dimanche 13 juillet 2008

Darwinien

Il en avait des idées mon ami Charlie. L’une de ses plus loufoques a été de concevoir la vie comme une longue évolution où les individus s’adaptent à leur environnement. Selon sa théorie, le but ultime du monde vivant est de se reproduire afin d’assurer la survie de l’espèce. Sincèrement, je ne sais vraiment pas comment il en est arrivé à cette conclusion. C’est vrai que moi et Charlie, nous ne sommes pas de la même génération. Il ne devait pas y avoir de Nintendo sur le Beagle pour avoir le temps d’inventer des théories du genre. Mes contemporains seront d’accord avec moi, la reproduction peut servir à autre chose que d’assurer la survie d’une espèce. Par exemple, ça permet d’avoir le sourire le mercredi matin lorsqu’on arrive au bureau. Mais bon, on ne s’étendra pas… sur le sujet.

Évidemment, lorsqu’on pousse un peu plus loin l’idée première de Charlie, on comprend que pour se reproduire, le mâle a besoin de femelles. Bien sûr, ce n’est un secret pour personne. Et comme dans la nature il n’y a pas de règles sociales comme on les connaît nous les humains, alors les mâles assurent la survie de l’espèce en essayant de se reproduire le plus souvent possible! Je sais, vous êtes curieux de savoir comment ils s’y prennent petits coquins vous êtes!

La technique est quand même assez simple. Les mâles n’ont qu’à définir leur territoire et le protéger des intrus. Évidemment, ils laissent les femelles venir à eux, si vous voyez ce que je veux dire. Pour ce qui est des autres mâles qui pourraient être tenté de… et bien le mâle à qui appartient le territoire les chasse jusqu’à ce qu’il rencontre plus fort que lui. Ça n’a l’air de rien, mais avouez que la nature est quand même bien faite!

Il n’était pas si bête ce Charlie. Son idée, il a appelé ça la théorie de l’évolution. Elle s’appliquerait à tout ce qui est vivant. J’imagine que c’est la raison pour laquelle les chiens du quartier jappent lorsque quelqu’un passe dans la ruelle. Ils doivent vouloir protéger leur territoire. Ils ne comprennent sûrement pas que c’est à cela que servent les clôtures que leurs maîtres ont installées. Lorsqu’ils font leur petite marche de santé, pourquoi pissent-ils sur toutes les bornes-fontaines qu’ils croisent? Et bien, encore une fois, ils ne font que délimiter leur territoire. Sacré Charlie, tu en avais de ces idées!

Nous les humains, on n’a pas à uriner un peu partout pour dire aux autres que tel ou tel autre espace nous appartient. On a inventé les cadastres, délimité les territoires et posé les frontières. Évidemment, un moment donné, on c’est aperçu que sur le terrain du voisin, il y avait des choses qui pouvaient aider à notre survie par exemple… je ne sais trop, mettons, des minéraux, de l’or, du cuivre, du fer, du pétrole, des trucs du genre.

On se comprend, dans la nature, c’est plus simple. Lorsqu’un mâle voit une belle femelle, il va voir l’autre mâle et règle cela avec quelques coups de griffe, deux trois morsures ou un tiraillage de panache. Chez l’humain, j’imagine que ça a commencé en se lançant des roches. Après, il y a eu les combats d’épée et le corps à corps. Par la suite, ça a été le mousquet qui lui fut remplacé par le fusil. Les canons ont suivi et nous en sommes arrivés aux missiles. Charlie parlait de la théorie de l’évolution. En tout cas, moi, j’ai l’impression que les choses n’évoluent pas toutes à la même vitesse.

Cette semaine, il y a eu l’Iran qui a fait une petite démonstration avec ses missiles balistiques. Rien de vraiment sérieux. Un peu comme le chien du voisin qui jappe pour avertir le passant de faire attention au territoire qu’il défend. Rien de vraiment sérieux mais on sait tous que la situation est tendue dans ce coin du monde. Tout cela à cause d’une divergence de valeurs et de religion ainsi qu’une grande réserve de pétrole. On est plusieurs à convoiter ce précieux liquide qui assure notre survie au sens large du terme, ce qu’on pourrait appeler, ici en occident, notre qualité de vie.

Ah! Charlie, tu m’épates avec ta théorie de l’évolution. On a beau avoir envoyé l’homme sur la lune. On explore le système solaire et la planète Mars avec nos satellites et petits robots téléguidés. On invente des nanobidules qui vont bientôt parcourir le corps humain pour nous guérir des maladies aujourd’hui mortelles. Mais on se comporte encore comme de vulgaires petits primates qui tentent par tous les moyens d’assurer leur survie.

Tu vois Charlie, nos gestionnaires ont les plus beaux diplômes, ils peuvent venir des plus grandes universités, ils réalisent d’incroyables projets, leur esprit déborde d’imagination, mais ils trouvent difficile de mobiliser leurs employés. Je sais que tu comprends pourquoi il en est ainsi. Tu comprends que nous sommes prisonniers de ta théorie de l’évolution. On essaie d’être plus fin que les autres, on défend un je ne sais trop, on tente d’avoir l’air plus intelligent, plus fort, plus ci, plus ça. Tu comprends Charlie? On a de la difficulté avec notre leadership parce dans le fond, on se comporte comme de simples êtres darwiniens.

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