dimanche 6 juillet 2008

Détermination

Si vous êtes l’un de mes lecteurs assidus, sûrement avez-vous remarqué que le leadership est un curieux phénomène. Et cette semaine, il l’est encore plus car l’actualité nous fait prendre conscience qu’on le veut, on le recherche, on aimerait le maîtriser alors qu’en réalité, il nous fait peur. Oui, bien souvent, on a peur du leadership et des leaders. Qui l’eut cru?

Avez-vous déjà eu à vivre un changement en milieu professionnel? Que vous en ayez été le maître d’œuvre, ou parmi ceux qui ont eu à le vivre, vous avez pu observer ou ressentir la peur. Effectivement, dans le changement, il y a de la peur – de l’inconnu, de perdre son emploi, ses responsabilités, son rôle dans l’organisation bref, toutes les raisons sont bonnes pour avoir peur lorsque les choses changent autour de nous.

Je sais, vous avez le goût de me dire que ce dont je parle, c’est la peur du changement et non la peur du leadership. Je comprends votre réaction mais vous serez d’accord avec moi, il n’y a point de changement sans leadership. Dans un milieu stagnant, un milieu où les gestionnaires n’exercent pas de leadership, il n’y a pas de changement. Et par conséquent, il n’y a pas de peur. Donc, ce n’est pas du changement dont on a peur, on a peur du leadership! Avez-vous dit peur du leadership?

Vous croyez que tout cela n’est que de la sémantique? D’accord, je vous sens prêt pour un exemple plus corsé.

Cette semaine, vous avez sûrement eu connaissance que le Dr Henri Morgentaler a été nommé pour recevoir l’Ordre du Canada. Bravo! Il a été un pionnier ici même. Si les femmes du pays peuvent aujourd’hui se faire avorter dans des conditions cliniques idéales, dans des conditions sans risques pour leur santé et bien, c’est grâce à lui.

Le Dr Morgentaler a été accusé, jugé, acquitté, jugé à nouveau, emprisonné, libéré, rejugé, etc. L’une de ses cliniques a fait l’objet d’une attaque à la bombe. Sans parler qu’il a été calomnié, décrié, critiqué, dénigré et j’en passe.

Le Dr Henri Morgentaler a fait du changement, à l’échelle du pays. Il a changé nos mentalités. Il s’est battu en tenant à bout de bras la cause qu’il croyait juste. Il a affronté la loi, défié la justice, persisté à dire haut et fort ce qui au début, personne n’osait faire à la vue de tous, des avortements.

Morgentaler, ce n’est pas qu’un docteur, c’est aussi un leader. Un grand leader! Il est de la trempe de ceux qui font avancer la société. De ceux qui brisent les paradigmes afin de nous faire apprécier la clairière cachée par la forêt. Morgentaler est quelqu’un qui a fait preuve de leadership dans sa mission. Et vous en conviendrez, son leadership et ses actions faisaient peur à bien des gens.

Morgentaler croyait à sa cause. Il avait confiance en sa vision. À mes yeux, il mérite l’honneur que lui fera la gouverneure générale dans quelques jours. C’est quelqu’un qui a fait évoluer les mentalités. Il a permis aux Canadiens de s’affranchir de leurs idées préconçues afin d’accéder à un autre niveau de respect de la femme et de ses choix.

Maintenant, vous comprenez que le leadership fait peur. C’est vrai, il ne fait pas toujours peur. D’ailleurs, il n’est pas toujours engagé dans les grandes causes. Mais il est bon de prendre conscience qu’il arrive que les voix s’élèvent en sa présence. C’est rassurant de le savoir, ça donne une balise. Lorsqu’on entend les hi! et les ha! protester autour de nous, il est bon de savoir que c’est une réaction parfois normale. Cela ne veut pas dire qu’on a raison pour autant. À l'occasion, il faut apporter quelques correctifs à notre démarche. Mais si on croit réellement à la cause que l’on veut défendre. Si nous sommes convaincus que c’est le bon chemin à suivre. Alors il faut faire comme Henri Morgentaler. Il faut faire preuve de détermination.

Bon courage!
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