dimanche 26 juillet 2009

We chose to...

«…do the other things not because they are easy, but because they are hard…»* C’est les mots qu’utilisait John F. Kennedy dans le discours qui a lancé les États-Unis dans la conquête de la lune. Ne me demandez pas pourquoi, l’actualité me fait associer ces paroles aux isotopes médicaux.

Cette semaine, le réacteur de Patten aux Pays-Bas sera fermé pour un entretien préventif. Durée des travaux? Un mois. Cette fermeture s’ajoute à celle du réacteur canadien de Chalk River qui lui est fermé depuis quelques mois déjà.

Le réacteur de Patten (20%) et celui de Chalk River (50%) fournissaient à eux seul près de 70% des isotopes médicaux de l’ensemble de la planète. Comme le second est fermé au moins jusqu’en décembre prochain, il est facile de comprendre qu’il est préférable de ne pas avoir un cancer à traiter ou à détecter dans les prochains mois.

Bien sûr!, les hôpitaux vont trouver des alternatives aux traitements usuels. Les médecins et le personnel vont faire des pieds et des mains. Ils vont réaménager les horaires. Ils vont optimiser l’usage de la matière radioactive qui leur sera allouée. Ils vont utiliser des traitements d’une autre génération; traitement à l’occasion moins performant, parfois plus coûteux.

Dernièrement, comme si la fermeture de Chalk River manquait de piquant, le gouvernement canadien a annoncé qu’il se retirait de la production des isotopes médicaux. Une décision unilatérale prise sans avertir au préalable les personnes concernées: les intervenants de la santé de par le monde et les gouvernements des pays concernés. Une décision justifiée par le fait que les problèmes rencontrés à Énergie Atomique du Canada devenaient trop coûteux.

Je comprends qu’il y a parfois des projets où il y a des dépassements de coût qui semblent inacceptables. Je comprends également qu’il y a des décisions qui sont inacceptables. Parce que je comprends qu’il y a des décisions qui accordent plus d’importance à l’idéologie qu’aux enjeux. Il faut pourtant comprendre que parfois, les enjeux sont plus grands qu’on le croit. Parfois, il faut comprendre qu’il est préférable de mettre l’idéologie de côté afin de se concentrer sur les enjeux.

«… because de challenge is one we are willing to accept, one we are unwilling to postpone…»

Comment peut-on décider de se retirer unilatéralement de la production d’un produit essentiel à la préservation de la vie et de la santé? La santé non seulement de nos concitoyens mais bien de tous ceux présents sur la terre! Du moins, la santé de tous ceux aux prises avec une maladie qui dévaste les vies et les familles.

Comment peut-on décider de couper les budgets d’un programme complexe et essentiel qui rencontre des obstacles?

Pour Chalk River, n’aurait-il pas été préférable de faire le point sur ce qui ne va pas? Préférable de consulter d’autres experts comme plusieurs intervenants l'ont suggéré?

Aurait-il été pertinent de faire une analyse objective de la situation et des enjeux relatifs à la décision à prendre? Aurait-il été important de prendre conscience du rôle du Canada dans la préservation de la vie de ceux confrontés au cancer?

À l’occasion, j’aime ironiser lorsque j’entends qu’il faut prendre le leadership. À l'échelle de la planète, le Canada était le chef de file des producteurs d’isotopes médicaux. Même si les budgets ont été dépassés de quelques dizaines de millions de dollars. Même si les dépassements atteignent une centaine de millions de dollars. Est-ce une raison pour tout arrêter comme s’il s’agissait d’un quelconque projet? Combien vaut une vie? Dix vies? Cent vies?

Arrêter de produire des isotopes médicaux qui servent à prévenir et guérir le cancer, est-ce une façon de démontrer la détermination des Canadiens? Est-ce une façon de démontrer que nous Canadiens en avons de l’initiative? Est-ce une façon de démontrer l’importance que nous Canadiens accordons à la vie et à la santé? Une façon de démontrer que nous sommes des gens capables de relever des défis?

«…because that goal will serve to organize and measure the best of our energies and skills…»

Lundi dernier dans One small step for a man, je mentionnais que le leadership prend forme lorsqu’on s’engage à mener à terme un projet. Le leadership prend forme lorsqu’on a la certitude que ce n’est pas les obstacles qui vont nous arrêter. Le leadership prend forme lorsqu’on se commet à réussir. Le leadership prend forme lorsqu’on est prêt à être parmi les meilleurs.

«…one which we intend to win, and the others, too»

Non ce n’est pas compliqué le leadership. Le leadership, c’est en nous que ça commence. Le leadership, ça commence lorsqu’on a un choix à faire. Le leadership, c’est lorsqu’on est capable de faire les bons choix. Le leadership, c’est lorsqu’on accorde une réelle importance à la vie. Le leadership… Mais avec Chalk River, we chose to…


* Parole de John F Kennedy le 12 septembre 1962 à l’Université Rice: « We choose to go to the Moon. We choose to go to the Moon in this decade and do the other things, not because they are easy, but because they are hard, because that goal will serve to organize and measure the best of our energies and skills, because that challenge is one that we are willing to accept, one we are unwilling to postpone, and one which we intend to win, and the others, too. » (Source: Wikipédia)


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