la cause. En ce sens, les artistes sont souvent interpellés pour prendre la parole sur un sujet ou un autre. Comme si le fait de bien chanter ou d’émouvoir les autres par un quelconque personnage donnait une connaissance infuse sur l’avenir de la planète ou la préservation de l’environnement.

Le leadership désigné est très connu des publicitaires. Comme je le dis dans ma conférence, y a-t-il quelqu’un qui peut m’expliquer pourquoi Gillette ne m’a pas demandé pour faire la publicité de ses rasoirs? Personnellement, je me rase tous les jours. C’est vrai que parfois je saute une ou deux journées pour me donne un look plus Grrr! mais pour le cachet qu’a reçu Tiger Woods, je me crémerais le visage deux fois par jour avec plaisir sans aucun problème.

Entre nous, je ne crois pas avoir besoin de préciser pourquoi c’est Tigre de Bois – Bois, golf, bois #1, driver, avouer qu’il y a des noms prédestinés lorsqu’on a l’esprit un peu tordu – qui fait la publicité à ma place. Mais je sais à quoi vous pensez: au-delà de la barbichette, est-ce que le leadership désigné est présent dans les entreprises?

Bien entendu, le leadership désigné se retrouve dans les organisations. Les gens qui excellent dans leur domaine acquièrent de l’influence sur les autres par leurs compétences. Les leaders désignés organisationnels sont ceux à qui on veut absolument demander ce qu’ils pensent des solutions à envisager avant de faire quoi que ce soit.

Au-delà de la compétence, le leadership désigné s’exprime sous d’autres formes. Peut-être courrez-vous des marathons dans vos temps libres? Les loppets canadiens n’ont peut-être plus de secret pour vous? Votre coup de pinceau émerveille peut-être les amateurs d’art contemporain? Votre collection de fleurs fait peut-être rêver les botanistes? Peu importe votre hobby, est-ce que votre entourage connaît vos passions?

L’humain est ainsi fait. Il admire ceux qui se distinguent des autres. Et généralement, il accepte l’influence que les autres peuvent avoir sur lui.

Bien sûr, ne parlez pas de ce que vous faites simplement pour vous vanter ou pour que les autres disent que vous êtes bon. Ce n’est évidemment pas la voie à suivre. Plutôt, parlez de vos passions pour partager votre plaisir. Communiquez votre passion pour ce que cela vous apporte. Faites-le et assurément, le regard des autres changera autour de vous. Et si jamais votre leadership ne s’améliore pas, au pire, vous aurez de nouveaux amis avec qui partager vos intérêts.

Évidemment, ne parlez pas de vos passions seulement pour vous faire du capital politique ou gagner de l’influence sur les autres. Les gens ont en horreur les vantards. En passant, parler de vos passions ne fera pas de vous un Michael Jackson. Les gens ne seront pas à vos pieds. Ils ne s’arracheront pas non plus les cheveux sur la tête en vous voyant. Parler de vos passions vous donnera simplement plus d’influence dans votre milieu. L’influence du leader désigné.


jeudi 25 juin 2009

La St-Jean: Bravo Guy A.!

Le spectacle de la St-Jean vient tout juste de se terminer que j’embarque sur l’ordinateur. C’est mon p’tit velours. Oui! Oui!, mon p’tit velours. Il y a un peu plus de 24 heures j’écrivais dans Leadership et patriotisme qu’il ne me restait plus qu’à attendre un peu plus de 24 heures pour voir la teneur de mon analyse. Et bien voilà, je déclare avoir réussi mon examen: le spectacle de la St-Jean de cette année a été différent de celui de l’an dernier. Exactement ce que j’avais prédit.

L’an passé dans Appropriation, je dénonçais le fanatisme sectaire du spectacle de la 24; du 24 juin et non de la caisse de 24 je précise juste au cas. L’an passé, il y avait une mobilisation partisane dirigée contre le gouvernement. Une mobilisation qui ne devrait pas avoir sa place dans une fête qui est supposée rassembler tous les Québécois.

Pour cette année, je savais qu’avec Guy A. Lepage, le pitch serait différent. Et je dois l’avouer, il a été très différent. Plus que ce à quoi je m’attendais. J’en ai été surpris. Je dirais même agréablement surpris. Monsieur Lepage a agi comme un leader se doit de faire. Il a été rassembleur tout en éduquant les gens. Le rôle du leader est de permettre aux gens d’être plus compétents et plus conscients d’eux-mêmes et de leur environnement.

J’ai bien aimé lorsqu’il s’est moqué de Montréal avec ses nids-de-poule. Les plus gros au monde. Aucune autre ville n’en a d'aussi gros. Rien de mieux que de critiquer un symbole d’autorité (ici la ville) pour créer une complicité avec un groupe (ici la foule de 200 000 personnes). Une fois la complicité établie, Guy A. a déclaré aimer Montréal et qu’il ne voudrait pas vivre ailleurs parce qu’on a le Stade olympique, le Cirque du Soleil, le plus gros Festival de Jazz, le Stade olympique… deux fois parce qu’on l’a payé deux fois, etc. Autrement dit, cessons de chialer et apprécions ce qu’on a.

Après avoir vanté Montréal et convaincu la foule que nous étions super bien ici, Guy A. a demandé s’il y avait des gens qui voudraient séparer Montréal du reste du Québec. Il a donc procédé à un sondage à main levée. Je le paraphrase : «Aye! Je ne peux pas croire qu’il y en a qui lève la main. Montréal est la métropole du Québec. Je ne veux pas me séparer Montréal du Rocher Percé et des mouches noirs». C’est ce que j’appelle faire de l’éducation en accéléré.

À un autre moment, Monsieur Lepage a mentionné Stephen Harper. Évidemment que les gens ont chahuté. Et Guy A. de leur dire de ne pas crier chouuu à Stephen Harper. Il a demandé qu’on l’écoute afin qu’il nous fasse part de sa théorie. Selon lui, Stephen Harper est un agent d’infiltration qui fait tout pour que le Canada aille plus mal et ainsi, favoriser les conditions gagnantes ou quelque chose du genre.

Il a même été jusqu’à parler de ses amis anglophones. Ce qui a encore une fois provoqué des chouuu et Guy A. de reprendre la foule à nouveau. Nos amis anglophones, nos amis, ceux qui nous aiment. Comme je disais, de l’éducation en accéléré.

Encore plus éducatif. Il a chanté un bout du bien connu Bonjour la Police des ex-RBO. Encore une fois rien de mieux pour rallier les éléments destructeurs. Une fois l’extrait complété, Guy A. de saluer les policiers en services pour la soirée et qui sont aussi nombreux que les gens dans la foule. Rien de mieux pour déstabiliser une foule et ainsi lui inculquer des valeurs différentes.

Comme dans tout bon spectacle de la St-Jean, il y a eu le discours patriotique. Cette année, c’est Suzanne Clément qui l’a prononcé. Un autre moment qui n’avait rien à voir avec les années passées. Le message ne portait pas sur la souveraineté. Il était plus axé sur l’émancipation. «Le monde nous regarde. Le monde est en nous.» Rien de précis mais des phrases que chacun pouvait interpréter à sa manière.

Je ne sais pas si les spectacles des prochaines années vont garder le même pitch. Si c’est le cas, c’est de bon augure. Si c’est le cas, je crois que le Québec va gagner en maturité. Nous allons cesser d’aliéner la population avec l’idée de l’indépendance. Il n’y a rien de plus aliénant que le sempiternel le Québec au Québécois. En passant à autre chose, nous allons être en mesure d’augmenter le niveau d’éducation collectif.

Je prends un autre moment fort du spectacle. Guy A. de demander si les gens aiment le français. Ai-je besoin de préciser la réponse de la foule? Et il poursuit : «Aimez-vous ça voir votre enfant arriver avec 40 fautes de français dans sa dictée!» Et vlan! Comme on dit. Une autre façon de déstabiliser la foule et de lui faire prendre ses responsabilités.

Hier, je mentionnais que Guy A. Lepage est quelqu’un de lucide et apte à faire la part des choses. Je savais que la propagande serait plus nuancée avec lui. Je le savais que ce serait différent mais je n’aurais jamais cru qu’il irait jusqu’à faire de l’éducation collective.

Personnellement, j’ai grandement apprécié le message rassembleur du spectacle. Il a été question d’ethnies, les Haïtiens, les Grecs, les Italiens, les Vietnamiens et combien d’autres attentions au Québec multiethniques. Je ne sais pas si vous avez eu la chance de le voir? Peut-être que les moments clés se retrouveront sur You Tube? Mais une chose est sûre, c’était une éloquente démonstration de leadership positif. À croire que les instances décisionnelles qui s'occupent de la St-Jean ont changé leur fusil d'épaule. Ce n'est pas moi qui vais m'en plaindre.

Suite à ce spectacle qui interpelle l’intelligence et la maturité, je ne peux que terminer cette chronique ainsi : Bravo monsieur Lepage!

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mardi 23 juin 2009

Leadership et patriotisme

L’an passé après la célébration patriotique qui aura lieu demain, je dénonçais l’Appropriation de l’événement par l’idéologie indépendantiste des organisateurs. Comme je le disais, j’étais estomaqué d’entendre le président de la société St-Jean-Batiste remercier le gouvernement alors qu’on avait pu entendre quelques minutes auparavant, le combien célèbre Libérez-nous des libéraux des Loco Locas. On a beau prétendre fêter le Québec (des Québécois), dans les faits, on propose de fêter Notre Québec (des indépendantistes).

Cette année, je prévois une approche différente dans le pitch de la fête Nationale. Sur quoi je base mes pronostics? Évidemment, sur le leadership! Avez-vous dit leadership? L’élément central de mon raisonnement est le changement d’animateur. Cette année, la tâche incombe à Guy A. Lepage alors que l’an dernier, c’est Normand Brathwaite qui était aux commandes des festivités.

Hier en entrevue télé, Monsieur Lepage expliquait que Normand a sa gang (Beau et Chaud) et que lui avait la sienne. "Depuis quelques années, je chante régulièrement avec les Porn Flakes. Cette année, le show va être plus rock", expliquait-il.

Le spectacle ne sera pas seulement plus rock, il sera également moins «le Québec aux Québécois» si je me fie au leadership. Pourquoi? Parce que Guy A. Lepage est plus indépendant d’esprit; à ne pas confondre avec plus indépendantiste. Monsieur Lepage a l’habitude de dire ce qu’il pense et de façon générale, il a un sens critique lucide et apte à faire la part des choses. Ce n’est pas le genre à voir tout blanc ou tout noir, c’est quelqu’un qui fait dans la nuance. Et c’est ce qui me laisse croire que la propagande sera plus nuancée.

Même s’il est ouvertement indépendantiste, je ne vois pas Guy A. Lepage en train de décrier le gouvernement juste pour endosser la cause souverainiste. Et comme animateur, je crois qu’il aura invité des artistes qui partagent sa façon de voir les choses.

Remarquez que je ne dis pas que la soirée sera fédéraliste. Guy A. va assurément glisser quelques commentaires sur l’indépendance comme lui seul sait le faire. Après tout, le 24 juin rassemble à majorité des indépendantistes. Dans les circonstances, l’animateur de la fête ne peut que leur lancer quelques clins d’œil afin de faire monter la sauce et ainsi casser la baraque.

Malgré tout, cette année le spectacle de la Saint-Jean sera différent dans son pitch car Messieurs Lepage et Brathwaite n’ont pas le même style de leadership. Comme mentionné, Guy A. Lepage est plus du genre indépendant d’esprit dans le genre: «C’est ce que je pense et je le dis que vous aimiez ou non. C’est ce que j’ai à dire. Qui m’aime me suivent». Ce qui anime Guy A. Lepage, c’est le désir de provoquer.

Pour sa part, Normand Brathwaite est animé par un tout autre désir, lui, c’est le désir d’être aimé. C’est ce qui explique qu’il est plus du genre séducteur. Normand Brathwaite charme son auditoire afin d’être aimé. Voilà pourquoi avec lui, la St-Jean prenait un ton très partisan à la cause indépendantiste. Son mode de pensée était «Vous n’aimez pas les libéraux, alors dénonçons les libéraux». Et ce, même si cela pouvait parfois être gratuit. Je ne crois pas que Guy A. Lepage jouera ce jeu. Cela serait contre sa nature; nature critique certes, mais lucide et articulée en fonction de faits tangibles.

Guy A. Lepage n’a pas le besoin d’être aimé. Il n’a pas besoin de séduire pour exister. Il préfère avant tout dire ce qu’il pense. C’est en provoquant qu’il nourrit son estime de soi. Et c’est pour ces raisons que je crois que la Fête de la St-Jean sera différente cette année.

Pour ma part, je suis du genre à me mettre la tête sur le billot. Ne me reste plus qu’à attendre un peu plus de 24 heures pour voir la teneur de mon analyse. Avouez que c’est amusant le leadership et le patriotisme!

Bonne St-Jean à tous!

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dimanche 21 juin 2009

Iran: Motivation à motiver

Vous croyez que c’est difficile d’avoir du leadership? Si c’est le cas, cela est probablement dû au fait que vous ne comprenez pas le lien entre le leadership, le pouvoir et la motivation. En fait, ce qui est difficile avec le leadership, ce n’est pas le leadership en soit, c’est l’humain. Effectivement!, il suffit de comprendre l’humain pour comprendre le leadership. Mais comme vous le savez sûrement, ce n’est pas facile de comprendre l’humain.

Pourquoi est-ce si difficile de comprendre l’humain? Tout simplement parce que comprendre l’humain, c’est par le fait même, se comprendre soi-même. Et ça, curieusement, l’humain préfère ne pas se comprendre. À tout le moins, l’individu préfère ne pas se comprendre. Et c’est ce qui explique que c’est difficile le leadership. Comme disait l’autre, «L’homme est une menace pour l’homme».

Ce n’est pas compliqué le leadership, ce n’est qu’une question de motivation. Tout le monde sait ça. Tout le monde sait que pour avoir du leadership, il suffit de motiver les autres. Tout le monde sait que le leadership d’un individu dépend de son aptitude à motiver les autres. Autrement dit, pour avoir du leadership, il suffit de savoir ce qui motive les autres. Savoir ce qui motive les autres, cela revient à dire qu’il faut comprendre l’autre. Comprendre l’autre, c’est comprendre l’humain. Retour au point de départ.

Le problème du leadership, c’est qu’en tentant de comprendre l’humain pour savoir ce qui le motive, on en vient à se comprendre soi-même. Et par le fait même, savoir ce qui nous motive. Mais comme je le disais, ça, on préfère ne pas le savoir. Lorsqu’il est question de leadership, on ne veut pas savoir ce qui nous motive. On veut savoir ce qui motive les autres. Et c’est ce qui rend difficile le leadership. Parce que le leadership ne dépend pas seulement de ce qui motive les autres. Le leadership dépend surtout de ce qui nous motive à motiver les autres.

Vous me suivez? Et vous, vous le savez ce qui vous motive à motiver les autres?

Bien sûr, nous sommes tous motivés à motiver les autres pour les bonnes raisons. Après tout, nous sommes tous d’honnêtes citoyens. Nous sommes tous d’honnêtes citoyens dans nos schèmes de pensée. Nous sommes tous d’honnêtes citoyens dans notre façon de voir le monde. Et c’est là que commence le problème du leadership. Ce qui semble motivant pour l’un peut fort bien être démotivant pour l’autre. Je sais, vous aimez les exemples.

Ce qui se passe actuellement en Iran est un bel exemple de ce qui est motivant aux yeux des uns et qui ne l’est pas aux yeux des autres. En Iran, les uns disent que «les autres veulent être libres comme des animaux», «Il n’y a que l’Iran, que l’Iran» (voir ma chronique Iran: Orientation du leadership). Pour leur part, les autres crient à la fraude électorale. Comme quoi une motivation à motiver n’est pas nécessairement motivante.

En Iran, croyez-vous que les uns veulent savoir ce qui les a motivés à falsifier les résultats électoraux (ce qui reste à démontrer je l’admets)? Pas du tout. Par contre, j’ai la certitude qu’ils aimeraient savoir ce qui motiverait les autres à voir le monde comme eux. En Iran, les uns aimeraient comprendre les autres afin de pouvoir leur inculquer leurs schèmes de pensée. Mais ils ne sont pas intéressés à comprendre leurs propres schèmes de pensée.

En Iran, les uns pensent avoir les bons schèmes de pensée. D’ailleurs, ils en sont convaincus. Ce qui explique qu’ils ne sont pas intéressés à se comprendre. Pour eux, ils n’ont pas à se comprendre puisqu'ils s’en remettent à l’Être supérieur.

Pour ce qui est du leadership, je sais que vous allez me répondre que nous ne sommes pas en Iran. Vous allez me dire que nous sommes dans une démocratie où chacun est libre. Après tout, vous avez une épouse, un chum, une blonde, un mari, un deux ou trois enfants sans oublier le chat ou le chien bref, votre motivation à motiver les autres est en parfaite harmonie avec vos schèmes de pensée. Je n’en doute point.

Personnellement, je ne doute pas de vos schèmes de pensée. Par contre, si vous trouvez que c’est difficile d’exercer du leadership, c’est peut-être parce que vos schèmes de pensée ne concordent pas avec ce qui motive les autres. Peut-être que votre motivation à motiver les autres laisse perplexe votre entourage?

Peut-être pensez-vous que les employés ne sont jamais contents? Ou qu’il faut toujours les pousser dans le dos pour que le travail se fasse. Ou qu’ils n’ont qu’à travailler s’ils n’ont pas voulu aller à l’école. Peut-être aussi êtes-vous le patron le plus admirés de l’entreprise?

Personnellement, je ne le sais pas où vous en êtes avec le leadership. Et ce n’est pas important. Ce qui est important, et ce dont vous devez prendre conscience pour avoir du leadership, c’est votre motivation à motiver.

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samedi 20 juin 2009

Iran: Fin d'une autre aliénation?

Je ne le sais pas pour vous mais moi cette semaine, j’ai rêvé. Rêvé au point où je me suis rappelé le temps de mes études. Je ne sais pas si c’est cela qu’on appelle un coup de vieux? Il y a 20 ans, je pétrissais mon arrière-train sur les bancs de Polytechnique. Déjà à l’époque, je prenais plaisir à écrire dans le journal étudiant. À bien y penser, si ce n’est pas un coup de vieux, c’est peut-être un coup de nostalgie? Certains prétendent qu’il vaut mieux ne pas trop chercher à comprendre ce genre de chose. Poursuivons alors.

Coup de vieux, nostalgie ou pas, Qu’en sais-je? Par contre, je sais très bien que jadis, j’aimais écrire sur la nature humaine. J’aimais écrire sur cette drôle de créature. Créature plus drôle à des heures que d’autres. Drôle de créature parfois loin d’être drôle. Jadis, certains de mes collègues étaient sceptiques de ma façon de voir le monde. D’autres me regardaient du coin de l’œil. Mais que voulez-vous, comme disait l’autre, chasser le naturel, il revient au galop.

Il y a 20 ans, j’écrivais sur la chute du mur de Berlin**. Entre autres, j’interpellais le lecteur pour prédire le nom de l’Allemagne. De l’est, de l’Ouest, Unifié? Réunifié? L’Allemagne temporaire?... Par chance, l’histoire démontre que la réunification de ce bout de terre déchiré par deux idéologies n’a pas été que temporaire. Peut-être une preuve que l’humain est capable d’autres choses que des bêtises. Simplement dommage qu’il ne puisse en être capable plus souvent. À croire qu’après le corps, c’est l’esprit qui aurait besoin de sa p’tite pilule bleue.

Au temps de la mi-vingtaine, le mur de Berlin me paraissait être rien d’autre qu’une aberration. D’autant plus que le mur en question était plus âgé que ma propre constitution. Imaginez! Un mur qui vous empêche de vous déplacer d'est en ouest. Un mur qui de jour en jour, ternit le lever du soleil. Un mur qui à la longue, vous aliène… Nostal nostalgie!

Je vous parle de mes écrits parce que c’est ce à quoi j’ai pensé cette semaine. En voyant tous ces Iraniens manifester au risque de leur vie, je ne pouvais penser à autre chose. N’est-ce pas universel? La dignité? Le respect de l’autre? La liberté? Le droit de penser et de croire ce à quoi l’on veut bien croire? Universelle quoique curieuse universalité.

Que peut-on y faire? L’humain est ainsi fait. Vient un moment où il n’en peut plus de se taire. Vient un moment où il sort dans la rue pour exprimer ce à quoi il croit. Vient un moment où l’humain comprend qu’il doit passer à l’action. Vient un moment où il sait que son avenir dépend de son leadership. Mais encore faudrait-il qu’il sache qu’il en a. Parce que vient un moment où la seule issue, est de passer à l’action.

Aujourd’hui, je me demande combien de temps mon rêve va durer. Le leadership et le courage des Iraniens réussiront-ils à faire tomber le mur de l’intégrisme? Assisterons-nous à un bain de sang au style Tiananmen comme le craignent certains observateurs?

Une chose est sure, nous saurons d’ici quelques jours si l’Orientation du leadership permettra ou non, la fin d’une autre aliénation.



** Fin d’une aliénation (Texte publié en novembre 1989 dans le Polyscope)
L’Allemagne vous connaissez? Depuis quelques jours, de quelle Allemagne s’agit-il? De l’Ouest. De l’Est. De l’Allemagne unifiée? Ou pour être plus précis, de l’Allemagne réunifiée? À moins que ce ne serait que l’Allemagne temporaire.

Je vais cesser de m’attarder à trouver le nom de cette Allemagne car peu importe le nom que ce double bout de terre aura, le peuple sera toujours aussi stupéfiant. Stupéfiante la réaction de ce peuple. Stupéfiante et encourageante. Encourageant de voir un peuple se libérer d’une aliénation. Non pas que je suis anticommuniste, mais de voir des gens euphoriques, de voir des gens heureux comme des enfants, de voir ce qui semble une victoire d’un peuple au dépens de son aliénation. Alors oui, c’est encourageant.

Vingt-huit ans, ça vous dit quelque chose? En tout cas, c’est plus long que ma propre existence. Imaginez, vingt-huit ans à vivre à côté d’un mur. Non pas le mur de votre chambre, mais le mur de Berlin. Un mur, lequel on vous interdit de franchir. Un mur qui, de jour en jour, ternit le lever du soleil. Un mur qui vous enlève le droit de vous déplacer d’est en ouest. Un mur qui, à la longue, vous aliène. Une aliénation qui vous révolte et qui vous soumet. Soumission qui croît au rythme de votre révolte. Tout ça à cause d’un amas de pierres mal agencé. Un amas de pierres qui divise un peuple, une ville, qui divise l’individu. Un individu divisé entre sa patrie et son pays, un individu divisé entre sa liberté et l’autorité.

Et maintenant, imaginez que ce mur devient une banalité. Un mur qui ne devient que matériel après une multitude de manifestations et de pressions. Imaginez un mur que vous franchissez alors qu’il vous en a toujours été interdit. C’est bien assez pour être euphorique.

J’aimerais bien être en Allemagne ces jours-ci. J’aimerais bien voir la réaction de ce peuple en délire. Je suppose que la réaction de ce peuple est bien plus qu’une réaction de joie. Car ce peuple a réussi à faire en un temps record ce que bien peu de gens avaient imaginé comme possibilité.

Tout ceci rendu possible par l’émigration massive d’un peuple. C’est quand même beaucoup, deux cent mille personnes depuis le début de l’année. Et il faut ajouter les manifestations de plus en plus nombreuses. Cet événement est la preuve qu’un peuple dirigera toujours un pays. Il suffit qu’il le réalise pour qu’il réagisse.

J’ai de la difficulté à le croire, mais selon les informations véhiculées, il n’y avait pas de banane en Allemagne de l’Est. Je suppose que les dirigeants de ce peuple craignaient le retour aux origines des hommes de leur pays. J’imagine qu’ils craignaient que les gens réapprennent à grimper en mangeant des bananes.

Et maintenant, que va-t-il arriver dans cette fameuse Allemagne. Des élections libres vont avoir lieu? De vilains personnages vont simplement attendre que la pression retombe? Rusé celui qui prédira l’avenir de ce pays. Une chose est sure cependant, ce peuple sera maintenant moins aliéné. La société qui dirigeait ce peuple a été trop loin dans la manipulation de ce peuple, elle en a perdu le contrôle. Le numéro un est-allemand a dit que le parti avait appris une grande leçon qu’il n’oublierait jamais. Évidemment qu’il n’oubliera jamais. Comment oublier un tel événement? Comment oublier la perte d’un pouvoir abusif qui dure depuis trop longtemps. Espérons qu’à l’avenir, ce peuple ne se laissera plus aliéner.


Note : vingt ans plus tard, le mur de Berlin n’a pas été reconstruit. Toutefois, on en a construit un entre Israël et la Palestine. Comme quoi si la vie est un perpétuel recommencement, elle est parfois un malheureux recommencement. Ne reste plus qu'à regarder comment se concluront les événements en Iran.

mercredi 17 juin 2009

Iran: Orientation du leadership

Hier soir au Téléjournal, je regardais le reportage (Minute: 7:00 à 10:30) d’Alexandra Szacka. On y voyait des partisans de Mahmoud Ahmadinejad en train de dénoncer les partisans de Mir Hossein Moussavi, les impies. «Les Iraniens sont des musulmans mais eux ne veulent pas de l’Islam. Ils veulent être libre comme des animaux.», « L’Amérique est mauvaise. Il n’y a que l’Iran, que l’Iran» clamait un autre manifestant. Leadership! Avez-vous dit leadership?

Je sais que vous ne l’avez pas dit, parce qu’en Amérique, on pense que le leadership sert à faire de belles choses. C’est ce qu’on pense parce qu’on n’a pas conscience de l’Orientation du leadership; une composante du modèle que j’ai développé. Ne pas avoir conscience de l’Orientation du leadership dans une organisation, c’est comme croire que ce qui se passe en Iran ne nous concerne pas et qu’il n’y a rien à y comprendre.

Malheureusement, il y a du leadership en Iran comme partout ailleurs où on retrouve un groupe de personne. La règle est simple. Pour tout groupe de 10 personnes, on retrouve au moins un leader. C’est important d’en avoir conscience lorsqu’on est gestionnaire. Et cela l’est d’autant plus si l’Orientation du leadership de certains individus n’est pas favorable aux succès organisationnels.

Si vous doutez du lien entre l’Orientation du leadership et le succès organisationnels, prenez simplement conscience de ce qui se passe en Iran. Cette prise de conscience devrait vous faire changer votre façon de voir le leadership.

Personnellement, les manifestations en Iran me laissent songeur. Ça me laisse perplexe face à la nature humaine. Ça me fait penser à toutes sortes de choses. Par exemple, un ex-collègue imbu de lui-même et prétentieux avec qui les employés ne voulaient pas collaborer. Ou ce directeur général qui, pour mobiliser les troupes, traitait de chialeux l’un des clients qui exigeait que l’on corrige des erreurs de fabrication avant de prendre possession de ses véhicules.

Malgré ce que vous pourriez croire en lisant mes réflexions ci-dessus, je dois vous dire que j’ai travaillé dans des entreprises cotées dans les palmarès des plus grandes entreprises du Québec.

Ce que je trouve particulier avec ce qui se passe en Iran, c’est de voir la dichotomie des valeurs entre les groupes de partisans. Avouez que c’est tout de même particulier d’entendre «ils veulent être libres comme des animaux». Je veux bien croire que dans nos organisations, il y a les jeunes loups, les requins, les dinosaures, les autruches et parfois quelques vaches aux yeux de certains, mais dire que l’on veut être libre comme les animaux, c’est un tout autre schème de pensées, un tout autre schème de valeurs.

Ce qui se passe en Iran me laisse perplexe du point de vue leadership parce que les événements sont en lien direct avec la culture du pays. Certes, une culture monolithique, principalement imposée par le régime. Une culture qui semble tout de même endossée par une partie de la population. Ce qui me laisse perplexe, c’est les valeurs véhiculées par cette culture. Des valeurs qui laissent croire qu’il est mauvais de vouloir être libres comme des animaux.

Avec ce qui se passe en Iran, on ne peut passer sous silence l’importance de la culture. Parce que si dans un pays on parle de culture, dans une entreprise, on parle de culture organisationnelle.

Avec ce qui se passe en Iran, on ne peut passer sous silence l’importance d’une culture organisationnelle sur les résultats d’une entreprise. On ne peut le passer sous silence parce que les événements en Iran nous font comprendre que la culture dépend des valeurs des dirigeants.

Pour développer une entreprise performante, il est important d’avoir une culture organisationnelle forte qui mobilise les employés. Il est tout aussi important de savoir que cette culture dépendra des valeurs des dirigeants. Il est important de le savoir car il se pourrait que les valeurs de ces derniers donnent une direction particulière à l’Orientation du leadership.


À voir:
Photo-reportage de Laura-Julie Perreault pour Cyberpresse

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mardi 16 juin 2009

St-Jean Batiste: La peur en soi

Tu es poussière et tu retourneras poussière a-t-on tenté de me convaincre jadis dans ma jeunesse. Déjà à l’âge de 7 ans, je réalisais que les croyances cachaient une partie de la vérité. N’empêche qu’il est vrai que la vie n’est qu’un perpétuel recommencement. Serait-ce ce qui explique que l’humain n’évolue qu’à pas de tortue? Et ça, lorsqu’il ne régresse pas! À l’approche de la journée du drapeau bleu et blanc, les derniers événements autour de la langue laissent croire que le leadership est prisonnier de la même dynamique.

En février 2008 dans Langues Fourchues, je parlais justement des croyances, des dogmes, de la frontière entre le rationnel et l’irrationnel, de la frontière où les arguments deviennent croyances. Aujourd’hui avec la controverse autour d’un 40 minutes de chanson anglaise dans un spectacle de 6 heures, je comprends que le fond du problème relève des peurs individuelles, les peurs intrinsèques, les peurs en soi.

Le 40 minutes en 6 heures, je parle bien entendu du spectacle alternatif de la Fête nationale nommément, L’autre St-Jean. Aujourd’hui au moment où j’écris ces lignes, il semblerait que c’est un administrateur de l’Association Culturelle Louis-Hébert (ACLH) – l’organisme qui présente le spectacle L’autre St-Jean – qui a parlé devant les médias alors qu’il n’avait pas ce mandat. C’est lui qui a dit que les groupes anglophones seraient retirés de la programmation. C’était comment dire, disons, la bougie d’allumage.

«On avait peur des manifestations» contre les groupes anglophones expliquait ACLH dans un communiqué de presse. «Que des groupes anglophones chantent en anglais à la Fête nationale, c’est problématique. Ils font partie de la nation québécoise, oui. Mais la langue officielle, c’est le français.», expliquait Marc Laviolette (Source: La Presse) Et combien d’autres déclarations pro «Le Québec aux Québécois»? Et d’autres encore pour dénoncer cette fermeture d’esprit.

La peur est le frein de l’évolution. C’est important d’en prendre conscience lorsqu’on veut exercer du leadership. Parce qu’un leader ne peut pas avoir peur. Il ne peut pas avoir peur de l’assimilation, ni peur des manifestations, ni peur des anglophones. Un leader ne peut pas avoir peur de l’autre. Parce que lorsqu’on a peur, notre jugement se détériore. Lorsque notre jugement se détériore, parfois ça nous mène à l’Appropriation comme je l’expliquais l’an passé juste après la même Fête nationale.

Pourquoi le Québec n’est-il toujours pas indépendant? Peut-être parce les soi-disant leaders de la cause alimentent la peur au lieu d’alimenter l’espoir. Lorsqu’on alimente la peur de l’autre, lorsqu’on alimente l’assimilation de l’autre par peur d’être assimilé, on ne fait que diviser au lieu de mobiliser.

Que fait un enfant lorsqu’il a peur? Il se recroqueville sur lui-même. La peur, c’est le repli sur soi. Ce n’est pas ça du leadership. Lorsqu’il est question de leadership, on ne peut pas avoir peur d’entendre 40 minutes de chanson anglophone dans un spectacle de 6 heures.

Lorsqu’il est question de leadership, on ne peut pas demander aux gens de parler français ou de se taire. Lorsqu’il est question de leadership, on ne peut pas demander à l’autre d’être à condition d’être comme «nous». Lorsqu’il est question de leadership, on ne peut pas… on ne peut pas… on ne peut pas avoir la peur en soi.

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dimanche 14 juin 2009

Le Grand défi Pierre Lavoie

Comme je le dis parfois, le leadership, c’est en nous que ça commence. Le leadership ça dépend de notre attitude, nos valeurs, nos objectifs, notre détermination. Ça dépend également de ce qu’on aimerait que les autres fassent avec nous, en collaboration. Non ce n’est pas compliqué le leadership. Parfois, il ne suffit que de donner l’exemple.

Vous avez sûrement entendu parler du Grand défi Pierre Lavoie. Avouez que c’est impressionnant: 1000 km de vélo en deux jours. J’ai lu sur le web que l’instigateur de l’événement aura donné près d’un demi-million de coups de pédale à la fin de son périple. Bien sincèrement, ma petite heure de natation deux ou trois fois semaine n’a juste rien à voir avec l’exploit réalisé ce week-end. Et vous? Vous en faites de l’activité physique?

Du point de vue sportif, le Grand défi Pierre Lavoie est tout simplement époustouflant. La mobilisation de la population à travers le Québec l’est tout autant, sinon plus. Puisqu’il est question de mobilisation, il faut se rendre à l’évidence, Monsieur Lavoie n’est pas seulement un sportif de haut niveau. C’est un Ironman! – 8 participations au Ironman d’Hawaï dont 3 victoires. C’est également un leader. Oui!, un leader. Si vous en doutez, il faut qu’on se parle et sérieusement.

Bien évidemment, puisque j’ai mentionné le mot leader, là vous êtes curieux de savoir comment on devient un leader comme Pierre Lavoie. Dans le modèle que j’ai développé, l’Ironman en question est un leader désigné. Un type de leader dont l’influence sur les autres provient des exploits ou de la compétence. Mais au-delà de mon modèle, comme je le mentionnais en introduction, le leadership est une question d’attitude, d’objectifs, de valeurs et de détermination. Essayons de mieux comprendre.

Pierre Lavoie a vu mourir deux de ses enfants dû à une maladie rare, l’acidose lactique. Dès 1994, avant les jours fatidiques, il s’est impliqué au sein de l’Association qui porte le nom de la maladie. Il en est devenu le président en 1997; poste qu’il occupe toujours.

Cela est tout à fait compréhensible, la maladie et la mort des enfants de Monsieur Lavoie a radicalement changé sa façon de voir la vie. Pour lui, les choses ne pouvaient pas rester telles qu’elles sont. Pour lui, le cours de la vie devait prendre un tournant. Comme je vous le disais, le leadership, c’est en nous que ça commence. Ça commence par l’attitude. Ici, l’attitude face à l’adversité.

Pierre Lavoie avait la bonne attitude et il s’est donné un objectif : amasser des fonds pour que la recherche puisse élucider la maladie. Comme marathonien, il a pensé faire des exploits à vélo. C’est ainsi qu’il a lancé le Tour Pierre Lavoie en 1999.

À la première édition, Monsieur Lavoie était seul à pédaler pour les 650 km dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Les années suivantes, les élèves dans les écoles ont voulu pédaler avec lui. Le désir des jeunes à l’accompagner lui a donné l’idée du Grand tour. Quelques années plus tard, on se retrouve en 2009 avec un périple de 1000 km, 450 cyclistes réparties en 93 équipes et tous les gens qui l’accueillent ou qui font de petites boucles à vélo lors des grands arrêts (Alma, Québec, Trois-Rivières, Sherbrooke, Montréal). Voilà ce qu’on peut faire avec la bonne attitude et un objectif : les gens veulent nous supporter.

Confronté à la maladie de ses proches, Pierre Lavoie a compris l’importance de la santé et de la bonne alimentation. C’est ce qu’il promeut à travers ses exploits sportifs. Par l’entremise de son Grand défi, il invite les écoles à faire faire des activités physiques à leurs élèves. Pour les inciter encore plus à passer à l’action, il a lancé un concours. Plus les élèves bougent, plus ils ont la chance de gagner une place à l’événement de clôture du Grand défi qui cette année, avait lieu au Stade Olympique. La santé et la bonne alimentation, c’est les valeurs de Pierre Lavoie et c’est ce qu’il veut partager avec les gens.



Vous comprenez que ce n’est pas difficile le leadership? Prenez exemple sur Pierre Lavoie. Adoptez la bonne attitude. Donnez-vous un ou des objectifs qui vous tiennent à cœur. Prenez action en tenant compte de vos valeurs. Et surtout, faites preuve de détermination alors que vous donnez l’exemple. N’est-ce pas que c’est simple?

Mais je suis persuadé que vous êtes sceptiques. Vous vous demandez si cela peut fonctionner en entreprise. Personnellement, j’ai donné le goût du dépassement à des employés à maintes reprises. Vous pouvez donc me faire confiance, la formule s’applique également en milieu professionnel. Travaillez avec détermination et les gens vont vouloir vous aider à performer.

Bien sûr, vous allez devoir faire quelques ajustements à la recette Pierre Lavoie. Vous allez devoir l’adapter à votre environnement. Mais souvenez-vous de la base : attitude, valeurs, objectifs, détermination et donner l’exemple.

D’accord, je serais malhonnête de ne pas vous le dire. Je dois vous avouer que parfois, la formule peut échouer. Cela m’est arrivé alors que j’étais à la présidence d’ISFQ (Ingénieurs Sans Frontières Québec, présentement en campagne de financement). J’ai eu beau faire tout ce que je pouvais, les gens que j’ai rencontrés n’ont pas daigné soutenir l’organisme. Dites-vous que c’est la fois qui confirme la règle car à de nombreuses reprises, j’ai pu voir le leadership en action autour de moi.

Attitude, valeurs, objectifs, détermination et donner l’exemple. Pas compliqué n’est-ce pas? De toute façon, dites-vous qu’il vaut mieux essayer et échouer que de rester à ne rien faire. Alors il n’en tient qu’à vous. Quel est votre Grand défi?

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samedi 13 juin 2009

Sexy! Avez-vous dit sexy?

Jeudi dernier dans ma chronique « Parizeau: Besoin d’une crise », je vous l’avais dit que la semaine serait politique. Mais contrairement à l’autre qui a refusé de le faire, je dois avouer que j’avais planifié cette présente chronique. Je ne pouvais passer à côté de ce dossier, disons, radioactif. Pour ne pas dire sexy! Avez-vous dit sexy?

Les propos de Lisa Raitt sur les isotopes radioactifs sont intéressants car ils démontrent de façon éloquente pourquoi il n’est pas facile d’avoir du leadership. Avez-vous dit leadership? Non mais… À croire que vous êtes dur de la feuille.

Je sais, ce n’est pas la première fois que je parle de l’importance d’être soi-même lorsqu’on veut avoir du leadership. Et bla bla bla… Mais que voulez-vous, la nature humaine est ainsi faite. Nous sommes engagés dans une compétition vers le sommet hiérarchique. Compétition dans laquelle les uns tentent d’être plus fins que les autres afin de mieux se positionner.

En janvier dernier, la ministre Raitt croyait que la crise des isotopes allait être favorable pour sa carrière politique. N’est-ce pas incroyable qu’une personne qui a vu son père et son frère mourir du cancer puisse se réjouir des problèmes à venir dans le système de santé? Effectivement incroyable lorsqu’on pense servir les autres. Mais lorsqu’on pense se servir, c’est une tout autre histoire comme le démontrent les événements des derniers jours.

Après l’homme est une menace pour l’homme, il y a le leader est une menace pour son leadership. Madame Raitt en est un bel exemple. On l’a vu pleurer en parlant de son père et son frère morts du cancer alors qu’elle disait regretter ses propos. La ministre n’est pas une mauvaise personne en soi. C’est simplement quelqu’un qui comme bien d’autres, n’a pas compris que pour avoir du leadership, il faut être soi-même.

Non ce n’est pas facile d’être soi-même. Ce n’est pas facile car nous sommes tous engagés dans la course à la hiérarchie. Du moins, pratiquement tous. Et tous ceux qui y sont engagés, principalement les gestionnaires, sont mus par le désir de monter vers le sommet afin d’avoir plus de pouvoir. Plus de pouvoir dans le but d’avoir un meilleur salaire, de meilleurs avantages sociaux, de meilleures conditions de travail, de meilleures conditions de retraite, de meilleur ce que vous voulez. Mais ça on n’en parle jamais.

On ne parle jamais de notre désir de monter dans la hiérarchie afin de mieux se servir parce qu’on aime croire qu’on veut plus de pouvoir afin de mettre en action nos idées. Bien sûr, tout le monde sait ça. Notre désir de monter dans la hiérarchie est dû au fait qu’on veut mettre en œuvre nos bonnes idées!

C’est très humain d’en vouloir plus pour soi. Qui ne veut pas mieux profiter de la vie? Qui ne veut pas plus de vacances? Qui ne veut pas une plus confortable maison? Une plus jolie voiture?

Le problème est qu’en vouloir plus nous fait parfois perdre le sens commun. En vouloir plus nous fait parfois perdre, comme dirait l’autre dans sa pub, le gros bon sens. Et c’est ce qui rend si difficile l’exercice du leadership au jour le jour.

Ce n’est pourtant pas difficile d’avoir du leadership. Du moins sur papier. En pratique semble être autre chose. Pourtant, il suffit que de bien se connaître pour avoir du leadership. Et c’est la raison qui explique que je mets l’emphase sur la connaissance de soi dans mes conférences, mon coaching et mes formations.

Je ne sais pas si vous êtes convaincu de l’importance d’être soi-même pour avoir du leadership. Peut-être n’êtes-vous pas de cette école de pensée. Je respecte votre point de vue. Je ne suis pas là pour vous convaincre de faits que vous ne voulez croire.

Mais si vous voulez plus d’influence auprès des gens que vous côtoyez, prenez exemple sur Lisa Raitt. Méfiez-vous de vous-même lorsque vous pensez que vos dossiers sont sexys!

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jeudi 11 juin 2009

Parizeau: Besoin d'une crise

Décidément, j’aime les tendances. Conséquemment, la semaine sera politique. Après «Le plus tôt possible», voilà le «besoin d’une crise». Comme quoi être leader ne signifie pas être un bon leader. Ce qui probablement, vous amène à penser que je suis fédéraliste. Mais comme je vous disais dans «Le plus tôt possible», il n’en est rien. Ma tasse de thé, c’est le leadership! Avez-vous dit leadership?

Être un bon ou un mauvais leader, c’est ce que j’appelle l’Orientation du leadership dans le modèle que j’ai développé. Si vous êtes un assidu de ce blogue et du Meneur!, sûrement que vous commencez à prendre conscience que ce modèle – Les Forces Leaderiales – est tout simplement excellent. Ce dont je me réjouis car bientôt, vous allez faire sonner mon téléphone (514.712.1465) pour obtenir mes services. Après discussion, il me fera plaisir d’aller vous présenter une conférence ou vous guider dans une session de travail sur le développement du leadership organisationnel.

Trêve de promotion, la dernière sortie de Jacques Parizeau démontre que le leadership d’un individu a un champ d’action limité. C’est important d’en prendre conscience. Monsieur Parizeau est peut-être un leader pour le mouvement souverainiste, c’est une toute autre affaire aux yeux des fédéralistes. Et vous, pour qui êtes-vous un leader au sein de votre organisation?

Êtes-vous un leader aux yeux de vos employés? Ou aux yeux de vos supérieurs et de la haute direction? Êtes-vous un leader positif pour l’organisation et un leader négatif pour la force de travail? Comprenez-vous que vous pouvez être un leader aux yeux des gens qui vous ont mis en poste mais que jamais vous n’allez réussir à mobiliser vos employés comme vous l’espérez?

Je ne sais pas si vous le comprenez mais ce serait important que vous en preniez conscience. Parce que c’est souvent comme ça dans les entreprises. Souvent les supérieurs voient du leadership chez un gestionnaire alors que les employés voient autre chose. Et lorsque c’est comme ça, souvent les gestionnaires vont prendre une attitude hautaine auprès des employés. Après tout, si les employés ne veulent pas suivre les directives, c’est parce qu’ils ne comprennent rien à rien. S’ils ne veulent pas suivre les directives, c’est parce qu’ils sont indisciplinés. S’ils ne veulent pas suivre les directives, c’est parce qu’ils sont paresseux. Et quoi s’encore…

Comme je le mentionnais dans «Le plus tôt possible», le leadership, ça se développe par la confiance. Cette confiance se développe lorsque les autres nous perçoivent comme un leader positif. On est un leader positif lorsque les autres partagent les mêmes valeurs et la même vision du monde. On est un leader positif lorsqu’on aide les autres à grandir professionnellement et personnellement.

Aisément, on comprend que Monsieur Parizeau est un leader positif pour les souverainistes et un leader négatif pour les fédéralistes.

Si vous ne comprenez pas le concept de l’Orientation du leadership, vous risquez de ne pas comprendre ce qui se passe autour de vous. Si vous ne comprenez pas l’Orientation du leadership, vous risquez de vouloir exercer du leadership coute que coute. Si vous ne comprenez pas l’Orientation du leadership, vous risquez de vouloir forcer le leadership. Et c’est à ce moment que votre leadership va devenir négatif ou encore plus négatif aux yeux des autres. C’est à ce moment que vous allez penser que vous avez besoin d’une crise.

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mardi 9 juin 2009

Marois: Le plus tôt possible

Il m’aurait été difficile de laisser passer l’occasion sans la commenter. Mais n’ayez crainte lecteurs fédéralistes et ne vous réjouissez pas trop lecteurs indépendantistes, l’arroseur risque d’être arrosé. Après tout, vous devriez savoir que ce n’est pas l’indépendance qui m’intéresse. Ma cause personnelle est le leadership. Avez-vous dit leadership?

Avouez qu’une phrase avec pas de verbe ni complément comme «Le plus tôt possible» veut tout dire et ne rien dire simultanément. Plus surprenante observation selon moi, c’est qu’il y a des gens qui s’inspirent de ce type d’énoncés. Remarquez, cela s’explique peut-être par le fait qu’ils sont de la même école que le gars assis au bar regardant son verre à moitié plein, ou à moitié vide? Entre nous, le plus tôt possible, qu’est-ce que ça veut dire?

Le plus tôt possible, ça ne veut absolument rien dire car on ne peut le mesurer. Par contre, ça fait rêver. Du moins, ça permet de rêver. Dans le genre, on va faire la souveraineté le plus tôt possible! Rien de mieux pour stimuler le bien connu «Le Québec au québécois». Rien de mieux pour mobiliser les gens. Autrement dit, aux yeux de certains, rien de mieux pour avoir du leadership. Et c’est la raison pourquoi je disais que je ne pouvais laisser passer l’occasion sans la commenter.

Il n’y a rien de pire que d’utiliser des phrases vides de sens pour exercer du leadership. Mais je l’avoue, il est tentant de le faire. C’est tentant de le faire car les phrases vides de sens sont généralement intemporelles. Le plus tôt possible restera toujours le plus tôt possible. Que se soit demain, dans une semaine, dans un mois, dix mois, une année, dix années… Le plus tôt possible restera pour toujours le plus tôt possible.

Il est important de parler des énoncés vides de sens et intemporels car autant ils avivent l’espoir, autant ils alimentent la déception. Pour s’en convaincre, il suffit de regarder l’histoire du Parti québécois au cours des 30 dernières années. De façon répétitive, vient un moment où tout le monde se rallie pour gagner les élections afin de mettre en œuvre «le plus tôt possible». Une fois au pouvoir, les partisans du verre à moitié plein s’entredéchirent avec ceux du verre à moitié vide. Conséquemment, le leadership de lui ou de l’autre tombe à plat. Pourquoi? Parce que les uns comme les autres se sentent lésés.

Le leadership, ça ne fonctionne pas lorsqu’un individu se sent lésé. Le leadership, ça fonctionne lorsque la confiance règne.

À vrai dire, le leadership se développe par l’entremise de l’espoir. Pour avoir du leadership, faites rêver vos gens. Laissez-les entrevoir des jours meilleurs. Entrainez-les dans des projets qui vont améliorer leur environnement de travail ou leur qualité de vie. Expliquez-leur les avantages qu’ils retireront de leurs efforts.

Oui!, c’est aussi simple que ça d’avoir du leadership. Il ne suffit que de dire que le futur sera meilleur qu’aujourd’hui. D’une certaine façon, le leadership, c’est de promettre que demain sera plus agréable. C’est promettre que demain, nous serons plus épanouis, plus grands, plus compétents, plus efficaces, plus… C’est aussi simple que ça le leadership mais c’est aussi ça le problème du leadership.

Le problème du leadership, c’est qu’il est facile de faire rêver les gens à des jours meilleurs. Le problème du leadership, c’est lorsque les rêves ne deviennent pas réalité. Le problème du leadership, c’est lorsqu’on ne sait pas quand les choses vont se concrétiser. Le problème du leadership, c’est lorsque nos promesses sont intemporelles.

Si vous voulez du leadership, ne promettez rien si vous ne savez pas quand vos projets vont se réaliser. Du moins, ne le faites pas si vous voulez du leadership sur le long terme. Parce que le leadership sur le long terme, ce qui est le vrai leadership selon moi, c’est quelque chose qui se bâtit sur la confiance. Et la confiance, ça se bâtit sur des faits tangibles. La confiance se bâtit sur des faits mesurables. La confiance, ça se développe par l’entremise de réalisations concrètes.

Comme gestionnaire, il est facile de promettre. Il est facile de dire il faut ci parce que ça. Comme gestionnaire, il est facile de dire des phrases intemporelles. Comme gestionnaire, il est facile de berner les gens. Comme gestionnaire, il est facile… mais ce n’est pas ça du leadership. Le leadership, c’est de faire en sorte que les choses se réalisent. Le leadership, ce n’est pas de dire «le plus tôt possible».

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dimanche 7 juin 2009

Guy Laliberté: To the moon

Qui a dit que les jours se suivent mais ne se ressemblent pas? Assurément, ce n’est pas un lecteur de ce blogue. Car après le trio «Agir avant» du mois de mai, voilà un autre «To the moon» pour en faire un duo. N’est-ce pas merveilleux d’être amuseur public? En tout cas, il a beau avoir commencé dans la rue, le voilà sur la grande avenue. Si je peux l’exprimer ainsi. Mais peu importe la façon de le dire, ça ne changera rien. Guy Laliberté s’envolera bel et bien vers les étoiles en septembre prochain.

Toujours pour la suite des idées, je dirai qu’il s’envolera pour célébrer son alignement des planètes. En l’occurrence, son 50e anniversaire, le 25e du Cirque du Soleil et sa fondation One Drop dont il veut faire la promotion par ce voyage excentrique. Mais comme vous le savez trop bien, ce n’est pas l’excentrisme qui est important dans les phrases précédentes, c’est la célébration.

Y a-t-il quelque chose de plus important à célébrer qu’un alignement de planètes ou un anniversaire? Bien sûr qu’il y a plus important! Il y a les victoires tout comme les succès.

Évidemment fidèles lecteurs, vous avez compris que je parle des victoires organisationnelles ou les succès d’équipe. Entre nous, dans l’intimité du cyberespace, faute d’avoir les moyens d’aller dans l’espace, quand est-ce la dernière fois que vous avez célébré un accomplissement avec votre personnel? Qu’en est-il de souligner le succès d’un projet? Et la signature du nouveau contrat?

J’anticipe votre réponse. Oui mais ça coûte cher célébrer les victoires. Et si on commence ça, les employés vont en vouloir tout le temps plus. Pis à la longue, ils vont prendre ça comme un droit acquis qui va annihiler l’effet reconnaissance désiré.

Sur ce, je vous laisse poursuivre l’énumération de ce qui justifie vos inactions à la reconnaissance. Et si l’imagination vous manque, allez en parler avec le contrôleur de l’entreprise. Je suis certain qu’il aura plein de bons arguments pour vous ramener à la raison; raison dans le sens que ça coûte cher bien entendu. Mais après ça, on se demande pourquoi il est si difficile d’exercer du leadership! Avez-vous dit leadership?

Guy Laliberté l’exprime trop bien : il avait besoin d’un nouveau défi. L’humain est ainsi fait. Il aime se dépasser. Il aime grandir. Souvent sans le savoir, l’humain aime se découvrir – et là je ne parle pas de se découvrir le soir lorsqu’il fait noir; on se comprend. L’humain est comme ça. Il aime être fier de lui et cela se produit lorsqu’il fait de nouvelles choses. C’est simple à comprendre. Vos gens veulent donner du sens à leur travail. Alors, il n’en tient qu’à vous de prendre la balle au bond et de leur donner l’occasion de relever un nouveau défi.

Mais n’ayez crainte, je ne vous proposerai pas d’envoyer chacun de vos employés en orbite afin de les stimuler. Par contre, je vous suggère fortement de vous poser la question : Qu’est-ce qu’on pourrait faire au sein de l’organisation afin que chacun des employés puisse découvrir de nouvelles aptitudes ou de nouvelles compétences? Comment pourrait-on célébrer les victoires organisationnelles et d’équipe afin que tous puissent développer une fierté en lien avec ce qu’on fait au sein de l’entreprise?

Il y a deux choses importantes à comprendre avec le voyage dans l’espace de Guy Laliberté. D’une part, que l’humain aime célébrer les événements marquants de sa vie. D’autre part, il aime grandir et se ressourcer afin de s’ouvrir à de nouveaux horizons. N’est-ce pas facile à comprendre?

Encore une fois, loin de moi l’idée de vous faire dépenser 30 millions $ pour favoriser le ressourcement de vos employés. Souvent, il suffit de redéfinir les responsabilités. Donner un plus de latitude dans la prise de décision. Ou encore déléguer des tâches afin que le personnel soit plus autonome et ainsi, qu’il se sente considéré à part entière au sein de l’entreprise. Par la suite, vous n’aurez plus qu’à souligner les succès des uns et des autres. N’attendez plus. Faites-le même modestement si c’est tout ce que permettent les budgets limités de l’organisation.

Si vous voulez avoir une équipe formidable, vous devez aider vos employés à redécouvrir leurs aptitudes et compétences. Offrez-leur de nouveaux défis. Cela fait 3 ans que Donald travaille dans le département? Proposez-lui un nouveau projet qui le sortira de sa zone de confort. Même chose pour Chantal qui est là depuis 5 ans. Par la suite, vous n’aurez qu’à célébrer ensemble les succès et les victoires.

En tant que gestionnaire qui désire développer son leadership, c’est votre rôle de favoriser le ressourcement de vos employés. En fait, vous avez le choix. Vous avez le choix de voir partir vos employés qui iront relever de nouveaux défis dans un autre espace… de travail. Ou encore, vous pouvez favoriser le développement de vos employés et ainsi les entendre chanter… Fly me to the moon…

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