dimanche 9 août 2009

Le V-P de GM n'y croit pas!

Peut-être l’avez-vous déjà remarqué? Le leadership est parfois un curieux phénomène. Curieux phénomène lorsqu’un gestionnaire haut placé exprime le fond de sa pensée. Curieux phénomène lorsqu’à l’écoute des propos, on en est bouche bée. Pour ma part, les deux bras me sont tombés lorsque j’ai lu sur CyberPresse la dernière déclaration de Bob Lutz, vice-président chez General Motors.

«Il est totalement faux d’espérer que les Américains vont se ruer sur les automobiles économiques… Le mouvement de masse vers les voitures vertes n’existe que dans les médias».

Je sais ce que vous avez en tête. Lorsqu’on sait que GM a évité la fermeture grâce à l’injection massive d’argent provenant des gouvernements et qu'on lit des propos comme ci-dessus, les bras ne font pas que tomber, ils se disloquent de l’épaule!

Remarquez, malgré mon profond désaccord avec Monsieur Lutz, je dois tout de même avouer qu’il a raison. Effectivement!, il a raison. Les Américains ne vont pas se ruer sur les automobiles économiques. Demain matin, la semaine prochaine, au début du mois à venir, il n’y aura pas de cohue chez les concessionnaires GM ni d’ailleurs chez les compétiteurs. Non il n’y aura pas cohue, il n’y aura pas de ruée. Il n’y en aura pas parce qu’on n’achète pas une automobile comme on achète lors d’un Boxing Day.

Sans le savoir, Monsieur Lutz a tout à fait raison concernant la ruée. Par contre, je doute que l’on puisse en dire autant de sa compréhension du marché. En fait, je dirais qu’il n’a strictement rien compris de l’industrie dans laquelle il évolue. Il n’a strictement rien compris de la tendance du marché de l’automobile.

Ça fait près de quarante ans que General Motors perd des parts de marché. Quarante années pendant lesquelles GM c’est rapproché inéluctablement de la faillite. Quarante ans! Ça a pris quarante années pour que GM tombe en faillite. Juste rien à voir avec une ruée!

Il n’y a jamais eu de cohue chez les concessionnaires automobiles et il n’y en aura jamais. Par ses propos, Bob Lutz nous fait la démonstration que ce n’est pas parce que tu as un titre sur ta carte d’affaires que tu es un leader!

Je sais!, cette dernière phrase est choquante. Mais que puis-je dire de plus lorsque je constate qu’un dirigeant dont l’entreprise a été sauvée de la faillite s’apprête à refaire les mêmes erreurs? Que puis-je dire de plus lorsqu’un dirigeant lance des arguments farfelus pour mieux s’asseoir sur le statu quo?

Parfois, un leader, c’est quelqu’un qui éveille le désir d’évoluer. Un leader, c’est quelqu’un qui guide les autres dans les actions à prendre. Un leader est celui qui nous mène vers la nouveauté. Un leader, c’est quelqu’un qui prend les décisions pour assurer notre bien-être dans le futur. Quelqu’un qui n’a pas peur de sortir des chemins battus lorsque c’est nécessaire de le faire. Quelqu’un qui voit au-delà de ce que ses yeux lui permettent de voir.

Pour sa part, Bob Lutz voit que les inventaires des véhicules tout-terrains sont épuisés. Il en conclut que cela démontre que les consommateurs américains ne veulent pas de voitures économiques. Dommage qu’il ne puisse voir au-delà de cette donne strictement économique. Dommage qu’il ne soit celui qui éveille le désir d’évoluer vers des produits plus respectueux de l’environnement.

Non ce n’est pas compliqué le leadership et Bob Lutz nous en donne une preuve on ne peut plus convaincante. Bob Lutz nous fait la démonstration qu’un gestionnaire ne peut mobiliser les autres dans un projet si avant toute chose, il n’y croit pas!

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