lundi 17 septembre 2007

Passer au suivant

Oui messieurs dames, je l’ai entendu à la radio : «Le leadership de Stéphane Dion est présentement en jeu». Il semblerait que si le parti Libéral, dans le comté d’Outremont, ne gagne pas les élections partielles qui auront lieu dans quelques heures (lundi le 17 novembre), la fosse aux lions sera ouverte. Eh oui, le leadership de M. Dion sera contesté! Avez-vous dit leadership?

Avouez que les partis politiques savent comment se bidonner. Remarquez que je ne précise pas de qui ils se bidonnent. Contester le leadership d’un leader. J’ai parfois l’impression que nous sommes les dindons de la farce. Comment peut-on contester le leadership d’un individu? Je vous le demande. À mes yeux, il serait peut-être plus pertinent de se demander si la personne est un réel leader.

Remarquez que je n’ai rien contre Stéphane Dion lui-même. Par contre, dans les médias, j’ai l’impression que c’est toujours le même refrain qu’on entend. Dans le genre… Lui c’est notre homme, il a ci, il a ça. Il peut faire ci, il peut faire ça. Il connaît ça, il connaît ci. Et là, dès qu’on voit que la mayonnaise ne monte pas, on passe au suivant.

Toujours la même histoire. Ils l’ont fait avec les Johnson (les deux frères Pierre-Marc et Daniel), Bernard Landry, Lucien Bouchard, Paul Martin, René Lévesque, André Boisclair et combien d’autres dont je n’ai mémoire? Les prochains sur la liste seraient, semble-t-il, Charest et Dion. Que dire de Marois? On nous la présente comme LE leader alors qu’il y a quelques mois à peine, elle était déchue. Une hasbine avec des idées de grand-mère semblait-il. Vous me direz qu’il n’y a que les fous qui ne changent pas d’idées! Passez au suivant.

Tout ça me laisse perplexe; perplexe face à nos perceptions du leadership. Cette façon de passer au suivant me donne l’impression que l’on confond leadership et un quelconque désir de gagner à tout prix. C’est une confusion pernicieuse car le but du leadership n’est pas de gagner. Le leadership sert à mobiliser, encenser. Faut croire qu’on aime passer au suivant.

On parle de leadership sans réellement savoir ce que c’est. On auréole nos leaders tant qu’ils nous donnent l’espoir de gagner. Sinon, on passe au suivant. D’une certaine façon, si nos chefs politiques étaient de réel leader, ce n’est pas parce qu’ils perdent une élection qu’ils auraient perdu leur leadership. Le leadership n’a rien à voir avec le fait de gagner ou non. Le leadership, c’est complètement autre chose.

En fait, on a perdu de vue qu’un leader est quelqu’un qui inspire les gens. Quelqu’un qui mobilise son entourage dans la réalisation de projet que l’on croyait impossible. Quelqu’un qui se donne corps et âme pour que sa façon de voir le monde puisse se concrétiser. Quelqu’un qui endosse des valeurs nobles afin que son milieu soit plus juste. Quelqu’un qui s’engage dans des actions qui demandent courage et détermination. Quelqu’un qui défend ses idées parce qu’il y croit et non parce qu’elles sont populaires.

Il est rare de retrouver de réel leader dans les milieux politiques. Il y a certes des gens qui ont des idées et tout et tout. Mais il leur manque un petit quelque chose. Lorsque nous aurons compris ce qu’est ce petit quelque chose, on cessera de passer au suivant.

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