dimanche 28 juin 2009

Iran: Contrôle et leadership

Que l’on aime ou non, la vie reprend graduellement son cours normal en Iran. Ai-je dit son cours normal? Curieuse normalité n’est-ce pas? La répression est-elle quelque chose de normal? Le contrôle d’une population par la violence est-il quelque chose d’acceptable? Est-ce une façon de favoriser l’émancipation d’une population et le dépassement de soi? Le contrôle favorise-t-il le leadership! Avez-vous dit leadership?

Dernièrement, j’ai rencontré un professionnel de la génération Y. Le but de la rencontre était d’explorer les possibilités d’une collaboration sur un projet que j’ai initié. Nous avons échangé sur différents sujets dont évidemment le leadership; c’est l’élément central du projet qui justifiait notre rencontre.

Nous étions d’accord sur un point, le leadership est tout et son contraire. Ce qui nous a amenés à conclure que cela explique probablement pourquoi il est si difficile de circonscrire le leadership et ainsi, développer celui des gestionnaires.

Nos échanges sur la difficulté à développer le leadership m’a amené à lui faire part du sujet d’un article que je prépare pour Le Meneur! Le mensuel du leadership. Le titre de l’article en question sera Le Dilemme du Leadership; à lire en septembre ou octobre prochain. J’expliquais alors que le dilemme en question origine d’une confrontation. La confrontation des gestionnaires qui doivent choisir entre leur désir de contrôler – afin de rencontrer les objectifs organisationnels – et leur désir de motiver – la mise en œuvre du leadership.

Personnellement, j’aime bien les échanges conceptuels qui permettent de repousser les connaissances et les idées. J’aime les réflexions philosophiques qui nuancent les différents enjeux du leadership auxquels font face nombre d’organisations. Mais à ma grande surprise, alors que je lançais quelques idées, mon interlocuteur m’a répondu, sourire en coin, comme s’il savait lui, qu’il faut du contrôle dans les organisations.

Bien honnêtement, la réponse de mon homologue m’a laissé perplexe. Perplexe non pas pour sa façon de voir les choses. Perplexe surtout parce qu’il est perçu comme une figure montante du monde des affaires. J’étais également perplexe en pensant qu’il est peut-être une figure montante pour sa façon de penser. Serions-nous dans une société où l’élite croit qu’il faut contrôler les employés?

Dans une autre perspective, mon vis-à-vis serait-il une figure montante par conformisme et soumission? Autrement dit, une figure montante non pas pour son leadership mais bien pour l’individu docile qui entre dans les rangs. Ce dernier constat irait à l’encontre du discours qu’on entend à l’effet que les organisations ont de la difficulté à trouver des leaders. Autrement dit, on ne serait pas à la recherche de leaders mais bien de gens qui entre dans les rangs.

Pour avoir évolué plus de 10 ans dans différents milieux et dans différentes fonctions, je connais la réalité organisationnelle. Je sais que certains individus ont parfois besoin d’être ramenés à l’ordre. Mais ce n’est pas ça du contrôle. Ça, c’est de la discipline.

Le contrôle, c’est autre chose. C’est important d’en prendre conscience lorsqu’on veut du leadership. Le contrôle, c’est par exemple, les derniers événements en Iran. On ne peut plus éloquents lorsqu’il est question de contrôle et de leadership. La répression des manifestants en Iran démontre de façon exemplaire que le contrôle tue le leadership. Et ce, au sens propre comme au figuré.

Les dirigeants iraniens désirent contrôler la population. Selon eux, il faut de l’ordre dans une société. Il faut contrôler afin que les valeurs soient préservées. Le problème du contrôle, c’est lorsqu’on contrôle pour garder le contrôle. À ce moment, ce n’est plus du contrôle, c’est de l’aliénation. Une aliénation qui pousse les individus vers un repli sur soi. Un repli qui justement, va à l’encontre du leadership.

Dans les manifestations en Iran pour contester les résultats des dernières élections, il y avait beaucoup de leadership. Il y avait du leadership pour faire plus, pour faire différent. Il y avait du leadership pour aller de l’avant. Du leadership pour s’émanciper. Du leadership pour vivre une vie plus libre, plus épanouissante. Du leadership pour créer une société différente. Mais les autorités ont préféré contrôler.

Peut-être que les événements en Iran vous laissent indifférent? Peut-être pensez-vous que ce qui se passe à des milliers de kilomètres de l’autre côté d’un océan ne vous concerne pas? Peut-être êtes-vous un partisan du contrôle? Évidemment, je comprends que le vôtre n’a rien à voir avec celui qui a mené à la mort de Neda; cette jeune Iranienne qui a fait les manchettes et qui est devenue un symbole par la force des choses.

Effectivement, ce qui se passe en occident n’a aucune mesure avec le Moyen-Orient. Pour autant, cela doit nous faire réfléchir en tant que gestionnaire. Parce que la mort de Neda serait inutile si l’on ne prend pas conscience que peu importe sa nature, le contrôle nuit au leadership.




Sur le même sujet:
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Iran: Fin d’une autre aliénation?
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