mardi 9 juin 2009

Marois: Le plus tôt possible

Il m’aurait été difficile de laisser passer l’occasion sans la commenter. Mais n’ayez crainte lecteurs fédéralistes et ne vous réjouissez pas trop lecteurs indépendantistes, l’arroseur risque d’être arrosé. Après tout, vous devriez savoir que ce n’est pas l’indépendance qui m’intéresse. Ma cause personnelle est le leadership. Avez-vous dit leadership?

Avouez qu’une phrase avec pas de verbe ni complément comme «Le plus tôt possible» veut tout dire et ne rien dire simultanément. Plus surprenante observation selon moi, c’est qu’il y a des gens qui s’inspirent de ce type d’énoncés. Remarquez, cela s’explique peut-être par le fait qu’ils sont de la même école que le gars assis au bar regardant son verre à moitié plein, ou à moitié vide? Entre nous, le plus tôt possible, qu’est-ce que ça veut dire?

Le plus tôt possible, ça ne veut absolument rien dire car on ne peut le mesurer. Par contre, ça fait rêver. Du moins, ça permet de rêver. Dans le genre, on va faire la souveraineté le plus tôt possible! Rien de mieux pour stimuler le bien connu «Le Québec au québécois». Rien de mieux pour mobiliser les gens. Autrement dit, aux yeux de certains, rien de mieux pour avoir du leadership. Et c’est la raison pourquoi je disais que je ne pouvais laisser passer l’occasion sans la commenter.

Il n’y a rien de pire que d’utiliser des phrases vides de sens pour exercer du leadership. Mais je l’avoue, il est tentant de le faire. C’est tentant de le faire car les phrases vides de sens sont généralement intemporelles. Le plus tôt possible restera toujours le plus tôt possible. Que se soit demain, dans une semaine, dans un mois, dix mois, une année, dix années… Le plus tôt possible restera pour toujours le plus tôt possible.

Il est important de parler des énoncés vides de sens et intemporels car autant ils avivent l’espoir, autant ils alimentent la déception. Pour s’en convaincre, il suffit de regarder l’histoire du Parti québécois au cours des 30 dernières années. De façon répétitive, vient un moment où tout le monde se rallie pour gagner les élections afin de mettre en œuvre «le plus tôt possible». Une fois au pouvoir, les partisans du verre à moitié plein s’entredéchirent avec ceux du verre à moitié vide. Conséquemment, le leadership de lui ou de l’autre tombe à plat. Pourquoi? Parce que les uns comme les autres se sentent lésés.

Le leadership, ça ne fonctionne pas lorsqu’un individu se sent lésé. Le leadership, ça fonctionne lorsque la confiance règne.

À vrai dire, le leadership se développe par l’entremise de l’espoir. Pour avoir du leadership, faites rêver vos gens. Laissez-les entrevoir des jours meilleurs. Entrainez-les dans des projets qui vont améliorer leur environnement de travail ou leur qualité de vie. Expliquez-leur les avantages qu’ils retireront de leurs efforts.

Oui!, c’est aussi simple que ça d’avoir du leadership. Il ne suffit que de dire que le futur sera meilleur qu’aujourd’hui. D’une certaine façon, le leadership, c’est de promettre que demain sera plus agréable. C’est promettre que demain, nous serons plus épanouis, plus grands, plus compétents, plus efficaces, plus… C’est aussi simple que ça le leadership mais c’est aussi ça le problème du leadership.

Le problème du leadership, c’est qu’il est facile de faire rêver les gens à des jours meilleurs. Le problème du leadership, c’est lorsque les rêves ne deviennent pas réalité. Le problème du leadership, c’est lorsqu’on ne sait pas quand les choses vont se concrétiser. Le problème du leadership, c’est lorsque nos promesses sont intemporelles.

Si vous voulez du leadership, ne promettez rien si vous ne savez pas quand vos projets vont se réaliser. Du moins, ne le faites pas si vous voulez du leadership sur le long terme. Parce que le leadership sur le long terme, ce qui est le vrai leadership selon moi, c’est quelque chose qui se bâtit sur la confiance. Et la confiance, ça se bâtit sur des faits tangibles. La confiance se bâtit sur des faits mesurables. La confiance, ça se développe par l’entremise de réalisations concrètes.

Comme gestionnaire, il est facile de promettre. Il est facile de dire il faut ci parce que ça. Comme gestionnaire, il est facile de dire des phrases intemporelles. Comme gestionnaire, il est facile de berner les gens. Comme gestionnaire, il est facile… mais ce n’est pas ça du leadership. Le leadership, c’est de faire en sorte que les choses se réalisent. Le leadership, ce n’est pas de dire «le plus tôt possible».

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