dimanche 28 décembre 2008

Think positive!

Au moment où je griffonne ces lignes, il tombe une petite bruine sur Montréal. Dire que cela arrive pendant les vacances des Fêtes alors que nombreux auraient le goût d’aller digérer la dinde et les atocas en jouant dans la neige! Pour ma part, les soubresauts de Miss Météo, je les prends avec un grain de sel. Je me dis que c’est bon pour le ski de printemps!

Oui! oui!, c’est bon pour le ski de printemps! La pluie qui tombe s’imbibe dans la neige pour former un mélange qui, une fois le froid revenu, se transforme en un immense bloc de glace sur les pentes de ski. Ce bloc de glace, une fois le printemps arrivé, se transformera en «gros sel» pour le plus grand plaisir des adeptes des sports de glisse, dont l’auteur de ses lignes en tant que planchiste.

Évidemment, au moment où s’ingurgitent la dinde et les atocas, personne n’a le goût de parler de ski de printemps. Cela se comprend, tout le monde a l’esprit à la fête. D’ailleurs, certains vont probablement m’accuser de mettre la charrue devant les bœufs; parler du printemps alors que l’hiver a à peine donné un aperçu de ce qu’il est capable. Remarquez, je ne suis pas surpris qu’on m’accuse pour ma hâtive allusion au printemps. Plusieurs sont-ils à aimer parler de l’hiver.

D’ailleurs, ils en ont beaucoup à dire sur l’hiver. Et vous l’avez probablement remarqué lors de vos dernières soirées festives. Ils en ont beaucoup à dire après avoir eu la gorge caressée par quelques liquoreux verres. C’est justement à ce moment-là qu’ils aiment parler des aléas de la blanche saison. «Qu'est-ce qu'ils font avec nos taxes?», «Ça fait trois jours et la neige n’est pas encore enlevée dans ma rue.», «Ils ne savent pas planifier.», «Ils déblaient telle rue avant telle autre.», «Les trottoirs ressemblent à des patinoires.», «Ça n’a pas de bon sens.», «C’est scandaleux!», «Moi je ferais ça comme ça.», etc.

Ce qui est intéressant à mes yeux, c’est que plus les «hiverneux» parlent, plus ils semblent trouver des solutions; probablement des experts du «brainstorming»! Plus intéressant encore, c’est que toutes leurs idées, les unes meilleures que les autres à les entendre, ne semblent avoir aucun effet sur un compte de taxes. Bienvenue au royaume de la gratuité! Sur cette lancée, je vous invite à lire l’article de Stéphane Laporte que j’ai déniché au hasard, Il neige à Montréal.

Pour ma part, la neige, il n’y en aura jamais assez. Le désagrément qu’elle me cause – 10 minutes de pelletage tout au plus forme physique aidant je vous l’accorde – n’est rien comparé aux plaisirs qu’elle me procure. Par exemple, j’ai profité de la soi-disant tempête de dimanche dernier sur les pentes de ski. Et j’ai réitéré mon plaisir mercredi le 24 avec les quelques autres centimètres tombés au sol. Deux magnifiques journées comme je les aime : de la poudreuse, de la poudreuse et encore de la poudreuse fine et légère à perte de vue.

C’est d’ailleurs mercredi matin sur le chemin menant aux pentes enneigées que j’ai entendu le maire Tremblay à la radio. On le questionnait sur vous savez quoi. J’ai bien aimé sa façon de voir les choses : «Les citoyens sont exigeants et ils ont raison de l’être.», «Nous allons déblayer les rues pour les satisfaire.», «Les employés travaillent forts.», «Ce n’est pas parce qu’une personne se fait prendre avec une bière au travail que tous les employés sont comme ça.», «Les employés font de gros efforts, je crois que c’est normal qu’ils fêtent en famille comme tout le monde», «On va interrompre le chargement de la neige ce soir (le 24) et on va reprendre ça le 26». Très logique n’est-ce pas? On ne peut être contre la vertu : les employés travaillent fort et ils ont le droit de fêter en famille comme tout le monde.

Je vous parle de ça parce qu’il est difficile de trouver meilleur leçon de leadership. Monsieur Tremblay agit comme un leader doit le faire. Il va au front et encaisse les coups venant de ceux qui se délectent de l’incapacité de la ville à enlever la neige. Dans le détour, le Maire profite de l’occasion pour vanter les efforts des employés de la ville.

Personnellement, j’aime bien la façon de faire du maire Tremblay. J’aime également lorsqu’il va sur le terrain et qu’on le voit en train de ramasser un détritus dans le but de donner l’exemple à ses concitoyens. Ou encore, lorsqu’il explique que tous les citoyens doivent faire leur part pour que la ville soit plus propre et plus belle. C’est exactement ce que doit faire un leader : donner l’exemple, communiquer les valeurs et les comportements valorisés par l’organisation tout en protégeant son équipe des commentaires désobligeants des autres.

Bien sûr, plusieurs vont accuser le maire Tremblay de ne pas être dans son bureau à résoudre les problèmes lorsqu’il va sur le terrain. Ils vont également l’accuser d’être trop mou face à des employés qui ne donnent pas de résultat. Ou encore, ils vont se moquer de lui pour ses beaux discours dont la majorité se balance.

Sincèrement, je préfère ne pas imaginer à quoi doit ressembler le leadership de ces accusateurs. Le maire Tremblay a la bonne attitude pour instaurer une culture de leadership dans la ville. C’est en ayant de bons mots pour les employés, en les soutenants dans l’adversité, en communiquant clairement les attentes et en donnant l’exemple des comportements attendus que le leadership prend forme. Eh oui! C’est comme ça qu’on développe une culture du leadership. Trop simple pour être vrai!

Bien sûr, instaurer une culture du leadership au sein de la ville de Montréal ne se fera pas en criant ciseau. De mon point de vue, c’est une tâche titanesque compte tenu de l’historique des administrations passées. Et c’est ce qui rend l’attitude du Maire Tremblay d’autant plus remarquable, il agit sur tous les fronts. Il louange le travail des employés. Il parle des bonnes manières citoyennes à la population. Et il se présente dans les médias pour encaisser les coups des gérants d’estrade qui croient à la pensée magique. Le tout avec une attitude et une approche constructive.

À l’aube de la nouvelle année, je ne sais pas si vous allez prendre des résolutions concernant votre leadership. Si vous en avez le désir mais que vous ne savez trop par où commencer, le maire Tremblay est un exemple à suivre. Sa façon de faire est très simple. Elle se résume en deux mots : Think positive!

dimanche 21 décembre 2008

Le retour de Magic Sam

Hello Hello mon ami! Es-tu gentil cette année? Tu demandé milliards de money Père Noël? Faut être gentil durant l’année pour avoir beaux milliards dans bas de laine. Aye!, mon ami! T’a vu ça toi? Tu sais que Magic Sam y est bon avec tour magie. Ok! Magic Sam y est bon, mais l’autre tu as vu? Écoute!, 50 milliards de money. Wow! Ça belle magie! Pouf! Big money disparue. C’est ça qu’il appelle le tousse tousse test? En tout cas, ça doit pas sentir bon trop trop!

Plus drôle mon ami c’est que si je dis Bernard Madoff l’autre mois, toi tu réponds moi: "Magic Sam! Le gars légende de Wall Street. Le gars ancien président Nasdaq. Y lance son entreprise quand juste 22 ans. This guy is a born business man. Aye! Évident le gars un leader!"

Non mais là tu comprends y faut que tu ouvres ton s’yeux. Tu vois que même si un titre sur ton carte affaire, ça veut pas dire le gars un leader. Tu comprends avec Madoff? C’est pas parce que le gars un «leader» que c’est bon leader. C’est pas parce que le gars un «leader» qu’on fait bonne chose. Pas parce que «leader» que ton action est construtive pour entreprise ou société. Tu vois mon ami comme y faut rester œil ouvert?

Et là pas fini avec Père Noël. T’as vu ça? Le beau money pour GM Chrysler, 17 milliards dollars US mon ami. That’s again, Magic Sam tout régler. Aye!, mon ami, pense ça, 17 milliards juste pour 3 mois. Ho! Ho! Ho! Santa Clauss demande restructuration. Wow!, trois mois restructurés sont même pas capable trente dernières années. Trente années pas capable comprendre succès japonais. Faut pas être vite vite comprendre. Belle petite qualité économique voiture. Mais eux autre Think big! Something wrong mon ami. Il lance money par fenêtre. C’est sûr je comprends pas le choix sinon big crise économique. C’est beau comprendre but faut pas oublier réfléchir.

Mon ami, t’as vu côté canadien? Harper annonce 4 milliards dollars avec Ontario. T’as entendu syndicat? Pas question on fait concession sur salaire. Wow! This guy really believe Père Noël. Aye!, mon ami, je rêve là? Aye!, son industrie bord faillite. Come on!, tu viens planète extra-terrestre? Tu fais méditation au lieu écoute ton TV? Toute économie plante mois après mois et le gars dit pas concession sur salaire! Aussi bien demandé penche toi pour un autre tousse tousse test!

Je sais pas ce que tu penses mon ami mais c’est clair chacun pour soi. Politicien essaye juste se faire réélire. Syndicat veut juste plus money pas concession. Patron gagne million avec stock option. Évident mon ami, no one have vue d’ensemble. Tout le monde là pour son petit affaire and nobody care pour les autres. C’est ça tu appelles vivre société? Aye come on, arrête tirer couverte juste pour toi.

C’est sûr mon ami, toi peux pas tout régler. Regarde travers monde, problème à cause chacun veut plus pour lui sans donner l’autre. Pas dur comprendre. Quand Magic Sam petit, même problème. Malgré temps, pas grand-chose régler.

Peut-être pas toi toute régler mais mon ami, tu fais quoi pour un peu meilleur ton côté? C’est sûr Magic Sam pas très bon français. Magic Sam fait tite blague mais sérieux, tu fais quoi pour que monde meilleur? Tu fais quoi pour ton équipe plus humain? Si toi agis pas autour de toi, qui va le faire? Pense ça pendant vacance. Pense bien mon ami parce que next year peut-être décisions difficiles.

By the way, Joyeux Noël!
Magic Sam
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dimanche 14 décembre 2008

L'affaire est ketchup

La semaine dernière, plusieurs s’époumonaient pour affirmer que Stephen Harper est de mauvaise foi. Que de péripéties auxquelles a-t-on eu droit par la suite! Cette semaine, on déplore le manque de participation aux élections provinciales. Que d’appels aux urnes avions-nous eus droit!

«C’est important que vous alliez voter.», «Une fois par quatre ans, vous pouvez directement exprimer votre choix.», «Voilà l’occasion de participer à la démocratie.», «Le droit de vote, c’est l’un des plus précieux de tous les droits.», «C’est irresponsable de ne pas aller voter.», etc.

Avec un taux de participation de 57,3%, faut croire que l’appel aux urnes n’a pas touché la cible. Alors on essaie de comprendre les raisons de cette désaffectation. Et on se perd dans les hypothèses. C’est pourtant très simple à comprendre, si les gens ne se rendent pas voter, c’est probablement qu’il n’y a rien d’inspirant dans le monde politique. Les urgences des hôpitaux, les infrastructures publiques qui se dégradent à la vitesse grand V, le décrochage scolaire, les disparités sociales, les «pas de hausse» de taxes, etc. Tout ça a déjà été entendu. Tout n’est que du réchauffé pour lequel on nous promet enfin LA solution.

Il n’y a pourtant pas besoins de cogiter très longtemps pour expliquer le faible taux de participation aux élections, c’est juste que la population ne s’est pas identifiée aux enjeux proposés. À vrai dire, la population ne s’est pas identifiée au manque d’enjeux. Quoique désolant, il faut admettre qu’il n’y a pas de réels projets de société qui sont proposés lors des élections. Comme je le disais dernièrement dans mes chroniques (Par la barbichette, L’effet Obama au Québec et Votez), nos politiciens n’ont rien qui vaille à nous proposer. Dans les circonstances, vaut-il la peine d’être surpris du manque d’engouement des électeurs à aller poser leur croix à gauche, à droite ou au centre?

Pour ma part, je regarde le taux de participation aux élections comme le reflet de la motivation au sein d’une entreprise. On veut des employés motivés et dévoués alors que bien souvent, on n’a rien à leur proposer. Les gestionnaires sont là à carburer aux défis à relever. Ils sont fiers de leurs réalisations comme le politicien l’est de se faire élire. On est fier de soi mais qu’a-t-on à offrir aux employés, aux électeurs? On fait notre gros «show» et on récolte les honneurs pour soi : notre élection ou notre promotion.

Les politiciens aimeraient que les électeurs courent aux urnes afin qu’ils puissent être élus ou réélus. On supplie la population de voter alors qu’il n’y a rien de motivant à le faire. Toutes les élections, on entend les mêmes discours; sûrement une preuve qu’on n’a pas de réelles solutions aux nombreux problèmes. De leur côté, les gestionnaires veulent plus d’efforts et plus d’engagements afin de réaliser leurs projets. Mais dès qu’ils en ont l’occasion, ils quittent pour aller relever de nouveaux défis ou ne trouvent rien de mieux que de faire des coupures. Dans ces contextes, faut-il se surprendre du manque d’engouement des électeurs à aller voter ou des travailleurs à se dépasser? Rien de surprenant mais on nie l’évidence. On cherche des raisons pour expliquer.

Je ne sais pas si vous l’avez remarqué mais le plus cocasse avec les élections est qu’on donne des intentions aux électeurs. «La population n’a pas donné un gouvernement majoritaire parce qu’elle ne fait pas confiance…», «La population a donné une faible majorité car elle voulait une opposition capable de dénoncer correctement les actions du gouvernement». «La population… », comme s’il y avait une conscience globale ou supérieure qui organiserait un vote stratégique. Désolé de le mentionner mais il n’existe pas de dessein supérieur qui aurait un effet sur le résultat des élections.

Pour ce qui est du taux de participation, si seulement 57% de la population a été votée, c’est tout simplement qu’elle en a marre des discours insipides. En fait, si seulement 57% des 5,7 millions d’électeurs ont été votés, c’est tout simplement que tout un chacun avait le désir d’exprimer un message clair et direct: Au royaume de la poutine, on en a assez des creuses promesses. Au royaume de la poutine, si seulement 57% des 5,7 millions d’électeurs ont été votés, c’est parce qu’on aimerait que les politiciens comprennent que l’important, c’est que «l’affaire est Ketchup».


dimanche 7 décembre 2008

Leçon de diversion

Que vous aimiez ou non la politique, votre constat est assurément que la semaine a été une source d’intenses palpitations. Tout ça le croirez-vous, à cause des changements climatiques. Oui messieurs dames, les changements climatiques affectent la politique canadienne. Vous comprenez maintenant pourquoi Stephan Harper ne veut endosser le protocole de Kyoto. C’est tout simplement que les changements climatiques lui sont très utiles le temps venu!

Évidemment, là je vous reconnais! Encore une fois, vous êtes sceptiques! Dans les circonstances, laissez-moi vous expliquer…

Comme vous le savez… Vous ne le savez peut-être pas mais vous en avez déjà entendu parler?... D’accord, vous le savez mais vous refusez de le reconnaître… Du pareil au même… En tout cas, peu importe… Les scientifiques eux autres sont d’accord pour dire que les changements climatiques affectent sérieusement l’équilibre environnemental de la planète. Ils ont pu mesurer des hausses de température à travers le monde ce qui inclut le Grand Nord canadien. D’ailleurs, selon leur modèle, les hausses de température seront plus importantes dans les régions arctiques.

Là vous allez me dire, Guy-Michel c’est bien beau les modèles mais on veut des preuves. Eh bien! ça ne pouvait mieux tomber, j’en ai justement une belle preuve. On nous parle de hausse des températures dans les régions arctiques. Si je ne me trompe, le Grand Nord canadien fait partie des régions arctiques? Par extension, cela inclut également le Pôle Nord. Et bien voilà la preuve est faite!

Bien sûr que la preuve est faite! Vous ne comprenez absolument rien à ce que je vois. Toujours la même chose avec vous, il vous faut des détails… Vous n’avez pas remarqué ce qui s’est passé avec le Pôle Nord? Vous n’avez rien vu d’anormal avec le Père Noël? Hô! Hô! Hô!... Là! Là! Là! Décidément, vous êtes dur de la feuille. Il vous faut un dessin à ce que je peux voir. Ah ben! Ah ben! un dessin couleur 3-D en plus. On sait bien, lorsque ce n’est pas vous qui payez, on ne regarde pas la dépense! Dessin couleur 3-D…

C’est pourtant évident que les changements climatiques affectent le Pôle Nord. Vous n’avez pas remarqué le comportement du Père Noël? Vous n’avez pas remarqué qu’il a fait sa distribution de cadeau 20 jours et 12 heures avant le temps. Ne me dites pas que vous n’avez rien vu de tout ça!?!

Bien sûr que vous n’avez pas vu le Père Noël. Voyons! Tout le monde sait ça. Personne ne voit réellement le Père Noël. Pensez-vous vraiment qu’il aurait le temps de prendre une bière dans toutes les maisons et de faire asseoir matante Ginette sur ses genoux? Lui il a des choses plus importantes à faire le soir de Noël. Le vrai Père Noël, personne ne le voit parce qu’il doit distribuer des millions et des millions de cadeaux à travers le monde et tout ce qu’il a pour l’aider, c’est le décalage horaire. Donc c’est évident, vous ne l’avez pas vu le Père Noël. Par contre, vous avez sûrement remarqué l’effet de son passage? Comme je vous le disais, cette année, à cause des changements climatiques, Santa Claus a fait sa tournée 20 jours et 12 heures trop tôt.

Teut! Teut! Teut! Teut!… Faites le calcul. Normalement tout ça se passe le 24 décembre à minuit. Enlevez 20 jours et 12 heures… Ça fait combien? Eh oui, je vous l’avais dit… Ça tombe le jeudi 4 décembre à midi! Exactement l’heure où Stephan Harper est sorti de la maison de la Gouverneure générale! Pourquoi pensiez-vous que leur rencontre avait été si longue? Facile à comprendre me semble! Le Père Noël a beau être désorienté par les changements climatiques, il ne fait pas sa tournée à 9h20 ou à 10h12… Vous comprenez maintenant pourquoi Stephan Harper ne veut pas endosser le protocole de Kyoto. C’est tout simplement parce que les changements climatiques lui sont favorables!

Que voulez-vous… cette chronique s’intitule leçon de diversion. Toutes mes excuses si je vous ai convaincu que le Père Noël existait. Pour ma part, je suis tout simplement surpris de voir la réaction qu’engendre la crise politique qui se déroule actuellement à Ottawa. C’est tout simplement délirant! Les journalistes, les syndicats, les partis d’opposition, la population… Aïe! Tout le monde arrache leur chemise et s’époumone pour décrier l’odieux de la prorogation de la Chambre des communes. Dans un reportage radio, il y avait même une dame en pleur à cause des politiciens qui sont en train de défaire SON pays! Du calme, du calme, il n’y a absolument rien là.

Absolument rien là je vous dis. Les gens sont là gnan gnan gnan ça n’a pas d’allure, c’est un dictateur… Vive le Canada… Il se fout de la démocratie… On n’a pas voté pour ça… C’est un parti de droite… Il ne veut faire qu’à sa tête… Etc. Etc. Du calme du calme, ça n’a juste rien à voir. Stephen Harper est juste en train de faire une diversion. Cela étant dit, prenez un grand respire et on regarde ça de plus près.

Par le passé, cela vous est probablement arrivé de diriger une équipe? J’imagine que vous avez déjà fait un projet? Qu’est-ce qu’on fait lorsqu’on planifie un projet? Eh bien un moment donné, on fait l’analyse des opportunités et des menaces. C’est exactement ça qu’ont fait Stephen Harper et son équipe. Voilà à quoi devait ressembler leur feuille de travail :

Opportunités
• Le parti a plein d’argent dans les coffres;
• Les autres partis sont déficitaires;
• Les autres partis n’ont pas les moyens d’aller en élections au cours des prochains 12 mois;
• Stéphane Dion est impopulaire; il est chef des libéraux pendant encore 5 mois;
• Le parti libéral est présentement dans une course à la chefferie, donc ils n’ont pas le temps de s’occuper d’autres choses;
• Avec notre argent, on peut jouer avec l’opinion publique dans les médias;
• Avec notre argent, on peut également se payer une très bonne campagne électorale;
• Impossible de créer une coalition avec Stéphane Dion car c’est le pire ennemi des Québécois et donc, du Bloc Québécois.

Menaces
• Le parti libéral va changer de chef au printemps;
• Peu importe qui sera le nouveau chef libéral, Ignatieff ou Rae, les deux ont plus de charisme que Stephan;
• On entre dans une crise économique mondiale, c’est sûr que le parti va perdre en popularité;
• Si on perd en popularité, de gouvernement minoritaire, on passe dans l’opposition;
• Si on passe dans l’opposition, jamais Stephan n’aura été un vrai premier ministre (premier ministre majoritaire);
• Un gouvernement de coalition pourrait nous renverser (mais c’est quasi improbable avec Dion);
• Les libéraux changent de chef avant le renversement du gouvernement.

Après avoir fait l’énumération des opportunités et des menaces vient l’élaboration d’un plan d’action, les stratégies à envisager et la mise en œuvre du tout afin d’atteindre un objectif précis. Quel est l’objectif de Stephan Harper? Évidemment, devenir un premier ministre majoritaire. Pour que cela se réalise, il faut bien entendu aller en élection. Et pour Harper, cela doit se faire avant le mois de mai ou avant que les Libéraux changent de chef comme on le comprend en lisant sa liste d’opportunités et menaces. Regardons maintenant son plan d’action:

Plan d’action pour se rendre en élection
• Se mettre l’opposition à dos avec l’énoncé économique;
• Faire renverser le gouvernement afin de déclencher des élections;
• Créer une image positive du parti conservateur auprès de la population;
• Dénigrer Stéphane Dion comme chef de parti auprès de l’opinion publique;
• Développer une campagne électorale avec comme thème l’irresponsabilité des partis de l’opposition qui n’ont pas appuyé le gouvernement.

Évidemment, à la lumière des derniers jours, les choses ne se sont pas passées exactement comme l’avaient prévu les conservateurs. Jamais il n’avait pensé que les partis d’opposition se rallieraient derrière Stéphane Dion. J’admets que l’expression «rallié derrière» est un peu forte vu les circonstances mais c’est tout de même ce qui s’est passé. Qui l’eut cru? Le chef des souverainistes à Ottawa qui s’allie avec le pire ennemi du clan indépendantiste. Personne ne l’aurait cru, Stephan Harper le premier. C’est à ce moment que les conservateurs ont sorti leur deuxième plan d’action :

Plan d’action alternatif
• Faire des conférences de presse pour démontrer que le gouvernement est de bonne foi mais que les partis d’opposition veulent faire un coup d’État;
• Dire à la population que la coalition va à l’encontre de la démocratie car elle s’associe à un parti séparatiste;
• Jauger l’opinion publique sur la perception des événements et son adhésion à l’idée de renverser le gouvernement;
• Expliquer à la gouverneure générale qu’il est préférable qu’elle nous donne un peu de temps puisque la coalition risque de se dissoudre rapidement;
• Convaincre la gouverneure générale qu’il faut attendre la fin janvier où l’on va présenter un nouveau budget;
• Faire abroger la session parlementaire par la gouverneure générale. Avec la période des fêtes qui approche, cela devrait être acceptable à ses yeux d’autant plus que l’enjeu est grand;
• Poursuivre les campagnes de publicité qui présentent Stéphane Dion comme quelqu’un qui ne peut diriger le pays avec comme preuve, son association avec le Bloc québécois;
• Préparer un budget bonbon advenant le cas où les Libéraux changent de chef ou que la coalition semble tenir bon. Il pourrait alors prendre le contrôle du parlement;
• Préparer un budget empoisonné pour assurer le renversement du gouvernement et ainsi aller en élection avec Stéphane Dion à la tête des libéraux. On pourra les battre à plate couture et ainsi devenir majoritaire.

Voilà pourquoi il ne faut pas s’énerver avec ce qui se passe à Ottawa. Ce n’est que de la stratégie politique d’un «leader» qui pense plus à son avenir qu’à l’avenir de ses commettants. Bien entendu, Harper prend des risques en jouant à ce jeu. Pourquoi?

Élémentaire mon cher Watson! Il n’a tout simplement pas le choix. Le gouvernement doit jouer quitte ou double car au mieux, il lui reste 4 ou 5 ans à gouverner, au pire, 12 à 18 mois. Comprenez-vous? Si les élections sont déclenchées en janvier avec Stéphane Dion à la tête des libéraux, Harper devient majoritaire et il en a pour 4 ou 5 ans à la tête du pays. Dans le cas contraire, Ignatieff deviendra chef du parti libéral. Six mois plus tard, 12 tout au plus, il renversera les conservateurs et il deviendra premier ministre majoritaire. Et s’en sera fini à jamais de Stephen Harper. Qu’arrivera-t-il si Ignatieff est nommé chef des Libéraux avant la fin janvier? On sort le budget bonbon et on croise les doigts chez les Conservateurs!

Voilà donc pourquoi je vous dis qu’il ne faut pas déchirer notre chemise pour ce qui se passe à Ottawa. Ce n’est que de la petite politique 101. Tout ça n’est que prétexte pour retourner en élection et permettre ainsi aux Conservateurs de devenir majoritaires au parlement. Alors au lieu de vous époumoner à crier l’odieux de ce qui se passe à Ottawa, prenez donc un grand respire, relaxez près de la cheminée qui accueillera bientôt le vrai Père Noël. Et dites-vous que tout cela n’est qu’une simple leçon de diversion!