dimanche 30 septembre 2007

Ceci n'est pas du leadership

Pour certains, tous les chemins mènent à Rome. Pour d’autres, tous les faits mènent au leadership. Cette fois-ci, c’est avec le Clostridium difficile qu’on s’y rend. Selon la journaliste qui commentait le rapport du coroner sur l’éclosion de la bactérie à l’hôpital Honoré-Mercier de St-Hyacinthe, c’est un manque de leadership qui a permis aux petites bibittes de s’attaquer à la vie de 16 personnes malheureusement décédées.

Soyons claires, en sa présence comme en son absence, le leadership ne tue pas. Il peut bien avoir le dos large comme on aime dire mais il y a une limite à tout. On peut l’utiliser à tord et à travers, de long en large, pertinemment ou impertinemment, toutefois, vient un moment où l’on doit cesser de croire que tout relève du leadership. Des gens qui meurent dans un hôpital, peu importe leur âge, cela n’a rien à voir avec le leadership.

Dans son rapport, le coroner parle de lacune au niveau de l’hygiène, de l’entretien ménager déficient, de la promiscuité des patients, de la désinfection et de la stérilisation d’équipement. Croyez-le ou non, tout ça n’a strictement rien à voir avec du leadership. Ça relève d’un mot que l’on semble avoir oublié : la gestion. Et oui, la gestion. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle on qualifie de gestionnaire les gens sur qui reposent le fonctionnement d’organismes, d’organisations ou d’entreprises de toutes sortes. On les qualifie de gestionnaire parce qu’ils font de la gestion. Pire encore, il dirige des équipes. Eh oui, ce sont des dirigeants!

Hooo! Avez-vous eu peur? Des gestionnaires, des dirigeants! J’ai parfois l’impression que ce sont des mots honnis de notre vocabulaire. Ne me reste plus qu’à espérer que mon sacrilège ne m’enverra au fond des ténèbres. Hooo!

Trêve de plaisanterie, ce qui s’est passé à Honoré-Mercier n’est d’aucune façon attribuable au leadership. Car bien avant le leadership, il y a la collecte de données, des analyses, des constats, une vision, des objectifs, la planification, la mise en œuvre, le contrôle, les correctifs, etc. Toutes ces étapes qui relèvent de ce qu’on définit comme étant de la gestion sont généralement réalisées par des gestionnaires, des dirigeants, des patrons. Dirigeant, gestionnaire, patron. Des mots que nous avons honnis de notre vocabulaire pour mieux nous éblouir du leader.

Comme je disais, tous les chemins mènent à Rome. Dans le cas de cet hôpital par contre, ce n’est pas où le chemin mène qui nous intéresse. C’est son origine qui est plus révélateur. Et dans ce cas-ci ce n’est pas un conte de fée. On ne peut dire, il était une fois du leadership… À la lumière des circonstances, il est plus juste de dire : «Il était une fois un manque de vison et de rigueur, le tout saupoudré d’incompétence…» Non, ceci n’est pas du leadership! Avez-vous dit leadership?

dimanche 23 septembre 2007

Tête ou coeur?

Imaginez, personne n’a parlé de leadership suite aux élections partielles qui ont eu lieu lundi dernier. Il est vrai que les résultats ont été, d’une certaine façon, contre nature. Il serait tout de même difficile de ne pas revenir sur la suite des choses.

Trop c’est trop je dirais. Trop de courbettes pour faire croire qu’on n’a pas perdu pied. Trop d’explications vides de sens qui ne servent qu’à en mettre plein la vue. Trop de récupérations où on bombe le torse. Trop de justifications pour donner l’impression d’un quelconque contrôle de la situation. Trop de paroles qui ne servent qu’à dire une chose et son contraire. Trop d’interprétations de résultats pour tenter de sauver la face. Trop c’est trop, point.

Bien entendu, c’est parfois impressionnant de voir quelqu’un faire une dissertation sur un rien. Mais si c’est votre façon d’interagir avec vos employés, si c’est votre façon de justifier vos décisions, je vous assure que ce n’est qu’une question de temps pour que votre leadership tombe à plat. Et si cela perdure plus longtemps, je peux vous assurer que ce n’est pas votre leadership mais bien une contrainte, une dépendance, une forme de domination ou tout simplement le manque d’alternatives qui peut l’expliquer. Si votre leadership perdure et que vous avez tout de même du succès, demandez-vous ce que vous pourriez accomplir si vous étiez tout simplement sincère.

Parlant de sincérité, il y a eu un député du parti libéral qui a mentionné que Stéphane Dion était le chef du parti et que dans le cadre d’un gouvernement minoritaire, ce n’était pas le temps de lui faire la guerre. "Il est là, on va travailler avec. Après les élections, on verra". Ça ne peut être plus clair. Passer au suivant comme je vous disais la semaine dernière.

Toujours dans la sincérité, il y a eu cette entrevue de Dominique Poirier avec ce même Stéphane Dion. Wow! Quelle entrevue! Rarement voit-on un politicien tenter de faire comprendre qu’il a compris. Rare de voir quelqu’un dire qu’il a compris qu’il doit changer mais qu’il ne l’avait pas fait jusqu’à maintenant. "Je dois accepter de faire ce que je n’ai pas osé faire jusqu’à maintenant". Ses paroles se passent de commentaire.

Ce que monsieur Dion a compris s’explique assez simplement. Tout le monde le crie sur les toits et ce n’est un secret pour personne, Stéphane Dion est un intellectuel, un homme d’idées, un homme de tête. Pour un politicien, ce n’est pas mal en soi. Mais le leadership, celui qui mobilise les gens, celui qui encense les foules, c’est par le cœur qu’il passe. Comme je dis dans ma conférence Leadership et paradigmes, Monsieur Dion doit sortir de sa tête pour entrer dans son cœur.

Être dans son cœur, c’est vivre le moment présent. Ressentir nos émotions, au fur et à mesure qu’elles prennent place en nous et interagir en fonction de celles-ci. Ce n’est pas toujours facile de vivre le moment présent. Ce n’est pas facile pour les politiciens ni pour les gestionnaires. Mais pour mobiliser les gens, pour motiver nos employés, il est essentiel d’interagir avec eux au niveau des émotions et non froidement au niveau des idées.

Monsieur Dion a compris ce qu’il devait faire. Ce n’est pas un mince défi. Cela va lui demander de grands efforts. Le simple fait d’en parler le rend nerveux. On pouvait le noter à la télé. Son verre d’eau était à portée de main et à quelques reprises, on pouvait sentir sa gorge serrée. On verra dans les prochains mois s’il va surmonter cet obstacle, dans tous les sens du mot. Cet obstacle entre lui et les électeurs. Cet obstacle entre sa future élection comme premier ministre ou chef déchu du parti libéral.

La semaine dernière, je vous parlais d’un petit quelque chose… Et vous, êtes-vous plus dans votre tête ou dans votre cœur?

lundi 17 septembre 2007

Passer au suivant

Oui messieurs dames, je l’ai entendu à la radio : «Le leadership de Stéphane Dion est présentement en jeu». Il semblerait que si le parti Libéral, dans le comté d’Outremont, ne gagne pas les élections partielles qui auront lieu dans quelques heures (lundi le 17 novembre), la fosse aux lions sera ouverte. Eh oui, le leadership de M. Dion sera contesté! Avez-vous dit leadership?

Avouez que les partis politiques savent comment se bidonner. Remarquez que je ne précise pas de qui ils se bidonnent. Contester le leadership d’un leader. J’ai parfois l’impression que nous sommes les dindons de la farce. Comment peut-on contester le leadership d’un individu? Je vous le demande. À mes yeux, il serait peut-être plus pertinent de se demander si la personne est un réel leader.

Remarquez que je n’ai rien contre Stéphane Dion lui-même. Par contre, dans les médias, j’ai l’impression que c’est toujours le même refrain qu’on entend. Dans le genre… Lui c’est notre homme, il a ci, il a ça. Il peut faire ci, il peut faire ça. Il connaît ça, il connaît ci. Et là, dès qu’on voit que la mayonnaise ne monte pas, on passe au suivant.

Toujours la même histoire. Ils l’ont fait avec les Johnson (les deux frères Pierre-Marc et Daniel), Bernard Landry, Lucien Bouchard, Paul Martin, René Lévesque, André Boisclair et combien d’autres dont je n’ai mémoire? Les prochains sur la liste seraient, semble-t-il, Charest et Dion. Que dire de Marois? On nous la présente comme LE leader alors qu’il y a quelques mois à peine, elle était déchue. Une hasbine avec des idées de grand-mère semblait-il. Vous me direz qu’il n’y a que les fous qui ne changent pas d’idées! Passez au suivant.

Tout ça me laisse perplexe; perplexe face à nos perceptions du leadership. Cette façon de passer au suivant me donne l’impression que l’on confond leadership et un quelconque désir de gagner à tout prix. C’est une confusion pernicieuse car le but du leadership n’est pas de gagner. Le leadership sert à mobiliser, encenser. Faut croire qu’on aime passer au suivant.

On parle de leadership sans réellement savoir ce que c’est. On auréole nos leaders tant qu’ils nous donnent l’espoir de gagner. Sinon, on passe au suivant. D’une certaine façon, si nos chefs politiques étaient de réel leader, ce n’est pas parce qu’ils perdent une élection qu’ils auraient perdu leur leadership. Le leadership n’a rien à voir avec le fait de gagner ou non. Le leadership, c’est complètement autre chose.

En fait, on a perdu de vue qu’un leader est quelqu’un qui inspire les gens. Quelqu’un qui mobilise son entourage dans la réalisation de projet que l’on croyait impossible. Quelqu’un qui se donne corps et âme pour que sa façon de voir le monde puisse se concrétiser. Quelqu’un qui endosse des valeurs nobles afin que son milieu soit plus juste. Quelqu’un qui s’engage dans des actions qui demandent courage et détermination. Quelqu’un qui défend ses idées parce qu’il y croit et non parce qu’elles sont populaires.

Il est rare de retrouver de réel leader dans les milieux politiques. Il y a certes des gens qui ont des idées et tout et tout. Mais il leur manque un petit quelque chose. Lorsque nous aurons compris ce qu’est ce petit quelque chose, on cessera de passer au suivant.

lundi 10 septembre 2007

Cette semaine en manchette

Je ne sais pas pour vous mais pour moi, la semaine a été riche en leadership! Avez-vous dit leadership? Tu parles, le festival du leadership. Rien de moins. Et comme j’ai déjà dit : «Pas facile d’exercer du leadership lorsque tout est devenu du leadership».

Ça a commencé avec les écoles qui ont perdu leur leadership dans l’implantation de l’internet dans leur milieu. Perdu leur leadership… Par rapport à quoi, à qui? Me semble qu’il aurait été plus simple de dire qu’elles ont perdu la cadence, le rythme, l’intérêt, leur dynamisme, l’énergie, l’ardeur à la limite, leur «momentum». Tout en étant plus clair, cela aurait donné l’exemple. On parle des écoles après tout. Les enfants y vont pour apprendre à parler, à bien utiliser le vocabulaire, développer leurs idées. Donner l’exemple, servir de modèle, n’est-ce pas là une réelle façon d’inspirer les autres?

Par la suite, on a eu droit à une symphonie du leadership. Une symphonie qui, j’aime mieux le préciser, n’a aucun lien avec le regretté départ de ce grand ténor qu’était Luciano Pavarotti. Parce qu’honnêtement, il serait peut-être plus juste de parler de cacophonie. Dans le premier mouvement, on nous a parlé de John Howard le leader de l’Australie. Leader de l’Australie! Pourtant, premier ministre aurait été beaucoup plus approprié en plus d’améliorer la qualité de l’information transmise.

Sur une note humoristique, alors qu’il n’y a pourtant rien de drôle en Afghanistan, on a demandé à un responsable de l’armée canadienne s’ils ont eu des pourparlers avec le leader des talibans. Euh! Vous cherchez l’humour?... Leader par ci, leader par là… Premier ministre ou terroriste! Je veux bien croire que ça rime mais lorsque l'un et l'autre sont des leaders, y a de quoi rire jaune! Faites votre choix, ce n'est pas le mien.

Et pour finir, évidemment, la totale. Lors de son discours au sommet des leaders de la zone Asie-pacifique, le premier ministre Harper a affirmé aux 100 leaders présents qu’il voulait faire du Canada le leader de la protection de l’environnement. Selon lui, le Canada doit démontrer son leadership au niveau de l’environnement. Monsieur Harper veut faire du Canada le leader mondial de la lutte contre les changements climatiques. Sans commentaires, on a le leader facile.

Eh oui messieurs dames, le leadership est à la mode. Après la bourse du carbone, on devrait partir la bourse du leadership. Le marché est à la hausse et la tendance risque de se maintenir encore longtemps.

Pour ma part, comme professionnel du leadership, ça me désole que cette utilisation à tout vent. Je veux bien admettre que c’est la saison des ouragans mais quand même, soyons sérieux. Il parait que toutes les routes mènent à Rome, n’empêche, n’y allons pas par quatre chemins : Où, qui, quand, comment un gestionnaire peut-il prendre exemple pour améliorer son leadership si tout est devenu du leadership?

Sur ce, gardez l’œil ouvert car plus tôt que tard, vous aurez le leadership à l’oreille!

dimanche 2 septembre 2007

Quel est votre style?

Avec plus de 400 000 000, oui oui, 400 millions, d’entrées sur Internet pour les mots leader et leadership, vous comprenez qu’il s’en dit des choses sur le sujet. Bien entendu, on y trouve des conseils pour exercer du leadership et parmi ceux-ci des styles à adopter en fonction des circonstances, le fameux leadership situationnel, des événements et quoi encore. Cette semaine, l’actualité a été généreuse. Voici donc trois styles de leadership pour vous inspirer, ou le contraire.

Le premier, je le surnomme «Surfer sur la vague». Il y a des politiciens qui excellent dans cette discipline. Ici au Québec, nous avons Mario Dumont qui se distingue des autres à ce niveau. M. Dumont est un surfeur car il sait lire les tendances de l’opinion publique. Il a été parmi les premiers à parler des accommodements raisonnables il y a près d’un an. Par la suite, il a fait quelques mois sur le thème de l’immigration et lors du dernier congrès de son parti, il a sauté sur la vague des délinquants sexuels. Certes, il a un très bon flair politique et pour un politicien, c’est une compétence quasi indispensable; du moins aux yeux de certains. Pour ma part, dans mon champ d’expertise, j’appellerais ça du leadership opportuniste. On en voit à tous les jours dans les milieux politiques. Et malheureusement, si vous êtes le moindrement attentif, il y a de fortes chances que vous en voyez également dans votre environnement.

Le deuxième style, je le qualifierais de factice. Le style factice comporte une variante qui elle se joue au niveau de la séduction. À noter que certains leaders adoptent ce style lorsqu’ils voient que leurs réelles motivations ne sont plus endossées par la majorité. Alors ils nous disent qu’ils ont compris le message. Que dorénavant, ils vont être à l’écoute. Du moins, le temps de nous convaincre que dans le fond tout ce qu’ils veulent, c’est de faire leur idée maîtresse. Nouvellement promue chef du parti québécois, Pauline Marois excelle à ce niveau. Mme Marois nous dit qu’elle va être à l’écoute de la population, à l’écoute des besoins des gens, etc. Elle nous dit tout ça avec son magnifique sourire en précisant que dès que c’est possible, le parti va revenir à la promotion de la souveraineté. Vous comprenez le style factice?

Le troisième style, c’est celui que je préfère. Celui que je promeus dans ma conférence et mes ateliers. En fait, ce n’est pas vraiment un style car c’est du leadership, le vrai leadership. L’actualité nous en a donné un bel exemple cette semaine avec l’hommage que Londres a fait à Nelson Mandela. Pourquoi Mandela est-il un vrai leader? Je sais, vous le savez de vous-même. Cela saute aux yeux, c’est une évidence. Mandela a défendu ses principes, ses valeurs, contre vents et marées. Ce n’est pas quelqu’un qui a cherché à suivre les tendances ou qu’il a fait semblant d’être à l’écoute des autres en attendant que ses idées redeviennent populaires. Il a gardé le cap sachant que ses idées étaient celles qu’il devait suivre pour être intègre envers lui-même. Non, il n’y a pas de lapin dans le chapeau avec le vrai leadership!

Et vous, on vous demande d’exercer du leadership? Vous aimeriez que vos employés reconnaissent vos qualités de leader? Et bien, ne vous reste plus qu’à faire votre choix dans le style de leadership qui vous convient!