dimanche 29 juin 2008

Appropriation

Gens du pays c’est votre tour de vous laisser parler d’amour. Gens du pays… Qui n’a pas entendu cette patriotique chanson de notre poète, M. Gilles Vigneault, en ce temps de fête Nationale? La fête des Québécois comme vous le savez. Celle où on peut entendre le rassembleur "Le Québec au Québécois" lors de cette bleue et blanche journée.

Je vous l’avoue, je ne suis pas celui qui partirait au-devant du traditionnel défilé une main sur le cœur et de l’autre, le drapeau à bout de bras le poing fermé. Certes, j’ai déjà participé à quelques marches il y a de ça plusieurs années. Mais j’y allais surtout par curiosité. J’ai toujours été impressionné par les gens qui endossent une cause comme si le sort de l’humanité allait s’y jouer. Oui!, le patriotisme inconditionnel m’impressionne. Je demeure intrigué par ces gens capables de vivre passionnément un sentiment d’appartenance collectif.

Cette année, allez savoir pourquoi, les commentaires de quelques personnes ont attiré mon attention. Peut-être est-ce dû à mes réflexions professionnelles? Depuis quelques semaines, mes intérêts se tournent vers la performance organisationnelle. Ce qui, nécessairement, exige une forme d’adhésion des employés aux valeurs de l’entreprise. Peu importe, j’ai apprécié entendre ces gens exprimer leurs plaisirs à participer au défilé de la St-Jean-Batiste. "Je me sens interpellé.", "C’est bon pour le sentiment d’appartenance.", "On est des Québécois!"

Je dois commencer à être vieux jeu, encore cette année, j’ai regardé le spectacle de soirée à la télé. Je préfère cette formule car je me souviens que dans la foule de 100 000 personnes, tout ce que tu vois, c’est une mer de drapeaux bleu et blanc au-dessus des têtes, ou l’écran géant à quelques centaines de pieds. Cela fait un peu ringard mais j’aime mieux la télé et ma bière froide que me faire marcher sur les pieds et avoir à jouer du coude pour fuir un drapeau qui me cache la vue pour en trouver un autre encore plus gros trente foulées plus loin.

C’est devenu coutume le 24 juin, les organisateurs se veulent rassembleur. Le Québec… cette terre francophone… ce lieu où tous ont leur place… Nos ancêtres… en leur mémoire… Nous tous… ensemble… célébrons… et un jour… le Québec! Et chaque invité y va de sa petite phrase pour soulever la foule et donner de l’ambiance à la soirée. On y parle de fraternité, de ressemblance les uns aux autres et d’amour. L’amour de la nation, l’amour du Québec.

La soirée était belle et la fin approchait. Les Loco Locas sont arrivés sur scène. Ils ont entonné le fameux «Mon cher Jean, c’est à ton tour…» pour souligner la fête de Jean Charest, notre premier ministre. Il souffle son 50e anniversaire cette année. Quoique sympathique de le souligner, ce n’était qu’en fait un prélude à leur bien connu chanson «Libérez-nous des libéraux». Un coup bas n’aurait pas fait mieux. Évidemment, la foule était en liesse. Ce n’est un secret pour personne que la majorité des gens qui participent aux grands rassemblements de la St-Jean sont majoritairement souverainistes. Je n’ai rien contre cela quoique…

Je demeure perplexe face aux organisateurs. On nous parle de la fête des Québécois, du fait français, nous tous sur Notre terre d’accueil… On veut rassembler… mais dans les faits, on ne cherche qu’à endoctriner. Vous devez penser comme nous, sinon nous allons vous chasser du pouvoir. Que les organisateurs laissent les Loco Locas chanter leur chanson qui appelle à la hargne contre les libéraux, cela me laisse songeur face à leur réel leadership! Avez-vous dit leadership?

Évidemment, tout cela sous l’égide de la fameuse liberté d’expression. Il semble que certains oublient que la liberté des uns se termine là où celle des autres commence. C’est là l’un des problèmes de nombreux soi-disant leader, le manque d'intégrité. On nous parle d’unité… alors qu’on agit pour la division. La fête des Québécois… souverainistes. Le manque d’intégrité, l’inaptitude à réellement rassembler. Voilà quelques barrières au leadership.

À la toute fin du spectacle, j’ai été estomaqué d’entendre le président de la société St-Jean-Batiste, sourire Pepsodent à pleine bouche, remercier le gouvernement pour sa généreuse contribution financière. Quelle belle subtilité! Il aurait pu remercier le gouvernement d’avoir accepté de se faire… Ça aurait eu la même signification mais en un peu moins polie. On prétend fêter Le Québec alors qu’on fête Notre Québec (indépendant). On nous parle du Nous rassembleur alors qu’à l’usage, on comprend que c’est un Nous souverainiste. Cela me laisse pantois. Combien croient exercer du leadership alors que tout ce qu’ils font n’est que de l’appropriation?

1 commentaire:

  1. M. Lanthier, vous touchez un point très important dans votre message et je vous remercie de le soulever puisque moi aussi, je me questionne beaucoup sur notre Fête Nationale. Bien qu'une grande partie de la population souhaite fêter les Québécois dans un esprit d'ouverture et d'inclusion il y a, ces grands rassemblements populaires qui ne manque pas de politiser la Fête. Cette politisation amène effectivement un climat où l'on sent qu'il y a les bons souverainistes et les autres «méchants». C'est fort dommage et ça n'amène rien de bien positif. Coté leadership je crois que ces leaders exerce un fort leadership au sein de ce groupe. Si tel est leur objectif c'est réussi. Par contre, s'ils tentent de rassembler les québécois autour d'un projet commun basé sur des valeurs communes, force est de constater qu'ils ne s'y prennent pas de la bonne façon et c'est bien déplorable.

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