lundi 10 novembre 2008

L'Effet Obama au Québec?

Lecteurs, lectrices, électeurs, électrices! J’avoue que cette fois-ci, il m’aurait été difficile de vous surprendre avec mon sujet hebdomadaire. Sans contredit, la victoire de Barack Obama aux élections présidentielles américaines est l’événement de la semaine. Y a-t-il plus belle démonstration de leadership que cette victoire faisant désormais partie de l’histoire? Partout à travers le monde on parle d’Obama. Tout simplement mémorable!

Bien entendu, l’engouement est également présent ici au Québec. Et avec le déclenchement des élections provinciales cette semaine, certains ont voulu en prendre avantage. C’est ainsi qu’on a pu entendre Mario Dumont se proclamer l’Obama québécois. Pour sa part, Pauline Marois a parlé du vent de changement chez nos voisins du Sud qui pourrait franchir la frontière.

Avec l’ampleur du phénomène Obama chez nos voisins et à travers le monde, il est intéressant de se demander si les dires de nos aspirants premiers ministres sont réalistes. Essayons donc de mieux comprendre la Barackomanie planétaire.

À tout seigneur tout honneur, Barack Obama est un orateur hors pair. Il a le sens de la répartie. Il sait communiquer aux foules. Indéniablement, c’est quelqu’un qui est capable de ressentir l’énergie d’un groupe. Il est capable de se mettre au diapason des rassemblements afin de communier ses idées et ainsi créer l’adhésion. Son langage non verbal fait preuve d’une assurance confirmée. Ses mouvements sont d’une telle élégance qu’ils donnent confiance à son auditoire. Irréfutablement, Barack Obama fait partie d’une classe à part. Mais est-ce suffisant pour expliquer la Barackomanie?

Ce qui est surprenant dans la vague Obamienne, c’est l’adhésion de la population au projet de changement qui est proposé. Je dis surprenant car comme tout le monde sait, en général, les gens se cachent sous leur bureau lorsqu’ils entendent le mot changement. Pourquoi alors la population des États-Unis c’est-elle enflammée autour de l’idée de changement proposé par Obama?

En février, alors que l’engouement prenait forme, j’ai fait un blogue intitulé Gestion du changement. J’expliquais alors que la population adhérait aux idées d’Obama parce que dans le changement qu’il proposait, il y avait de l’espoir. Avec un peu de recul, je comprends que cet espoir est en réponse à l’actuel désespoir de la population américaine. Désespoir, le mot peut sembler démesuré mais dans l’inconscient collectif, la population américaine est effectivement anesthésiée par une forme de désespoir.

De quoi est fait le désespoir américain? C’est un amalgame de la crise financière dont le tumulte approche le paroxysme. L’embourbement du pays dans la guerre du golf et l’autre en Afghanistan. La peur de la prochaine attaque terroriste symbolisée par les mesures de sécurité omniprésentes et de plus en plus contraignantes. Sans oublier la perte de confiance de la population envers Georges W. Bush.

C’est important de le reconnaître, Barack Obama a gagné l’accès à la présidence parce que le changement qu’il proposait était ce dont la population américaine désirait. Barack Obama a gagné l’élection américaine parce qu’il a éveillé l’espoir chez ses concitoyens. Il a incarné le renouveau grâce à ses talents de communicateur exemplaires. Barack Obama sera le prochain président des États-Unis parce qu’il y a une complémentarité entre sa personne et les besoins démesurés d’une population. Barack Obama fera dorénavant partie de l’histoire parce que rares sont les moments où un Homme peut répondre favorablement à la détresse d’une population qui désire se reprendre en main.

Aurons-nous une Barackomanie ici au Québec? Certes, nous avons des entreprises qui en arrachent et d’autres qui ferment leurs portes faute de marché. Mais cela n’est en rien comparable à ce qui se passe chez voisins du Sud. Nous n’avons pas été attaqués de façon historique par le terrorisme. Nous n’avons pas des milliers de compatriotes morts dans des guerres que nous avons initiées sans savoir réellement les conséquences qui en découleraient. Et nous n’avons pas non plus un marché financier qui s’effondre tout comme la valeur de nos maisons.

Ici au Québec, nous n’aurons pas notre Obamanie parce qu’il n’y a pas de vent de changement dans l’air. Nos politiciens se chamaillent sur un déficit ou non selon la façon qu’ils alignent les chiffres. Ils s’accusent d’être un menteur ou d’être un con. Les uns comme les autres lancent des idées qui relèvent de la petite gestion quotidienne et tentent de nous faire croire que cela va changer nos vies. D’autres avancent que l’ère de la Révolution tranquille a fait son temps et que nous sommes prêts à passer à autre chose. Pour autant, ils n’ont rien de mieux à proposer que les sempiternels oui mais moi vous et nous.

Ici au Québec, nous ne sommes pas sous l’anesthésie d’un désespoir comme nos voisins du Sud. Nous n’avons pas de problèmes qui nous pousseraient à espérer un changement salutaire. Nous n’avons pas d’orateurs hors pair qui savent se mettre au diapason de la population. Ici au Québec, on a que quelques taloches à se donner parce qu’un candidat a été mis de côté dans une circonscription. Ce qui avouons-le, n’est en rien comparable à la prestance de Barack Obama.

En fait, ici au Québec, on n’a rien qui ressemble de près ou de loin à ce qui se passe chez nos voisins du Sud. C’est dommage, mais lorsqu’on se comporte comme de vulgaires paroissiens, on ne peut réalistement espérer voir poindre le crépuscule d’une petite lueur d’un semblant d’Effet Obama.

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