dimanche 30 mai 2010

Obama et le Golfe du Mexique

Personnellement, aimeriez-vous être dans les souliers de Barack Obama? Cela doit être encore plus agréable depuis hier alors que British Petroleum (BP) annonçait l’échec de l’opération Top kill. Peu importe sa volonté, le Président américain doit se trouver bien impuissant face à ceux qui lui demandent de remédier à la situation. Soyez assuré que les uns et les autres s’en donneront à cœur joie pour le critiquer de plus belle. Comme quoi le plaisir des uns n’est pas toujours celui de l’autre.

Avec le pétrole qui fuit dans l’océan à raison de 1 à 2 millions de litres par jour, les plages souillées, le pétrole dans les marais des bayous, les oiseaux prisonniers du goudron, les poissons morts sur les berges, etc., il est facile de dire que Barack Obama manque de leadership. Après tout, c’est lui le Président alors c’est de sa faute si la marée noire prend de l’ampleur d’heure en heure. Vraiment!?!

Évidemment qu’Obama n’a rien à voir avec la pire marée noire des États-Unis. La responsable, c’est notre soif démesurée pour le pétrole sous toutes ses formes – énergie, plastique, textiles, caoutchouc artificiel, colorants, molécules chimiques et pharmacologiques, etc. La responsable, c’est la mauvaise évaluation des risques face à l’exploitation d’un gisement 1500 mètres sous le niveau de la mer. La responsable, c’est la technologie; incapable de réparer dans un délai raisonnable ce qu’elle a créé.

Au-delà de la catastrophe écologique et des critiques, le désastre du Golfe du Mexique démontre que le leadership est souvent lié à la satisfaction des besoins et attentes des autres. C’est important d’en prendre conscience. Important de prendre conscience que peu importe nos compétences et aptitudes, le leadership dépend parfois de ce que les autres attendent de nous. Les Américains s’attendent à ce qu’un président ait une baguette magique au fond de sa poche ou dans le creux de sa main.

Qu’on aime ou pas, le leadership est souvent tributaire des besoins que les autres cherchent à satisfaire. Donnez-leur ce qu’ils attendent de vous et ils vous qualifieront de leader. Dans le cas contraire, vous ne serez rien de plus qu’un quidam. Certes, c’est du leadership complaisant, mais ils sont nombreux à espérer la chosification de leurs vœux. Et c’est probablement ce qui explique que parfois, malgré les bonnes idées, malgré les bonnes intentions, des leaders sont sacrifiés par ignorance.

Comme je le disais au début du mois, ceux qui cherchent des leaders devraient apprendre à reconnaître le talent. Au lieu de ça, plusieurs préfèrent critiquer gratuitement l’un et l’autre sans avoir une compréhension claire de la situation dans laquelle évolue le sacrifié. On se demande par la suite comment il se fait qu’il y ait si peu de leadership dans nos sociétés. À moins que ce soit l’explication du fameux «on a les leaders qu’on mérite!»

Il est important de prendre conscience de la façon par laquelle Barack Obama est en train de perdre sa crédibilité. Il est important d’en prendre conscience, car cela n’a rien à voir avec ses compétences à mobiliser les gens. Le problème de Barack Obama, c’est qu’il n’a pas les moyens pour résoudre le problème auquel il fait face. Le problème n’en est pas un de compétences, c’en est un de technologie.

La prochaine fois qu’un collègue viendra vous voir pour obtenir la tête d’un autre pour ci et ça, pensez-y à deux fois avant de lui donner satisfaction. D’une part, il est fort probable que la demande soit formulée étant donné que ce collègue n’a pas obtenu ce qu’il voulait de l’autre. D’autre part, il est également possible que l’organisation n’ait pu fournir les moyens qui auraient permis de résoudre le problème décrié.

La prochaine fois, n’oubliez pas de faire le parallèle avec le Golfe du Mexique.


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jeudi 27 mai 2010

Êtes-vous convaincant?

Dimanche dernier, persuadé de la pertinence du Jamais deux sans trois, je vous faisais part de la fin de la série «Êtes-vous». Faut croire que les adages sont le terroir des rebondissements insoupçonnés. Pour preuve, le Ce n’est pas fini tant que ce n’est pas fini que revendique le valeureux cardinal Marc Ouellet qui revient à la charge pour préciser le fond de sa pensée.

C’est donc hier soir que j’ai subi une dislocation de la mâchoire alors que j’écoutais le Téléjournal (@19:01 min. du segment 1) de Radio-Canada. Tout cela pour recentrer la controverse autour de ses propos concernant l’interdiction de l’avortement, et ce, même dans les cas de viol.

«J’ai condamné personne parce que, il faut voir le cas dans son ensemble et j’ai rappelé que c’est seulement Dieu qui connaît toutes les circonstances d’une décision morale et c’est lui qui est le juge.», Marc Ouellet.

Comme je le mentionnais la semaine dernière, certains croient en un Dieu, d’autres croient en d’autres choses. Quant à moi, je crois bien que quoiqu’on croit, les cinq milliards d’habitants de cette planète terre demeureront pour toujours, les maîtres et les victimes de leurs actions. En ce sens, les propos du cardinal semblent formulés beaucoup plus pour les victimes que pour les maîtres.

Je ne cacherai pas que je n'ai pas énormément d’atome crochu avec le fait religieux. Pour autant, avec certaines réserves, je n’ai rien contre les religions. Je dirais même que je suis même d’accord avec quelques-uns de leurs messages. Par exemple, je suis pour la paix dans le monde. Je suis pour l’entraide entre les uns et les autres. Je ne vois pas non plus la pertinence d’agresser les autres simplement pour exprimer une autorité gratuite. Etc. Oui!, les religions apportent une belle philosophie de vie.

Mais! Oui!, mais! Parce que, comme vous le savez, même dans les meilleures organisations, il y a toujours un mais. J’émets un mais à l’égard de la religion lorsqu’on commence à dire que c’est Dieu ci ou Dieu ça. Dieu!, être suprême. Dieu!, qui juge le bien et le mal! Allons donc! Aussi bien dire que la terre est plate!

Voyez-vous, moi, je n’ai rien contre Dieu. Je n’ai rien contre Dieu comme je n’ai rien contre la religion. Dieu me va si c’est pour apporter une philosophie de vie. Dieu me va tant qu’il s’en tient à insuffler des valeurs nobles de respect de l’autre. Dieu me va si en respectant l’autre, il me respecte tout autant.

Respecter l’autre, c’est avant tout respecter ses idées. C’est respecter son aptitude à penser. C’est respecter sa capacité à réfléchir. Respecter l’autre, c’est l’aider à grandir. C’est l’aider à devenir meilleur. C’est l’aider à découvrir son plein potentiel afin qu’il puisse s’épanouir comme une fleur au printemps.

Respecter l’autre, c’est lui donner de l’information pertinente et vérifiable. Respecter l’autre, ce n’est pas de raconter n’importe quoi. Respecter l’autre, ce n’est pas de lui raconter des histoires qui n’ont aucun lien avec la vie réelle. Respecter l’autre, ce n’est surtout pas de lui faire peur avec l’idée qu’un être supérieur pourrait le juger d’une façon ou d’une autre. Respecter l’autre, c’est la base du leadership.

Comme je le mentionnais dimanche dernier, le problème du leadership, c’est parfois d’être convaincu. Et ce problème devient encore plus sérieux lorsqu’on cesse de respecter l’autre. Car c’est à ce moment qu’on utilise tous les moyens, pour être convaincant.


Crédit photo: NASA/CXC/SAO/P.Slane, et al. (Détails de la main du dieu ici)

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dimanche 23 mai 2010

Êtes-vous convaincu?

Voilà ce qui complète ma série «Êtes-vous» pour le mois de mai. Une série qui, je l’avoue, résulte probablement d’un alignement de planètes. Qu’en sais-je? À vrai dire, j’ai eu l’idée de cette chronique dès le début de la semaine alors que le cardinal Marc Ouellet remettait à l’ordre du jour le débat sur l’avortement. En cours de route, curieux hasard, d’autres événements ont alimenté ma réflexion.

Alors que je pense à la suite de l’idée, les autres vagabondent et m’amènent à l’article que j’avais publié dans le journal étudiant de Polytechnique, Le Polyscope, le 21 janvier 1991. Rêve d’hiver se terminait ainsi : «Certains croient en un dieu, d’autres croient en d’autres choses. Tant qu'à moi, je crois bien que quoiqu’on croit, les cinq milliards d’habitants de cette planète terre demeureront pour toujours, les maîtres, et les victimes de leurs actions.»

Croire, c’est parfois être croyant. Croire, c’est donc aussi les croyances. Croire, c’est souvent être convaincu. C’est également les accroires. Croire, c’est intéressant sous l’angle du leadership. Parce que le leadership, c’est l’art de mobiliser les autres. En ce sens, ou dans l’autre, Le Croire qu’on observe dans l’actualité nous montre l’un des problèmes du leadership : Certains croient qu’ils sont sur le droit chemin, ou que leurs idées sont bonnes, parce que d’autres les suivent.

Il y a quelques semaines, il y avait Richard Goyette qui affirmait sur un ton convaincu qu’il n’y avait pas de problèmes au sein de la FTQ-Construction. Depuis, monsieur Goyette a pris des vacances et présentement selon Radio-Canada, il serait en congé de maladie pour une période indéterminée. Faut croire que, peu importe le domaine, les cancers sont d’autant plus virulents qu’ils ont évolué en silence. Le retour en renfort d’Henri Massé comme conseiller spécial à la FTQ-Construction est sûrement la chimiothérapie... oups!... la preuve qu’il n’y a pas de fumée sans feu.

Comme je le mentionnais jeudi, il y a aussi Jean Charest qui fait volte-face avec son 75 000$ que lui versait le parti Libéral. Malgré son changement de cap, il se dit toujours convaincu qu’il n’y a aucune entorse à l’étique avec cette rétribution complémentaire à celle relative à son rôle de premier ministre. Croyance ou accroire?

Nous voilà peut-être au cœur de l’un des problèmes du leadership : les croyances des uns et les accroires des autres. Au cœur du problème parce que dans un cas comme dans l’autre, les uns ne sont plus à l’écoute des autres. Dans un cas comme dans l’autre, les uns se ferment l’esprit face à ce que l’autre a à dire. Dans un cas comme dans l’autre, les uns en viennent à argumenter en faisant fi de la réalité que les autres leur font part.

Pourquoi devient-on convaincu? Ou si vous préférez, pourquoi en vient-on à faire fi de la réalité des autres? C’est une question incontournable lorsqu’on tient compte de ce qui précède et que l’on cherche à démystifier le leadership.

Selon ce qui précède, on comprend que l’on devient convaincu pour trois raisons : soit par paresse, soit par croyance, soit par malhonnêteté. Mais peu importe la raison, une fois convaincu, tôt ou tard, la recherche du pouvoir devient une quête qui pousse à agir délibérément. De là résulte souvent soit les dogmes, soit les comportements douteux.

Parmi ceux que j’ai croisés au cours des vingt dernières années, certains savent que j’adore le monde des idées. Le plaisir des mots et leur agencement m’a amené à échanger sur maints sujets dans maints contextes. Aujourd’hui, je peux donc affirmer que parfois, contre toute attente, le problème du leadership, c’est d’être convaincu.


Rêve d’hiver
Dans la nuit de vendredi à samedi dernier est tombée une tempête de neige sur le Québec. Depuis longtemps avait-on eu une telle bordée de neige. Alors que je déblayais mon escalier, je me rappelais ce temps où, plus jeune, je n’avais autre chose à faire que de jouer sur le sol enneigé.

Peut-être durant toute ma vie je resterai émerveillé devant ces petits flocons qui tombent du ciel en virevoltant sous la brise. Lorsque je m’arrête pour les regarder dans leur chute, je ne peux me dire autre chose que la nature, avec ses mystères, demeure un phénomène féérique.

C’est dans cet émerveillement que je n’arrive pas à comprendre certains problèmes de nos sociétés modernes. Car malgré cette neige qui tombe, la menace d’une guerre, qui est peut-être commencée au moment de lire ces lignes ou qui a failli éclater, ne quitte pas mon esprit (*).

Dommage qu’il ne neige pas partout sur la terre. Car les peuples, plutôt que de vouloir s’entre-tuer, se permettraient de rêvasser devant ce manteau blanc qui s’installe le temps d’une nuit. Ce manteau qui semble venir de nulle part; c’est un peu pour ça qu’il fait rêver. Il arrive on ne sait trop d’où, et modifie comme bon lui semble, notre paysage quotidien.

Je sais bien que dans quelques jours, le sol, tout blanc aujourd’hui, sera rendu tout gris par les activités phénoménales de la société. Mais qu’importe. Ce rêve qui aura duré quelques heures en réalité, durera dans ma pensée. Il durera le temps qui passera d’ici à la prochaine chute de neige qui m’émerveillera à nouveau. Et pendant ce temps qui passera, je ne ressentirai pas le besoin de vouloir anéantir mon voisin.

Certains croient en un dieu, d’autres croient en d’autres choses. Tant qu’à moi, je crois bien que quoiqu’on croit, les cinq milliards d’habitants de cette planète terre demeureront pour toujours, les maîtres, et les victimes de leurs actions.

(*) NDLR (du Polyscope, je précise) : Les États-Unis ont bombardé Bagdad le soir du montage (mercredi 16 janvier 91, 18h30 heure de Montréal)…

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jeudi 20 mai 2010

Êtes-vous puissant?

Il y a quelques semaines, je m’amusais avec l’impuissance. Le contraire de l’impuissance est évidemment la puissance. Et ça, vous devez vous en douter, en tout cas nous les hommes on le sait, c’est agréable d’être puissant. Agréable, mais est-ce que c’est utile lorsque vient le temps de faire preuve de leadership! Avez-vous dit leadership?

La question m’est venue cette semaine alors que les médias parlaient du rapport du vérificateur général de Montréal, Jacques Bergeron. Pour faire simple, le nouveau directeur général de la ville, Louis Roquet, a envoyé une partie du rapport alors que ce dernier était encore sous le sceau de la confidentialité.

C’était prévisible, de retour d’un voyage à l’Exposition universelle de Shanghai, le maire Gérald Tremblay a endossé le geste de son employé. Louis Roquet serait la personne la plus compétente et honnête qu’il connaisse. Désolé pour ses autres connaissances!

Au-delà de la compétence et de l’honnêteté, il y a bien sûr la motivation. Qu’est-ce qui peut bien motiver un directeur général à outrepasser le sceau de la confidentialité? Ou si vous préférez, qu’est-ce qui peut motiver à outrepasser l’interdit?

Louis Rochet a justifié son geste en prétendant que des informations confidentielles allaient être rendues publiques lors de la publication du rapport. La situation pouvait nuire à son fournisseur, en l’occurrence, Telus. Comme le mentionnait un journaliste que j’ai pu lire dans ma revue de presse, n’aurait-il pas été plus sage de communiquer avec le vérificateur général pour lui signaler l’anicroche?

Il y a quelques minutes au radio journal, on annonçait que Jean Charest va renoncer au salaire de 75 000$ que lui versait le parti Libéral. Il y renonce afin que son gouvernement puisse entériner un projet de loi à l’attention des élus. Dorénavant, un élu ne pourra plus recevoir, d’une façon ou d’une autre, un salaire autre que sa rétribution issue de ses fonctions politiques.

La question se pose, qu’est-ce qui motivait le premier ministre à attendre d’avoir le dos contre le mur avant faire une croix sur son complément salarial? Avant son changement de cap, Jean Charest justifiait son sideline en prétendant qu’il lui était nécessaire pour assurer ses obligations familiales.

Dans le cas du directeur général de la ville comme dans le cas du premier ministre, la motivation, selon moi, était avant tout occasionnée par un biais.

Imaginez-vous comme premier salarié de la ville de Montréal. Imaginez-vous à la tête du gouvernement du Québec. Ressentez-vous le vertige? Ressentez-vous le sentiment de puissance? N’est-ce pas qu’on doit être puissant lorsqu’on est LA personne qui détient LE pouvoir? Ô que c’est grisant cette énergie qui transcende le corps.

Plusieurs sont à la recherche du leadership. Plusieurs cherchent des façons de mobiliser les employés. Lorsqu’on regarde les actualités des derniers mois au Québec, on comprend que le contraire de la mobilisation est la démobilisation. Par le fait même, on comprend ce qu’il faut éviter de faire pour démobiliser les autres.

En regardant l’actualité, on comprend indéniablement que pour mobiliser les équipes, il faut avant tout éviter de se croire trop puissant.

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dimanche 16 mai 2010

2e Forum Urgence Leadership

Ce n’est pas la première fois que j’aborde une chronique avec le bien connu, «jamais deux sans trois». Que voulez-vous, c’est plus fort que moi, j’aime les formules qui interpellent l’esprit. Mais n’allez pas croire que je suis superstitieux. Cela n’a rien à voir. Pour preuve, le 2 ne vient-il pas avant le 3? Ce qui explique qu’après le 1er, le 2e Forum Urgence Leadership aura lieu le jeudi 3 juin prochain au Hilton Bonaventure de Montréal. Avouez que celle-là, vous ne l’aviez pas vu venir. Entre nous, moi non plus!

Pourquoi Urgence Leadership? J’avais abordé le sujet lors du lancement du programme en octobre 2008. Déjà, il y avait urgence pour un leadership différent. Il y avait urgence pour un leadership renouvelé. Il y avait urgence pour un leadership qui mobilise. Si on tient compte de l’actualité, ne reste plus qu’à espérer que ceux qui n’étaient pas au 1er seront au 2e!

Pourquoi espérer que ceux qui n’étaient pas au 1er seront au 2e Forum Urgence Leadership? Oui!, parce qu’il y a urgence! Encore cette semaine, l’urgence me tenaillait. Encore cette semaine, j’ai eu l’impression que l’expression «Y a toujours ben une limite» n’avait plus de limite. Comme si la fin n’avait plus de fin. Comme si on ne savait plus où tout ça allait s’arrêter.

On dirait d’ailleurs que ça n’arrête plus. Ça ne semble pas avoir de fin. Jour après jour il est question de "financement" qui franchit impunément la limite de l’acceptable. Jour après jour, il est question de financement douteux, question de gens de bonne foi qui ne savaient pas, ne veulent pas savoir ou plus justement, font semblant de ne pas savoir.

Jour après jour, l’impensable d’hier devient le banal d’aujourd’hui. Oui il y a urgence pour le leadership lorsque tu en viens à croire qu’une famille ensevelie dans un écoulement de terrain est une bonne nouvelle.

Malheureusement vrai comme je suis. En pensant à la tragédie de Saint-Jude – mes condoléances à la famille, proches et amis – j’y ai vu une bonne nouvelle. Évidemment que je me suis pincé lorsque j’ai pris conscience de ma lugubre pensée. Non!, je ne rêvais pas. La bonne nouvelle dans cette mort, c’est que personne n’est derrière elle pour en retirer un quelconque avantage. Comme si la bonne nouvelle n’était pas assez, dans mes réflexions, je ressentais même du réconfort face au malheureux événement.

Évidemment qu’il y a urgence pour le leadership lorsque la mort réconforte. Il y a urgence pour le leadership lorsqu’il est réconfortant qu’il n’y ait pas de magouilles humaines derrière la nouvelle. Il y a urgence pour le leadership parce l’idée que la mort réconforte est un non-sens. C’est contre nature.

La nature, c’est la vie. Et les événements de Saint-Jude nous rappellent que tôt ou tard, peu importe la façon, la Nature aura le dessus sur la nature humaine. Et c’est probablement ça qui est réconfortant. C’est réconfortant de savoir que jamais les magouilles n’auront le dessus sur la vie. Au pire, la nature aura le dernier mot lors de l’épuisement des ressources. Il y a urgence pour le leadership parce que plusieurs ne semblent pas en avoir conscience.

Ai-je maintenant besoin de préciser pourquoi le Forum Urgence Leadership? J’ai la certitude que vous comprenez l’évidence. Le Forum Urgence Leadership, c’est pour se ressourcer. C’est pour s’inspirer. C’est pour se recentrer vers ce qui donne du réel leadership. Le Forum Urgence Leadership, c’est pour entendre des conférenciers de renom. C’est pour rencontrer des gens qui croient à la réelle mobilisation.

La réelle mobilisation, évidemment, c’est celle qui inspire les autres. Elle n’a rien à voir avec celle que d’autres utilisent, pour s’emplir les poches. Voilà pourquoi le 2e Forum Urgence Leadership?

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jeudi 13 mai 2010

Canaliser l'énergie

Je vous l’ai déjà dit à quelques reprises ici même dans les lignes d’une chronique, je ne suis pas un fan de hockey. Hier soir donc, je me suis dirigé vers la piscine du quartier pour aller y faire mes longueurs. En passant devant le restaurant du coin, j’ai entendu des cris provenant de l’intérieur. Le Canadien venait de la mettre dedans comme disent les vrais. J’ai tenté de voir la marque mais pour ce faire, j’aurais eu à me faufiler parmi les clients. J’ai plutôt poursuivi mon chemin.

À quelques reprises sur ma route, j’entendais des «passe la» et «plaque, plaque» par les fenêtres ouvertes des appartements. Dès mon entrée dans le vestiaire, j’ai entendu un bruit de fond; la première fois que j’entendais la radio à cet endroit. En y portant attention afin de filtrer les discussions des uns et des autres, j’ai compris que c’était le déroulement du 7e match qui sortait des haut-parleurs. Le son était inaudible pour comprendre le jeu ou quoique se soit.

Une fois le maillot enfilé, je suis passé à la douche réglementaire; rien de traumatisant tellement l’eau est chaude. Une fois au bord de la piscine, j’ai constaté que j’étais un peu d’avance et que la radio y jouait également; rien à voir avec la musique occasionnelle dépendamment des sauveteurs en service. Curieux du pointage, je me suis rapproché d’un haut-parleur. J’ai beau ne pas être fanatique, je ne suis pas indifférent. Quoi!? Le Canadien est en avance 4-1. Wow! Je ne vous cacherai pas que j’ai eu une petite émotion de plaisir.

Jacques NadeauLe Devoir

Rarement les gens se parlent à la piscine. Mais hier soir, c’était différent. Après mon 30 minutes non-stop, j’ai pris ma petite pause habituelle. Un nageur s’est arrêté dans le couloir à-côté et à peine a-t-il eu le temps de reprendre son souffle qu’il m’a demandé la marque. «Le dernier pointage que j’ai entendu est 4-2». On a échangé sur le sujet et ses origines.

Il m’a fait part qu’il est ici depuis seulement un an alors il aime bien les soirs où il y a des matchs parce qu’il y a moins de monde dans les couloirs; une façon comme une autre de voir le bon côté des choses. Son sport est le foot. Je m’en doutais selon ses attributs ethniques. Nonobstant ci et ça, nos visages exprimaient un certain plaisir compte tenu du pointage en faveur de l’équipe montréalaise.

Après mes sprints, un nageur occasionnel c’est également arrêté. L’annonceur radio parlait avec un débit rapide. «Il vienne de compter un but?», me demande-t-il. «Non je ne crois pas. C’est toujours 4-2». On a échangé quelques mots avant que je m’élance pour mes dernières longueurs; faut bien que l’acide lactique sorte des muscles.

Au sortir de la piscine, le pointage était passé à 5-2 au dire du commentateur. Il restait quelques minutes de jeu. Le revirement de situation que j’anticipais n’était donc plus possible. Mon sentiment de joie est monté d’un cran. Dès que je suis sorti du complexe, j’entendais des cris de joie sortir des appartements tout autour. Ça n’a pas été long que les klaxons se sont mis de la partie. Agréable frénésie!

De retour chez moi, j’ai à peine eu le temps de fermer la porte que le téléphone a sonné. Ma douce était à l’autre bout du fil; elle connaît mon horaire sportif. Elle voulait me dire qu’ils ont gagné. «Oui je sais, ils ont mis la radio à la piscine». On a échangé quelques minutes avant le début du Téléjournal. Inutile de préciser le sujet d’ouverture.

En regardant le reportage, je n’ai pu m’empêcher de penser au leadership. Je voyais les fans envahir la rue Ste-Catherine à la télé. J’avais en mémoire l’effet d’engouement observé tout au long de ma soirée. Avec toutes ces informations en tête, l’évidence m’a encore une fois sauté aux yeux : les gens s’enthousiasment au contact de la victoire et du succès. Pourquoi en serait-il autrement avec vos employés?

Une chose est sure avec la victoire des Habs, c’est que les gens ont de l’énergie à revendre lorsque se produit quelque chose de significatif à leurs yeux. Le défi de la mobilisation n’en est donc pas un d’énergie à insuffler. Le défi de la mobilisation, c’est de savoir canaliser cette énergie.

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dimanche 9 mai 2010

La loi du silence

Vous souvenez-vous de ce temps où encore tout petit, plusieurs voulaient vous inculquer les bonnes manières? On vous disait de manger comme ci, de parler comme ça. On vous interdisait de faire ça, tout en vous suppléant de ne pas dire ci. De vous tenir droit, et surtout de ne pas courir. Bien entendu, de ne rien demander avant qu’on vous le propose. Et combien d’autres consignes pour devenir conforme au modèle.

Ce matin à la radio, il était encore une fois question du modèle. Ils semblent que les jeunes auraient besoin de modèles. Ils ont besoin de s’identifier à plus grand qu’eux. Ils ont besoin de donner un sens à leur vie. Besoin d’avoir des rêves, de l’ambition. Besoin de se donner des objectifs afin de canaliser leur énergie et ainsi découvrir tout ce qui s’offre à eux.

Combien d’énergie dépense-t-on pour que fiston devienne l’incarnation de notre fierté? On s’émeut lorsqu’on constate qu’à son âge, il ne porte pas attention au fait que Jérémy soit jaune, noir, rouge, brun, plissé ou bridé. Il nous redonne espoir juste à l’entendre parler de l’environnement et l’importance de ne pas jeter nos papiers là où se trouve le bout de notre bras.

Cela fait déjà une semaine que je pense à tout ça; le modèle, les jeunes, etc. Ma réflexion a pris de l’ampleur jeudi dernier avec le congédiement de Tony Tomassi. La nouvelle était effectivement multiplicatrice puisque quelques jours auparavant, son supérieur lui réitérait sa pleine confiance tout en soulignant son excellent travail. Avouez que ça fait réfléchir de voir quelqu’un passer de héros à zéro.

Déjà une semaine que je pensais à tout ça en fait, depuis que j’ai eu connaissance du Focus Stratégique Québec 2010. Ce dernier en résumé, un Forum qui permet la rencontre de gens actifs au sein de la communauté d’affaires. Un lieu de réflexion où se rencontrent les différentes générations afin de trouver des solutions pour le Québec de demain. Des gens influents qui veulent trouver des solutions pour l’avenir. L’avenir j’ose croire, pour les tout petits qui deviendront grands.

L’idée du Focus Stratégique est bonne. Le désir de trouver la direction à suivre pour le Québec de demain est louable. L’idée est bonne et le désir est louable. L’idée est bonne mais le problème, ce n’est pas le bon problème. Le problème, c’est le modèle.

Le problème, c’est que le modèle n’est plus un modèle. Le problème, c’est qu’on nous a dit de ne pas contrevenir aux consignes. La consigne, c’est de ne pas déranger l’autre. La consigne, c’est de ne pas dire ce qu’on pense réellement. Et comme on ne peut pas dire ce qu’on pense, on essaie de trouver des solutions à des problèmes qui découlent des vrais. On parle des problèmes qui découlent du vrai parce que ce dernier, il est interdit d’en parler.

Le vrai problème, c’est que le Québec est malade. Le problème, c’est qu’on refuse de parler de la maladie. Le problème, c’est le même qu’on retrouve dans nombre d’entreprises. Le problème, c’est que personne n’ose dire au chef qu’il est dans l’erreur. Ce n’est pas ça du leadership! Avez-vous dit leadership?

Vous imaginez l’effet que cela pourrait avoir? Vous imaginez si au lieu de le recevoir et de l’applaudir, les chambres de commerce l’interpellaient pour lui dire ce que les sondages soulignent à grands traits? Imaginez si on mettait fin à la loi du silence…

«Écoute Jean, écoute-nous bien. Ça fait des années qu’on travaille pour nos enfants. Des années qu’on fait tout ce qu’on peut pour développer la prospérité. Des années qu’on travaille pour mobiliser les travailleurs. Nous sommes désolés de te le dire Jean mais là, tu n’es plus l’homme de la situation. Reviens à la raison, tu n’es plus le modèle qui inspire les gens. Tu démobilises la population. Jean, tu détruis le Québec. Nous, on veut le construire.»

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jeudi 6 mai 2010

Êtes-vous responsable?

Encore une fois, la météo nous fait le coup. Le week-end sera pluvieux. C’est les gens du Lac St-Jean qui seront contents. Parce que paraît-il que LE lac manque d’eau. Ce qui ne serait pas bon pour les bateaux. Les autres vont me dire, «Oui mais Guy-Michel, je n’ai pas de bateau.» Faut-il vraiment un bateau pour aimer l’eau? Ce à quoi je réponds non. Pensons aux poissons. Pensons à la mer. Pensons à l’océan. Penser au film Océan. Après tout, lorsqu’il pleut, quoi de mieux que le cinéma!

J’ai vu le film Océan samedi soir dernier. Tout simplement un délice. Tout au long de la présentation, j’avais les yeux ouverts grand comme ça. Tout comme la bouche d’ailleurs. Oui j’étais bouche bée par les images. Bouche bée par la forme des poissons, des mollusques, des méduses. Et que dire de la grâce. Rien de mieux pour comprendre l’expression, «Comme un poisson dans l’eau». Voici un aperçu pour vous convaincre.


D’accord, ce n’est pas nécessairement convaincant sur un petit écran. Mais imaginez sur le grand! Wow!, c’est beauuu! C’est fascinant. Oui!, fascinant de voir la vie. Stupéfiant de voir les différentes formes qu’elle prend. Confondant les stratégies de survie qu’elle adopte.

Que dire de la tendresse de cette otarie pour son petit. De l’agressivité du requin blanc pour sa survie. Rien de comparable avec la joie de vivre des loups de mer. Faut bien un humain pour apprécier toute la complexité et la beauté de la nature.

Je l’avoue, je suis fasciné par la vie. Elle prend toute sorte de formes afin de mieux occuper l’espace qui l’entoure. La vie s’adapte à son environnement. À travers le temps, la vie a évolué en harmonie avec elle-même. La vie est autonome. Elle s’autosuffit. Elle évolue dans le temps et à son rythme. Faut bien un humain pour briser ce fameux rythme.

Comprenez-vous? Après Océan, je n’ai pu m’empêcher de penser à la catastrophe qui a présentement cours dans le Golf du Mexique. Et hop là! Un petit 5000 barils (800 000 litres) de pétrole par jour dans la mer. Je vous l’avoue, ce n’est pas ce qui rend fier d’être ingénieur.

Encore moins fier alors que j’apprends ce matin que l’industrie savait que les dispositifs anti-déversements étaient inefficaces. Les calculs pour concevoir les mécanismes de sûreté étaient erronés. Le comble de la bêtise est probablement que personne n’avait pensé à un plan de secours. Tout cela n’a rien à voir avec la vie qui se perpétue sous toutes les formes possibles.

Le pire dans tout ça touche évidemment le leadership. Les dirigeants de British Petroleum (BP) ont affirmé qu’ils allaient payer pour les dégâts même s’ils n’avaient pas à le faire. Qu’entends-je? Ils n’ont pas à le faire!

Eh bien non!, BP n’aurait pas à payer pour le désastre écologique qu’elle a créé, car elle n’est pas propriétaire de la plate-forme (Deepwater Horizon) de forage qui a sombré. La plate-forme appartient à Transocean. BP ne faisait que l’exploiter si je comprends bien! Si je comprends bien, vous n’êtes pas responsable d’un accident de voiture si vous louez ladite voiture.

Je sais que toute cette histoire est en fait une histoire d’avocat. Dans le sens de qui est responsable de quoi lorsque l’impensable arrive. Ce n’est pas la première fois que l’un accusera l’autre d’être responsable de ci ou de ça. C’est bien connu, c’est toujours la faute des autres.

Ce n’est pas ça du leadership. Le leadership, ce n’est pas de se défiler lorsque les choses vont mal. Le leadership, ce n’est pas d’accuser l’autre pour se défiler et ainsi éviter les conséquences de nos gestes et décisions. Le leadership, c’est assumer ses responsabilités du début à la fin. Le leadership c’est être responsable. Êtes-vous responsable?

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dimanche 2 mai 2010

Halak: Reconnaître le talent

Selon l’adage, le hasard fait bien les choses. Et c’est un bien drôle de hasard puisque jeudi matin, j’ai exceptionnellement pris le métro pour me rendre à une réunion au centre-ville. Tout juste avant de m’enfoncer sous terre, j’ai pris le journal que le camelot me tendait à la main. Après quelques circonvolutions et contorsions dans l’exigu espace, je suis tombé sur la chronique d’Yvon Pedneault : « Bob Gainey a failli tout gâcher ».

Une fois de retour à mon poste de travail, j’ai évidemment fait quelques recherches pour constater qu’effectivement, en décembre dernier, le Canadien avait fleureté avec l’idée de se départir du gardien aujourd’hui auréolé. Voilà ce que certains appellent, un revirement de situation.

Il y a quelques mois, Gainey avait offert aux Flyers celui qu’adulent aujourd’hui les fans du Canadiens. Il voulait semble-t-il "satisfaire les demandes du gardien numéro 2 de l’organisation malgré ses exploits" selon Pedneault. Ce dernier ajoute, "Gainey voulait aussi protéger Carey Price". C’est un secret de polichinelle, Price avait été imposé à l’entraineur congédié, Guy Carbonneau.


Ce n’est pas la première fois que je m’intéresse au Canadien et ses congédiements. J’ai également abordé ceux de l’Impact de Montréal. Il y a derrière tout ça d’importantes leçons de leadership pour le monde des affaires. D’autant plus intéressantes qu’on entend régulièrement les corporations crier leurs désarrois à trouver LE leader!

Au-delà du désarroi, il y a bien entendu tout le volet humain des entreprises et les biais qui l’accompagnent. Il ne faudrait surtout pas croire qu’il y a des préférences aveugles seulement dans le monde du sport.

Personnellement et à quelques reprises, j’ai pu voir des gestionnaires faire des choix arbitraires pour mieux protéger un, mieux congédier l’autre. On m’a d’ailleurs déjà dit qu’une décision émanant de la bouche d’un gestionnaire ne pouvait être contestée une fois rendue public. Je comprends que le contraire aurait été de le désavouer. Le contraire aurait été de lui enlever toute crédibilité. À la vie, à la mort comme dirait l’autre!

Personnellement, je n’ai jamais eu le sentiment d’omnipuissance. Je me souviens toutefois de ce moment lors de mes études. Après un examen particulièrement difficile, un collègue me faisait part de sa déconvenue. Il se sentait tellement puissant tout juste avant l’examen selon ses dires. Il retenait alors qu’on n’est peut-être jamais aussi fort qu’on le croit.

Dans plusieurs circonstances, on peut voir des extravertis faire l’étalage de leur omnipuissance. Ce qui n’est pas surprenant en soi, on aime ça les gagnants dans les organisations. On aime ça les winners. Le problème est qu’une fois winners, plusieurs perdent une partie de leur jugement. Une fois winners, plusieurs perdent leur sens critique. Une fois winners, plusieurs en viennent à croire qu’ils sont infaillibles. Une fois winners, certains croient avoir le monde à leur pied.

Bob Gainey n’était pas un extraverti. Et je ne crois pas qu’il se considérait comme étant un winners. Malgré toutes ses réserves et ses aptitudes analytiques, il en est tout de même venu à défendre bec et ongle une décision basée sur un biais émotif. Ce n’est pas le premier. Malheureusement pas le dernier.

Tout comme dans le monde du sport, les entreprises sont à la recherche du talent. Tout comme dans le monde du sport, il serait peut-être plus judicieux d’apprendre à le reconnaître!

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