dimanche 8 juin 2008

Démesure

Vroum vroum vroum su mon ti-bicycle vroum vroum vroum je prends bien mon temps. Vroum vroum vroum su mon ti-bicycle vroum vroum vroum je vivrai longtemps! Les travailleurs de l’usine de GM à Oshawa n’ont pas l’esprit à fredonner du Tex Lecor ces temps-ci. Depuis une semaine, ils manifestent contre la fermeture annoncée de leur usine de production. Ils sont d’autant plus fâchés que pas plus tard qu’au mois de mai, ils avaient signé leur convention collective pour une durée de trois ans.

Je comprends leur déception. Et j’imagine qu’elle est d’autant plus grande qu’ils se sentaient protégés par leur nouvelle entente signée pour trois autres belles années. C’est toujours rassurant de savoir qu’on va faire le gros salaire pendant que l’employeur accumule les dettes. Rassurant mais peut-être pas réaliste. Pas réaliste de se croire invincible lorsqu’on évolue dans une industrie en plein chambardement. Pas réaliste de croire que notre employeur va continuer de perdre des milliards de dollars pendant qu’on se la coule douce avec des plans de pensions et autres avantages sociaux mur à mur.

En mars dernier (So!-So!-So!), j’ai parlé de l’attitude des dirigeants syndicaux de l’industrie automobile. Comme on peut le voir actuellement à Oshawa, il continue de faire croire que l’employeur n’est qu’un gros dégueulasse qui ne respecte pas sa parole. Qu’il ait perdu 54 milliards de dollars l’an dernier, on s’en fout! Nous on veut nos emplois. Il nous avait dit que l’usine resterait ouverte pour encore trois ans. Qu’il respecte sa parole. Ah les #!!&?$@$ de capitaliste!, il faut les mettre à leur place. So! So! So!

Évidemment, lorsque 1000 emplois avec un salaire moyen de 72 000$ risquent d’être perdus, cela génère de la relève aux discours syndicaux. C’est ainsi que nos Jack Layton et Stéphane Dion se sont présentés à Oshawa pour témoigner de leur soutien aux travailleurs. Aussi habile qu’à son habitude, Dion c’est fait rabrouer parce qu’il ne s’est pas montré à la hauteur de son homologue.

Jack par contre, il connaît le langage à utiliser. Il sait que les travailleurs sont habitués à entendre à peu près n’importe quoi à condition que ce soit à leur avantage. C’est ainsi qu’il a sorti sa cuillère, en a frotté le dos, et déclaré qu’il fallait défaire le gouvernement dès lundi matin pour sauver les 1000 emplois en question.

Oui mesdames messieurs. Notre super Jack propose de faire tomber le gouvernement pas plus tard que demain, lundi le 9 juin, parce que GM a décidé de fermer l’usine d’Oshawa en 2009! So! So! So! solidarité. Si ce n’est pas de la démesure, pourriez-vous S.V.P. me dire ce que c’est? Et comme si ce n’était pas assez, Layton poursuit en disant n’importe quoi. Ainsi, il accuse le gouvernement de manquer de leadership. Un classique. Avez-vous dit leadership?

Pour être honnête, le gouvernement conservateur n’y est pour rien dans la débandade du secteur automobile. Cela fait des années que les trois géants perdent des parts de marché. Si les travailleurs de l’industrie automobile perdent aujourd’hui leur emploi, c’est dommage mais c’est un peu de leur faute. Non pas individuellement mais collectivement.

C’est eux qui sont responsables de ne pas avoir fabriqué des produits de qualité. De ne pas avoir dessiné des modèles au goût du jour et non au goût de «mononcle» Gérard. Responsable de ne pas avoir pensé à des produits moins énergivores. Responsable de ne pas avoir acheté les modèles de leur employeur au lieu de faire comme la majorité en achetant ceux des Asiatiques. À l’époque, avez-vous déjà pris le temps de regarder le stationnement de la GM Boisbriand lorsque vous circuliez sur l’autoroute 15? Pour ma part, j’en étais stupéfait. Stupéfait de voir le nombre de petites asiatiques dans le paradis de la grosse nord américaine full equip.

Personnellement, je ne peux rien contre ces supposés leaders qui proposent l’impensable. Des leaders dis-je? Oui, par définition! Par définition, un leader mobilise les foules. Par définition, les gens sont prêts à suivre les leaders. Le problème est qu’on oublie trop souvent qu’un leader doit être articulé. Il doit être en mesure de proposer de bonnes idées. Pas nécessairement des idées réalistes car une société a besoin de rêves pour avancer. Toutefois, il serait bon de se rappeler qu’il y a une distinction à faire entre le rêve et la démesure. Faire tomber le gouvernement parce que 1000 travailleurs vont perdre leur emploi en 2009. C’est de la démesure.

Vous croyez que tout ça n’est qu’une bravade politique d’un chef de parti de 3e ordre? Je ne peux rien contre les leaders de l’impensable mais je peux toutefois vous dire de vous méfier. Gardez l’œil ouvert. Surveillez celui qui mobilise les autres. Assurez-vous de prendre connaissance du message qu’il véhicule. Car je suis persuadé qu’il y a au moins un Jack Layton quelque part entre les murs de votre entreprise. Il y a quelqu’un quelque part qui, juste pour se faire du capital politique, est prêt à proposer la démesure.

Comme le dit l’adage, un dirigeant averti en vaut deux!

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