dimanche 12 octobre 2008

Votez

Plus que quelques jours avant d’aller poser votre X pour le candidat de votre choix. Plus que quelques heures avant d’entendre la statistique phrase : «Si la tendance se maintient…». Je ne sais pas si vous avez fait votre choix mais si c’est le cas, je serais curieux de savoir ce qui vous motive à voter pour lui au lieu de l’autre. Parce que vous êtes fédéraliste ou souverainiste? Parce que vous avez à cœur l’environnement? Parce que vous préférez le libre marché et avez en horreur les multiples règlements qui demandent des heures et des heures de remplissage de formulaire? Ou encore, parce que vous croyez qu’il serait temps que quelqu’un fasse preuve de leadership! Avez-vous dit leadership?

Si c’est le leadership qui vous incite à tracer votre X dans une case plutôt qu’une autre, peut-être avez-vous encore quelques doutes pour qui voter? Cela ne serait pas surprenant, tous les chefs ont affirmé haut et fort avoir du leadership. Je ne veux rien leur enlever mais dans les circonstances, comme électeur, on ne veut pas quelqu’un qui a du leadership. On veut quelqu’un qui en a plus que les autres afin que les choses avancent. Mais vous connaissez le refrain : "Votez pour moi, j’ai du leadership et je vais…!" "Vous n’êtes pas honnête, c’est moi qui a du leadership si vous aviez du…" "Mesdames, messieurs, ne portez pas attention à ce qu’ils..." Bref, un capharnaüm de promesses qui relèvent plus d’une tentative de charme que de réelles intentions.

Dans un tel contexte, vous avez compris que ça ne sert à rien d’écouter ce que nos politiciens ont à dire. Chaque élection, c’est la même chose. On nous promet la lune, la mer et la plage. Et chaque fois on se retrouve les deux pieds dans la bouette autour d’un lac envahi d’algue bleue. Dans les circonstances, vous comprenez qu’il est préférable de se faire confiance. Il est préférable de porter notre attention à leurs petits jeux derrière leurs paroles et sourires. Passons en revue les événements marquants de la semaine.

Je commencerai avec Monsieur Harper. Tout au long de la campagne, il a donné l’image d’un homme sûr de lui. Et à ce niveau, il a le physique de l’emploi. Avec sa stature, sa physionomie, son timbre de voix, ses cheveux bien coiffés, Monsieur Harper a une image on ne peut plus stoïque. L’image du courageux père qui veille sur le pays comme il veillerait sur sa famille.

Avec cette aura, Monsieur Harper a adopté un discours qui lui va à merveille. Il parle toujours sur un ton calme avec des déclarations qui laissent sous-entendre qu’il est quelqu’un de responsable. Quelqu’un qui prend les décisions qui s’imposent selon les événements. Bien jouer!

Pour faire contraste avec Monsieur Dion, Monsieur Harper l’accuse de paniquer. Sa stratégie a atteint son apogée lors du débat des chefs. "Monsieur Dion vous paniquez. Vous n’avez pas de plan pour faire face à la crise financière aux États-Unis. Les conservateurs ont un plan. Vous, vous improvisez…".

Mais voilà, cette semaine, Monsieur Harper s’est fait prendre à son propre jeu. Avec la crise financière qui atteint des sommets, les journalistes ont insisté sur la question. C’est à ce moment où pris de court, il a répondu : "Ce n’est pas le rôle d’un premier ministre de paniquer".

Je ne sais pas si vous le réalisez mais cette phrase est riche d’information. Elle nous fait part d’un réel fond de pensée. Elle nous indique que si Monsieur Harper reste de glace face à ce qui se passe autour de lui, ce n’est pas parce qu’il sait où il s’en va. C’est tout simplement parce qu’il se campe dans l’idée qu’un premier ministre ne doit pas paniquer. Très révélateur.

La déclaration de Monsieur Harper nous indique qu’il pense que réagir à une situation critique, c’est paniquer. Pour lui, dans l’adversité, peut-être est-il plus important de donner une impression de contrôle que d’agir pour reprendre le contrôle? À vous de tirer vos conclusions. On passe à un autre événement.

Allons du côté de Monsieur Dion. Alors que Monsieur Harper ne laisse transparaître aucune émotion, Monsieur Dion est d’une transparence qui défie les lois de la physique. Non pas qu’il soit un livre ouvert. Mais lorsque vient le temps de répondre à une question, il ne peut que répondre ce qu’il pense vraiment. Curieusement, on a beau enseigner à nos enfants les bonnes manières, être transparent, ce n’est pas winner comme on aime le dire dans les cercles branchés.

S'il n'y avait que la transparence, mais non. Contrairement à Monsieur Harper, Monsieur Dion n’a pas le physique de l’emploi. Si vous en doutez, jetez un coup d’œil du côté des caricaturistes. C’est assez éloquent. Dans l'adversité, de sa frêle physionomie, il n’a que quelques mots pour se défendre : "Je gagne à être connu". Jamais je n’avais osé le croire.

Vous avez sûrement vu le bout d’entrevue où un journaliste anglophone demande à Monsieur Dion ce qu’il aurait fait s’il avait été à la place de Stephen Harper. Sa réponse? "Pourriez-vous répéter? Je ne comprends pas votre question…". Cela valait 100$ de le voir mal à l’aise en se dandinant sur sa chaise allant jusqu’à s’adresser à la recherchiste pour éclaircir la question. Cherchait-il simplement à gagner du temps? Avait-il oublié sa réplique écrite il y a trois mois? Certes, encore une fois, Monsieur Dion s’est mis les pieds dans les plats. Dans l’image populaire ce n’est pas l’attitude que devrait avoir un premier ministre. On veut quelqu’un de confiant. Pourtant…

Comme il le dit si bien, Monsieur Dion gagne à être connu. Et à mon propre étonnement, je lui donne raison. Cette bourde dans la langue de Shakespeare, je crois que c’est une belle démonstration de son intégrité. Il aurait pu répondre n’importe quoi comme sait normalement le faire un «politicien» face à n’importe laquelle question. Mais en élève modèle comme il a dû l’être par le passé, Monsieur Dion a essayé de réellement comprendre la question afin de pouvoir lui donner une réelle réponse. Non! ce n’était pas élégant. Ça relevait de l’amateurisme. Mais pour nous électeur, ça nous apprend beaucoup sur l’homme.

Contrairement à Monsieur Harper qui contrôle le message que son parti transmet aux médias – c’est les journalistes qui l’affirment – Monsieur Dion répond aux questions qu’on lui pose du moins, lorsqu'il comprend la question! D’accord, il n’est pas toujours très habile comme politicien. Et probablement qu’il n’arrivera pas à imposer une ligne rigide au sein de son parti comme Monsieur Harper arrive à le faire – toujours selon les journalistes. Par contre, avec ce que j’ai vu de lui depuis le début de la campagne électorale, j’ai la certitude que c’est un homme honnête, un homme de conviction. Ce qui à mes yeux, n’est pas quelque chose de négligeable lorsqu’on en a marre de se faire raconter des sornettes.

À vous maintenant de tirer vos propres conclusions. Pour ma part, je ne sais pas encore où je poserai mon X mais je dois avouer que je rêve d’un premier ministre à qui je peux faire confiance. Je rêve d’un premier ministre qui va me donner l’heure juste parce que je crois que c’est ça l’essentiel.

Vous comprenez, nos premiers ministres ont beau se vanter d’avoir créé des emplois pendant tel mois de l’année ou d’avoir fait ci ou ça pour l’économie. Mais comme électeur, il faut être réaliste. Nos politiciens ne peuvent faire grand-chose dans la création d’emploi sur une base mensuelle. Comme ils ne peuvent faire grand-chose lorsqu’une crise financière éclate. Tout ce que nos politiciens peuvent faire dans les temps de crise, c’est d’annoncer quelques mesures qui mettent un peu de baume sur quelques familles. Pour le reste, c’est l’effet des cycles économiques mondiaux qui créent ou non des emplois. Les promesses et vantardises, il est préférable de mettre ça de côté lorsque vient le temps de faire son choix.

Oui! je rêve de politiciens honnêtes. Je rêve d’un monde meilleur. Et je crois sincèrement que la seule façon que cela peut arriver, c’est de mettre les bonnes personnes au bon endroit au bon moment. Pour que cela arrive, écouter ce que l’un ou l’autre a à dire n’est souvent pas la chose à faire. C’est assurément plus significatif de les observer dans les moments critiques. Parce que c’est dans l’adversité que les réelles motivations et la réelle personnalité se révèlent au grand jour. C’est vrai en politique. C’est vrai dans nos entreprises. Je vous laisse réfléchir à tout ça. Et n’oubliez pas que l’important, c’est d’aller voter!

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