jeudi 13 mai 2010

Canaliser l'énergie

Je vous l’ai déjà dit à quelques reprises ici même dans les lignes d’une chronique, je ne suis pas un fan de hockey. Hier soir donc, je me suis dirigé vers la piscine du quartier pour aller y faire mes longueurs. En passant devant le restaurant du coin, j’ai entendu des cris provenant de l’intérieur. Le Canadien venait de la mettre dedans comme disent les vrais. J’ai tenté de voir la marque mais pour ce faire, j’aurais eu à me faufiler parmi les clients. J’ai plutôt poursuivi mon chemin.

À quelques reprises sur ma route, j’entendais des «passe la» et «plaque, plaque» par les fenêtres ouvertes des appartements. Dès mon entrée dans le vestiaire, j’ai entendu un bruit de fond; la première fois que j’entendais la radio à cet endroit. En y portant attention afin de filtrer les discussions des uns et des autres, j’ai compris que c’était le déroulement du 7e match qui sortait des haut-parleurs. Le son était inaudible pour comprendre le jeu ou quoique se soit.

Une fois le maillot enfilé, je suis passé à la douche réglementaire; rien de traumatisant tellement l’eau est chaude. Une fois au bord de la piscine, j’ai constaté que j’étais un peu d’avance et que la radio y jouait également; rien à voir avec la musique occasionnelle dépendamment des sauveteurs en service. Curieux du pointage, je me suis rapproché d’un haut-parleur. J’ai beau ne pas être fanatique, je ne suis pas indifférent. Quoi!? Le Canadien est en avance 4-1. Wow! Je ne vous cacherai pas que j’ai eu une petite émotion de plaisir.

Jacques NadeauLe Devoir

Rarement les gens se parlent à la piscine. Mais hier soir, c’était différent. Après mon 30 minutes non-stop, j’ai pris ma petite pause habituelle. Un nageur s’est arrêté dans le couloir à-côté et à peine a-t-il eu le temps de reprendre son souffle qu’il m’a demandé la marque. «Le dernier pointage que j’ai entendu est 4-2». On a échangé sur le sujet et ses origines.

Il m’a fait part qu’il est ici depuis seulement un an alors il aime bien les soirs où il y a des matchs parce qu’il y a moins de monde dans les couloirs; une façon comme une autre de voir le bon côté des choses. Son sport est le foot. Je m’en doutais selon ses attributs ethniques. Nonobstant ci et ça, nos visages exprimaient un certain plaisir compte tenu du pointage en faveur de l’équipe montréalaise.

Après mes sprints, un nageur occasionnel c’est également arrêté. L’annonceur radio parlait avec un débit rapide. «Il vienne de compter un but?», me demande-t-il. «Non je ne crois pas. C’est toujours 4-2». On a échangé quelques mots avant que je m’élance pour mes dernières longueurs; faut bien que l’acide lactique sorte des muscles.

Au sortir de la piscine, le pointage était passé à 5-2 au dire du commentateur. Il restait quelques minutes de jeu. Le revirement de situation que j’anticipais n’était donc plus possible. Mon sentiment de joie est monté d’un cran. Dès que je suis sorti du complexe, j’entendais des cris de joie sortir des appartements tout autour. Ça n’a pas été long que les klaxons se sont mis de la partie. Agréable frénésie!

De retour chez moi, j’ai à peine eu le temps de fermer la porte que le téléphone a sonné. Ma douce était à l’autre bout du fil; elle connaît mon horaire sportif. Elle voulait me dire qu’ils ont gagné. «Oui je sais, ils ont mis la radio à la piscine». On a échangé quelques minutes avant le début du Téléjournal. Inutile de préciser le sujet d’ouverture.

En regardant le reportage, je n’ai pu m’empêcher de penser au leadership. Je voyais les fans envahir la rue Ste-Catherine à la télé. J’avais en mémoire l’effet d’engouement observé tout au long de ma soirée. Avec toutes ces informations en tête, l’évidence m’a encore une fois sauté aux yeux : les gens s’enthousiasment au contact de la victoire et du succès. Pourquoi en serait-il autrement avec vos employés?

Une chose est sure avec la victoire des Habs, c’est que les gens ont de l’énergie à revendre lorsque se produit quelque chose de significatif à leurs yeux. Le défi de la mobilisation n’en est donc pas un d’énergie à insuffler. Le défi de la mobilisation, c’est de savoir canaliser cette énergie.

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