dimanche 7 septembre 2008

Éthique

La semaine dernière, comme il se doit en début de mois, j’ai diffusé Le Meneur! Le mensuel du leadership. Intitulé « Tout est relatif », j’y aborde l’un des défis auquel les gestionnaires sont confrontés : l’objectivité. Aujourd’hui, je constate avoir abordé le sujet à je-ne-peux-avoir-choisi-un-meilleur-moment! Avec l’arrivée de la colistière Madame Sarah Palin dans les élections présidentielles américaines et le déclenchement des élections fédérales ici au Canada, il y a une mer de relativisme dans l’air!

En résumé, j’expliquais dans Le Meneur! qu’il n’est pas toujours facile d’être objectif face aux événements auxquels nous sommes confrontés. Cela étant donné nos biais cognitifs. À la fin de l’article, j’invitais le lecteur à prendre un peu de recul face à son quotidien afin d’observer les fois où il devient un peu plus subjectif dans ses décisions ou interactions avec ses collègues. Comme vous le savez, il n’y a rien de mieux que des exemples pour comprendre ce dont on parle. Et le relativisme n’échappe pas à la règle.

Commençons avec la colistière républicaine, Madame Palin. Comme vous le savez probablement, l’une de ses filles, Bristol, qui a 17 ans, est enceinte de 5 mois. Si vous voulez mon avis, il n’y a là rien qui justifie de fouetter un chat. Avec tous les clips à la Madona qui abreuvent l’imaginaire collectif, c’est tout à fait normal que les jeunes s’adonnent aux plaisirs de la vie – plaisirs de la vie, avouez que le double sens n’est pas si mal! Toutefois, la situation se corse lorsqu’on sait que madame Palin fait la promotion de l’abstinence sexuelle avant mariage tout en étant contre l’avortement.

Ça se corse, mais toujours rien pour fouetter un chat. Que la fille d’une dame qui a des principes tombe enceinte, peut-être n’est-ce qu’une petite rébellion contre l’autorité parentale? Peut-être n’est-ce qu’une façon d’affirmer son entrée dans le monde adulte? Peut-être n’est-ce qu’une démonstration que dans un petit bled perdu au fin fond des bois, les jeunes n’ont rien d’autre à faire que… Vues sous cet angle, nous nageons dans une mare d’hypothèses. Cependant, tout prend une teinte particulière lorsque madame Palin affirme qu’il n’y a justement pas de quoi fouetter un chat puisque sa fille va se marier avec le père de l’enfant à naître!

Bien sûr, on comprend que ce mariage en sera un d’amour avant toute chose! Et ça, tout adulte le sait très bien par expérience. Lorsque des adolescents ont des relations sexuelles, c’est parce qu’ils sont en amour. C’est parce qu’ils s’aiment pour la vie! Tout le monde sait ça, les adolescents qui ne sont pas certains de s’aimer pour le meilleur et pour le pire s’abstiennent d’expérimenter les plaisirs de la vie!

Voilà pourquoi la jeune Bristol va épouser le père de son enfant. C’est parce qu’elle l’aime. N’allez surtout pas croire que ce couple de jeunes adolescents va se marier parce que la mère de l’un d’eux est devenue colistière à la présidence de la plus grande puissance économique au monde. Voyons donc! Qui oserait avoir de telles idées? Sûrement pas une dame qui a des principes et qui va peut-être devenir la vice-présidente des États-Unis!

Ici au Canada, toute la semaine, nous avons eu des annonces d’investissement et de subventions de la part du gouvernement Harper. N’est-ce pas fantastique? Des milliards et des milliards de dollars ont volé à la rescousse du développement économique et au soutien d’organismes et de festivals. Y a-t-il plus responsable qu’un gouvernement qui assume ses responsabilités jusqu’à la dernière minute? Quoi de plus normal qu’un gouvernement qui s’assure du bon fonctionnement de l’État juste avant une campagne électorale!?

Vous voyez ce que je vois? Deux exemples qui démontrent que les événements auxquels nous sommes confrontés sont souvent très relatifs. Vous serez probablement d’accord pour dire que l’objectivité ressemble à un élastique. Un élastique que plusieurs aiment étirer. Un élastique que plusieurs étirent en espérant que personne ne perçoivent leurs motivations derrière leurs paroles et gestes.

Chacun a sa vie, ses valeurs, son cheminement. Chacun a son regard sur le monde. Un regard qui crée un biais cognitif dans notre façon de voir ce qui nous entoure. Ce n’est pas facile d’être objectif. Pas facile car chacun perçoit le monde à sa façon; de façon très personnelle. Pas facile d’être objectif et cela n’est pas sans conséquence. Ça se répercute sur le leadership qu’on exerce auprès des gens que l’on côtoie.

Comment devenir plus objectif et ainsi développer son leadership? Pour rester dans la mouvance des Olympiques des dernières semaines, et avec les Jeux paralympiques qui débutent, je dirais que c’est par l’entrainement. On devient objectif en observant le monde qui nous entoure. On devient objectif en observant les tenants et aboutissants des décisions des uns et des autres. On développe notre objectivité en se questionnant sur les motivations qui justifient tel ou tel autre choix. On développe notre objectivité en prenant conscience de nos motivations et celles des autres.

Les prochaines semaines seront captivantes du point de vue leadership. On va voir des chefs affirmer avoir les meilleures idées. Et les autres qui les accuseront du contraire. Tout cela à même un océan de qualificatifs innommables. Dans les prochaines semaines, il sera possible de voir que la meilleure façon d’être objectif dans nos choix et décisions, c’est d’avoir un irréprochable code d’éthique.

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