dimanche 2 mai 2010

Halak: Reconnaître le talent

Selon l’adage, le hasard fait bien les choses. Et c’est un bien drôle de hasard puisque jeudi matin, j’ai exceptionnellement pris le métro pour me rendre à une réunion au centre-ville. Tout juste avant de m’enfoncer sous terre, j’ai pris le journal que le camelot me tendait à la main. Après quelques circonvolutions et contorsions dans l’exigu espace, je suis tombé sur la chronique d’Yvon Pedneault : « Bob Gainey a failli tout gâcher ».

Une fois de retour à mon poste de travail, j’ai évidemment fait quelques recherches pour constater qu’effectivement, en décembre dernier, le Canadien avait fleureté avec l’idée de se départir du gardien aujourd’hui auréolé. Voilà ce que certains appellent, un revirement de situation.

Il y a quelques mois, Gainey avait offert aux Flyers celui qu’adulent aujourd’hui les fans du Canadiens. Il voulait semble-t-il "satisfaire les demandes du gardien numéro 2 de l’organisation malgré ses exploits" selon Pedneault. Ce dernier ajoute, "Gainey voulait aussi protéger Carey Price". C’est un secret de polichinelle, Price avait été imposé à l’entraineur congédié, Guy Carbonneau.


Ce n’est pas la première fois que je m’intéresse au Canadien et ses congédiements. J’ai également abordé ceux de l’Impact de Montréal. Il y a derrière tout ça d’importantes leçons de leadership pour le monde des affaires. D’autant plus intéressantes qu’on entend régulièrement les corporations crier leurs désarrois à trouver LE leader!

Au-delà du désarroi, il y a bien entendu tout le volet humain des entreprises et les biais qui l’accompagnent. Il ne faudrait surtout pas croire qu’il y a des préférences aveugles seulement dans le monde du sport.

Personnellement et à quelques reprises, j’ai pu voir des gestionnaires faire des choix arbitraires pour mieux protéger un, mieux congédier l’autre. On m’a d’ailleurs déjà dit qu’une décision émanant de la bouche d’un gestionnaire ne pouvait être contestée une fois rendue public. Je comprends que le contraire aurait été de le désavouer. Le contraire aurait été de lui enlever toute crédibilité. À la vie, à la mort comme dirait l’autre!

Personnellement, je n’ai jamais eu le sentiment d’omnipuissance. Je me souviens toutefois de ce moment lors de mes études. Après un examen particulièrement difficile, un collègue me faisait part de sa déconvenue. Il se sentait tellement puissant tout juste avant l’examen selon ses dires. Il retenait alors qu’on n’est peut-être jamais aussi fort qu’on le croit.

Dans plusieurs circonstances, on peut voir des extravertis faire l’étalage de leur omnipuissance. Ce qui n’est pas surprenant en soi, on aime ça les gagnants dans les organisations. On aime ça les winners. Le problème est qu’une fois winners, plusieurs perdent une partie de leur jugement. Une fois winners, plusieurs perdent leur sens critique. Une fois winners, plusieurs en viennent à croire qu’ils sont infaillibles. Une fois winners, certains croient avoir le monde à leur pied.

Bob Gainey n’était pas un extraverti. Et je ne crois pas qu’il se considérait comme étant un winners. Malgré toutes ses réserves et ses aptitudes analytiques, il en est tout de même venu à défendre bec et ongle une décision basée sur un biais émotif. Ce n’est pas le premier. Malheureusement pas le dernier.

Tout comme dans le monde du sport, les entreprises sont à la recherche du talent. Tout comme dans le monde du sport, il serait peut-être plus judicieux d’apprendre à le reconnaître!

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