dimanche 28 septembre 2008

Magic Sam

Hello! Hello! mon ami! Tu pensais Magic Sam finit sa magie? Mais non, tu sais que Magic Sam n’est pas fini. Il faut toujours rappel une spectacle. Oh! excuse-moi. Est-ce qui dit un spectacle ou une spectacle? Un ou une? Tu pas me… Anyway, un ou une, tu sais mon tour nouvel pas mal bon. C’est mes amis m’ont montré.

L’autre fois, j’avais juste donné un petit tour magie. Je t’avais pas dit, c’était juste une appetizer? Je t’ai bien eu. Tu pensais c’était fini? Moi aussi but mes amis sont drôles! Y font petit cachette. Mais fais toi pas avec ça, on parle d’argent mais réalité, c’est juste des chiffres. Toute façon, Magic Sam va tout arranger.

T’as vu ça mes amis? Wow! Ils sont spécials. Aïe! tu imagines? Ils ont inventés toutes sortes façons pour faire l’argent. Eux autres font l’argent et toi ta grosse maison. Tout le monde content. Right? Qu’est-ce tu veux, mes amis ont des trucs pour donner toi plus grosse maison, plus grosse auto, plus ce que tu veux. Pis eux plus bonus. Toi content. Eux autres contents!

Écoute pas ceux qui parlent leadership. Eux autres vont dire qu’il faut valeurs. Ben voyons dont. That’s for looser. T’as pas besoin valeurs si tu veux réussir dans ton vie. Faut pas que tu gêné de faire des petites passes. Comme il dit : Pas scrambled eggs sans casser les œufs.

Tu devrais voir mes amis. Ils ont beaux bonus, belles maisons. C’est ça que tu veux? Alors qu’est-ce que t’attend? Open your eyes. 700 milliards de money. Tu penses que juste 2, 3 men on fait ça? Wake up!

De toute façon, regarde ceux ont des valeurs. Tu connais Mandela? 30 ans dans prison. Là tu vas me dire il reçoit prix Nobel. Come on! Il a reçu 75 ans. Tu veux attendre toute ton vie? Prend l’autre noir. Luther King. Bla bla bla tout le monde parle Luther King what a man! Hey! tu veux faire mourir à 39 ans?

C’est vrai toi à Québec tu as Laliberté et Cirque soleil, Bombardier et motoneige, train, avion. Et l’autre avec ses pharmacies, il jouse au hockey aussi je pense? Ça c’est des good men. Mais soit réaliste, tu penses avoir bonne idée comme eux autres?

Tu comprends? Si tu veux grosse maison, grosse salaire, grosse bonus, oublie leadership pis valeurs. Do what ever you can to do money. That’s the rule mon ami. Si toi tu vas pas faire argent pour respecte tes valeurs. Don’t worry ton voisin va faire. Fais semblant t’es cool avec ton boss. C’est comment boss en français? Oh oui, sois cool avec ton patron. Et lui te faire confiance.

Surtout, critiquer pas ton boss. Lui aimer pas ça. T’es mieux ferme ton boite pis attend ton tour. T’es mieux attendre tour que attendre 75 years pour faire connaître pour ton valeur. Right? If you want success, t’es mieux entrer dans game! Je te dis, pas besoin valeurs pour leadership. Fais comme les autres, tu vas voir argent dans ton main.

Je sais, tout le monde pas comme ça. Mais 700 milliards, do you know what that mean? Si je dis tout je vu, tu me croyez pas. Ouvre juste plus tes yeux et sort ton salon. Tu vas voir around toi sometimes borderline. Et si toute clean, toi chanceux d’être là.

Là Magic Sam va mettre 700 milliards ton poche pour sauver merde de finance. Plein de men on fait full money avec ça. Pour now, pas un faite pointer ton doigt. Tu comprends what I mean? Tu comprends je dis oublie valeurs leadership? T’as pas besoin ça réussir dans ton vie. Pense ça. Tu veux Nobel 75 ans ou tu veux grosse maison demain matin?

En tout cas, c’est ta choix. Et si tu veux plus des trucs, t’a juste pense mon parole magie, Abracadabra! And don't forget moi, Magic Sam!
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dimanche 21 septembre 2008

Subliminalement

Leadership! Leadership! Leadership! Wô Wô Wô le leadership! Calmez-vous le leadership! Je veux bien croire que le cours des actions a plongé à en donner des sueurs froides mais ce n’est pas une raison pour faire prendre des sommets à celui du leadership!

Avouez que c’est tout de même incroyable Mesdames Messieurs. Si la tendance se maintient comme va nous dire Berny en octobre, certains vont finir par nous raconter qu’ils voient du leadership dans leur soupe. Ou encore, ils vont essayer de nous faire manger des céréales au leadership le matin. Je veux bien croire que je suis un gars tolérant mais lorsqu’on est rendu à nous parler de leadership de façon subliminale, me semble qu’on dépasse les bornes!

Oui oui Messieurs Dames, méfiez-vous! On tente de nous influencer de façon subliminale avec le leadership! Vous n’avez pas vu à la télé? Vous n’avez rien vu de tout ça? Eh bien, voilà la preuve! C’est subliminal! Alors qu’ils sont en pleine campagne électorale, nos partis politiques essaient de nous faire croire que leurs chefs sont des leaders. Je vous le redis : Méfiez-vous! **

Leur plus subtile tentative d’influence? C’est lorsque dans leur point de presse ou discours, ils placent le mot leadership en arrière-plan de chaque côté du prétendant. Si vous voulez mon avis, tout ce qui manque à cette orchestration, c’est les petites flèches clignotantes en direction de l’orateur en dessous du mot pour nous indiquer que lui en a du leadership. Et S.V.P., n’allez pas croire les spécialistes de l’image qui vont dire que mon idée est Kitsch. Cela ne serait qu’un autre de leurs efforts pour détourner votre attention.

Et que dire de leur plus infantile tentative? Lorsqu’ils commencent à nous donner toutes sortes de raison pour nous faire croire que l’autre n’est pas un leader. Ça me fait penser au temps où nous étions petits. Oui oui, vous vous souvenez dans la cour d’école?… Mon père est meilleur que le tien! Non c’est mon père qui va plus vite que le tien! Ce n’est pas vrai… Mon père pense plus vite que le tien!...

La totale? C’est lorsqu’ils affirment faire preuve de véritable leadership! Si le leadership est ce que nos partis politiques nous proposent et bien désolé, je ferme boutique!

Bien sincèrement, cette semaine, j’ai pris conscience de notre obnubilation pour le mot. Ça dépasse tout ce que je pouvais imaginer sur le sujet. J’ai bien beau vivre par et pour le leadership, je trouve incroyable le pouvoir d’attraction de ce vocable. On y accorde une importance qui frôle la fascination. Faut croire que dans l’imaginaire collectif, un leader doit être quelqu'un de tout simplement fantastique! Est-ce réellement le cas? Ou devrais-je dire, est-ce toujours le cas?

N’ayez crainte, je crois fondamentalement à l’importance du leadership dans une organisation. Je crois fondamentalement au rôle du leadership dans une société. Je crois fondamentalement que le leadership fait la différence entre une organisation performante et un groupe d’individu démobilisé. Par contre, je ne crois pas, mais pas du tout, qu’un individu qui a besoin de dire qu’il est un leader en soi réellement un.

Lorsqu’on a besoin de convaincre notre entourage qu’on est un leader. Lorsqu’on a besoin de dénigrer les autres pour démontrer qu’on est un leader. Lorsqu’on a besoin de crier sur tous les toits qu’on est un leader. Dans ces cas-là, il y a de fortes chances que notre leadership ne soit guère plus reluisant que la teneur de nos paroles; aussi belles puissent-elles être!

Voyez-vous, on n’est pas un leader parce qu’on pense en être un. On n’est pas un leader parce qu’on paie des gens pour dire que nous en sommes un. On n’est pas un leader parce qu’on a pris des décisions qui relevaient de nos responsabilités. On n’est pas un leader lorsqu’on a besoin de le dire pour que les autres en viennent à y croire. On n’est pas un leader lorsqu’entre deux maux, les gens choisissent le moindre.

On est un leader lorsque les gens, naturellement, ont le goût de nous suivre. On est un leader lorsque d’eux-mêmes, les gens viennent à notre rencontre pour nous aider. On est un leader lorsque nos employés se font un devoir de venir nous informer de l’avancement des activités courantes. On est un leader lorsqu’on voit que notre entourage prend des initiatives pour que les dossiers progressent. On est un leader lorsqu’on remarque que les autres ont le goût de donner le meilleur d’eux-mêmes.

On n’est pas un leader parce qu’on occupe un poste ou une fonction. On est un leader lorsque par nos actions, nos valeurs, notre façon d’être, notre personnalité, notre énergie, notre engouement bref, on est un leader lorsqu’il y a accord entre ce qu’on fait et les attentes des autres. On est un leader lorsque nos actions inspirent les autres.

Vous comprenez? Être un leader, ça n’a rien à voir avec le rêve ou le désir. Il n’y a rien de plus concret que le leadership. C’est dans l’action qu’on devient un leader. C’est par la cohérence de nos décisions, par la justesse de nos choix… C’est par les valeurs que l’on partage qu’on devient un leader aux yeux des autres.

Comme gestionnaire, soyez avertis et responsables. Ne prenez pas exemple sur ceux qui s’époumonent à convaincre les autres qu’ils sont des leaders. Parce que dans le feu de l’action, on ne devient pas un leader subliminalement.

** Par souci d’objectivité, aucun hyperlien vers les publicités des partis politiques n’a été inséré à ce blogue. Le lecteur intéressé pourra facilement les trouver par lui-même.

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dimanche 14 septembre 2008

Entrainement

ATTENTION. Le texte ci-dessous aborde un sujet très sensible, l’avortement. À sa lecture, il est possible que certaines personnes soient choquées, bouleversées ou offusquées. Conséquemment, il est également possible que certaines personnes ne soient pas d’accord avec mes arguments. Je respecte à l’avance vos opinions. Je souhaite également que l’inverse soit vrai.

Le but du texte ci-dessous est de démontrer qu’il n’est pas toujours facile d’être objectif dans nos activités et actions quotidiennes. En l’occurrence, il est possible que je sois moi-même subjectif en tentant de démontrer l’importance de l’objectivité. Veuillez m’en excuser à l’avance.

Par souci de transparence, je précise que dernièrement, j’ai fait un blogue intitulé Détermination. J’ai écrit cet article lorsque les médias ont annoncé que la gouverneure du Canada, Michaëlle Jean, octroierait la décoration de l’Ordre du Canada au Dr Henry Morgentaler.

Pour terminer cette mise en garde, certains passages ci-dessous, par exemple le paragraphe qui suit, peuvent donner l’impression d’un manque de sérieux. Pourquoi utiliser ce style littéraire? D’une part, cela fait partie de ma personnalité. J’aime prendre un ton moqueur à l’occasion. D’autre part, cela permet au texte de devenir en lui-même un exercice visant à développer l’objectivité. Il nous exerce à faire la distinction entre les propos d’un individu et ses réelles intentions. Bonne lecture!


Après Le Meneur! de septembre intitulé Tout es relatif, je vous ai dit la semaine dernière qu’avec le lancement des campagnes électorales ici au Canada et chez nos voisins du Sud, que nous allions baigner dans une mer de relativisme. Après mon je-ne-peux-avoir-choisi-un-meilleur-moment, voilà mon jamais-je-n’aurais-cru-si-bien-dire!

Certes, cette semaine, au lieu de me lancer dans un sujet à controverse, j’aurais pu me la couler douce en abordant le sempiternel projet du CHUM qui, je suspecte, tente de nous rendre malade avec les multiples reports et nombreuses tergiversations! Nous rendre malade, le CHUM… Passons, car me la couler douce, ce n’est pas ma tasse de thé, comme diraient les Anglais. J’ai donc opté pour du plus concentré, un genre d’espresso. Dans les circonstances, veuillez S.V.P. ne pas oublier qu’un gars averti en vaut deux comme le dit si bien l’adage.

Cette semaine, c’est donc jeudi à 13h09 que l’espace-temps s’est déformé… Mais quoi? On parle de relativisme! D’accord, un peu de sérieux… Je m’applique… Concentration… C’est donc jeudi à 13h09 après les nouvelles de 13 heures à la radio que j’ai tendu l’oreille à Maisonneuve en direct. Il était question de LA nouvelle du jour… Le retour de la décoration de l’Ordre du Canada de Monseigneur Jean-Claude Turcotte pour protester contre l’octroi de ce même Ordre au Dr Henry Morgentaler.

Je vous l’avais dit que c’est du concentré… Je dirais même plus, un Big Bang de relativisme… Espace-temps, Big Bang, vous voyez le lien? Il aurait été difficile de ne pas mentionner le Big Bang avec la mise en service du LHC! Comme quoi on n’est pas toujours obligé de se prendre au sérieux malgré le sérieux du sujet.

En entrevue à la radio, Monseigneur Turcotte expliquait à Monsieur Maisonneuve qu’il ne pouvait garder sa décoration de l’Ordre du Canada étant donné que Monsieur Morgentaler était également pour la recevoir. Pour Monseigneur Turcotte, l’avortement est un acte qui va à l’encontre de ses croyances. Autrement dit, il ne peut être associé à la même Décoration qu’une personne qui ne partage les mêmes valeurs.

Jusqu’ici, rien de répréhensible en soi. Qu’un cardinal-archevêque décide de retourner une Décoration par intégrité et respect de ses valeurs, je respecte cela. Toute personne a le droit d’agir en accord avec ses profondes convictions. C’est un droit inaliénable dans un pays démocratique. Au risque de me répéter, je respecte cela au plus haut point.

Par contre, dans le cas d’une personne qui a un ascendant sur les autres, par exemple un gestionnaire ou dans ce cas-ci un cardinal-archevêque, il est important de s’assurer que les intentions personnelles ne soient déportées vers le collectif. Autrement dit, un gestionnaire qui aspire faire preuve de leadership doit être apte à faire la distinction entre ses besoins, ses désirs et ses valeurs personnelles et les besoins, désirs et valeurs de son équipe (besoins, désirs et valeurs collectifs). Le gestionnaire qui veut exercer du leadership doit être capable de reconnaître ses motivations personnelles afin de ne pas utiliser son équipe pour satisfaire ses propres besoins (promotion, bonus, prestige, etc.). Il doit être apte à déceler ce qui le motive par souci d’intégrité et de respect pour les gens qui l’entourent.

C’est ce qui explique que la semaine dernière je vous parlais de l’importance de s’entrainer afin de devenir plus objectif. On a tendance à voir en soi de l’objectivité. On a tendance à croire qu’il y a foncièrement accord entre nos valeurs et nos actions. Alors que chez les autres, notre tendance est de voir de la subjectivité. Est-ce mon cas face à Monseigneur Turcotte? Je prends des risques mais commençons l’entrainement.

Au début de l’entrevue (1:55)*, Monseigneur Turcotte explique que dans son cas, la décoration de l’Ordre du Canada a été octroyée à un individu et non à une institution. Autrement dit, que la Décoration qu’il a reçue est intimement liée à sa personne et ses valeurs. Dans les circonstances, sa décision de la retourner est tout aussi personnelle et vise le respect de son intégrité morale.

Tout cela semble bien noble à première vue, Monseigneur Turcotte explique qu’il agit par intégrité en fonction de ses valeurs. D’accord mais dans ce cas-là, aurait-il été possible de retourner la décoration de l'Ordre par courrier avec une lettre explicative à la gouverneure générale? Comme il le dit, son silence aurait pu être interprété comme une concession au politically (8:05)… c'est-à-dire une concession et son accord à l’octroi de la Décoration au Dr Morgentaler.

Voilà ce à quoi l’on doit être vigilant lorsqu’il est question de leadership. Certains nous parlent de beaux principes pour lesquels la majorité va se dire d’accord alors qu’en réalité, leurs intentions sont tout autre. Ici, Monseigneur Turcotte nous explique qu’il retourne l’Ordre du Canada par respect de ses croyances alors que dans les faits, son désir est de relancer le débat sur l’avortement. « Je suis très conscient que mon intervention va foutre le bordel. » (7:50)

Poussons plus loin l’entrainement. Avant de suivre un leader, il faut avoir l’assurance de ses réelles motivations. Monseigneur Turcotte explique qu’il ne peut accepter avoir la même Décoration que le Dr Morgentaler parce que comme catholique, il est convaincu que le respect de la vie va du début (de la conception) jusqu’à la fin. « On n’a pas à choisir les vies humaines que l’on protège à celle que l’on ne protège pas! » Qu’au nom de ce principe, l’église à laquelle il appartient va défendre autant le fœtus que l’enfant infirme, les pauvres, les laissés pour compte. Autant ils vont s’opposer à la guerre parce que la guerre touche à la vie humaine. (2:17)

Monseigneur Turcotte avance qu’il retourne sa Décoration parce qu’il s’est senti très interpellé dans sa conscience (7:40). Encore une fois, il tente de montrer que sa motivation est très profonde en lui. Est-ce réellement le cas? Est-il mu par le respect de la vie ou simplement par une partisanerie politique?

Le Canada est en guerre contre les talibans depuis 2001. Près de 100 militaires canadiens ont été tués sans compter les nombreux civils et militaires afghans. Si l’Église catholique n’a pas à choisir qui elle défend, pourquoi ne pas avoir retourné la décoration de l’Ordre il y a 7 ans lorsque le Canada est entré en guerre? Pourquoi retourner l’Ordre parce qu’un individu a milité en faveur de l’avortement? Un geste pour lequel près de 70% de la population est d’accord. Par le retour de l’Ordre du Canada, est-ce que l’église choisirait qui elle protège ou agirait-elle par stratégie politique pour faire avancer ses croyances?

Je n’ai rien contre le fait qu’un groupe puisse intervenir politiquement dans la société. Par contre, sous l’angle du leadership, le double discours n’a pas sa place. Sous l’angle du leadership, on ne peut parler de valeur et de conviction alors que l’enjeu est avant tout politique et stratégique. Comme je le dis dans ma conférence Le Secret du leadership, si vous voulez motiver vos équipes, ne soyez pas stratégique, soyez authentique.

Il faut être vigilant lorsqu’un individu nous parle de ses motivations profondes. Parfois, notre intention est avant tout de voir les autres adhérer à nos idées. Lorsque c’est le cas, est-ce qu’on agit pour le bien collectif ou pour soi-même? Est-ce qu’on agit pour faire avancer les autres ou l’on tente de changer leur vision pour mieux rester campé sur notre confortable vision du monde? Tout gestionnaire qui aspire à faire preuve de grand leadership doit apprendre à maîtriser ses démons intérieurs et être honnête lorsqu’il en est question. Monseigneur Turcotte nous fait une belle démonstration en ce sens.

Après avoir dit que sa démarche était personnelle et en fonction de ses valeurs, Monseigneur Turcotte mentionne que l’assemblée des évêques et lui-même ont décidé de relancer le débat sur l’avortement (3:20). Autrement dit, d’une action qui était fondée sur des principes et valeurs personnels voilà que c’est l’assemblée des évêques qui entre dans un débat de société. Il dit : « Je pense qu’il faut revoir ces questions-là de façon intelligente et en profondeur… Cela étant donné qu’on a d’un côté le record des avortements et de l’autre, des gens qui font des manipulations génétiques pour avoir des enfants. » (5:45)

Ici, on se retrouve devant un autre défi pour l’aspirant-leader : la justesse des arguments. Monseigneur Turcotte avance que la société doit revoir la question de l’avortement avec intelligence et en profondeur. Est-ce que cela veut dire qu’en 1988, lorsque la cour suprême a décriminalisé l’avortement, que le jugement a été fait de façon inintelligente? Est-ce que cela veut dire que les juges de la cour suprême n’ont pas traité la question en profondeur?

Monseigneur Turcotte justifie son point de vue par le fait qu’on a au Québec le record des avortements et de l’autre, des gens qui font des manipulations génétiques pour avoir des enfants (5:55). Est-ce que cela signifie qu’on devrait interdire l’avortement et que les femmes auraient à mener à terme leur grossesse afin de donner leur enfant à l’adoption? Je n’ose imaginer le débat éthique et moral qui pourrait s’ensuivre d’une telle législation. Simple exemple, le principe des mères porteuses n’est pas accepté dans la majorité des pays du monde. Et que ferait-on du droit de la femme de disposer de son corps? Elles seraient dorénavant obligées d’enfanter sous peine d’être emprisonnées?

Comprenez-vous? Ce n’est pas facile d’être un leader? Ce n’est pas facile d’agir en fonction du bien du groupe et de l’équipe. Nous avons tous nos démons intérieurs, nos croyances et nos valeurs. Nous avons tous notre propre vision du monde qui nous rend subjectifs face à ce qui se passe autour de nous. Comme je le disais dans Le Meneur!, tout est relatif. C’est probablement ça le plus grand défi du leadership : devenir objectif afin d’être juste envers soi et les autres qui nous entourent. Devenir objectif afin que nos actions ne visent pas à imposer nos croyances aux autres.

La sortie publique de Monseigneur Turcotte est un bel exemple du défi que pose l’objectivité à tout gestionnaire. Ce n’est pas facile d’être objectif lorsque notre rôle n’est pas d’agir pour répondre à nos besoins et croyances. Pas facile d’être objectif lorsque notre rôle est d’agir pour le bénéfice du groupe.

La semaine dernière, je terminais mon blogue en mentionnant que l’objectivité se développe par l’entrainement. Avouez que le retour de la décoration de l’Ordre du Canada par Monseigneur Turcotte nous en propose tout un. Qu'en pensez-vous?

(x : xx)* Dans le texte, les chiffres entre parenthèses correspondent aux minutes de l’entrevue radio.

dimanche 7 septembre 2008

Éthique

La semaine dernière, comme il se doit en début de mois, j’ai diffusé Le Meneur! Le mensuel du leadership. Intitulé « Tout est relatif », j’y aborde l’un des défis auquel les gestionnaires sont confrontés : l’objectivité. Aujourd’hui, je constate avoir abordé le sujet à je-ne-peux-avoir-choisi-un-meilleur-moment! Avec l’arrivée de la colistière Madame Sarah Palin dans les élections présidentielles américaines et le déclenchement des élections fédérales ici au Canada, il y a une mer de relativisme dans l’air!

En résumé, j’expliquais dans Le Meneur! qu’il n’est pas toujours facile d’être objectif face aux événements auxquels nous sommes confrontés. Cela étant donné nos biais cognitifs. À la fin de l’article, j’invitais le lecteur à prendre un peu de recul face à son quotidien afin d’observer les fois où il devient un peu plus subjectif dans ses décisions ou interactions avec ses collègues. Comme vous le savez, il n’y a rien de mieux que des exemples pour comprendre ce dont on parle. Et le relativisme n’échappe pas à la règle.

Commençons avec la colistière républicaine, Madame Palin. Comme vous le savez probablement, l’une de ses filles, Bristol, qui a 17 ans, est enceinte de 5 mois. Si vous voulez mon avis, il n’y a là rien qui justifie de fouetter un chat. Avec tous les clips à la Madona qui abreuvent l’imaginaire collectif, c’est tout à fait normal que les jeunes s’adonnent aux plaisirs de la vie – plaisirs de la vie, avouez que le double sens n’est pas si mal! Toutefois, la situation se corse lorsqu’on sait que madame Palin fait la promotion de l’abstinence sexuelle avant mariage tout en étant contre l’avortement.

Ça se corse, mais toujours rien pour fouetter un chat. Que la fille d’une dame qui a des principes tombe enceinte, peut-être n’est-ce qu’une petite rébellion contre l’autorité parentale? Peut-être n’est-ce qu’une façon d’affirmer son entrée dans le monde adulte? Peut-être n’est-ce qu’une démonstration que dans un petit bled perdu au fin fond des bois, les jeunes n’ont rien d’autre à faire que… Vues sous cet angle, nous nageons dans une mare d’hypothèses. Cependant, tout prend une teinte particulière lorsque madame Palin affirme qu’il n’y a justement pas de quoi fouetter un chat puisque sa fille va se marier avec le père de l’enfant à naître!

Bien sûr, on comprend que ce mariage en sera un d’amour avant toute chose! Et ça, tout adulte le sait très bien par expérience. Lorsque des adolescents ont des relations sexuelles, c’est parce qu’ils sont en amour. C’est parce qu’ils s’aiment pour la vie! Tout le monde sait ça, les adolescents qui ne sont pas certains de s’aimer pour le meilleur et pour le pire s’abstiennent d’expérimenter les plaisirs de la vie!

Voilà pourquoi la jeune Bristol va épouser le père de son enfant. C’est parce qu’elle l’aime. N’allez surtout pas croire que ce couple de jeunes adolescents va se marier parce que la mère de l’un d’eux est devenue colistière à la présidence de la plus grande puissance économique au monde. Voyons donc! Qui oserait avoir de telles idées? Sûrement pas une dame qui a des principes et qui va peut-être devenir la vice-présidente des États-Unis!

Ici au Canada, toute la semaine, nous avons eu des annonces d’investissement et de subventions de la part du gouvernement Harper. N’est-ce pas fantastique? Des milliards et des milliards de dollars ont volé à la rescousse du développement économique et au soutien d’organismes et de festivals. Y a-t-il plus responsable qu’un gouvernement qui assume ses responsabilités jusqu’à la dernière minute? Quoi de plus normal qu’un gouvernement qui s’assure du bon fonctionnement de l’État juste avant une campagne électorale!?

Vous voyez ce que je vois? Deux exemples qui démontrent que les événements auxquels nous sommes confrontés sont souvent très relatifs. Vous serez probablement d’accord pour dire que l’objectivité ressemble à un élastique. Un élastique que plusieurs aiment étirer. Un élastique que plusieurs étirent en espérant que personne ne perçoivent leurs motivations derrière leurs paroles et gestes.

Chacun a sa vie, ses valeurs, son cheminement. Chacun a son regard sur le monde. Un regard qui crée un biais cognitif dans notre façon de voir ce qui nous entoure. Ce n’est pas facile d’être objectif. Pas facile car chacun perçoit le monde à sa façon; de façon très personnelle. Pas facile d’être objectif et cela n’est pas sans conséquence. Ça se répercute sur le leadership qu’on exerce auprès des gens que l’on côtoie.

Comment devenir plus objectif et ainsi développer son leadership? Pour rester dans la mouvance des Olympiques des dernières semaines, et avec les Jeux paralympiques qui débutent, je dirais que c’est par l’entrainement. On devient objectif en observant le monde qui nous entoure. On devient objectif en observant les tenants et aboutissants des décisions des uns et des autres. On développe notre objectivité en se questionnant sur les motivations qui justifient tel ou tel autre choix. On développe notre objectivité en prenant conscience de nos motivations et celles des autres.

Les prochaines semaines seront captivantes du point de vue leadership. On va voir des chefs affirmer avoir les meilleures idées. Et les autres qui les accuseront du contraire. Tout cela à même un océan de qualificatifs innommables. Dans les prochaines semaines, il sera possible de voir que la meilleure façon d’être objectif dans nos choix et décisions, c’est d’avoir un irréprochable code d’éthique.