dimanche 14 octobre 2007

Pas dans ma cour

L’environnement. On en parle, on en parle mais semblerait-il que pour nous les Québécois, le geste ne suit pas la parole. Du moins, c’est ce qu’avance François Cardinal dans son essai, Le mythe du Québec vert. Pour ceux que ça intéressent, je vous invite à lire un résumé de son livre sur Cyberpresse.ca. Plus amusant encore, c’est les commentaires que j’ai pu entendre à Maisonneuve à l’écoute.

Pour vous, j’ai retenu les propos de cette auditrice, représentante commerciale, qui était scandalisée que Cardinal propose que le coût des immatriculations soit proportionnel au nombre de kilomètres parcourus. Déjà, elle se voyait obligée de changer sa façon de faire auprès de ses clients. À ses yeux, son travail se ferait dorénavant par le téléphone et le courriel si une telle mesure était instaurée. Que deviendrait alors notre société si elle et ses collègues ne pouvaient plus faire de représentation demandait-elle. Selon ses dires, nous n’avions pas le choix car sans représentants sur la route, la vie économique allait s’écrouler. Qu’allions-nous devenir? À la limite, il ne manquait que la boîte de Kleenex!

Évidemment, cet exemple peut sembler anecdotique mais changeons d’échelle. Par exemple, vous souvenez-vous des contestations tout azimut contre le projet de centrale électrique au gaz naturel? Avez-vous en mémoire la réaction des groupes de pression? Ils y sont allés de leurs meilleurs arguments…

Les gens étaient content-content d’avoir fait échouer le projet du Suroît. Ils étaient fiers d’avoir fait fléchir le gouvernement Charest et Hydro-Québec. Le Québec allait prendre le virage vert avec les éoliennes. Quelle victoire! On connaît la suite. Ce n’est pas beau les éoliennes, ça fait du bruit, ça brise l’harmonie du paysage et quoi encore. Cardinal a bien raison, le Québec vert, c’est un mythe.

Pas seulement un mythe, également un manque de leadership. Parce que c’est à ce niveau que se pose le problème. À trop vouloir faire des consensus, on finit par ne rien faire. Pensez au déménagement du casino dans le méga-hôtel et le spectacle du Cirque du Soleil qu’on nous proposait. Vous souvenez-vous des arguments en défaveur du projet? L’exploitation des pauvres, hausse de la criminalité, sans oublier la dépendance au jeu, etc. C’est simple, nous sommes rendus à une époque où on ne peut plus rien faire sauf tourner en rond.

Pour leur part, les dirigeants du Cirque du Soleil n’ont pas tergiversé trop longtemps. Ils sont allés voir du côté de New York, la Floride et une fois de plus à Las Vegas. Le Québec, lui, passera son tour comme il en a l'habitude. Dans quelques années, on pleurnichera lorsqu’on réalisera que le Québec perd de l’importance au niveau économique. Nous aurons alors nos beaux consensus pour nous consoler.

Prendre des décisions en fonction d’une vision claire du futur, ça fait partie du leadership. Partager des idées plus grandes que soi et mobiliser notre entourage pour que l’impensable devienne réalité, cela aussi fait partie du leadership. Avoir le courage d’affronter l’adversité au risque de créer quelques remous, c’est une autre composante du leadership. Avoir confiance en soi tout en demeurant ouvert aux idées des autres afin de bonifier le (les) projet(s) à réaliser, encore du leadership. Finalement, agir afin que des idées prennent forme et se réalisent, ça aussi fait partie du leadership.

Bien entendu, le leadership, ce n’est pas que la responsabilité du leader. L’entourage doit également endosser les idées et faire les efforts nécessaires. En fait, le leadership, ce n’est pas très compliqué. C’est aller au-delà du syndrome « pas dans ma cour ».

Et vous, savez-vous rallier les gens autour de vos projets? Votre organisation est-elle friande de décisions qui font consensus au point où, rien ne bouge? Votre équipe souffre-t-elle du syndrome « pas dans ma cour »?

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