dimanche 23 mai 2010

Êtes-vous convaincu?

Voilà ce qui complète ma série «Êtes-vous» pour le mois de mai. Une série qui, je l’avoue, résulte probablement d’un alignement de planètes. Qu’en sais-je? À vrai dire, j’ai eu l’idée de cette chronique dès le début de la semaine alors que le cardinal Marc Ouellet remettait à l’ordre du jour le débat sur l’avortement. En cours de route, curieux hasard, d’autres événements ont alimenté ma réflexion.

Alors que je pense à la suite de l’idée, les autres vagabondent et m’amènent à l’article que j’avais publié dans le journal étudiant de Polytechnique, Le Polyscope, le 21 janvier 1991. Rêve d’hiver se terminait ainsi : «Certains croient en un dieu, d’autres croient en d’autres choses. Tant qu'à moi, je crois bien que quoiqu’on croit, les cinq milliards d’habitants de cette planète terre demeureront pour toujours, les maîtres, et les victimes de leurs actions.»

Croire, c’est parfois être croyant. Croire, c’est donc aussi les croyances. Croire, c’est souvent être convaincu. C’est également les accroires. Croire, c’est intéressant sous l’angle du leadership. Parce que le leadership, c’est l’art de mobiliser les autres. En ce sens, ou dans l’autre, Le Croire qu’on observe dans l’actualité nous montre l’un des problèmes du leadership : Certains croient qu’ils sont sur le droit chemin, ou que leurs idées sont bonnes, parce que d’autres les suivent.

Il y a quelques semaines, il y avait Richard Goyette qui affirmait sur un ton convaincu qu’il n’y avait pas de problèmes au sein de la FTQ-Construction. Depuis, monsieur Goyette a pris des vacances et présentement selon Radio-Canada, il serait en congé de maladie pour une période indéterminée. Faut croire que, peu importe le domaine, les cancers sont d’autant plus virulents qu’ils ont évolué en silence. Le retour en renfort d’Henri Massé comme conseiller spécial à la FTQ-Construction est sûrement la chimiothérapie... oups!... la preuve qu’il n’y a pas de fumée sans feu.

Comme je le mentionnais jeudi, il y a aussi Jean Charest qui fait volte-face avec son 75 000$ que lui versait le parti Libéral. Malgré son changement de cap, il se dit toujours convaincu qu’il n’y a aucune entorse à l’étique avec cette rétribution complémentaire à celle relative à son rôle de premier ministre. Croyance ou accroire?

Nous voilà peut-être au cœur de l’un des problèmes du leadership : les croyances des uns et les accroires des autres. Au cœur du problème parce que dans un cas comme dans l’autre, les uns ne sont plus à l’écoute des autres. Dans un cas comme dans l’autre, les uns se ferment l’esprit face à ce que l’autre a à dire. Dans un cas comme dans l’autre, les uns en viennent à argumenter en faisant fi de la réalité que les autres leur font part.

Pourquoi devient-on convaincu? Ou si vous préférez, pourquoi en vient-on à faire fi de la réalité des autres? C’est une question incontournable lorsqu’on tient compte de ce qui précède et que l’on cherche à démystifier le leadership.

Selon ce qui précède, on comprend que l’on devient convaincu pour trois raisons : soit par paresse, soit par croyance, soit par malhonnêteté. Mais peu importe la raison, une fois convaincu, tôt ou tard, la recherche du pouvoir devient une quête qui pousse à agir délibérément. De là résulte souvent soit les dogmes, soit les comportements douteux.

Parmi ceux que j’ai croisés au cours des vingt dernières années, certains savent que j’adore le monde des idées. Le plaisir des mots et leur agencement m’a amené à échanger sur maints sujets dans maints contextes. Aujourd’hui, je peux donc affirmer que parfois, contre toute attente, le problème du leadership, c’est d’être convaincu.


Rêve d’hiver
Dans la nuit de vendredi à samedi dernier est tombée une tempête de neige sur le Québec. Depuis longtemps avait-on eu une telle bordée de neige. Alors que je déblayais mon escalier, je me rappelais ce temps où, plus jeune, je n’avais autre chose à faire que de jouer sur le sol enneigé.

Peut-être durant toute ma vie je resterai émerveillé devant ces petits flocons qui tombent du ciel en virevoltant sous la brise. Lorsque je m’arrête pour les regarder dans leur chute, je ne peux me dire autre chose que la nature, avec ses mystères, demeure un phénomène féérique.

C’est dans cet émerveillement que je n’arrive pas à comprendre certains problèmes de nos sociétés modernes. Car malgré cette neige qui tombe, la menace d’une guerre, qui est peut-être commencée au moment de lire ces lignes ou qui a failli éclater, ne quitte pas mon esprit (*).

Dommage qu’il ne neige pas partout sur la terre. Car les peuples, plutôt que de vouloir s’entre-tuer, se permettraient de rêvasser devant ce manteau blanc qui s’installe le temps d’une nuit. Ce manteau qui semble venir de nulle part; c’est un peu pour ça qu’il fait rêver. Il arrive on ne sait trop d’où, et modifie comme bon lui semble, notre paysage quotidien.

Je sais bien que dans quelques jours, le sol, tout blanc aujourd’hui, sera rendu tout gris par les activités phénoménales de la société. Mais qu’importe. Ce rêve qui aura duré quelques heures en réalité, durera dans ma pensée. Il durera le temps qui passera d’ici à la prochaine chute de neige qui m’émerveillera à nouveau. Et pendant ce temps qui passera, je ne ressentirai pas le besoin de vouloir anéantir mon voisin.

Certains croient en un dieu, d’autres croient en d’autres choses. Tant qu’à moi, je crois bien que quoiqu’on croit, les cinq milliards d’habitants de cette planète terre demeureront pour toujours, les maîtres, et les victimes de leurs actions.

(*) NDLR (du Polyscope, je précise) : Les États-Unis ont bombardé Bagdad le soir du montage (mercredi 16 janvier 91, 18h30 heure de Montréal)…

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