dimanche 29 mars 2009

Obama : Le Pouvoir des mots

Encore une fois, Barak Obama nous offre une leçon de leadership. Selon un article de l’AFP
(Agence France Presse) publié vendredi dernier dans Le Devoir, le régime iranien a confirmé sa participation à la conférence internationale sur l’Afghanistan qui aura lieu ce mardi 31 mars à La Haye. La présence de l’Iran à cette conférence est un événement qui à mes yeux, passera à l’histoire. Plus encore, comme si sa participation à la conférence n’était suffisante sur l’échiquier international, Téhéran a repris contacts avec l’OTAN. Une première en 30 ans!

Où est le leadership d’Obama dans tout ça? Il faut savoir que le changement d’attitude du régime iranien vis-à-vis la communauté internationale survient après l’un des messages de Barak Obama. Il y a un peu plus d’une semaine, Obama s’est adressé aux gens qui fêtent la Norouz – Nouvel An du calendrier iranien – et plus particulièrement, les Iraniens et leurs dirigeants.




Dernièrement sur mon blogue, je mentionnais le rôle que joue l'éloquence dans le leadership d’un individu. Cela va de soit, il faut savoir communiquer pour mobiliser les autres. De ce point de vue, Obama est un communicateur exemplaire. Mais au-delà de la communication, lorsqu’on veut que les autres nous suivent dans l’action, il faut également des valeurs. C’est exactement ce qu’Obama a exprimé dans son message aux Iraniens. Et les dernières actions de Téhéran sont directement en accord avec les valeurs formulées par Obama.

Régulièrement, je fais référence à l’importance des valeurs lorsqu’il est question de leadership. En tenant compte du nombre d’années que dure le conflit États-Unis/Iran et les actions de l’Iran en réponse au message d’Obama, il devient difficile de nier le rôle des valeurs pour mobiliser les gens. Bien sûr, lorsque je parle de valeurs, j’ai en tête des valeurs constructives. L’une d’elles, probablement la plus importante, est le respect.

Le respect, voilà ce dont était empreint le message d’Obama. "Norouz n’est qu’une partie de votre culture renommée… Pendant des siècles, votre art, votre musique, votre littérature et vos innovations ont rendu le monde meilleur et plus beau… Les États-Unis veulent que la République islamique d’Iran prenne la place qui lui revient dans la communauté des nations". Et citant le poète Saadi, "Les enfants d’Adam sont des membres d’un même corps, créés d’une même essence".

Dans son allocution, Obama a parlé de la tension diplomatique des 30 dernières années entre les États-Unis et l’Iran. Il a également mentionné que les Américains fêtent leur Nouvel An de la même façon que les Iraniens, en échangeant des cadeaux et en se rassemblant entre amis et en famille.

En fait, Obama voulait faire comprendre que nous sommes tous des humains qui se ressemblent. On veut tous plus d’humanité. Comme on se ressemble et qu’on recherche plus d’humanité, son message voulait dire, je vous tends la main pour une paix plus grande. Téhéran a répondu favorablement à cette main tendue en reprenant contact avec l’OTAN et en annonçant sa participation à la conférence internationale sur l’Afghanistan.

Comme l’a dit Obama, l’avenir auquel les États-Unis aspirent, un dialogue honnête et fondé sur le respect, ne sera pas facile à atteindre. Toutefois, les gestes d’ouverture posés par l’Iran ne doivent pas nous laisser indifférents. Ils sont une preuve tangible que lorsqu’il y a démonstration de respect, s’ensuivent des gestes constructifs et favorables aux objectifs envisagés.

Comme je dis dans ma conférence Le Secret du leadership, les problèmes des organisations ne se trouvent pas dans la technique, les processus ou les méthodes, les problèmes des organisations se trouvent dans les relations humaines. Le changement amorcé entre les États-Unis et l’Iran en est une belle démonstration.

Comment règle-t-on les problèmes de relations humaines? Par la communication, l’éloquence, le respect. À vrai dire, les problèmes de relations humaines se règlent par le Pouvoir des mots.

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dimanche 22 mars 2009

Magic Sam en vacances

Hello hello mon ami. Tu souviens moi? Tu remember mon name? Magic Sam! Tu souviens? Rien dans mon main, rien dans mon manche, tout dans mon poche! Big money mon ami Big money! T’as vu ce qu’on fait moi et mes amis aux US? Je te dis on fait la passe. C’est pour ça moi éloigne un peu et viens ici Québec. Je vais try améliorer mon français. Et avec ce que vue actualité, sûr va me trouver des nouvelles amis.

Je sais pas si tu peux aider moi, y faut je rencontre le gars écrit sur leadership. Tu connais? S’appelle Lanthier je pense. Hey, lui toujours parle valeurs pis intégrité. Y pense faut ça pour leadership. Come on mon ami, croit pas lui. Tu penses faire millions en écoutant lui? Écoute! Fais ton choix. Gnan gnan gnan t’es un bon gars et monde dit toi un leader ou toi fais millions comme moi et mes amis. Allume mon ami. Y faut tu choisi ton gang. C’est sûr tu peux faire les deux : leader et millions. Mais entre nous, casse pas ton tête avec leadership si pas facile pour toi. Tu peux faire millions sans leadership.

Regarde moi et mes amis. T’as vu ce qu’on fait avec milliards Obama à AIG? Des beaux bonus dans mon poche et celles de mes amis. Wake up! Comment tu penses ça marche le money. Penses-tu moi et mes amis we care de quoi pense la population? Pas besoin faire attention quoi pensent les autres, les millions sont dans nos poches mon ami. Qu’est-ce tu veux de plus?

Le plus fun avec commissions AIG, c’est que personne responsable. T’as vu comment on arrange chose avec mes amis? Le gars PDG pas responsable parce que contrat signé avant lui arrive. Toi au Québec, le gars DG de CDPQ pas responsable parce que Perfect Storm après lui parti. Tu comprends la magie? Si tu veux millions mon ami, y faut tu comprennes règles de basse. Pars avant, arrive après mais ne sois pas là pendant. Règle facile retenir mon ami, c’est contraire sexe. Vient pas avant, vient pas après, vient pendant!

Wow! faudrait pas Lanthier voit ce que moi écrit! Mais qu’est-ce tu veux mon ami, c’est comme ça la vie. Sexe et money toujours ensemble. Regarde joueurs Canadien hockey. Y semble les gars cruisent pitounes avec big money. Demande pas toi pourquoi les gars ont pu de jus sur la glace. Le jus toute dans… Wo! Wo!mon ami, fais pas écrire moi choses mineurs doit pas lire.

Tu as déjà lu Lanthier? Y dit faut être écoute des autres pour leadership. This guy is a dreamer! Pas besoin être à l’écoute des autres. Regarde ton prime minister Québec Charest. Hey! ce gars-là connaît bon truc magie. T’as vu comment lui fait? Y dit entendu good éloges sur Michael Sabia. Tout le monde capote dans les experts, les journalistes, actionnaires Bell qui ont perdu money. Pour eux autres, Sabia pas bonne personne pour CDPQ. Penses tu prime minister s’en fait avec les autres penses? Lui don’t care, c’est lui avec mains sur volant!

Plus bon encore pour leadership. Le président CA CDPQ dit que lui révélation lorsque vu le CV de Sabia! Wow mon ami! Révélation! Tu vois que pas besoin être à l’écoute pour leadership. C’est mieux savoir parler pour mettre poudre dans les yeux. Encore plus important comprendre mon ami. Si tu veux nommer quelqu’un vite vite avec CA. Pas compliqué, tu fais des p’tites passes passes. Je te donne un exemple parce que je sais tu veux toujours exemple. Suppose tu manques de monde sur ton CA. Pas compliqué! Nomme quelqu’un même jour que grosse décision. Toute façon mon ami, le monde voit juste du feu. Pis eux autres chialent dur jamais longtemps. Tu comprends le truc? Good!

Tu vois que pas besoin être à l’écoute pour avoir leadership. Penses-tu que Charest care ce que toi penses? Hey! ce gars là deux mains sur le volant. Y t’as bien eu dernière élection. Il disait que tout est beau, tout va bien avec économique. Plus drôle est que toi tu l’as cru! Toi l’as cru parce que tu crois toujours ce qu’on dit pendant élection. Come on wake up! Tu fais toujours avoir. T’es pas vite vite comprendre si tu veux what I think. Charest pas fou, y sait que toi tout oublié dans 4 ans. De toute façon, lui dernier mandat si tu veux mon avis. Alors il fait chose pour aider ses amis. Ça c’est du leadership! Je te dis au début. Décide ton gang toi appartient. Aide ton gang, après ton gang va t’aider. Pas dur comprendre leadership.

Là mon ami, arrête voir toi un leader dans ton rêve. Wake up and écoute mes trucs leadership si tu veux money dans ton poche. Regarde crise financière et maintenant économique. Personne responsable. Tout ça à cause le marché de main invisible. Personne responsable et bonus dans nos poches. Tu comprends pourquoi t’es mieux oublie valeurs pour leadership? Penses-tu mes amis créé crise financière pensent valeurs? La seule valeur on pense moi et mes amis, c’est valeur dans nos poches. Pas dur comprendre mon ami. Juste à faire ton choix.

Quand toi regarde dans miroir. Quand tu regardes tes enfants dans les yeux. Si t’es un vrai homme, es-tu fier de toi? Fier ou pas fier mon ami, le truc, fais comme moi. Regarde pas toi dans miroir. Moi regarde dans mon poche! Ouhouu! Plein de belle money de bonus! Tu comprends mon ami? T’as pas besoin être bon ou faire des bonnes choses dans ton vie. T’as juste à signer bon contrat. Pour ça, il faut des amis qui retournent ascenseur. Tu vois que pas compliqué leadership!

Wow! Avec leadership et ski de printemps soleil, je te dis que amusant vacances au Québec.

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dimanche 15 mars 2009

CDPQ The Perfect Storm Analysis

Si vous vivez au Québec et avez connaissance de la perte de près de 40 milliards $ de la CDPQ, vous savez que lundi dernier, Henri-Paul Rousseau (HPR) a donné une conférence à la Chambre de Commerce du Montréal Métropolitain. Rendons à César ce qui appartient à César, Henri-Paul Rousseau est un orateur hors pair. Orateur hors pair et bien entendu, financier hors pair.

Personnellement, je dois l’avouer, j’ai été ébahi par sa façon de manier les mots, comme les chiffres. À certains moments lors de son allocution, j’étais subjugué par son éloquence et la simplicité avec laquelle il présentait le compliqué. Mais comme vous vous en doutez probablement, je suis revenu à la réalité au moment où j’ai réalisé que monsieur Rousseau était assurément quelqu’un qui a du leadership! Avez-vous dit leadership?

Si vous avez un intérêt pour la chose, laissez-moi vous dire qu’il y en a des leçons de leadership à retirer de l’allocution et la conférence de presse de Monsieur Rousseau. En fait, il y a beaucoup à apprendre lorsqu’on remet ses propos dans leur contexte global, la perte de près 40 milliards $ de la CDPQ (Caisse de dépôt et placement du Québec). Une remise en contexte nécessaire si on veut comprendre son intervention médiatisée à sa juste valeur. À sa juste valeur, sans jeu de mots de ma part!... 40 milliards, valeur, jeu de maux Ouups! de mots… Vous me suivez!

Trêve de plaisanterie, la remise en contexte que je vous propose est nécessaire car le leadership est avant tout un pouvoir d’influence. Une influence qui prend forme par l’entremise d’une multitude de petits ou grands éléments, circonstances, faits ou facteurs qui contribuent chacun à leur manière, de façon importante ou non, à l’aptitude d’un individu à influencer les autres. Et à entendre les réactions des gens venus écouter les propos de HPR lundi dernier – à ne pas confondre avec High public relations soit dit en passant – on doit admettre qu’il a de très bonnes aptitudes pour le sujet qui nous intéresse.

Le leadership est un phénomène d’influence à la fois simple et complexe. Il est simple lorsqu’on ne regarde que son effet global. Par exemple, prenons Obama. Notre première réaction lorsqu’on le voit est : Wow!, peut-on le cloner pour en avoir une copie ici même au Canada et pourquoi pas tant qu’à y être, une autre au Québec! Mais comme vous le savez, le clonage humain n’est pas pour demain. Ce qui explique peut-être que le leadership est complexe lorsqu’on s’attarde à le comprendre dans ses derniers retranchements afin de pouvoir le reproduire au meilleur de nos connaissances.

Comme vous le savez, je suis un homme dévoué à la cause et je ne recule pas devant les défis. Dans les circonstances, afin de mettre en lumière de façon explicite quelques-uns des facteurs qui favorisent le leadership, j’ai subdivisé cette chronique en une série d’articles où chacun d’eux abordera un volet du leadership soit : l’éloquence, le sens critique, les alliances et finalement, non le moindre, les jeux enjeux. Cliquez sur l’un des liens ci-dessous selon votre préférence pour lire la suite de cette chronique. Je vous suggère toutefois de lire le tout, chronologiquement.

CDPQ – The Perfect Storm Analysis
The Perfect Storm : Éloquence
The Perfect Storm : Sens critique
The Perfect Storm : Les Alliances
The Perfect Storm : Jeux-enjeux
The Perfect Storm : Final Act

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The Perfect Storm: L'Éloquence

Comme je le mentionnais en introduction, Henri-Paul Rousseau est un orateur hors pair. Il en a mis plein la vue à ceux qui étaient venus l’entendre. Il en a fait tout autant à ceux qui comme moi, ont regardé son allocution en direct sur RDI. Si vous voulez avoir de l’influence sur les autres, vous devez être convaincant et la meilleure façon d’y parvenir, c’est évidemment de manier les mots comme l’a fait HPR pour les intimes.

Comment atteindre ce niveau d’éloquence? 1- par la préparation. 2- par la préparation. 3- par la pratique. 4- encore la pratique. Si vous voulez faire des réunions, des rencontres ou des allocutions qui jettent par terre votre auditoire, préparez-vous et pratiquez-vous. Et refaites-le encore et encore. Pour parler de la déconfiture de 40 milliards de dollars à la Caisse de dépôt, soyez assurés que HP n’a lésiné ni sur la sauce, ni la préparation! En fait, toute sa présentation était réglée au quart de tour.

Pourquoi se préparer? Pourquoi se pratiquer? Dans un premier temps, cela permet d’améliorer la fluidité du message. Une allocution est fluide lorsque les idées s’enchaînent dans une suite logique. C’est une évidence, il serait drôlement difficile de construire une maison en commençant par le toit. C’est la même chose avec l’éloquence. Un orateur sera d’autant plus éloquent que son auditoire n’aura à faire d’effort pour comprendre ses idées.

Dans un deuxième temps, la préparation et la pratique permettent de trouver les bons mots et la bonne façon de les agencer pour exprimer ce qu’on a en tête. Je vous donne un exemple avec la dernière phrase du paragraphe précédent. Un orateur sera d’autant plus éloquent que son auditoire comprendra facilement ses idées. Vous voyez la différence? Un autre bénéfice de la préparation et la pratique est de permettre de trouver les mots et les phrases qui se calquent au langage parlé (syntaxe et vocabulaire) de l’orateur.

La préparation et la pratique permettent de trouver les bons mots, elles permettent également de trouver les phrases ou les expressions-chocs : "En octobre dernier est arrivé The perfect storm". "Ça monsieur, ça demeure un mystère de la vie". Voilà deux formules-chocs utilisées par Henri-Paul Rousseau lundi dernier.

À quoi servent les formules-chocs? Dans un premier temps, à séduire l’imaginaire de l’auditoire, The Perfect Storm. La tempête parfaite! C’est presque divin. Qu’auriez-vous fait à ma place devant cette fatalité? Non messieurs, dames, il n’y avait rien à faire. C’était inévitable… Ce qui revient à dire, «je n’ai rien à voir avec les pertes de la CDPQ et la déconfiture des marchés qui ont touché l’ensemble de la planète».

La formule-choc est également très utile dans ce qu’on appelle la répartie. Il n’y a rien de mieux qu’une formule-choc bien utilisée au moment propice pour couper l’herbe sous le pied d’un interlocuteur : "Ça monsieur, ça demeure un mystère de la vie." – pour expliquer que les PCAA vendus au Canada ont trouvé preneur principalement au Québec. En mode répartie, la formule-choc doit être exprimée sur un ton assuré tout en quittant le regard de l’interlocuteur.

Que voulez-vous argumenter contre un mystère de la vie? Avec une formule-choc bien placée, le temps qu’il faut à l’interlocuteur pour réagir sera assurément trop long puisque déjà, celui qui la prononce correctement a tourné le regard ailleurs. L’interlocuteur ne peut alors comprendre qu’une chose : il s’est fait battre. Il a l’air d’un amateur qui vous arrive à peine à la cheville. Vaudrait mieux alors qu’il se taise.

Si vous voulez avoir du leadership auprès des autres, vous n’avez pas le choix, vous devez être éloquent lorsque vous ouvrez la bouche. Pour le devenir, vous n’avez pas le choix : préparation, préparation, pratique, pratique. Et si vous doutez de l’importance de la préparation et de la pratique, il aurait fallu que vous remarquiez que monsieur John Parisella était assis juste en face de Monsieur Rousseau à la table d’honneur lundi dernier. Dois-je rappeler que Monsieur Parisella est un expert en communication et en gestion de crise? Ce qui démontre peut-être qu’il y a probablement plus de mystère de la vie qu’on le pense!

CDPQ – The Perfect Storm Analysis
The Perfect Storm : L'Éloquence
The Perfect Storm : Sens critique
The Perfect Storm : Les Alliances
The Perfect Storm : Jeux-enjeux
The Perfect Storm : Final Act

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The Perfect Storm: Sens critique

Après l’éloquence, l’aptitude à acquérir pour développer son leadership est indéniablement le sens critique. Pourquoi le sens critique est-il si important? Cela va de soit, il est indispensable pour percevoir et déceler ce que l’éloquence cherche parfois à cacher.

Je ne veux rien enlever à la qualité de la présentation d’Henri-Paul Rousseau mais alors que je l’écoutais, j’ai pensé au vendeur de logiciels que j’ai rencontré il y a quelques années dans une PME où j’étais directeur de production. Notre entreprise évoluait dans le secteur de l’aéronautique principalement par l’entremise du développement et la production de composantes faites sur mesure pour nos clients. Pour répondre à notre marché cible, tous mes collègues évoluaient dans un monde propre à la R&D. J’étais le seul à avoir une expérience tangible des opérations manufacturières.

Avant mon entrée en fonction, l’entreprise avait acheté un logiciel ERP depuis plusieurs mois sans jamais l’avoir utilisé ni même installé sur les ordinateurs. Une fois que j’ai eu complété un tour d’horizon afin de comprendre les processus de l’entreprise, il a été convenu de relancer le projet ERP. Nous avons donc invité le vendeur afin qu’il nous présente à nouveau son logiciel et surtout, que je puisse en prendre connaissance.

Après les salutations d’usage, le représentant a commencé sa présentation. Dans le temps de le dire, il cliquait à gauche à droite, ouvrait un menu pour montrer l’utilité d’une fonction. En ouvrait un autre pour signaler les liens entre différentes fonctionnalités, etc. Mes collègues étaient impressionnés par les capacités du logiciel et imaginaient plein de possibilités qui faciliteraient notre travail. Tout semblait prometteur jusqu’au moment où j’ai commencé à poser des questions au représentant. Autant son logiciel semblait fantastique, autant il aurait fallu investir à nouveau afin de développer les fonctionnalités qui répondraient à nos besoins. Et que dire des nombreuses fonctionnalités comportant des paramètres limitatifs pour nos données!

En résumé, ce logiciel n’était nullement adapté à nos opérations quotidiennes. Pour autant, lorsqu’on regardait la présentation du représentant, tout semblait fantastique. Pourquoi? Parce le vendeur était préparé pour nous faire un spectacle. Il était préparé à nous en mettre plein la vue. Il était éloquent tout au long de sa présentation. Il connaissait son produit et savait ce qu’il pouvait faire et ce qu’il ne pouvait faire. Croyez-vous que sa présentation mettait l’emphase sur les lacunes de son produit?

Croyez-vous que monsieur Rousseau a parlé des lacunes de sa gestion au cours des 5 années à la tête de la CDPQ? Outre la quantité de PCAA acheté sous sa gouverne dont il a pris la responsabilité, tout le reste des pertes seraient dues à ce qu’il a décrit comme étant The Perfect Storm. De plus, comme l’expliquait monsieur Rousseau, il a quitté la CDPQ en mai, bien avant octobre 2008 où la tempête parfaite a frappé. Jamais lors de son départ HPR n’aurait pu prédire ce qui allait arriver comme il l’a mentionné.

Comme l’expliquait un journaliste à Radio-Canada un peu plus tard dans la journée et comme plusieurs savent, la débâcle financière a pris forme dès la mi-2007 aux États-Unis. Bien sûr, personne n’a prédit l’ampleur du désastre à venir. Toutefois, nombreux étaient les experts financiers qui avaient les yeux braqués sur leur radar afin de tenter de prévenir les dégâts. Ce qu’ils n’ont pu réussir comme on peut le constater. Et encore moins ceux qui ont quitté pour des cieux plus cléments avant la débandade financière…

Le sens critique est essentiel lorsqu’on veut exercer du leadership. Il l’est encore plus lorsqu’on ne connaît pas le domaine qui nous est présenté. Le sens critique se développe par la mise en perspective des propos, arguments, faits et gestes. La meilleure façon de le mettre en œuvre est d’acquérir de l’information juste et objective. D’ailleurs, un bon sens critique exige de l’objectivité. Plus on est apte à être objectif devant les faits, plus notre sens critique contribuera à notre leadership face aux autres.

CDPQ – The Perfect Storm Analysis
The Perfect Storm : L'Éloquence
The Perfect Storm : Sens critique
The Perfect Storm : Les Alliances
The Perfect Storm : Jeux-enjeux
The Perfect Storm : Final Act

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The Perfect Storm: Les Alliances

Peut-être l’avez-vous remarqué précédemment, l’éloquence et le sens critique, deux aptitudes qui favorisent le leadership, peuvent parfois jouer l’une contre l’autre. Effectivement! Il peut arriver que l’éloquence d’un individu soit utilisée dans le but de berner le sens critique d’un autre. Différentes circonstances peuvent motiver une personne à utiliser sciemment ou non l’éloquence, mais le plus souvent, on perçoit ce stratagème là où il y a des alliances.

À noter que j’utilise le terme alliance dans le sens de connivence; là où il y a un sentiment d’appartenance par exemple, appartenance à une idéologie, politique ou d’affaires. Dans ce contexte, ce qui est particulier avec les alliances, c’est qu’elles biaisent consciemment ou non le sens critique d’un individu. Lorsqu’il y a alliance, on en vient à donner plus d’importance soit à l’éloquence soit au sens critique dépendamment du groupe auquel on adhère. D’une certaine façon, les alliances rendent subjectif notre sens critique. Une subjectivité qui, cela va de soit, va à l’encontre de l’objectivité qu’exige le sens critique comme je l’ai mentionné plus tôt.

Comment peut-on déceler une alliance et par le fait même, de la subjectivité chez notre interlocuteur? Évidemment, en utilisant objectivement notre sens critique. Mais encore, les alliances et la subjectivité sont généralement présentes lorsque l’on perçoit de l’éloquence ou des formules-chocs. Je vous donne quelques exemples.

Après la conférence d’Henri-Paul Rousseau, un ancien premier ministre était interrogé par un journaliste. Ce dernier lui demandait si selon lui, on allait encore entendre parler de la déconvenue de la CDPQ. La réponse était conforme à ce qu’une alliance commande : "Si je me fie aux nombres que vous êtes ici, sûrement que oui". Une réponse qui comme il se doit, est une éloquente formule-choc. Tout dans la réponse avait été dit : Vous n’êtes là que pour chercher des problèmes là où il n’y en a pas.

Pour sa part, également interrogé par un journaliste, un autre ancien premier ministre a donné son point de vue de la façon suivante : "Tout a été dit, on ne devrait pas faire de commission parlementaire parce que cela va perturber les employés de la Caisse. Il serait préférable qu’ils puissent se concentrer sur le travail à faire". Sans être une formule-choc, cette éloquente réponse n’est nullement objective. Elle nous invite à passer à autre chose. Elle propose de cesser de chercher ce qui s’est réellement produit à la CDPQ. Le problème ici est que cette éloquente réponse laisse sous-entendre qu’il y a peut-être des choses à cacher. Pourquoi ne pas parler ouvertement et sans réserve s’il n’y a rien à cacher?

Cela n’est un secret pour personne, les alliances sont omniprésentes peu importe où l’on se trouve au sein de la société. Le problème des alliances est qu’elles biaisent considérablement le sens critique des individus. Ou bien elle l’atténue au point où on en vient à fermer les yeux sur les actes ou propos d’un collègue. Ou bien elle l’amplifie de sorte que tout ce que l’autre fait ou avance est perçu comme une supercherie. On comprend que dans un cas comme dans l’autre, cela a un impact négatif sur le leadership que l’on peut vouloir exercer.

Il est important de comprendre le rôle des alliances dans le développement du leadership. D’une part, l’absence d’alliance compromet l’émergence du leadership. En contrepartie, la présence d’une alliance trop forte limitera le champ d’action du leadership. Le leadership d’un individu pourra rarement dépasser l’étendue qu’occupe le territoire de ses allégeances politiques (libérale, conservatrice ou social-démocrate) ou sociales (employé, dirigeant ou groupe de pression).

La seule façon que le leadership peut aller au-delà des alliances, c’est soit par une éloquence parfaitement maîtrisé, soit par un sens critique exemplaire donc, par une objectivité indiscutable aux yeux des autres ou, bien entendu, une combinaison de ces deux aptitudes.


CDPQ – The Perfect Storm Analysis
The Perfect Storm : L'Éloquence
The Perfect Storm : Sens critique
The Perfect Storm : Les Alliances
The Perfect Storm : Jeux-enjeux
The Perfect Storm : Final Act

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The Perfect Storm: Jeux-enjeux

Que sont les jeux-enjeux? Avant tout un jeu de mots mais également une formule-choc : Jeux-enjeux. Mais dans ce cas-ci, une formule-choc non pas pour décontenancer l’autre comme elle est souvent utilisée. Non!, jeux-enjeux est une formule-choc pour susciter la curiosité. Comme quoi la formule-choc peut être utilisée constructivement.

Mais au-delà du jeu de mots, les jeux-enjeux représentent ce qu’on retrouve dans tout ce qu’on peut qualifier être une organisation. Organisation dans le sens bien entendu d’entreprise mais également dans le sens de paliers gouvernementaux (local, municipal, provincial, fédéral, continental et mondial). En fait, organisation dans le sens d’un milieu où des individus se regroupent entre eux et qu’ils interagissent entre eux et entre les groupes.

Jeux-enjeux exprime la réalité du quotidien où chacun se présente dans le but d’obtenir plus de valeur que les coûts qu’il a assumés pour ce qu’il a produit. C’est ce qu’on appelle un profit; un profit au sens large. Un profit dans le sens d’un avantage. Il est important de prendre conscience que c’est dans un environnement de jeux-enjeux, où il y a l’omniprésence du profit, que prend forme le leadership que l’on désire exercer.

Avant d’aller plus loin, il est important de comprendre que le profit dont il est question ici prend différentes formes. Aussi, il faut comprendre qu’il n’est pas toujours immédiat. Le profit auquel je fais référence prend parfois la forme de la crédibilité ou du pouvoir. Le profit dont il est question peut être vu comme faisait partie d’un enchaînement d’événements – un genre de chaine de production – qui fait augmenter graduellement la valeur du profit à venir. Vue autrement, disons que la crédibilité mène au pouvoir qui lui mène au profit. Plus la crédibilité est grande, plus le pouvoir peut être grand et conséquemment autant le sera le profit.

Les jeux-enjeux, c’est l’environnement où se mettent en œuvre l’éloquence, le sens critique et les alliances. Dans notre sport national ici au Québec, le jeu-enjeux serait la rondelle que l’on tente de mettre dans le but adverse. L’éloquence représenterait la facilité qu’ont certains joueurs à manier cette rondelle. Pour leur part, les batailles entre les joueurs symboliseraient le sens critique. Pour ce qui est des équipes, elles font foi des alliances.

Quels étaient les jeux-enjeux de la conférence d’Henri-Paul Rousseau? C’est intéressant de se poser la question car cela fait prendre conscience du volet complexe du leadership. Lorsqu’on prend en exemple l’allocution de HPR à la CCMM, on comprend que les jeux-enjeux dépendent du niveau organisationnel duquel on les regarde. Monsieur Rousseau a mentionné qu’il parlait en son nom. Dans ce contexte, parlait-il pour rétablir sa crédibilité? Voulait-il simplement informer la population?

D’un autre niveau organisationnel, au niveau politique par exemple, plusieurs décriaient son allocution comme étant une commande du gouvernement afin de contrecarrer la grogne croissante au sein de la population. Bien entendu, les partis d’opposition dénonçaient cette conférence comme étant une stratégie gouvernementale.

Au niveau social (population), les jeux-enjeux ont été perçus comme un exercice par lequel le monde des affaires allait justifier leur tendance à utiliser l’argent des travailleurs sans aucun remords. À l’inverse, le monde des affaires voulait confirmer qu’il maîtrise les mécanismes de l’économie et que cela contribue à l’épanouissement de la population. En fait, la démarche cherchait à convaincre que malgré ce qui c’est produit, la population devait faire confiance au monde des affaires.

Avec les jeux-enjeux, on comprend que pour faire preuve de leadership, un individu doit franchir une multitude d’obstacles où tout un chacun tente d’en obtenir plus en sa faveur. Pour bien maîtriser le leadership, il faut bien comprendre les jeux-enjeux dans lesquels on évolue. Il faut également comprendre que ces jeux-enjeux sont modulés par l’éloquence, le sens critique et les alliances entre les uns et les autres.

CDPQ – The Perfect Storm Analysis
The Perfect Storm : L'Éloquence
The Perfect Storm : Sens critique
The Perfect Storm : Les Alliances
The Perfect Storm : Jeux-enjeux
The Perfect Storm : Final Act


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The Perfect Storm: Final Act

Le leadership est un phénomène à la fois simple et complexe. Simple et complexe lorsqu’il est question de le comprendre. Également simple et complexe dans sa mise en œuvre. Pourquoi en est-il ainsi? Tout simplement parce que le leadership dépend d’une multitude de facteurs qui, souvent, les uns vont à l’encontre des autres.

Tous les jours on peut voir les effets de l’éloquence, du sens critique, des alliances et des jeux-enjeux qui vont les uns à l’encontre des autres. Par exemple, vendredi dernier, le gouvernement a nommé Michael Sabia à la tête de la CDPQ. Une nomination qui a soulevé la controverse de plusieurs intervenants et alliances. En premier lieu et sans surprises, les partis d’opposition qui se sont dit scandalisés. De nombreux analystes politiques ont dénoncé cette nomination. D’anciens hauts dirigeants de la CDPQ ont également avoué être surpris. Bons joueurs toutefois, ils ont donné la chance au coureur.

La semaine dernière, les représentants des TCA ont annoncé qu’ils avaient fait d’importantes concessions au bénéfice de leur employeur, GM, afin que ce dernier puisse demander une aide financière au gouvernement. On parle ici encore une fois de montants qui jouent dans les milliards $. Comme si cela n’était maintenant que du p’tit change.

Quelle est la nature de ces importantes concessions? Un gel des salaires jusqu’en 2012, une suspension du réajustement au coût de la vie des salaires et des rentes de retraite. L’élimination d’une semaine de congé et d’une prime annuelle de 1700$. Ainsi que l’ajout d’une contribution de 30$/mois des travailleurs à leur allocation de maladie. De mon point de vue, des concessions tout simplement risibles compte tenu du contexte économique et des montants demandés auprès du gouvernement.

Comme l’expliquait monsieur Rousseau dans son allocution, le monde financier ne croyait pas possible la déconfiture de l’économie. Le monde financier ne croyait pas possible que le gouvernement des États-Unis laisserait une banque faire faillite : "To big to fail". Si on regarde les «importantes concessions» accordées par les TCA, c’est probablement ce que se disent leurs représentants : To big to fail! Le gouvernement va payer car il ne peut se permettre que l’industrie automobile nord-américaine s’écroule.

Lorsqu’on regarde les nombreux jeux-enjeux présents dans l’actualité, faut-il se surprendre des nombreux appels qui demandent plus de leadership de la part des dirigeants? Absolument pas car nombreux sont les intervenants qui utilisent l’éloquence pour tenter de déjouer le sens critique des autres.

Mais le pire problème auquel fait face l’économie actuellement, c’est qu’ils sont plusieurs à faire comme on le faisait lorsqu’on était enfant. Vous savez, lorsqu’on criait : Il m’a volé mon cochon (tirelire). Il a pris mon auto (jouet). En fait, plusieurs crient à l’aide lorsque le jeu-enjeux ne tourne pas à leur avantage. Après tout, il y aura toujours le gouvernement pour réparer les pots cassés. Parce que comme l’a si bien dit monsieur Rousseau : To big to fail!

Comme mentionné au début de cette chronique, les pertes de 40 milliards $ à la CDPQ sont une excellente occasion pour nous aider à mieux comprendre le leadership. Avec The Perfect Storm, j’ai tenté de mettre en lumière les différents éléments qui rendent le leadership à la fois simple et complexe. Au moment où je fais les dernières retouches à ce texte, un journaliste mentionne que la nomination de Sabia à la tête de la CDPQ semble être une commande politique. Autrement dit, si The Perfect Storm a frappé en octobre dernier, le vent, lui, ne semble pas être sur le point de se calmer.

Simple ou complexe le leadership? Il serait simple si les gens étaient capables de faire preuve de transparence. Mais ça, pour plusieurs, ça semblent être complexe de le comprendre!

CDPQ – The Perfect Storm Analysis
The Perfect Storm : L'Éloquence
The Perfect Storm : Sens critique
The Perfect Storm : Les Alliances
The Perfect Storm : Jeux-enjeux
The Perfect Storm : Final Act

Allocution de monsieur Henri-Paul Rousseau à la CCMM

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dimanche 8 mars 2009

Question d'éthique pour Harper

Vous avez sûrement eu écho de l’entrevue de Stephen Harper avec un journaliste de CNN dimanche dernier: « …We’re not going to win this war just by staying. We’re not going to, in fact, my own judgement Fareed is quite frankly, we’re not going ever defeat the insurgency. Afghanistan probably had…»




J’ai pris connaissance de cette entrevue lors du Téléjournal de Radio-Canada dimanche dernier. L’introduction au reportage ressemblait à ce qui suit : «Jamais nous n’allons gagner la guerre en Afghanistan selon Stephen Harper.» Lorsque j’ai entendu la nouvelle, je n’ai pu faire autrement que penser leadership! Avez-vous dit leadership?

En fait, immédiatement j’ai pensé à la motivation des soldats sur le terrain. J’ai eu une pensée pour ceux qui sont morts. J’ai pensé à ceux qui allaient mourir – deux jours après l’entrevue, 3 soldats sont morts et 2 autres ont été blessés. J’ai également pensé à ceux sur le point de partir – 1600 soldats de Valcartier partiront vers l’Afghanistan entre les mois de mars et avril.

J’ai pensé aux soldats et je me suis demandé comment ils allaient faire pour se motiver sur le terrain. Pourquoi aller à la guerre si elle est perdue à l’avance? Pourquoi aller risquer de se faire tuer si le chef croit que nos efforts seront vains?

Tel que prononcé, la déclaration de Stephen Harper est un non-sens. On va laisser nos soldats sur le champ de bataille jusqu’à la fin de l’année 2011 tout en sachant que nous ne viendrons pas à bout des talibans. Pourquoi envoyer des gens se faire tuer à l’autre bout du monde si on n’a pas la certitude de pouvoir atteindre l’objectif initial : gagner la guerre?

Bien sûr, je comprends que le Canada s’est engagé à être présent en Afghanistan jusqu’en 2011. Je comprends également que, comme l’a mentionné Obama au moment où j’écris cette chronique, la solution afghane va prendre forme par des négociations avec des talibans modérés.

Il faut toutefois reconnaître que l’engagement du Canada jusqu’en 2011 a été pris au moment où on avait l’espoir de gagner. Si cet espoir est dorénavant vain comme le prétend le premier ministre, on doit réagir et agir en conséquence. C’est un principe de leadership. Un leader ne peut pas laisser son monde faire des choses auxquelles il ne croit. Un leader ne peut faire perdre le temps des gens qu’il dirige. Un leader ne peut encore moins leur faire perdre la vie inutilement. En fait, un leader ne peut pas changer son fusil d’épaule sans apporter de changements aux actions engagées sous son autorité.

La déclaration de Stephen Harper fait ressortir l’un des obstacles fondamentaux du leadership : l’authenticité. Je parle régulièrement d’authenticité et dans le cas présent, il est pertinent de se demander si le premier ministre était authentique lorsqu’il a fait sa déclaration. Il est pertinent de se demander quelle était l’intention de Stephen Harper au moment de sa déclaration.

Est-ce qu’il veut se repositionner aux yeux des Canadiens en vue d’une élection à venir? Prépare-t-il une prolongation de la mission en Afghanistan avec un objectif différent? La formation de l’armée afghane au lieu de la lutte aux talibans? Ce qui serait peut-être dans les circonstances qu’un subterfuge pour laisser les troupes sur le terrain avec comme conséquence de perpétuer la mort des uns ou des autres pour une guerre qu’on ne peut gagner.

En réalité, peu importe les raisons qui ont poussé Stephen Harper à dire ce qu’il a dit, il y a de fortes chances qu’il n’est pas authentique dans le dossier de l’Afghanistan. Comment en arriver à cette conclusion?

L’authenticité s’observe lorsque les actions d’un individu sont conséquentes avec ce qu’il croit et ce qu'il dit croire. Si Stephen Harper ne croit pas que l’on peut gagner la guerre en Afghanistan, conséquemment, il doit rapatrier nos soldats sur-le-champ afin d’éviter d’autres morts inutiles. Autrement, à quoi bon laisser les soldats canadiens en terre afghane? Pour que certains d’entre eux se fassent tuer inutilement? Si on ne peut gagner la guerre, qu’est-ce que le Canada fait là?

À tout le moins, si on ne peut gagner la guerre, on se doit de changer quelque chose dans la mission actuelle et ce, immédiatement.

Le leadership, le leadership positif, celui qui contribue à l’épanouissement des individus, de la société, des valeurs ou de l’économie, est avant tout une question d’authenticité. Avec la déclaration de Stephen Harper à CNN, on comprend que le leadership, c’est également une question d’éthique.

P.S. Je profite de ce moment pour souhaiter une bonne journée à toutes les femmes!
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dimanche 1 mars 2009

CDPQ - Paravent de belles paroles

Je vous l’avoue chers lecteurs, cette semaine, je ne sais trop quoi penser. Je ne sais trop par où commencer. L’actualité semble être un puits sans fond d’exemples de leadership à ne pas suivre. Bien sûr, je pourrais regarder les choses par l’autre côté de ma lorgnette et me dire : Wow! C’est fantastique! Au train où vont les choses, j’ai plus de sujets de chronique que j’ai de temps pour en écrire! Mais allez savoir pourquoi, cet angle de vue, au lieu de m’enthousiasmer, me donne l’impression que les organisations tournent en rond. Leadership! Avez-vous dit leadership?

Faut-il se surprendre du manque de leadership dans nos organisations? Absolument pas! Il ne faut pas s’en surprendre car le leadership, ça se développe en partie par l’exemple. Et trop souvent, l’exemple qu’on nous donne n’est que cachoterie et diversions. Cette semaine, l’exemple à ne pas suivre est sans contredit l’annonce des résultats financiers de la CDPQ (Caisse de dépôt et placement du Québec) et tout ce qui l’entoure. Pour vous en convaincre, je vous invite à regarder le reportage d’ouverture du Téléjournal de Radio-Canada mercredi soir dernier*.

(6:22) Commençons avec le "Bien sûr que je suis très déçue de ce qui c’est passé en terme de rendement à la Caisse", de Monique Jérôme-Forget, ministre des Finances. "Bien sûr que je suis navrée parce que perdre 40 milliards de dollars, vous comprendrez que personne (ne) peut se réjouir de ça. Est-ce que je suis responsable de finalement, du choix qui a été fait par les gestionnaires de la Caisse? Non, et la ministre des Finances ne devrait pas s’immiscer dans ces choix. La ministre n’a jamais donné de directives pour obtenir des résultats plus élevés que 7 pour cent, 7 pour cent."

Comme poudre aux yeux, avouez qu’on ne peut avoir meilleur exemple. Le point ici n’est pas de savoir si madame Jérôme-Forget est responsable ou non de la perte de 40 milliards. Le point est de l’entendre dire qu’elle est déçue et navrée de la tournure des événements. Comme si l’annonce faite mercredi dernier était pour elle une révélation. Il ne manquait qu’une petite larme et la musique de fond pour faire un peu plus dramatique.

Cela fait depuis novembre 2008 qu’on sait que la Caisse va faire une perte colossale. C’est effectivement depuis les élections de l’automne où l’ADQ et le PQ tentaient de faire sortir le chat du sac que l’on connaissait l’étendue du gouffre. Dans les circonstances, pouvez-vous bien me dire de quelle planète arrive la souriante Monique pour nous partager ses états d’âme et sa stupéfaction?

À bien y penser, peut-être que madame la ministre a raison, elle n’est pas responsable de ce qui est arrivé à la CDPQ. Elle n’est pas responsable, elle est irresponsable! Et entre nous, croyez-vous vraiment qu’elle est autant déçue et navrée qu’elle le prétend? Remarquez, c’est votre droit de croire ou non au Père Noël! Pour ma part, ce que j’en pense ne peut mieux se résumer que par mon amusant : Leadership! Avez-vous dit leadership?

(4 :30) On pourrait également commenter les pourcentages qu’on aurait supposément communiqués à Madame la Ministre fin novembre début décembre, "…non pas moins 25, moins 18 pour cent…" Mais à quoi bon perdre notre temps avec quelqu’un d’aussi mal informé? Si ses dires étaient vrais, elle devrait aller se cacher tellement son personnel lui communique de la fausse information. C’est une évidence, le seul leadership que peut avoir la Ministre, elle l’utilise pour se faire réélire. Madame la Ministre pense plus à son avenir que celui de ses concitoyens. C’est ce que j’appelle du leadership négatif dans ma conférence Les Pouvoirs d’influence du leadership.

(2 :11) "En quelques jours, en octobre 2008, le monde a basculé dans une crise financière et économique jamais vue depuis 80 ans." (2 :36) "Cet épisode est sans contredit une page difficile de l’histoire de la caisse. " (3 :00) "Ce fut une erreur d’en accumuler autant...", des PCAA (Papiers commerciaux adossés à des actifs). Le problème ici, ce n’est pas d’en avoir accumulé. Le problème est d’en avoir acheté de l’entreprise (Coventree) dont la Caisse était le principal propriétaire, le principal client et le principal prêteur. Mais ça, croyez-vous que Monsieur PDG par intérim l’a mentionné? Leadership! Avez-vous dit leadership?

Faut-il en manquer de leadership lorsque tu n’es même pas capable de parler des vrais problèmes? Et après ça on se demande comment il se fait qu’il manque de leadership dans nos entreprises! Facile à comprendre me semble, lorsque les gens préfèrent protéger leurs millions de dollars en salaire en étant gentil gentil avec lui et avec l’autre, il n’y a pas à chercher pourquoi il manque de leadership dans nos entreprises. On veut des leaders, à condition qu’ils fassent ce qu’on leur dit. On veut des leaders, à condition de garder le contrôle!

Si la Caisse de dépôt investit dans une entreprise et que par la suite, elle achète les produits de cette même entreprise afin de créer un engouement dans le marché, ne vous demandez pas pourquoi Monsieur Rousseau a quitté le navire alors qu’il voyait la tempête arriver à l’horizon. Mais comme Monsieur intérim l’explique, tout ça c’est passé en quelques jours en octobre 2008. Bien sûr, comme si nous allions finir par y croire au Père Noël! Leadership! Avez-vous dit leadership?

Pour terminer, juste pour mettre un peu plus de piquant, n’est-ce pas cette même Caisse de dépôt qui avait vendu des fonds de placement à un certain… quelqu’un qui avait une entreprise où il était également principal propriétaire, principal client et principal prêteur… comme il s’appelait déjà… Vincent chose… ça me revient… je l’ai sur le bout de la langue… Lacroix me semble… Mais à bien y penser, je crois qu’on en a assez pour la semaine. Après tout, The show must go on.

Oufff!, j’ai l’impression d’être en feu cette semaine! C’est vrai que je n’ai jamais vraiment aimé les pseudo-leaders. Vous savez, ceux qui se cachent derrière un paravent de belles paroles!


* : Les chiffres entre parenthèses font référence aux minutes écoulées depuis le début du Téléjournal.