dimanche 28 octobre 2007

L'effet papillon

Qui n’a pas entendu cette métaphore qui laisse croire que le battement d’ailes d’un papillon peut avoir une influence sur le climat à des milliers de kilomètres? D’un point de vue météorologique, cela est sans fondement mais l’idée demeure présente dans nos conversations. Lorsqu’on cherche à démontrer qu’un simple événement peut avoir des conséquences insoupçonnées, on parle de l’effet papillon.

Depuis quelques semaines, le prix du baril de pétrole augmente jour après jour. Selon les analystes, c’est les tensions géopolitiques à travers le monde qui explique cette surenchère de l’or noir. C’est tout de même particulier, un conflit à l’autre bout de la planète – présentement la Turquie qui veut envahir le nord de l’Irak – influence le prix de l’essence que nous payons à la pompe.

Bien entendu, ce qui explique la hausse du prix du pétrole, c’est le principe de l’offre et de la demande agrémenté d’incertitude et d’anticipation. Effectivement, les analystes anticipent une baisse des livraisons de l’or noir si la Turquie met à exécution son intervention en Irak. En conséquence, le prix du baril de pétrole atteint des sommets.

Qu’on l’accepte ou non, derrière tout ça, c’est le leadership qui est en cause. Eh oui, c’est du leadership qui fait augmenter le prix du baril de pétrole. Derrière les conflits ici et là, à travers le monde, il y a des gens qui en influencent d’autres. Il y a des gens qui convainquent leurs proches que la meilleure décision à prendre, c’est d’entrer dans un conflit armé ou l’un de ses lâches dérivés.

Avouez qu’il en faut du leadership pour convaincre nos pairs que la meilleure solution face à un problème, c’est d’envoyer nos compatriotes ou sympathisants se faire tuer ou se faire exploser. Prenez le temps d’y penser. Pensez à tous ces hommes, toutes ces femmes, tous ces enfants, tous morts au combat ou de ses conséquences. Il en faut du pouvoir d’influence pour arriver à de tels résultats.

Le leadership, ce n’est qu’un pouvoir d’influence. L’influence d’une personne sur ses proches. Une influence, qui bien souvent, au début, agit imperceptiblement. Une influence qui de jour en jour, prend de l’ampleur. Une influence qui graduellement devient crédible, devient ce qu’on croit, devient notre façon de voir le monde. Une influence qui une fois réelle, peut causer des torts à des milliers de kilomètres.

Bien entendu, les conséquences d’une influence ne sont pas toujours aussi dramatiques. Elles ne se produisent pas toujours à des milliers de kilomètres. Plus souvent qu’on peut le croire, elles se manifestent au sein même de nos organisations. Si votre entreprise n’est pas aussi performante que vous l’espérez, il y a de fortes chances que votre problème origine d’un effet papillon.

Leadership! Avez-vous dit leadership?

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dimanche 21 octobre 2007

Boulets bleus, boulets rouges

« La seule réponse que je ferai à votre général viendra de la bouche de mes canons et du feu de mes mousquets. » Cela fait un peu plus de 300 ans que le marquis de Frontenac a prononcé cette célèbre phrase. Les temps ont bien changé. Pas nécessairement pour le mieux pour ce qui est du leadership. Ai-je dit leadership?

Comme vous le savez, on aime croire que nos politiciens sont des leaders. Je ne sais pas si Frontenac avait du leadership mais je doute que les politiciens d’aujourd’hui proviennent de la même étoffe.

Dernièrement, deux anciens premiers ministres du Canada, MM. Mulroney et Chrétien, ont publié leurs mémoires. Je ne les ai pas encore lus mais avec les commentaires glanés ici et là dans les médias, on ne pourrait sûrement pas leur donner le titre de marquis. Ô que non! L’un comme l’autre jette son fiel sur leurs anciens collaborateurs. Ils nous parlent de trahisons, de conspirations et quoi encore.

Avouez que pour des leaders, ils ne sont pas les personnages les plus inspirants. Ils ne sont pas des exemples à suivre. À tout le moins, ils ne ressemblent pas à ce leader qui rassemble son entourage dans le but de réussir des projets plus grands que nature. Bien honnêtement, je trouve cela déplorable que des gens aient besoins de régler leurs petits différends en public.

Par exemple, a-t-on réellement besoin de savoir qu’un tel a voulu prendre la place de l’autre en jouant du coude? De toute façon, c’était connu de tout le monde que Paul Martin voulait devenir premier ministre. Toujours dans la confidence, a-t-on besoin de savoir qu’un tel a trahi l’autre? Si Lucien Bouchard a brisé une amitié de longue date, cela ne regarde que lui et sa conscience.

Pourquoi ces ex-premiers ministres ont-ils besoin de nous raconter des faits qui ont eu lieu il y a 5, 10, 15 ou 20 ans? Lorsque le différend s’est produit, n’avaient-ils pas à agir au meilleur de leur connaissance? N’avaient-ils qu’à faire preuve de leadership en temps et lieu? Faute d’avoir agi au moment opportun, ils nous relatent les faits comme des enfants se chicanent dans une cour d’école.

Notre société entre de plain-pied dans une période de turbulences. Nous sommes à l’aube d’une série de défis importants à relever. La mondialisation de l’économie et le vieillissement de la population nous obligent à revoir l’ensemble de notre économie et les relations État/citoyen. Pendant ce temps, nos anciens premiers ministres ne trouvent rien de mieux à faire que de réécrire l’histoire pour fleurir leur image.

Comme leçon de leadership, on repassera. Les querelles intestines sont le pire fléau d’une société tout comme d’une organisation. Si les dires et redires de nos politiciens vous font des haut-le-cœur, soyez conséquent avec vous-mêmes, agissez au lieu de « baliverner ».

dimanche 14 octobre 2007

Pas dans ma cour

L’environnement. On en parle, on en parle mais semblerait-il que pour nous les Québécois, le geste ne suit pas la parole. Du moins, c’est ce qu’avance François Cardinal dans son essai, Le mythe du Québec vert. Pour ceux que ça intéressent, je vous invite à lire un résumé de son livre sur Cyberpresse.ca. Plus amusant encore, c’est les commentaires que j’ai pu entendre à Maisonneuve à l’écoute.

Pour vous, j’ai retenu les propos de cette auditrice, représentante commerciale, qui était scandalisée que Cardinal propose que le coût des immatriculations soit proportionnel au nombre de kilomètres parcourus. Déjà, elle se voyait obligée de changer sa façon de faire auprès de ses clients. À ses yeux, son travail se ferait dorénavant par le téléphone et le courriel si une telle mesure était instaurée. Que deviendrait alors notre société si elle et ses collègues ne pouvaient plus faire de représentation demandait-elle. Selon ses dires, nous n’avions pas le choix car sans représentants sur la route, la vie économique allait s’écrouler. Qu’allions-nous devenir? À la limite, il ne manquait que la boîte de Kleenex!

Évidemment, cet exemple peut sembler anecdotique mais changeons d’échelle. Par exemple, vous souvenez-vous des contestations tout azimut contre le projet de centrale électrique au gaz naturel? Avez-vous en mémoire la réaction des groupes de pression? Ils y sont allés de leurs meilleurs arguments…

Les gens étaient content-content d’avoir fait échouer le projet du Suroît. Ils étaient fiers d’avoir fait fléchir le gouvernement Charest et Hydro-Québec. Le Québec allait prendre le virage vert avec les éoliennes. Quelle victoire! On connaît la suite. Ce n’est pas beau les éoliennes, ça fait du bruit, ça brise l’harmonie du paysage et quoi encore. Cardinal a bien raison, le Québec vert, c’est un mythe.

Pas seulement un mythe, également un manque de leadership. Parce que c’est à ce niveau que se pose le problème. À trop vouloir faire des consensus, on finit par ne rien faire. Pensez au déménagement du casino dans le méga-hôtel et le spectacle du Cirque du Soleil qu’on nous proposait. Vous souvenez-vous des arguments en défaveur du projet? L’exploitation des pauvres, hausse de la criminalité, sans oublier la dépendance au jeu, etc. C’est simple, nous sommes rendus à une époque où on ne peut plus rien faire sauf tourner en rond.

Pour leur part, les dirigeants du Cirque du Soleil n’ont pas tergiversé trop longtemps. Ils sont allés voir du côté de New York, la Floride et une fois de plus à Las Vegas. Le Québec, lui, passera son tour comme il en a l'habitude. Dans quelques années, on pleurnichera lorsqu’on réalisera que le Québec perd de l’importance au niveau économique. Nous aurons alors nos beaux consensus pour nous consoler.

Prendre des décisions en fonction d’une vision claire du futur, ça fait partie du leadership. Partager des idées plus grandes que soi et mobiliser notre entourage pour que l’impensable devienne réalité, cela aussi fait partie du leadership. Avoir le courage d’affronter l’adversité au risque de créer quelques remous, c’est une autre composante du leadership. Avoir confiance en soi tout en demeurant ouvert aux idées des autres afin de bonifier le (les) projet(s) à réaliser, encore du leadership. Finalement, agir afin que des idées prennent forme et se réalisent, ça aussi fait partie du leadership.

Bien entendu, le leadership, ce n’est pas que la responsabilité du leader. L’entourage doit également endosser les idées et faire les efforts nécessaires. En fait, le leadership, ce n’est pas très compliqué. C’est aller au-delà du syndrome « pas dans ma cour ».

Et vous, savez-vous rallier les gens autour de vos projets? Votre organisation est-elle friande de décisions qui font consensus au point où, rien ne bouge? Votre équipe souffre-t-elle du syndrome « pas dans ma cour »?

dimanche 7 octobre 2007

Bel exemple!

Que vous ai-je concocté cette semaine? Et bien encore une fois, un joli mélange de contradictions et de leadership! Avez-vous dit leadership?

Commençons avec le premier, mon mot fétiche. Oui parce que paraît-il qu’un leader est quelqu’un qui donne l’exemple, qui inspire les autres. Quelqu’un qui bien souvent agit comme un modèle auprès de son entourage. Alors comme ça un matin, je me suis dit que si nous voulons une société plus juste, où tous travaillent pour un idéal, là ou les uns collaborent avec les autres, vous comprenez, le genre de lieu dont on rêve tous, et bien comme je vous disais je me disais que pour que cela arrive, il faudrait que nos jeunes aient des leaders comme modèle.

Comme ça, un autre matin, j’ai entendu à la radio qu’un rapport sur l’intimidation chez les jeunes venait d’être publié. Oui de l’intimidation chez nos jeunes! De petits bonhommes, de petites bonnes femmes, à peine plus hauts que trois pommes, s’intimident pour un rien. S’intimident pour s’imposer aux autres. Imposent leurs idées, abaissent leurs camarades ou aller savoir quoi.

Ce n’est pas une bagatelle, 70% des enfants de 9 ans affirment avoir été victimes de violence et d’intimidation à l’école. Avec des chiffres aussi percutants, je me suis dit que j’avais vu juste le matin précédent. Nos jeunes avaient besoins de modèles. Oui, nos jeunes ont besoins de leaders pour les inspirer me suis-je dit.

L’idée me germait dans la tête et là, tout à coup, Paf! J’entends à la radio que nos leaders politiques s’amusent à s’intimider. Eh oui… Les députés du parti québécois – nos politiciens, nos leaders comme on aime souvent les présenter – ridiculisent MM Garon et Cayer parce qu’eux, « flirt » avec l’Action Démocratique. Vous comprenez, M. Garon a été ministre sous René Lévesque et M. Cayer, PDG d’Hydro-Québec sous le régime péquiste.

Un changement d’allégeance politique, n’est-ce pas honteux? Presque l’opprobre. Comment des gens intègres pourraient-ils changer d’opinions ou d’idées. Parce que c’est connu, dans la vie, on n’a pas le droit de changer d’idées. Au cours de notre cheminement de vie, il faut toujours adhérer aux mêmes idées. La preuve? C’est que si on change d’idées, on tente de nous discréditer. Aussi bien-dire, « Si vous avez déjà pensé comme nous, vous devrez le faire jusqu’à la fin de vos jours. Sinon, vous serez une personne à honnir! ».

D’accord, j’exagère un peu. Mais comprenons-nous bien, je ne veux pas insinuer qu’un parti est meilleur qu’un autre. Par contre, comme le dit le dicton : « Il n’y a que les fous qui ne changent pas d’idée ». Devant ces défections, il me semble que la réflexion, peut-être même la remise en question, auraient été plus pertinentes que des remarques désobligeantes. Mais là je vous entends réfléchir : « Oui mais c’est comme ça la politique ». D’accord, mais pourquoi alors se surprendre que nos enfants s’intimident si leurs modèles s’amusent au même jeu?

Vous n’êtes pas convaincu, prenons un autre exemple. Sur la scène fédérale, il y a M. Coderre qui veut aller en Afghanistan faire son travail de député – il s’y est rendu finalement. M. Coderre est porte-parole de l’opposition en matière de défense. Peu importe ses intentions, je crois que c’est dans l’intérêt de notre démocratie qu’il puisse s’y rendre. Dans les circonstances, avec ce qui se passe en Afghanistan, il serait tout à fait normal que le parti au pouvoir lui donne les moyens de faire son travail. Et bien non, c’est tout le contraire. On lui ferme autant de portes qu’on le peut. Je veux bien croire que M. Coderre est l’opposition mais si on veut que notre démocratie fonctionne démocratiquement, certains événements demandent un peu de collaboration.

Accusation, dénigrement, calomnie, résistance, rivalité. Avec de tels exemples, vous comprenez que nos difficultés à comprendre nos enfants me laissent perplexe. Comme société, comment peut-on s’alarmer de l’intimidation chez nos enfants alors que nous les adultes, on en fait une activité quotidienne?

Lorsqu’on dit que le leadership est tout simplement galvaudé, ça ne peut être plus clair. De nombreuses personnalités publiques ne sont tout simplement pas des leaders. Elles ne sont tout simplement pas des exemples à suivre. D’autres diront qu’on a les leaders qu’on mérite.

Demeurons stupéfaits que nos jeunes s’intimident!

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