dimanche 31 janvier 2010

Charisme et leadership

Il y a quelques jours, la journaliste Aude Marie Marcoux m’interviewait pour mon point de vue concernant l’existence du leader naturel, le leader né. Le texte de notre entretien a été publié jeudi dernier sur le site Internet d’Urgence Leadership. Après avoir salué mon approche, un lecteur se demandait si on peut être un leader naturel sans pour autant avoir de charisme. J’ai trouvé la question très intéressante.

La question est intéressante, car tout comme le leadership, le charisme est un mot pour lequel tout un chacun a sa propre définition. Dans les circonstances, avant d’entrer dans le débat, regardons la définition du Petit Robert :

Qualité qui permet à son possesseur d’exercer un ascendant, une autorité sur un groupe.

Au premier abord, avoir de l’ascendance ou de l’autorité sur un groupe, cela ressemble à du leadership. Un leader a effectivement de l’ascendance sur les autres. Cela dit, selon moi, on peut être un leader naturel sans nécessairement avoir de charisme. Cela est possible, car le leadership est l’aptitude à influencer les autres et l’influence d’un individu provient de différentes compétences ou attributs personnels; différentes compétences ou attributs dont parfois, je dois l’admettre, le charisme.


Le charisme peut contribuer au leadership d’un individu, mais ce n’est pas le charisme qui est son leadership. Pour s’en convaincre, regardons du côté de nos feux politiciens. Par exemple, pensons à René Lévesque qui selon moi, était quelqu’un qui avait du charisme. Pour sa part, Pierre-Elliot Trudeau n’était pas charismatique. Pour autant, cela ne l’a pas empêché de devenir premier ministre du Canada et même, devenir l’un des mythiques Premier ministre du pays.

La distinction entre leadership et charisme est encore plus évidente lorsqu’on fait intervenir le modèle auquel je réfère régulièrement, Les Force Leaderiales. Ainsi, les fidèles lecteurs penseront immédiatement au leader affectif et au leader cognitif. Dans ce modèle, René Lévesque était un affectif. Pour sa part, Pierre-Elliot Trudeau était un cognitif.

Cela dit, le maire Régis Labeaume, lui-même un affectif, n’est pas quelqu’un de charismatique comme l’était René Lévesque. Est-ce que cela l’empêche de diriger la ville de Québec avec brio? Absolument pas. Comme certains s’amusent à l’appeler, Régis Premier a indéniablement du leadership. Et j’ajouterais un leadership positif, constructif, pour sa collectivité.

Pour tenter de distinguer plus encore le charisme du leadership. Je dirais que le charisme nous interpelle au niveau des émotions. C’est quelque chose de ressenti. Quelque chose chez l’autre qui nous fascine. Le charisme me semble être un mélange d’envie, d’admiration et de projection de soi dans l’autre.

Tout comme le charisme, le leader affectif nous interpelle au niveau des émotions. Mais là s’arrête la similitude, car le leadership affectif éveille surtout nos besoins et désirs. Entre autres, le besoin d’accomplissement et de réalisation de soi.

De façon générale, le leadership nous pousse à passer à l’action. Il nous mobilise à poser des gestes que nous n’aurions pas faits normalement. Ce qui n’est pas le cas avec le charisme. Le charisme ne mobilise pas, il transpose. Souvent, il transpose dans un état d’adulation, de vénération, d’idolâtrie ou un mélange de ces ressentis.

Isolément, le charisme n’est pas une source de motivation aux yeux des autres comme peut l’être le leadership. Le charisme est selon moi, principalement une source d’admiration.

À l’occasion, le charisme peut être une composante du leadership d’un individu. Mais il ne sera jamais le leadership de cet individu. Je conclus donc en affirmant qu’il est effectivement possible d’être un leader naturel sans charisme.

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mardi 26 janvier 2010

LHJMQ: Mettre ses culottes

Serait-ce le syndrome du gars qui achète une voiture et qui la voit partout le lendemain? Ou un autre de mes superstitieux alignements de planètes? Je ne sais trop, mais entre nous, cela m’importe peu. Cela m’importe peu, car je ne peux passer à côté du sujet. Je parle bien entendu de la suspension de Patrice Cormier. Vous savez? Le jeune joueur des Huskies de Rouyn-Noranda qui a asséné un coup de coude à Mikaël Tam des Remparts de Québec? Pourquoi est-ce que je ne peux passer à côté de ce sport qui, comme je le mentionnais dernièrement, je considère barbare?

Serait-ce parce que je suis anormal comme je le disais dans Normalité? Ou une autre démonstration de leadership comme on les aime ici sur ce blogue? N’ayez crainte, toujours entre nous, je sais très bien pourquoi je ne peux passer à côté du sujet. La décision du préfet de discipline de la LHJMQ, Raymond Bolduc, est tout simplement l’exemple à suivre. L’exemple à suivre lorsqu’on veut développer une culture du leadership.

Il m’était impossible de passer à côté du sujet, car on a tendance à croire que le leadership, c’est de mobiliser, d’inspirer, motiver, écouter, etc. Moi-même j’alimente la tendance et cela est compréhensible. Il est préférable de développer le leadership par le registre de l’empowerment mais parfois, il faut appeler un chat un chat afin de démarquer de façon claire et précise les limites du terrain de jeu.

Photo: Normand Simard

Hier, la ligue de hockey junior majeur du Québec a fait savoir que les coups de coude gratuits et intentionnels ne sont pas permis dans leur terrain de jeu. Si vous voulez mon avis, il était temps que quelqu’un mette fin à cette violence gratuite. Il était temps que quelqu’un mette ses culottes au sein de cette organisation. Mais comme vous le savez, il n’est pas toujours facile de mettre ses culottes lorsque graduellement, l’anormal est devenu normal pour ainsi devenir la norme.

Et il est là le problème des organisations. On laisse aller les choses parce qu’on pense que c’est acceptable. On laisse aller parce qu’on n’ose dire ce qu’on pense. Parfois parce qu’on ne veut pas nuire à nos relations. D’autres fois parce qu’on ne veut pas nuire à la performance. Dans la LHJMQ, on ne voulait pas mettre un frein aux bagarres dont les spectateurs se délectent. Barbare je vous disais.

J’ai encore en mémoire cette entreprise où ce technicien à l’entrée des données avait pris le contrôle du département d’ingénierie. Je n’étais pas là au début, mais j’imagine qu’il avait commencé par des petites blagues anodines aux yeux de ses supérieurs. J’imagine qu'ils pensaient que cela pouvait être bon pour l’esprit d’équipe. Graduellement, les petites blagues anodines sont devenues assassines. Jusqu’au jour où plus personne ne savait quoi faire pour contrer ce leader négatif.

La décision de la LHJMQ de suspendre Patrice Cormier pour le reste de la saison est importante et porteuse d’un message clair. Mais plus important, la décision démontre qu’il ne faut pas attendre avant de prendre action. Attendre, c’est la pire façon de développer une culture organisationnelle ou une culture du leadership.

Évidemment, la question est de savoir comment faire pour ne pas attendre. Ou si vous préférez, comment faire pour porter ses culottes. C’est pourtant très simple, il suffit de mettre une ceinture et des bretelles!

Plus sérieusement, une culture du leadership se développe lorsque dès le départ, on connaît le type d’organisation que l’on veut. Pour développer une culture du leadership, il faut connaître les types de comportements que l’on considère acceptables et inacceptables. Il faut savoir communiquer les valeurs et les attitudes que l’on veut voir au sein des équipes et celles que l’on proscrit.

Et vous dans votre organisation, vous les connaissez les comportements acceptables et inacceptables? Le personnel a connaissance des valeurs et des attitudes qui caractérisent votre culture organisationnelle et votre culture du leadership? L’exemple de la LHJMQ est assez flagrant, il ne faut pas attendre que les comportements dégénèrent pour mettre ses culottes!

Communiqué de presse de la LHJMQ ici

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dimanche 24 janvier 2010

Obama: Un an après

Il y a un an, la frénésie était à son apogée. Plusieurs croyaient en un monde meilleur. Il y a un an, l’espoir était omniprésent. Les attentes des uns comme des autres semblaient sur le point de devenir réalité. Il y a un an, on imaginait que l’impossible était possible. Toute l’Amérique et le monde étaient tournés vers Washington D.C. Il y a un an le 20 janvier 2009, Barack Obama prêtait serment pour devenir le 44e président des États-Unis.

Il y a un an dans Yes we can, je parlais de Barack Obama comme l’exemple à suivre lorsqu’il est question de leadership. J’expliquais alors que le rôle du leader est entre autres, d’inspirer, de donner l’exemple, de communiquer ses valeurs, de montrer le chemin à suivre ainsi que donner les directives. Il y a un an, en regardant Obama, il semblait facile d’exercer du leadership.

Un an plus tard avec la dégringolade de la cote de popularité d’Obama dans les sondages, avec l’élection la semaine dernière de Scott Brown du parti Républicain à l’élection partielle du Massachusetts, il faut se rendre à l’évidence: il faut plus que la présence d’un leader pour que le leadership prenne forme. Il faut plus que des aptitudes et des compétences pour que le leadership mobilise les uns comme les autres.

Un an après son élection, l’évidence est que les États-Unis ne sont pas propices à la mise en œuvre du leadership de Barack Obama. Un an après l’élection, l’évidence est que le leadership ne peut se développer dans un environnement qui ne respecte ni l’individu ni ses idées. L’évidence est qu’il manque un ingrédient pour que le leadership d’Obama permette la réalisation des projets envisagés. Ce qu’il manque aux États-Unis, c’est une culture du leadership*.

C’est important de prendre conscience que les difficultés actuelles de Barack Obama ne sont pas liées à ses aptitudes ou ses compétences en tant que leader mais bien à la culture du leadership dans laquelle il évolue. Il est important d’en prendre conscience surtout lorsqu’on cherche à développer le leadership au sein d’une organisation.

D’autant plus important de prendre conscience des difficultés d’Obama si on croit qu’il suffit de prendre des cours et des formations pour développer des leaders. Important d’en prendre conscience, car la vérité saute aux yeux: les problèmes de leadership ne relèvent pas nécessairement de l’individu. Les problèmes de leadership ne relèvent pas toujours des compétences ou aptitudes du concerné. Plus souvent, les problèmes de leadership relèvent de l’environnement. C’est une évidence, Barack Obama évolue dans un environnement hostile.

Charles Dharapak/AP

Plusieurs organisations cherchent à développer le leadership au sein de leur personnel. La première année de Barack Obama à la présidence des États-Unis doit nous faire réfléchir sur les moyens à prendre. Certes, il est important de former le personnel. Toutefois, il est impératif de comprendre que les réels problèmes de leadership relèvent plus des intentions des uns et des autres que de la formation.

C’est l’évidence, les problèmes de leadership dans les organisations relèvent trop souvent de l’intention des uns à ravir le pouvoir aux autres. Et malheureusement, l’Humain, oui l’Humain avec un grand H si vous me le permettez, est souvent prêt aux plus basses bassesses pour parvenir à ses fins. En ce sens, l’opposition et les lobbys américains ont attaqué l’intégrité de Barack Obama de toutes les façons possibles. Tout simplement déplorable.

Il y a un an, Barack Obama nous démontrait que pour avoir du leadership, il faut être en mesure de répondre aux aspirations des gens. Un an plus tard, il nous démontre que pour avoir du leadership, il faut être entouré de gens qui nous respectent. Un an plus tard, on doit comprendre que pour avoir du leadership il faut être en présence de gens dont le désir et les intentions ne sont pas de prendre le pouvoir pour le pouvoir, coûte que coûte.

Un an après l’arrivée de Barack Obama à la Maison Blanche, la leçon est une évidence : peu importe les aptitudes du leader, il ne peut y avoir de leadership sans la présence d’une culture qui le favorise et qui contribue à son émergence.

La prochaine fois que vous chercherez à développer le leadership au sein de votre unité d’affaires, avant de faire quoi que ce soit, commencez par regarder quelles sont les valeurs et les ambitions de vos collaborateurs. Prenez le temps de bien regarder, car c’est à même les valeurs et les ambitions des uns et des autres que prend forme la culture du leadership. Et ça, on ne peut le nier, Obama nous en a fait la preuve un an après son arrivée à la Maison Blanche.


* Pour plus d’information sur la culture du leadership, veuillez consulter la série d’articles du troisième volume de l’infolettre Le Meneur! Le mensuel du leadership.


Dossier complet de l’an un de Barack Obama sur Radio-Canada.ca :
Introduction : Ici
Économie : Ici
Relations internationales : Ici
Société : Ici
Environnement : Ici

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mardi 19 janvier 2010

LHJMQ: La normalité

Je ne suis peut-être pas normal? Je n’ai peut-être jamais été normal? Que voulez-vous, je ne n’ai jamais joué au hockey de ma vie. Je n’ai jamais joué et de plus, je n’ai jamais été intéressé par ce sport. Pour un Québécois, y a-t-il plus anormal? J’aurais pourtant pu l’être, intéressé. Je me souviens encore de ces soirées où encore trop jeune, coucher dans mon lit, j’entendais les cris provenant du salon. He scoorees!!! Wouééé! Ça semblait très captivant, mais je finissais par m’endormir. On a besoin de sommeil lorsqu’on est jeune.

Plus tard à l’adolescence près de la piscine, c’était le débat entre le Canadien, Les Flyers et Boston. Des heures et des heures de débat au sein de la gang. J’écoutais, mais je n’avais rien à dire, comme je vous disais, le hockey ne m’a jamais vraiment intéressé. Je dois tout de même avouer que maintenant que je m’intéresse au leadership, j’aime écouter la Zone à Radio-Canada. J’aime la Zone, mais pas pour le hockey. J’aime pour les jeux de pouvoir entre les différents intervenants.

Il y a quelques années, je me souviens d’une conversation avec Claude et Denis (noms fictifs). On jouait une partie de golf. On parlait de choses et d’autres. Je ne sais trop comment, probablement une conversation de gars, le hockey est venu sur le tapis. Je me croyais en terrain neutre. J’ai alors exprimé ce que j’en pense: c’est un sport de barbares. À ce moment, Claude que je connaissais très peu, m’a regardé d’un œil suspicieux; lui il aimait ça jouer au hockey. Il n’était vraiment pas d’accord avec moi.

Quelques semaines plus tard, on jouait à nouveau une partie de golf. Faut croire que Claude n’était pas rancunier. Je n’ai quand même pas tourné le fer dans la plaie. Je n’ai pas fait de commentaire sur son œil au beurre noir. Peut-être avait-il eu une chicane de famille après sa partie de hockey ou son gars lui avait peut-être donné un coup alors qu’ils jouaient ensemble? Qui sait!

Il y a près de deux ans dans Barbarisme, je commentais la démonstration de testostérone de Jonathan Roy. Je parlais alors de l’effet de l’empowerment sur un individu. Dans ce cas-ci, effet pervers. L’an passé je récidivais avec le fils de l’autre alors qu’il passait à Tout le Monde en Parle (TLMEP). Je parlais alors de l’impact d’une culture organisationnelle sur l’attitude et le comportement des individus.

Hier soir à Rouyn-Noranda, on a eu une autre belle démonstration de l’impact d’une culture organisationnelle là où le barbarisme est valorisé. Hier soir à Rouyn-Noranda, Patrice Cormier des Huskies a joué du coude au détriment de Mikaël Tam des Remparts de Québec. Y parait qu’une photo vaut mille mots. Que vaut alors cette vidéo sous l’angle du leadership? Avez-vous dit leadership?


Bien sûr que certains vont dire que le hockey est un sport d’homme. Un sport d’homme parce le hockey est un sport physique. Un sport physique parce que les joueurs se plaquent. Et lorsqu’on se plaque, viens un moment où l’un n’est pas content de l’autre. Et lorsque t’es pas content, c’est normal que tu le fasses savoir à l’autre.

Et c’est comme ça qu’on pousse et repousse les limites de la normalité. Parce que lorsque t’es pas content, on pense que c’est normal de se battre. Et lorsqu'on pense que c'est normal de se battre, on en vient à croire que dans le feu de l’action, c’est avec une taloche et une autre que tu fais savoir que t’es pas content. C’est normal!

Ce qui est curieux avec la normalité, c’est que tout est normal jusqu'à ce que ça devienne anormal. Et ça, la LHJMQ nous en fait une belle démonstration. Et vous sous l'angle du leadership, vous le savez ce qui est normal au sein de votre entreprise?

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dimanche 17 janvier 2010

Haïti: au-delà du leadership

Dès mercredi matin, je savais que ma chronique dominicale parlerait d’Haïti. Comment faire autrement? Comment faire autrement lorsque tout s’écroule sous nos pieds. Ou pour nous au loin, lorsque tout s’écroule sous nos yeux. Comment faire autrement lorsqu’honnêtement, on se sent impuissant?

Personnellement, je l’avoue, je me sens impuissant devant le désastre. Peut-être encore plus impuissant parce que je suis ingénieur. Vous imaginez? Moi et mes confrères sommes capables de projets grandioses qui dépassent l’entendement par leur complexité. Projets grandioses, mais sans aucune mesure avec ce qui sera nécessaire pour reconstruire Haïti.

En regardant les images en provenance d’Haïti, je me sens impuissant parce que je sais ce que nous sommes capables de faire. Je me sens impuissant parce que je sais également qu’il y a un inéluctablement délai entre ce qu’on aimerait faire et ce qui peut être fait. Curieusement, plus ce qu’on aimerait faire est grand, plus le délai semble long.

Le délai est peut-être encore plus long lorsqu’en regardant les images d’Haïti, je me sens un peu haïtien. En regardant les images, j’ai l’impression que nous sommes tous un peu haïtiens. Pour s’en convaincre, il suffit de regarder tout le branle-bas de combat qui se met en place. Tous un peu haïtien parce qu’au fond, être haïtien, c’est être humain.

Être humain, c’est avoir des émotions. Être humain, c’est avoir de l’empathie. Être humain, c’est être capable de faire le lien entre l’émotion et l’empathie. Être humain, c’est comprendre que l’autre a besoin d’aide. Être humain, c’est agir lorsque l’autre a besoin d’aide. Être humain, c’est réagir face à l’adversité.

Réagir face à l’adversité, c’est avoir du leadership. Et c’est pour ça que je savais que ma chronique dominicale allait parler d’Haïti. Tout le monde réagit à ce qui se passe là où la terre a vibré. Tout le monde veut aider son proche, son ami, son voisin, son collègue ou ces inconnus frappés par la malchance. Tout le monde réagit pour aider et personnellement, je trouve cela fantastique.

Oui elle est fantastique cette mobilisation planétaire et toute cette générosité. Elle est fantastique parce qu’elle permet de voir que l’humain est capable de s’oublier afin de mieux aider. Elle est fantastique cette générosité parce qu’elle permet de comprendre que l’humain est capable de se mobiliser sans penser à ce qu’il peut en retirer. Se mobiliser sans penser à ce qu’on peut en retirer, voilà ce qu’est le leadership tant recherché.

Se mobiliser au lieu de penser à soi, n’est-ce pas ça le problème des organisations? Des gens qui tergiversent afin de prendre avantage sur lui et l’autre?

Depuis mardi dernier 16h53, il n’y en a pas de tergiversation. De par le monde, tous prennent action afin d’aider le peuple haïtien. Tous prennent action sans se demander ce qu’ils peuvent en soutirer. Et c’est ça le leadership que recherche nombre d’individus et d’organisations : agir pour la cause et non agir pour sa cause.

La population haïtienne a besoin d’aide et la réponse mondiale est une belle démonstration de générosité. Une belle démonstration de leadership. Une démonstration dont il faudrait se souvenir parce que c’est tout simplement ça aller au-delà du leadership.

Courage à tous les Haïtiens et sympathies à ceux éprouvés.


Pour aider Ingénieurs Sans Frontières Québec (ISFQ) dans la reconstruction d'Haïti: ISFQ

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jeudi 14 janvier 2010

De Cacouna à Copenhague

Encore une fois cette semaine, l’actualité nous offre une belle leçon de leadership. L’événement s’est produit à Rivière-du-Loup: la première rencontre entre Jean Charest et Stephen Harper depuis le sommet de Copenhague comme l’explique Pierre Duchesne dans son reportage* à Radio-Canada. La rencontre est intéressante, car à Copenhague, Jean Charest n’y a pas été avec le dos de la main morte à l’égard du gouvernement Harper comme l’aurait dit jadis, l’entraineur du Canadien.

Je trouve la rencontre de Rivière-du-Loup intéressante à plusieurs égards. D’une part, il y a la rencontre de deux chefs de gouvernement d’un même pays. Intéressant, car ça me fait penser à ce qui se passe dans une entreprise. On a beau avoir celui qui est à la tête de l’organisation, rien n’empêche les autres dirigeants de prendre leur place.

Tout le monde est d’accord avec l’idée qu’il n’y a pas qu’un leader dans une organisation. Mais lorsque vient le temps de parler de leadership, tout de suite on pense au PDG. Comme s’il n’y avait que lui qui avait de l’influence sur le personnel. Pour comprendre le leadership, il faut garder à l’esprit qu’il y a plusieurs leaders au sein d’une entreprise. Pour comprendre le leadership, il faut avoir des notions. Il faut avoir un modèle auquel on peut se référer.

La présence de plusieurs leaders dans le même environnement, c’est ce que j’ai appelé la Dynamique Leaderiale dans mon modèle du leadership.


Dans une Dynamique Leaderiale, les leaders présents les uns avec les autres agissent et réagissent en fonction de leurs agendas personnels. Par exemple, ce n’est plus un secret pour personne, l’agenda environnemental d’Ottawa et de Québec sont à des lieux de divergence. Ce qui n’est pas sans conséquence sous l’angle du leadership! Avez-vous dit leadership?

Ce que je trouve intéressant de la rencontre de Rivière-du-Loup, c’est qu’elle met en évidence les jeux et les enjeux présents dans une organisation. Des jeux et des enjeux présents parce que l’un ne voit pas les choses comme l’autre. Intéressante cette rencontre parce qu’elle le souligne à gros trait : cesser de croire qu’un leader est quelqu’un d’harmonieux qui croit de façon indéfectible à la vertu.

Fallait voir sourire Jean Charest en point de presse en se tournant vers Stephen Harper : "La digestion anaérobie, vous en avez probablement connu aussi monsieur Harper à Ottawa. Il y en a beaucoup." Dans son sourire, fallait-il comprendre qu’une digestion anaérobie produit du gaz méthane? Il y en a beaucoup à Ottawa… heuuu… Il y a beaucoup de péteux de broue?

Ou encore, " Peu importe où je me trouve. Que ce soit à Cacouna ou à Copenhague, sur ces questions-là, je tiendrai le même discours au nom des Québécois." Cocoricooo! Quoi de mieux que de faire le coq pour jouer au plus smatte! Ça, c’est ce que j’appelle du leadership négatif dans mon modèle.

Évidemment, il y a ceux qui vont dire que la politique c’est comme ci et comme ça et que ce n’est pas le reflet de ce qui se passe dans les entreprises. Malheureusement, c’est souvent eux les premiers qui trouvent qu’il est difficile d’avoir du leadership.

En ce début d’année, si vous cherchez à améliorer les performances au sein de votre organisation, ne cherchez pas de Cacouna à Copenhague ce qu’il faut faire. Commencez par chercher qui sont les p’tits coqs au sein du personnel. Faites le et vous en prendrez conscience par vous-même, on ne fait pas d’omelette sans casser d’œufs!

* Le reportage se trouve au début de la section 3/5.

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dimanche 10 janvier 2010

Ignatieff: Un an plus tard

Le sujet me trottait dans la tête depuis quelques semaines. Faute d’élément déclencheur, je m’étais résigné à en faire ma chronique dominicale compte tenu de ce début d’année plutôt tranquille du point de vue leadership. Avez-vous dit leadership? Faut croire que je mène une bonne vie, car que voilà t’y pas au moment où je regarde le bulletin de nouvelles de 18 heures? Les Libéraux lancent une campagne publicitaire pour dénoncer la prorogation du parlement. Ça ne pouvait mieux tomber. Déjà le nom de Michael Ignatieff noircissait les lignes de cette chronique.

Avec son premier anniversaire comme chef officieux du parti libéral qui arrive à grands pas, je tenais à parler de Micheal Ignatieff depuis quelques semaines. D’autant plus qu’il y a un peu plus d’un an dans Leçon de diversion, je laissais sous-entendre que son arrivée à la tête des libéraux allait être le début de la fin du règne de Stephen Harper. Je dois avouer que je m’étais fourvoyé dans mes prédictions.

Il est facile de comprendre pourquoi je me suis trompé. J’ai tout simplement sous-évalué la composante cognitive de Michael Ignatieff. Être cognitif, c’est parler avec sa tête. Être cognitif, j’en ai déjà parlé à quelques reprises ici même sur ce blogue. Je donne alors en exemple le maire Gérald Tremblay de Montréal. Lorsqu’on n’est pas un cognitif du point de vue leadership, on est un affectif. Le maire Labeaume de Québec lui est un affectif. Suivez ce lien pour consulter le thème attitré.

Affectif ou cognitif en résumé, l’un communique ces idées avec son cœur, l’autre les communique avec sa tête. L’un donne le goût de s’engager ou de passer à l’action. L’autre donne le goût de réfléchir ou parfois il faut l’admettre, de s’endormir.


Je sais, encore une fois, j’exagère un peu. Un peu, mais peut-être pas autant que certains aimeraient le croire. On a qu’à lire entre les lignes des sondages qui guident nos politiciens pour s’en convaincre. Lorsqu’on lit entre les lignes des sondages, on comprend que Micheal Ignatieff est plus efficace qu’un somnifère pour de nombreux Canadiens. Autrement, soyez assuré qu’on en aurait eu des élections fédérales en 2009!

Je ne sais trop si c’est à cause de la langue, mais lorsque j’écoute parler Michael Ignatieff, j’ai l’impression d’écouter une cassette. Lorsque je l’écoute, je ne sens pas son engagement. Lorsque je l’écoute, je ne vois pas son intention. Je ne vois pas son désir de passer à l’action. Je ne vois pas son désir de changer les choses. Lorsque je l’écoute, je ne vois pas de leadership.

Lorsque j’écoute Michael Ignatieff, je ne vois que son aspiration pour prendre le pouvoir. Je ne vois que son aspiration pour prendre le pouvoir sans pour autant savoir pourquoi il aimerait le prendre. Tout ce que j’entends lorsque j’écoute Michael Ignatieff, ce ne sont que des critiques contre le gouvernement de Stephen Harper. Je n’entends que des critiques sans pour autant entendre qu’elles sont les solutions.

Plusieurs aiment dire qu’il faut une vision pour avoir du leadership. Personnellement, je ne suis pas un partisan de cette dyade. Cela dit, je crois sincèrement qu’un individu qui aspire être premier ministre devrait impérativement avoir une vision claire et mobilisatrice. Également, un individu qui aspire être premier ministre devrait être en mesure de communiquer sa vision afin de rassembler les gens autour de lui.

Voilà ce qui explique que je me suis trompé concernant le début de la fin du règne de Stephen Harper. Premièrement, Michael Ignatieff ne semble pas avoir de vision pour le Canada. Deuxièmement, même s’il en avait une, il ne serait pas en mesure de la communiquer à l’ensemble des Canadiens.

Et vous? Vous en avez une vision de votre organisation? Et vous savez comment la communiquer?

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jeudi 7 janvier 2010

Harper: Prorogation des communes

Le sujet de l’heure à Ottawa est bien entendu la prorogation de la chambre des communes. Rien de mieux pour déchirer les chemises sur la place publique. Pour les partis de l’opposition, le geste du gouvernement de Stephen Harper nous plonge dans rien de moins qu’une dictature. À les entendre, ne reste plus qu’à espérer que nos portes barricadées repousseront les maraudeurs du régime.

Avant de s’encabaner à double tour, il faut prendre conscience de la richesse de la prorogation de la chambre des communes lorsqu’on la regarde sous l’angle du leadership? Avez-vous dit leadership?

C’en est tout simplement effarant. Effarant de voir comment la partisanerie peut faire perdre tout sens critique. Effarant de voir comment l’un peut jouer sur les mots pour tenter de faire croire qu’il est mieux intentionné que l’autre. Effarant lorsqu’on pense que certains osent présenter ce beau monde comme des leaders. Leader de quoi? De la diversion?

Plus effarant est peut-être de voir l’apathie de la population à l’égard des manigances politiciennes. Effarant, car cette attitude n’a juste rien à voir avec le leadership. Remarquez, mon intention n’est pas d’inciter à aimer la politique. Mon intention est de sensibiliser aux comportements et attitudes du leader.

Le monde politique est riche en leçons de leadership. Leçons à suivre ou ne pas suivre. Stephen Harper nous en donne un bel exemple lorsqu’on pense qu’il a lui-même mis en vigueur la loi qui fixe la date des élections aux 5 ans. Bel exemple puisque quelques mois plus tard, il a lui-même appelé des élections pour tenter d’en finir avec son statut de gouvernement minoritaire. Bel exemple puisqu’y a-t-il plus important pour un leader de faire ce qu’il dit?

Une autre importante leçon issue du monde politique est en lien avec l’intégrité. Il faut se souvenir que le leader positif doit chercher à servir plutôt que chercher à se servir. Servir au lieu de se servir, n’est-ce pas compliqué à comprendre? Mais malheureusement, les politiciens demeurent obnubilés par leur désir de se servir, ou servir leur parti, au lieu de servir la population.

Il vaut la peine de se demander pourquoi l’intégrité est si importante pour un leader. C’est parce qu'il est impossible de mettre en place un système infaillible qui protégera l’homme de l’Homme. Impossible d’émettre des lois, règlements et procédures qui assureront l'ensemble du fonctionnement d’un organisme, d’une entreprise ou de la société. Impossible et c’est ce qui explique que les gouvernements se suivent et s’ensuivent en ne faisant rien d’illégal.

Le gouvernement Harper ne fait rien d’illégal. Il est juste immoral. Aujourd’hui, c’est le gouvernement Harper. Demain, ce sera un autre.

Pour un gestionnaire qui aspire au leadership. Pour un gestionnaire qui aspire a développé une entreprise dans laquelle les individus peuvent s’épanouir par leur travail et dans leur environnement, pour ce gestionnaire donc, il est intéressant d’observer le monde politique. Intéressant, car les politiciens nous montrent que la recherche du pouvoir et le pouvoir altèrent le sens critique, le jugement et l’intégrité.

Mais ça, vous le saviez déjà. Comme je le dis dans mes conférences, on le sait ce qu’il faut faire pour avoir du leadership. Mais avez-vous le goût de le faire?

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dimanche 3 janvier 2010

Potin potinage et leadership

Mercredi dernier sur le Blogue de l’édito de Cyberpresse.ca, il était question de potinage en milieux de travail. Ariane Krol posait la question suivante, Potiner au travail: nuisible ou essentiel?

Bien honnêtement, je n’ai pu résister à la tentation. Après avoir lu la chronique, je me suis délecté des commentaires des lecteurs. Un régal qui m’a incité à en laisser un à mon tour. J’ai conclu en mentionnant que j’aborderais le sujet une fois digéré le cocktail du temps des fêtes. Le sujet m’était d’autant plus intéressant que la veille, je parlais de l'Inconscient collectif des organisations.

J’en ai parlé dans mon commentaire sur Cyberpresse, le potin est l’une des composantes qui favorisent le leadership informel. Le potin est un pouvoir d’influence. Il rassemble les uns et isole les autres. Le potin est le reflet des alliances formelles et informelles.

Ariane Krol faisait suite à son collègue Mathieu Perreault qui a lancé le sujet avec Le pouvoir des potins; une chronique basée sur l’étude du sociologue Tim Hallet. Je ne suis pas en total accord avec les conclusions du chercheur, mais il donne un très bon exemple du potin qui se transforme en pouvoir. C’est un fait important, le potin est une source de pouvoir. Un pouvoir qui peut avoir plus ou moins d’impact sur le fonctionnement d’une organisation.

Comme je le mentionnais, je me suis intéressé à la chronique d’Ariane Krol parce que la veille dans Inconscient collectif, je parlais de la difficulté des uns et des autres à nuancer leurs propos. Bien souvent, un manque de nuance qui permet d’adhérer aux valeurs et croyance d’un groupe. Je donnais alors en exemple les sentiments de plusieurs à l’égard du gouvernement, les impôts que l’on paie et les services que l’on reçoit.

Il faut comprendre que le potin et le manque de nuance sont intimement liés puisqu’intrinsèquement, le potin est une allégation dépourvue de nuance. D’ailleurs, c’est justement le manque de nuance qui donne au potin son pouvoir d’influence. La plupart du temps, le potin est tout simplement arbitraire. Généralement, il exprime l’impuissance des uns ou la jalousie des autres.

On peut se demander pourquoi le potin a un si fort pouvoir d’attraction sur les gens. C’est tout simplement parce que dans sa nature, le potin exprime ce que plusieurs désirent croire. Plusieurs aiment croire le potin parce que le message qu’il véhicule donne le sentiment d’exister. Le potin donne le sentiment de puissance. Malheureusement, un sentiment de puissance qui s’articule sur la destruction. Potin destructeur pour l’individu dénigré. Potin destructeur pour le leadership d’un gestionnaire. Ou encore, potin destructeur pour le climat organisationnel d’une entreprise.

Le potin a un fort pouvoir d’attraction étant donné que par sa nature, il détruit. Et celui qui détruit est puissant. Être puissant, c’est exister. Exister, c’est être considéré. Tout le monde veut être considéré par les autres. Tout le monde veut être aux yeux des autres. Tout le monde veut être quelqu’un. Voilà pourquoi le potin est si puissant. Voilà pourquoi plusieurs adhèrent au potin. Tout le monde veut son heure de gloire!

Et vous? Que pensez-vous du potin et du potinage?

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