dimanche 30 août 2009

Omar et Jayce

Bonjour Omar,

Moi je m’appelle Jayce Lee Dugard. Je vis à South Lake Tahoe… Je vivais à South Lake Tahoe… Excuse-moi, je ne sais plus vraiment où je vis. Remarque, ce n’est pas très important où je vis, c’est un détail… Tu ne me connais pas et moi non plus je ne te connais pas. J’ai lu ta lettre. Ça m’a beaucoup touché. Parce que nos vies se ressemblent. Même si elles sont très différentes.

Je ne m’attarderai pas trop sur les différences parce que je ne sais pas comment en parler. Je suis mal à l’aise de le faire. Tes parents étaient très croyants. Les miens… je ne me souviens pas. Il devait l’être mais pas autant que les tiens. Je me souviens toutefois que j’avais une vie normale comme tous les enfants du voisinage. Je ne sais pas qui étaient tes voisins. Tu ne le mentionnes pas. Mais ce n’est pas vraiment important je crois.

Fini pour la jeune enfance parce que nos vies commencent à 11 ans. Ce n’est pas ce que je veux dire. Nos histoires commencent à 11 ans. Oui je crois que c’est mieux comme ça. C’est mieux de parler d’histoire que de vie. Parce que nos vies n’ont rien à voir avec LA vie. Nos vies, ce sont des histoires. Mais pas des histoires à raconter. Des histoires qu’on aimerait mieux ne pas raconter.

Des histoires qu’on aimerait qu’elles soient que des histoires. Mais comme tu sais, c’est des histoires vraies. Des histoires vraies qu’on aimerait qu’elles n’existent pas. Mais bon, comme tu as probablement compris, on ne vit qu’une fois. Et on ne peut pas changer la vie. On ne peut pas changer le passé.

À 11 ans, ton père t’a envoyé dans un camp d’entraînement d’al-Qaïda. Je ne sais pas si tu as l’impression qu’on t’a volé ta vie à partir de ce moment-là? Moi je me suis fait kidnapper à l’âge de 11 ans. Pour moi ce n’est pas une impression. À 11 ans, on m’a volé ma vie. Toi, c’est ton père qui t’a volé ta vie. Moi, c’est un inconnu.

Est-ce que c’est vraiment important que ce soit un père ou un inconnu? Oui, je pense que c’est important. Dans les deux cas, c’est des adultes qui ont abusé de la petite personne sans défense qu’on était à l’époque. Remarque, je crois que c’est plus pire lorsque c’est ton père qui te vole ta vie pour en faire une histoire. C’est plus pire si c’est ton père parce que si lui ne te protège pas, qui va le faire?

Tu le sais comme moi, lorsque tu as 11, 12, 13 ou 14 ans, c’est facile de nous faire peur. À cet âge-là, on est sans défense. Les adultes peuvent nous faire faire toute sorte de choses par la peur. Toi on t’a montré à tuer les autres. On t’a montré à utiliser des fusils et des grenades, des vrais fusils et des vraies grenades. Les petits gars aiment ça jouer à la guerre. Mais toi on ne te demandait pas de jouer. On te demandait de tuer. Je n’aurais pas aimé ça être à ta place.

Tu n’aurais probablement pas aimé ça être à ma place non plus. Les petits gars jouent à la guerre. Les petites filles, nous autres ont jouent à la poupée. Avec mon kidnappeur, je n’ai pas joué à la poupée. Non, moi j’ai eu à jouer à la maman. Je l’ai fait parce que j’avais peur. Comme toi, je n’avais pas le choix de le faire. Tu comprends que je ne veux pas entrer dans les détails.

Il y a une chose dont il faut que je te parle. Il y a quelque chose de curieux entre nos deux histoires. Avec le temps qui passait, moi, personne ne savait que j’existais sauf mon kidnappeur et sa femme. Mes parents m’avaient presque oublié. Pas qu’ils m’avaient complètement oublié mais ils ne pensaient pas me revoir. À leurs yeux, j’étais disparue à jamais.

Maintenant que je me suis présentée au poste de police, tout le monde veut m’aider. Tout le monde comprend que j’ai été abusé. Tout le monde comprend que j’étais sans défense. Même si mes enfants sont bien vivants, tout le monde sait que ce n’est pas ce que je voulais faire. Tout le monde me voit comme la victime d’un kidnappeur d’enfants. Personne ne m’accuse d’avoir fait deux enfants parce qu’ils comprennent que tout ça s’est fait sous la peur.

Ce que je trouve curieux entre nos deux histoires, c’est que maintenant que les gens savent que j’existe, tout le monde veut m’aider. Et ceux qui le peuvent, ils font tout pour le faire. Toi, c’est différent parce que depuis le début de ton histoire, tout le monde sait que tu existes. Mais très peu de gens veulent t’aider. Du moins, ceux qui pourraient t’aider, le gouvernement Harper entre autres, ne semblent pas vouloir le faire.

Je ne comprends pas pourquoi ton gouvernement ne veut pas t’aider. Il a pourtant signé l’entente internationale sur les enfants soldats. Me semble que c’est ça que tu es un enfant soldat. Dans cette entente, il est dit qu’on doit porter secours à un enfant soldat. Pourquoi ton gouvernement ne te porte pas secours? Pourquoi il ne comprend pas que tu as été endoctriné?

Aye! On avait le même âge lorsque nos histoires ont commencé. Je comprends très bien la peur que tu devais ressentir. Tu n’as sûrement pas tué le soldat parce que c’est ça que tu voulais faire. Si j’étais Canadienne, est-ce que ton gouvernement penserait que je voulais deux enfants?

Moi mon histoire est finie. Pas complètement finie parce que je vais devoir passer à travers le procès. Déjà j’ai des remords d’avoir eu des enfants. C’est quand même incroyable, je me sens coupable d’avoir eu des enfants avec mon kidnappeur. C’est toujours bien pas de ma faute, j’avais tellement peur. Tu ne peux pas imaginer comment j’étais terrifiée.

Toi aussi tu devais être terrifié avec les bombes, les grenades et les fusils. Comme moi, tu dois également te sentir coupable d’avoir tué un soldat américain. Si tu l’as tué évidemment. Contrairement à moi avec mes deux enfants, ça ne semble pas très clair dans ton cas si tu l’as fait ou non. Tu ne dois pas comprendre ce qui se passe autour de toi. Je te comprends. On veut se sortir de là mais comment faire? Tu dois te sentir impuissant.

Le pire dans ton histoire est que le gouvernement Harper qui pourrait t’aider ne fait rien en ce sens. Si tu veux mon avis, ce n’est pas ça avoir du leadership. Et c’est encore moins du leadership lorsqu’au lieu d’agir, tu essaies de gagner du temps en allant demander des avis aux tribunaux. Avoir du leadership, ce n’est pas se défiler. Avoir du leadership, c’est agir.


À lire également :
Dualité

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jeudi 27 août 2009

Marcil: Éthique et leadership

Je ne pouvais passer à côté de ce nouveau chapitre sur les conflits d’intérêts à la ville de Montréal. Je ne peux passer à côté car d’une part, il commence à y en avoir un peu trop à mon goût et si je comprends bien, également un peu trop au goût de la population. D’autre part, avec la multiplication des vous-savez-quoi qui semble sans fin, cela devient une démonstration noir sur blanc de la validité du modèle du leadership que j’ai développé. Avouez qu’un p’tit velours, c’est toujours agréable!

Je me souviens lorsque j’ai commencé à parler de leadership avec les gens du milieu de la gestion. On me regardait avec de grands yeux lorsque je mentionnais qu’un leader, ce n’est pas nécessairement quelqu’un qui fait le bien autour de lui. On me regardait avec prétention lorsque j’affirmais qu’un leader, ce n’est pas quelqu’un qui prend toujours des décisions pour servir l’organisation. On me regardait encore plus curieusement lorsque je soulignais qu’un gestionnaire, ce n’est pas nécessairement un leader.

En juin dernier lors du colloque Urgence Leadership, j’ai rencontré à nouveau ce professeur et chercheur, sommité québécoise dans le domaine du leadership, que j’avais invité à venir entendre ma conférence à mes débuts. Il m’avait dit qu’il trouvait originale mon approche. Toutefois, il se disait en désaccord avec ce que je nomme l’Orientation du leadership. En désaccord parce que selon lui, un leader fait toujours les bonnes choses.

Lors du colloque Urgence Leadership, à peine m’a-t-il salué. Remarquez, peut-être devrais-je prendre cela comme un compliment de sa part. Peut-être me perçoit-il comme un rival qui a pensé à ce qu’il n’a jamais découvert au cours de ses recherches? Comme je vous disais, c’est toujours agréable un p’tit velours! Sans prétention toutefois.

Bien sûr qu’avec les derniers événements à la ville de Montréal, pour garder intacte l’auréole du leadership, on pourrait dire que monsieur Marcil n’était pas un leader. Toutefois, nous devons être conséquents avec nous-mêmes. Effectivement, il est dorénavant implicite dans le monde des affaires qu’un haut dirigeant, c’est un leader. Est-ce réellement le cas?

Dans le modèle que je présente dans la conférence Les Pouvoirs d’influence du leadership*, tout comme le fait qu’un leader ne fait pas toujours les bonnes choses pour l’organisation, un haut dirigeant n’est pas nécessairement un leader. Pour comprendre le leadership et le développer au sein des entreprises, il faut cesser de mettre sur un piédestal le leader et son leadership. Parce que ce n’est pas parce qu’on a un titre sur notre carte d’affaires qu’on est un leader ou qu’on agit constructivement pour l’organisation.

Pour autant, ne partons pas à la chasse aux sorcières. Peut-être que Monsieur Marcil n’a rien à se reprocher? Peut-être a-t-il décidé d’aller relever des défis ailleurs parce qu’il ne voulait pas affronter l’opinion publique qui regarde plus les apparences que les faits réels. Peut-être que oui, peut-être que non!

Aujourd’hui dans les médias, il est question des pertes du Régime des rentes du Québec suite à la déconfiture de la CDPQ. Je me souviens encore des paroles de Monsieur Rousseau, ce ne sont que des pertes sur papiers… Lui aussi a préféré quitter ses fonctions pour aller relever de nouveaux défis! Peut-être que oui, peut-être que non! Toutefois, les faits démontrent que les coffres du Régime des rentes pourraient être à sec en 2037 au lieu de 2050…

Ce blogue se veut un lieu de réflexion. Avec un peu de recul, peut-être comprenez-vous mieux pourquoi je consacre mes écrits à l’actualité vue sous l’angle du leadership? La raison est fort simple. Il n’y a tout simplement rien de mieux que d’apprendre des autres. Pourquoi réinventer la roue disait-il? Pourquoi refaire les mêmes erreurs renchérissait son collègue.

Avec ce qui se passe à la ville de Montréal depuis quelques mois, on comprend que contrairement au leader positif, le leader négatif, lui, ne fait pas toujours le lien entre l’éthique et le leadership.


* : Je présente Les Pouvoirs d’influence du leadership en session publique les 14 octobre (Montréal) et 20 octobre (Québec) prochain. Cliquez ici pour plus d’information sur cette conférence, cliquez ici pour un extrait sur You Tube ou cliquez ici pour vous inscrire. Profitez d’un rabais de 50% sur la deuxième inscription jusqu’au 31 août.


À lire également :
The perfect storm analysis
Éthique

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mardi 25 août 2009

CSDM: Budget de mobilisation

Dépenseriez-vous 50 000 $ pour stimuler les 600 dirigeants de votre organisation? Hier soir au 18 Heures de TVA, il y avait ce reportage sur la rentrée administrative des cadres de la CSDM. Un souper avec spectacle de cirque où la présidente, Diane De Courcy, et le directeur général, Gilles Petitclerc, ont pris la parole. Coût de la facture? 49 416 $ pour près de 600 personnes. Est-ce exagéré?

Si je me fie aux commentaires des lecteurs de Canoë, la dépense de la CSDM est inacceptable compte tenu de la conjoncture économique et peut-être plus encore, la confiance de la population envers les élus des différents niveaux politiques. Mais est-ce réellement inacceptable sous l’angle du leadership! Avez-vous dit leadership?

Certains lecteurs ont comparé cette dépense de 50 000 $ aux dons d’Hydro-Québec à l’attention des collèges privés; dons que je commentais dimanche dernier. Est-ce réellement comparable?

Réellement comparable?
Le problème des dons d’Hydro-Québec aux collèges privés soulevait deux questions: le conflit d’intérêts d’une part (Thierry Vandal, PDG d’Hydro-Québec, qui siège sur le CA du Collège Notre-Dame) et d’autre part, le soutien du réseau d’éducation privé alors que le réseau public est sous-financé. Pour sa part, le souper de la CSDM ne soulève aucun conflit d’intérêts ni le dilemme privé VS public.

Dépense inacceptable pour la conjoncture économique?
Faire référence à la conjoncture économique pour dénoncer la rentrée administrative de la CSDM, c’est comme si on demandait à Paul de dépenser judicieusement son argent parce que Pierre en a moins que lui.

L’usage de la conjoncture économique pour dénoncer le souper dont il est question laisse également sous-entendre que dans d’autres circonstances, la dépense serait acceptable. Personnellement, je crois qu’il faut laisser les gens assumer leurs responsabilités tant qu’il n’y a pas de réels abus. Si ce qu’ils font était acceptable au temps X, il y a de fortes chances qu’il en est de même au temps Y.

Dépense inacceptable sous l’angle du leadership?
Évidemment, vous avez compris que je considère la dépense de la CSDM tout à fait acceptable. Comme j’aime dire, il faut mettre les choses en perspectives. Pour simplifier, on a 50 000 $ pour 600 personnes. Au prorata, cela donne 83,33 $ par personne.

Pensez-y, 83 $ pour un cocktail, souper avec vin, spectacle de cirque, sonorisation et écran géant de circonstance le tout dans une salle qui donne du tonus à l’événement. Est-ce qu’allouer un budget de 83 $ pour une personne est démesuré? Sous l’angle du leadership, non!

Si vous croyez au leadership, la dépense de la CSDM ne devrait pas vous faire sourciller. Mieux, elle devrait vous faire réfléchir à votre plan de mobilisation. Elle devrait vous faire penser au montant que vous désirez allouer à chacun de vos employés afin de les motiver, mobiliser et les garder au sein de votre équipe.

On se comprend? La gestion des ressources humaines ne se fait plus par des augmentations de salaire une fois par année. Pour garder votre personnel en emploi, pour susciter les employés à donner le meilleur d’eux-mêmes, pour créer un sentiment d’appartenance à la grandeur de l’entreprise, il vous faut agir par des gestes de reconnaissance, d’appréciation, de remerciement et ce, aussi souvent que possible et par différents moyens. Un souper avec spectacle de cirque est une façon de reconnaître, de remercier et de faire part de notre appréciation à nos employés, incluant les gestionnaires.

Les experts en reconnaissance et rétention de personnel suggèrent un budget d’environ 1000$ par année par employé lorsqu’il est question de mettre en place un programme visant à inspirer et mobiliser le personnel. Et vous? Quel est votre budget de mobilisation?


Articles sur Canoë :
Texte de Jean-Nicolas Aubé
Texte de Sébastien Ménard
Autre texte de Sébastien Ménard

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dimanche 23 août 2009

Vandal: la limite du leadership

Certains seront tentés par le bien connu "On n’arrête pas le progrès". Pour ma part, je m’en tiendrais à ma classique trilogie. Ainsi donc, après Clinton et Harper, c’est maintenant au tour de Thierry Vandal de nous faire la démonstration de la limite du leadership.

Pour les besoins de la cause, Clinton a voyagé en Corée du Nord. Pour sa part, Harper a fait la tournée du Nord canadien. Vandal lui… mais attendez un peu… si je fais un lien entre Nord et Vandal, on se retrouve avec une double trilogie… Le problème est que Vandal n’a pas à voyager au grand jour dans le cadre de ses fonctions… Quoi?... O.K., bonne idée… Je recommence…

Pour les besoins de la cause, Clinton a voyagé en Corée du Nord. Pour sa part, Harper a fait la tournée du Nord canadien. Thierry Vandal, lui, a perdu le Nord! Voyage dans le Nord… Perdu le nord… Vous me suivez?... En tout cas, comme le progrès, on peut dire "On n’arrête pas le leadership"! Avez-vous dit leadership?

Avouez que la semaine a été une suite de rebondissement. Un premier don au Collège Notre-Dame. Puis un autre au Collège Brébeuf. Et un troisième au Séminaire de Sherbrooke.

Non mais attendez un peu… On ne parle plus d’une double trilogie mais bien d’une triple! Oui! Oui! Une trilogie de trilogie! La limite du leadership, le Nord, les dons! Un, deux trois! On n’arrête pas le progrès comme je vous disais. «Le tout est dans tout» formulait… un quelconque mathématicien… et comme lui probablement, Vincent Lacroix. Quoique ce dernier devait plutôt penser "tout votre argent dans tous mes comptes et dans moins de 5 ans... Mais ça, c’est une autre histoire…

Sincèrement, ce qui me frappe dans le dossier des dons d’Hydro-Québec et indirectement, les décisions de son PDG, c’est la réaction de la ministre Normandeau et du C.A. de l’entreprise… «On va réviser la politique des dons et commandites»!! Oui vous avez bien lu. On va réviser la politique des dons et commandites!

Non mais… On va réviser la politique des dons et commandites, ça ne vous fait pas tomber en bas de votre chaise? Pourtant, ça devrait le faire. Du moins, ça devrait le faire si vous aspirez au leadership. Juste pour être certain, relisez bien… On va réviser la politique des dons et des commandites! Ouchhh! Avouez que ça fait mal au popotin!

Révisez la politique des dons et commandites. Vous savez ce que ça veut dire? Évidemment, je vais encore une fois devoir tout vous expliquer.

Révisez la politique des dons et commandites. Et bien ça veut tout simplement dire que le leadership, oubliez ça! Oubliez ça le leadership si pour vous comportez en leader, vous avez besoin d’une politique de dons et de commandites! Voilà ce que ça veut dire! Oubliez le leadership si vous n’êtes pas capable de prendre une décision par vous-même!

Soyons claires! Entre nous, croyez-vous vraiment qu’un leader dévoué à l’organisation a besoin de quelconques politiques pour prendre des décisions? Croyez-vous vraiment qu’un leader a besoin qu’on lui dise quoi faire pour ne pas faire d’erreurs?

Une politique de ci, une procédure de ça, une règle pour ci, une autre pour ça… Tant qu’à y être, pourquoi ne pas tenir la main de nos PDG et autres gestionnaires à l’éthique douteuse afin qu’ils ne s’enfargent pas dans les fleurs du tapis?

Si vous croyez qu’un leader a besoin d’être encadré pour se comporter correctement et ainsi inspirer les autres, je suis désolé de vous le dire mais vous n’avez absolument rien compris au leadership!

La révision de politique pour ci ou pour ça, est-ce réellement ce qu’on veut? Veut-on vraiment des organisations où tout doit être dicté par écrit afin que personne ne fasse d’erreurs? Si c’est de cette façon que vous croyez qu’une entreprise doit être gérée, ne vous demandez pas pourquoi il manque de leadership dans votre entourage. Il n’y a rien de mieux pour anéantir le leadership que des politiques, procédure et quelconques règles dans le but de prévenir le manque de jugement des individus.

Si vous trouvez que vos équipes manquent d’initiatives. Si vous avez l’impression que vous devez toujours dire tout ce qui doit être fait au sein de l’organisation. Si vous êtes toujours en train d’élaborer de nouvelles règles et de nouvelles procédures pour améliorer le fonctionnement des processus organisationnels. Ne soyez pas surpris de l’absence de leadership au sein de votre entreprise. C’est tout simplement que vous cherchez à contrôler au lieu de favoriser les initiatives personnelles et organisationnelles.

Ce n’est pas compliqué le leadership. Pour le voir se développer à tous les niveaux de l’organisation, il faut éviter de constamment implémenter de nouvelles politiques, normes et directives. Pour voir le leadership se développer, il faut tout simplement éviter les politiques et autres mesures de contrôle pour suppléer au manque de jugement et d’éthique de Pierre, Jean ou Jacques.

Les politiques et autres trucs du même acabit qui se multiplient à qui mieux mieux au sein d’une entreprise, ce n’est rien d’autre que la démonstration que l’organisation, employés et gestionnaires, a atteint la limite du leadership.


Lecture suggérée : Jugement

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jeudi 20 août 2009

Harper: la limite du leadership

Paraît-il que les voyages forment la jeunesse. Pour ma part, je changerais la formule pour quelque chose dans le genre, les voyages dans le Nord forment le leadership. À tout le moins, les voyages dans le Nord forment la limite du leadership. Mais comme à votre habitude, je vous sens sceptiques. Vous devriez pourtant le savoir. Les sceptiques seront confondus… du du du comme disait jadis, le Capitaine Bonhomme.

Il y a deux semaines jour pour jour, on avait Bill Clinton en Corée du Nord qui nous montrait une première limite du leadership. C’est maintenant au tour du premier ministre Harper de nous en montrer une autre avec son voyage dans le Nord canadien.

Pourquoi vous ne me croyez jamais? Pourquoi faut-il toujours tout vous expliquer? Je vous l’avais dit! Les voyages dans le Nord forment le leadership! Avez-vous dit leadership?

Souvent, on présente les hauts dirigeants comme des leaders. Et cela est encore plus vrai lorsqu’il est question de Premier ministre ou de Président. Les médias raffolent de la formule. Les leaders du G8 vont se rencontrer… Les 3 leaders ont discuté d’échanges commerciaux… Les leaders sont unanimes sur l’importance de…

Lorsqu’on parle de leader et de leadership, généralement, on a en tête l’individu qui mobilise les autres. On a en tête celui que les gens ont le goût de suivre parce que ses idées sont inspirantes et qu’elles nous font rêver à mieux… mieux… mieux… mieux selon le goût du jour puisque ce n’est pas le point à comprendre.

Avec ce qui se passe dans le Nord, il faut comprendre que la mobilisation des autres a ses limites. La mobilisation a ses limites lorsqu’on voit Stephen Harper à bord d’une frégate, d’un sous-marin, ou d’un hélicoptère militaire. La mobilisation a ses limites lorsque toutes ces images n’ont comme but que d’affirmer la souveraineté du Canada aux yeux du Monde.

Le voyage de Stephen Harper dans le Nord canadien nous démontre que le leadership qui mobilise, le leadership informel, ne peut être la solution à tous les maux. Parfois, le leadership devient formel et c’est à ce moment qu’on utilise tous les pouvoirs à notre disposition pour que les autres entendent raison. Le leadership formel, c’est ce que je nomme le leadership corporatif dans ma conférence Les Pouvoirs d’influence du leadership.




Ce n’est pas compliqué le leadership mais souvent, les gestionnaires n’arrivent pas à concilier le leadership formel et l’informel. Souvent, les gestionnaires font trop usage du premier et pas assez du second. Voilà pourquoi il est important de savoir que le premier fait appel à la raison alors que le second fait appel aux émotions. Le premier est de la coercition alors que le second, mène souvent à l’inspiration.

Le voyage dans le Nord de Stephen Harper est une belle démonstration qu’autant on peut croire au leadership informel, parfois il faut faire appel au leadership formel pour convaincre les autres de notre point de vue. Je sais, c’est un paradoxe. En fait, c’est un dilemme. Le dilemme du gestionnaire. Le dilemme entre le désir de contrôler et le désir de mobiliser.

Si vous êtes gestionnaire, il est impératif que vous preniez conscience du dilemme qui vous habite. Impératif que vous preniez conscience qu’il est plus facile de contrôler que de mobiliser. Impératif que vous preniez conscience que la coercition mine le désir du dépassement des employés. Impératif de comprendre que ce n’est pas en contrôlant que l’on mobilise.

Je sais qu’une fois écrit blanc sur noir, vous savez faire la distinction entre la coercition et la mobilisation. Mais l’important, c’est de le savoir dans le feu de l’action. Parce que c’est dans le feu de l’action que le leadership mobilisateur se développe. Dans le feu de l’action que vous devez faire usage de votre leadership informel au lieu de votre leadership formel.

Vous aspirez à plus de leadership dans votre organisation? Prenez leçon de ceux qui voyagent dans le Nord. Souvenez-vous que le leadership est parfois formel. Mais que l’idéal est qu’il soit informel. Souvenez-vous que le passage du formel à l’informel est ce qu’on peut appeler, la limite du leadership.

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dimanche 16 août 2009

Tous des idiots!

Voilà une autre semaine qui me laisse perplexe. Comment pourrait-il en être autrement avec ces cas de fraude financière qui se multiplient quasi religieusement comme semble-t-il jadis, la multiplication des pains. À croire que l’avidité de l’homme est parfois sans fond ou si vous préférez, sans fonds. À tout le moins, l’avidité sans fond de l’un laisse l’autre sans fonds. Passons!

Passons à un autre sujet qui me laisse perplexe. Par exemple, la loi 34 sur la santé. N’est-ce pas là un sujet à nous rendre malade! En tout cas, on ne pourra pas dire que la loi sur la stérilité des instruments aura généré un débat stérile! Perplexe vous disais-je! Perplexe!

Non ce n’est pas parce qu’on rit que c’est drôle. Ce n’est pas drôle de voir quelqu’un qui malgré les avertissements des autres au préalable, malgré l’absence d’éléments le justifiant, malgré qu’au cours des 30 dernières années, jamais un cas de complication n’ait été rapporté, malgré ces faits qui semblent d’une limpidité on ne peut plus claire, comment un individu, en l’occurrence un ministre de la santé, peut-il prendre une décision qui va à l’encontre du sens commun?

Plus perplexe ou encore moins drôle le don de 250 000$ d’Hydro-Québec à l’attention du Collège Notre-Dame. Comment un brillant PDG d’une société d’État peut-il sauter pieds joints dans un bourbier qui de l’extérieur, semble si facile à éviter?

Oui je suis perplexe lorsque je vois les erreurs de jugement d’Yves Bolduc ou de Thierry Vandal. Je suis encore plus perplexe lorsque je vois le ministre Bolduc tenté de justifier sa décision en y allant de faits qui sont immédiatement contredit par d’autres intervenants du milieu.

La semaine me laisse perplexe lorsque j’essaie de comprendre comment des individus ci-haut placés dans la société peuvent en venir à prendre des décisions arbitraires et injustifiées. Je suis perplexe lorsque je tente de comprendre la motivation derrière des choix inconcevables.


D’autant plus perplexe lorsque je pense à tous ces employés insatisfaits des décisions prises dans les hautes sphères de leur entreprise. Et si vous êtes gestionnaires, vous devriez être tout autant perplexe. À tout le moins, vous devriez avoir un léger doute. Parce que c’est lorsqu’on cesse de douter que les mauvaises décisions font leur apparition.

Si vous aspirez au leadership, vous devriez avoir un doute après la semaine des exemples à ne pas suivre. Vous devriez avoir un doute et le garder en mémoire. Garder en mémoire que ce n’est pas parce qu’on ne participe pas à une décision qu’on n’en est pas responsable. Garder en mémoire que ce n’est pas parce qu’on accède à un haut poste de direction que notre jugement est infaillible.

L’infaillibilité du jugement, voilà un autre obstacle au leadership. C’est lorsqu’on croit avoir raison, comme le ministre Bolduc avec sa loi 34 applicable aux cliniques d’avortement, que les autres cessent de nous suivre. C’est lorsqu’on croit avoir raison, sans pouvoir apporter d’arguments tangibles appuyés par des faits tangibles, que les autres se consternent suite à nos décisions.

Ce n’est pas compliqué le leadership. Parfois, il ne suffit que d’avoir un léger doute pour le consolider. Parce que le doute nous pousse à réfléchir. Le doute nous pousse à explorer les alternatives à la solution initialement envisagée. Le doute nous pousse à considérer les implications éthiques de nos décisions. Le doute nous permet d’être ouverts à l’opinion des autres. Autrement dit, le doute est essentiel au leadership.

Tout comme le leadership, ce n’est pas compliqué de douter. Et la meilleure façon d’apprivoiser le doute est de se dire que les autres, ce ne sont pas tous des idiots!


Lecture suggérée :
Croyez-vous au leadership?

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jeudi 13 août 2009

Festival de la controverse

Après le festival de la guitare, du doré, de l’omelette, du cochon, de la truite, de la gigue, du bûcheux, de l’Oie blanche, d’la gibelotte, de la galette et du «western extrême (???)»… avec la canicule qui arrive au moment où on ne l’attendait plus… il nous fallait un événement pour agrémenter le mois d’août que plusieurs auraient aimé déplacer en juillet. Mais comme tous les thèmes semblent avoir été utilisé par nos créatifs compatriotes, ne restait plus que le festival de la controverse pour alimenter ce blogue dédié au leadership! Avez-vous dit leadership?

Wow! N’est-ce pas fantastique? Des gens qui gèrent des millions de dollars. Des gens qui négocient à longueur d’année. Soit pour faire venir un artiste. Soit pour remplacer l’autre qui a annulé à la dernière minute. Des gens qu’on admire pour leurs réussites là où tout le monde voyait l’échec. Des gens que l’on montre en exemple dans le but de perpétuer l’excellence.

Des gens qui finalement, sont comme vous et moi. Des gens qui font semblant de rien et tentent de damer le pion à l’autre. Des gens qui affirment vouloir collaborer pendant que les autres voient de mauvaises intentions. Des gens qui se méfient de ce qui pourrait advenir de ce qu’ils ont construit à travers le temps. Des gens qui entrent dans la mêlée une fois le bal parti.

Pendant que nos soldats jouent de la gâchette et risquent leur vie pour la démocratie, d’autres se chamaillent pour un moment de l’espace-temps. Serait-ce là l’origine de l’adage qui parle du gars qui se plaint le ventre plein?

Bien sûr que je comprends les problèmes de logistique. Je comprends tout autant l’optimisation des ressources, matérielles, humaines et financières. Je comprends également que peu importe l’échelle, les problèmes sont du pareil au même. J’espère simplement que vous ne croyez pas que votre organisation est à l’abri de ce qui se passe sous nos yeux par l’intermédiaire des médias. Je l’espère sincèrement car peu importe l’échelle, c’est bonnet blanc blanc bonnet. Seuls les acteurs changent, et l’ampleur des enjeux. Leadership! Avez-vous dit leadership?

Personnellement, j’aime bien ce nouvel épisode de l’interminable épopée Montréal Québec, ou Québec Montréal si vous préférez car loin de moi l’idée d’éveiller votre possible susceptibilité. Ce nouvel épisode permet de voir mes profils de leader à l’œuvre. D’un côté l’affectif maire Labeaume qui exprime le fond de sa pensée comme ça vient. On ne l’accusera assurément pas de parler la langue de bois. De l’autre côté, il y a le cognitif maire Tremblay qui demeure un peu mal à droit dans ce genre de circonstance. Comme toujours, il garde son air serein.

Affectif ou cognitif, j’aborde le thème plus en détail dans ma conférence Les Pouvoirs d’influence du leadership. Je la présente en formule déjeuner-conférence public au mois d’octobre prochain. Cliquez ici pour voir un extrait, plus d’information ou vous inscrire.

Il y a une semaine jour pour jour, j’abordais la limite du leadership avec le passage de Bill Clinton en Corée du Nord. Je parlais alors de gens qui refusent de voir le monde comme les autres, des gens qui veulent que les choses se fassent à leur façon ou qui ont une trop grande estime d’eux-mêmes.

Pour avoir du leadership, il est important de prendre conscience que l’histoire n’est qu’un perpétuel recommencement dans lequel les enjeux sont parfois plus, parfois moins important. Pour avoir du leadership, il faut éviter d’entrer dans ces jeux par lesquels on perd de vue l’essentiel. Pour avoir du leadership, il faut éviter de provoquer l’autre ou d’avoir peur de lui. Pour avoir du leadership, il faut également éviter de ne penser qu’à protéger nos acquis ou d’en acquérir d’autres.

Lorsqu’on regarde l’actualité, c’est là qu’on comprend que ce n’est pas compliqué le leadership. Lorsqu’on regarde l’actualité, c’est là qu’on comprend que trop souvent, on s’empêtre dans des peccadilles ou des futilités. Lorsqu’on regarde l’actualité, on comprend que la limite du leadership se trouve là où on cesse de dialoguer pour mieux collaborer. Lorsqu’on regarde l’actualité, on comprend que pour avoir du leadership, il faut éviter d’entrer de plein pied dans le festival de la controverse!

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mardi 11 août 2009

Guy Laliberté, lui y croit!

Après les trilogies et les alignements de planètes, nous voilà au yin et au yang. Dans ma dernière chronique, Bob Lutz de General Motors nous a démontré qu’un gestionnaire ne peut mobiliser les autres dans un projet si avant toute chose, il n’y croit pas. Aujourd’hui, pour rééquilibrer les esprits, je ne pouvais faire autrement que de parler de Guy Laliberté.

Difficile de ne pas en parler du cracheur de feu avec la fête qu’a organisé la ville de Baie-St-Paul pour souligner les 25 ans du Cirque du Soleil. Difficile de ne pas en parler car contrairement à Bob Lutz qui ne croit pas à l’intérêt des Américains pour les petites voitures, Guy Laliberté a cru en son rêve. Plus intéressant est qu’il y a cru malgré le regard des autres.

La réussite du Cirque du Soleil est actuellement le plus bel exemple concernant l’importance de croire à un projet afin de pouvoir mobiliser son entourage. Il est illusoire de croire mobiliser les autres lorsqu’on ne croit pas en ce qu’on fait. Je sais que vous allez me dire, «Guy-Michel!, c’est évident!». Vraiment!?!

Posez-vous la question. Croyez-vous réellement en ce que vous faites? Ou croyez-vous surtout qu’il faut de l’efficacité, qu’il faut s’assurer que les employés sont à l’heure, qu’il faut surveiller le personnel pour éviter les erreurs, etc.?

Personnellement, si vous cherchez à améliorer votre leadership, je parierais que vous croyez plus au reste que vous croyez à ce que vous faites. En fait, je dirais que vous croyez plus au reste parce que ce que vous faites n’est pas en lien direct avec un projet auquel vous croyez fondamentalement. Pas en lien avec un projet auquel vous croyez viscéralement.

Photothèque Le Soleil

Comme je le dis souvent, le leadership, c’est en nous que ça commence. Ne le cherchez pas ailleurs. Ne cherchez pas des façons pour mieux contrôler les autres. Ne cherchez pas à comprendre ce qui motive les autres. Ne cherchez pas à savoir ce qu’il faut aux autres pour qu’ils soient motivés. Cherchez plutôt ce qui vous motive. Cherchez ce qui allume votre flamme intérieure.

Il y a 25 ans, Guy Laliberté savait quelle était sa flamme intérieure. Il le savait et il savait l’alimenter comme pas un. Il l’alimentait tellement bien qu’il a dû l’extérioriser. Il a eu à la partager. Voilà pourquoi il est devenu cracheur de feu! Flamme intérieure, cracheur de feu… vous la pigez?

Trêve de plaisanterie… Il est illusoire de tenter de mobiliser notre entourage lorsqu’on ne croit pas réellement à ce qu’on fait. Et c’est probablement ça le plus grand obstacle au leadership qu’on retrouve au sein des organisations. Trop de gestionnaires qui ne croient pas à la mission de l’entreprise. Trop de gestionnaires qui ne croient pas aux projets dans lesquels ils sont impliqués. Trop de gestionnaires qui ne croient pas fondamentalement à ce qu’ils font.

Vous voulez plus de leadership? Ne cherchez pas de midi à quatorze heures comme on dit par chez nous. Cherchez ce qui vous motive. Qu’est-ce que vous aimez dans votre travail? Qu’est-ce qui vous allume et qui vous donne de l’énergie à revendre? Qu’est-ce qui vous illumine au point où les employés ont le goût de vous aider à accomplir vos projets?

En fait, qu’est-ce qui vous rend bien face à vous-mêmes? Qu’est-ce qui vous donne le sentiment d’être en harmonie avec la personne que vous êtes?

Regardez Guy Laliberté. Regardez son sourire. N’a-t-il pas l’air de quelqu’un en harmonie avec lui-même? Surtout, évitez de penser au fait qu’il est millionnaire. Cela vous écarterait de l’essentiel. Au temps où le Cirque du Soleil s’appelait Les Échassiers, Guy Laliberté n’était pas millionnaire. Cela ne l’a pas empêché d’avoir un rêve : celui d’amuser les gens.

Et vous? Quel est le rêve qui vous habite? Quel est le rêve qui alimente votre leadership?

Non ce n’est pas compliqué le leadership et Guy Laliberté nous en donne une preuve on ne peut plus convaincante. Un gestionnaire peut mobiliser les autres dans un projet si avant toute chose, il y croit!

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dimanche 9 août 2009

Le V-P de GM n'y croit pas!

Peut-être l’avez-vous déjà remarqué? Le leadership est parfois un curieux phénomène. Curieux phénomène lorsqu’un gestionnaire haut placé exprime le fond de sa pensée. Curieux phénomène lorsqu’à l’écoute des propos, on en est bouche bée. Pour ma part, les deux bras me sont tombés lorsque j’ai lu sur CyberPresse la dernière déclaration de Bob Lutz, vice-président chez General Motors.

«Il est totalement faux d’espérer que les Américains vont se ruer sur les automobiles économiques… Le mouvement de masse vers les voitures vertes n’existe que dans les médias».

Je sais ce que vous avez en tête. Lorsqu’on sait que GM a évité la fermeture grâce à l’injection massive d’argent provenant des gouvernements et qu'on lit des propos comme ci-dessus, les bras ne font pas que tomber, ils se disloquent de l’épaule!

Remarquez, malgré mon profond désaccord avec Monsieur Lutz, je dois tout de même avouer qu’il a raison. Effectivement!, il a raison. Les Américains ne vont pas se ruer sur les automobiles économiques. Demain matin, la semaine prochaine, au début du mois à venir, il n’y aura pas de cohue chez les concessionnaires GM ni d’ailleurs chez les compétiteurs. Non il n’y aura pas cohue, il n’y aura pas de ruée. Il n’y en aura pas parce qu’on n’achète pas une automobile comme on achète lors d’un Boxing Day.

Sans le savoir, Monsieur Lutz a tout à fait raison concernant la ruée. Par contre, je doute que l’on puisse en dire autant de sa compréhension du marché. En fait, je dirais qu’il n’a strictement rien compris de l’industrie dans laquelle il évolue. Il n’a strictement rien compris de la tendance du marché de l’automobile.

Ça fait près de quarante ans que General Motors perd des parts de marché. Quarante années pendant lesquelles GM c’est rapproché inéluctablement de la faillite. Quarante ans! Ça a pris quarante années pour que GM tombe en faillite. Juste rien à voir avec une ruée!

Il n’y a jamais eu de cohue chez les concessionnaires automobiles et il n’y en aura jamais. Par ses propos, Bob Lutz nous fait la démonstration que ce n’est pas parce que tu as un titre sur ta carte d’affaires que tu es un leader!

Je sais!, cette dernière phrase est choquante. Mais que puis-je dire de plus lorsque je constate qu’un dirigeant dont l’entreprise a été sauvée de la faillite s’apprête à refaire les mêmes erreurs? Que puis-je dire de plus lorsqu’un dirigeant lance des arguments farfelus pour mieux s’asseoir sur le statu quo?

Parfois, un leader, c’est quelqu’un qui éveille le désir d’évoluer. Un leader, c’est quelqu’un qui guide les autres dans les actions à prendre. Un leader est celui qui nous mène vers la nouveauté. Un leader, c’est quelqu’un qui prend les décisions pour assurer notre bien-être dans le futur. Quelqu’un qui n’a pas peur de sortir des chemins battus lorsque c’est nécessaire de le faire. Quelqu’un qui voit au-delà de ce que ses yeux lui permettent de voir.

Pour sa part, Bob Lutz voit que les inventaires des véhicules tout-terrains sont épuisés. Il en conclut que cela démontre que les consommateurs américains ne veulent pas de voitures économiques. Dommage qu’il ne puisse voir au-delà de cette donne strictement économique. Dommage qu’il ne soit celui qui éveille le désir d’évoluer vers des produits plus respectueux de l’environnement.

Non ce n’est pas compliqué le leadership et Bob Lutz nous en donne une preuve on ne peut plus convaincante. Bob Lutz nous fait la démonstration qu’un gestionnaire ne peut mobiliser les autres dans un projet si avant toute chose, il n’y croit pas!

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jeudi 6 août 2009

Clinton: La limite du leadership

La mission humanitaire de Bill Clinton en Corée du Nord pour faire libérer les deux journalistes américaines est un autre bel exemple de leadership. À tout le moins, une démonstration que le leadership, aussi fantastique puisse-t-il être, n’est pas la solution à tous les maux.

Je trouve intéressant d’aborder la dernière apparition publique de l’ancien président américain car elle nous fait prendre conscience que le leadership n’est pas omnipuissant. Le leadership est un pouvoir d’influence et l’influence d’un individu sur les autres a des limites. L’influence d’un individu sur les autres a un champ d’action.

Il y a beaucoup à comprendre de la visite Clinton en Corée du Nord. Entre autres, on comprend que le prestige contribue grandement à l’influence d’un individu sur les autres. Dans ce cas-ci, le prestige de Monsieur Clinton est intimement lié à la fonction de Président des États-Unis qu’il a assumé de 1993 à 2001.

Avec la visite de Bill Clinton en Corée du Nord, on comprend également pourquoi il n’est pas toujours facile de faire preuve de leadership. Souvent, le leadership côtoie le pouvoir officiel. Souvent, le leadership côtoie les jeux de pouvoir. Des jeux de pouvoir qui dépendent entre autres des valeurs des individus, le rapport de force entre les protagonistes, du désir de l’un à voir l’autre adopter un comportement, ou le refus de l’autre à adopter un comportement souhaité, etc.


Agence Reuters

En général, on aime voir le leadership comme quelque chose de grandiose. Il est toutefois important de comprendre que la réalité est tout autre comme nous le démontre la visite de Clinton à Pyongyang. Certes, la visite a permis la libération des deux journalistes. Pour autant, elle n’aura pas mis fin à l’entêtement de Kim Jong-II à développer l’arme nucléaire ou à procéder aux lancements de missiles.

Si votre désir est d’avoir du leadership, vous devez avant toute chose prendre conscience des jeux-enjeux présents dans votre entourage.

Êtes-vous en présence de gens qui refusent de voir le monde comme les autres? Des gens qui veulent que les choses se fassent à leur façon coute que coute ou peu importe les sanctions à leur égard? Des gens qui ont une trop grande estime d’eux-mêmes communément appelée l’égocentrisme? Dans un cas comme dans l’autre, avant de vous lancer corps et âme pour la réussite de vos projets, n’oubliez pas de prendre en compte la limite de votre leadership.


Sur le même sujet :
Jeux-enjeux

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dimanche 2 août 2009

Bravo Julie!

Après One small step for a man et We chose to…, voilà la fin d’une autre trilogie avec le retour de Julie Payette sur le plancher des vaches. Dans environ un an, les navettes spatiales seront mises au rancard. À ce moment, les regards se tourneront à nouveau vers la lune afin de mieux voir Mars. Canne à la main, peut-être aurai-je la chance de voir le premier pas sur la petite sœur d’à côté?

Ce soir à Découverte (de Radio-Canada), on présentait le dernier épisode de la série Conquérir l’espace, l’histoire de la NASA (IV): vivre dans l’espace. Encore une fois j’ai été fasciné. Sincèrement, je suis impressionné lorsque je vois les images d’une navette ou d’une Saturn V au décollage. Comment pourrait-il en être autrement devant les prouesses dont est capable l’humain lorsqu’il se permet de travailler à la hauteur de son talent?

Au-delà des images, des prouesses et du talent, j’ai aimé voir les interventions des acteurs de l’exploration spatiale. J’ai aimé voir leur regard allumé alors qu’ils commentaient leur travail. J’ai aimé voir leur fébrilité pour le travail accompli. Indéniablement, ils étaient tous fiers d’avoir participé pleinement à ces projets réalisés dans le firmament.

À défaut de l’avoir ressenti, après avoir vu l’apesanteur, il me serait difficile de ne pas vous proposer un parallèle entre notre quotidien et celui des explorateurs de l’espace. Après tout, pourquoi ne pourrions-nous pas être fébriles ici sur la terre dans nos projets plus terre-à-terre? Pourquoi nos employés et collègues ne pourraient-ils pas avoir un regard empli de passion pour ce qu’ils font?

Parce que ce qu’on leur propose n’est pas aussi spectaculaire? Parce que ce qu’on leur demande n’est ce qu’on n’aime faire? Parce que ce qu’on leur suggère n’est que du laissez-faire? À moins que nous-mêmes n’ayons pas la passion que nous leur demandons?

Non ce n’est pas difficile le leadership. Il se construit au quotidien. Il se construit pas par pas. Il se construit lorsqu’on reconnaît l’effort de l’autre.

Le leadership se construit lorsqu’on est capable de féliciter ceux qui font des efforts. Il se construit lorsqu’on accorde à l’autre le mérite de ses efforts. Il se construit lorsqu’on accepte de féliciter les autres pour leurs efforts quelque soit l’effort. Parce que chaque effort est un pas de plus vers l’objectif qu’on se donne comme collectif.

Tous les jours, les employés font des efforts. Tous les jours, celui qui aspire au leadership se doit de reconnaître ces efforts. Parce que sans reconnaissance, il ne peut y avoir prise de conscience. Sans reconnaissance, il est difficile de savoir si ce qu’on fait a du sens. Sans reconnaissance, on perd le goût de donner toute notre essence.

Pourquoi si peu de leadership dans les organisations? Peut-être parce qu’au quotidien, on oublie de reconnaître les efforts des autres? Peut-être parce qu’au quotidien, on a peur de louanger l’effort des autres? Peut-être parce qu’au quotidien, suite aux efforts des autres, on omet de dire des choses aussi simples que, comme par exemple, Bravo Julie!


À lire:
Le dossier de Cyberpresse

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samedi 1 août 2009

Culture du leadership

Hier soir au bulletin de nouvelles de Radio-Canada, on mentionnait que Rio Tinto Alcan (RTA) allait investir 5,8 milliards de dollars au Cameroun. Quelques minutes plus tard, il était question des 34 milliards $ versés en prime aux employés des banques américaines; au moment où le gouvernement injectait dans cette industrie 175 milliards $. Avec un peu de recul, faut-il réellement se demander pourquoi il est si difficile d’avoir du leadership! Avez-vous dit leadership?

Dans le reportage de Radio-Canada, il y avait l’intervention d’Alain Gagnon, le président du syndicat des employés de RTA. Il se disait choqué de voir l’entreprise investir des sommes importantes à l’étranger alors qu’elle demande à son personnel du Québec de faire des concessions et de se serrer la ceinture. Personnellement, je ne suis pas un sympathisant syndicaliste mais je peux toutefois comprendre que les employés peuvent se sentir lésés suite aux dernières annonces de leur employeur.

Du côté américain, la journaliste de Radio-Canada précisait dans son intervention que près de 5000 conseillers financiers avaient reçu une prime de 1 000 000 $ alors que les deniers publics servaient à renflouer leurs employeurs. Rien pour améliorer l’image des politiciens auprès des payeurs de taxes. Par la suite, on se dira surpris de constater que les citoyens ne vont pas voter. Leadership! Avez-vous dit leadership?

Il y a déjà quelques années, on m’avait embauché pour améliorer les processus de production dans une usine de distribution. Mon directeur avait des idées plein la tête. Par contre, les employés voyaient les choses autrement. Je croyais alors que la réaction de ces derniers n’était que de la résistance au changement.

Après quelques semaines de travail, j’ai toutefois réalisé qu’en réalité, changement signifiait coupures de poste dans la tête des employés. Certains m’ont fait part que toutes les fois où ils avaient collaborés à améliorer les processus, la mise en œuvre des changements s’était conclue par des mises à pied de leurs collègues. J’ai alors compris pourquoi les employés n’étaient pas motivés par le changement. Leadership! Avez-vous dit leadership?

Dans plusieurs organisations, on cherche à développer le leadership des gestionnaires avec plus ou moins de succès. Avec les dernières manchettes, faut-il s’en surprendre? Faut-il se surprendre du manque de motivation des individus lorsqu’ils se sentent lésés?

Le leadership, c’est comme une fleur. On a beau avoir une graine entre les mains, on ne verra ses pétales se déployer sous le soleil que si on la pose en terre et qu’on l’arrose convenablement.

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