dimanche 14 décembre 2008

L'affaire est ketchup

La semaine dernière, plusieurs s’époumonaient pour affirmer que Stephen Harper est de mauvaise foi. Que de péripéties auxquelles a-t-on eu droit par la suite! Cette semaine, on déplore le manque de participation aux élections provinciales. Que d’appels aux urnes avions-nous eus droit!

«C’est important que vous alliez voter.», «Une fois par quatre ans, vous pouvez directement exprimer votre choix.», «Voilà l’occasion de participer à la démocratie.», «Le droit de vote, c’est l’un des plus précieux de tous les droits.», «C’est irresponsable de ne pas aller voter.», etc.

Avec un taux de participation de 57,3%, faut croire que l’appel aux urnes n’a pas touché la cible. Alors on essaie de comprendre les raisons de cette désaffectation. Et on se perd dans les hypothèses. C’est pourtant très simple à comprendre, si les gens ne se rendent pas voter, c’est probablement qu’il n’y a rien d’inspirant dans le monde politique. Les urgences des hôpitaux, les infrastructures publiques qui se dégradent à la vitesse grand V, le décrochage scolaire, les disparités sociales, les «pas de hausse» de taxes, etc. Tout ça a déjà été entendu. Tout n’est que du réchauffé pour lequel on nous promet enfin LA solution.

Il n’y a pourtant pas besoins de cogiter très longtemps pour expliquer le faible taux de participation aux élections, c’est juste que la population ne s’est pas identifiée aux enjeux proposés. À vrai dire, la population ne s’est pas identifiée au manque d’enjeux. Quoique désolant, il faut admettre qu’il n’y a pas de réels projets de société qui sont proposés lors des élections. Comme je le disais dernièrement dans mes chroniques (Par la barbichette, L’effet Obama au Québec et Votez), nos politiciens n’ont rien qui vaille à nous proposer. Dans les circonstances, vaut-il la peine d’être surpris du manque d’engouement des électeurs à aller poser leur croix à gauche, à droite ou au centre?

Pour ma part, je regarde le taux de participation aux élections comme le reflet de la motivation au sein d’une entreprise. On veut des employés motivés et dévoués alors que bien souvent, on n’a rien à leur proposer. Les gestionnaires sont là à carburer aux défis à relever. Ils sont fiers de leurs réalisations comme le politicien l’est de se faire élire. On est fier de soi mais qu’a-t-on à offrir aux employés, aux électeurs? On fait notre gros «show» et on récolte les honneurs pour soi : notre élection ou notre promotion.

Les politiciens aimeraient que les électeurs courent aux urnes afin qu’ils puissent être élus ou réélus. On supplie la population de voter alors qu’il n’y a rien de motivant à le faire. Toutes les élections, on entend les mêmes discours; sûrement une preuve qu’on n’a pas de réelles solutions aux nombreux problèmes. De leur côté, les gestionnaires veulent plus d’efforts et plus d’engagements afin de réaliser leurs projets. Mais dès qu’ils en ont l’occasion, ils quittent pour aller relever de nouveaux défis ou ne trouvent rien de mieux que de faire des coupures. Dans ces contextes, faut-il se surprendre du manque d’engouement des électeurs à aller voter ou des travailleurs à se dépasser? Rien de surprenant mais on nie l’évidence. On cherche des raisons pour expliquer.

Je ne sais pas si vous l’avez remarqué mais le plus cocasse avec les élections est qu’on donne des intentions aux électeurs. «La population n’a pas donné un gouvernement majoritaire parce qu’elle ne fait pas confiance…», «La population a donné une faible majorité car elle voulait une opposition capable de dénoncer correctement les actions du gouvernement». «La population… », comme s’il y avait une conscience globale ou supérieure qui organiserait un vote stratégique. Désolé de le mentionner mais il n’existe pas de dessein supérieur qui aurait un effet sur le résultat des élections.

Pour ce qui est du taux de participation, si seulement 57% de la population a été votée, c’est tout simplement qu’elle en a marre des discours insipides. En fait, si seulement 57% des 5,7 millions d’électeurs ont été votés, c’est tout simplement que tout un chacun avait le désir d’exprimer un message clair et direct: Au royaume de la poutine, on en a assez des creuses promesses. Au royaume de la poutine, si seulement 57% des 5,7 millions d’électeurs ont été votés, c’est parce qu’on aimerait que les politiciens comprennent que l’important, c’est que «l’affaire est Ketchup».


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