dimanche 17 février 2008

Langues fourchues

L’actualité est ainsi faite. Souvent, elle suit l’air du temps et cette semaine n’échappe pas à la règle. Avec la St-Valentin, elle ne pouvait choisir un meilleur moment pour mettre la langue à l’avant-scène. J’espère que vous n’avez pas été trop paresseux avec la vôtre! Quoique la fête des amoureux, on célèbre ça à deux. On peut donc dire que vous êtes bilingue. On repassera pour la paresse de Monsieur Trudeau.

La paresse? Lors d’une conférence, Justin Trudeau a dit que ceux qui ne parlent qu’une langue sont paresseux et qu’ils se tirent dans le pied. Plus tard, il a avoué qu’il n’avait peut-être pas utilisé les bons mots. On s’en doutait mais comme on se dit latin au Québec, on a la langue qui s’excite facilement lorsqu’il est question du fait français.

Par la suite, il y a eu Madame Pauline Marois qui a affirmé que les élèves doivent apprendre l’anglais afin d’être bilingues à la sortie du secondaire. Pour ma part, je suis entièrement d’accord avec ça. Pour Madame Marois, être bilingue est important au point où elle suggère que les élèves puissent apprendre l’histoire en langue anglaise afin d’accélérer le processus d’apprentissage.

Avec de tels préliminaires, pas besoin de vous dire que les aficionados de la langue française n’ont pas hésité à enlever leur chemise; et évidemment la déchirer sur la place publique. J’en ai entendu de toutes les couleurs : Marois est une traître. Trudeau est un boulet pour son parti politique. Le fait français, la culture francophone et quoi encore! Cachez ce sein que je ne pourrais voir. Inutile d’en rajouter, les médias en ont plein les bras!

Du point de vue leadership, ce qui m’intéresse dans les déclarations des uns et des autres est la frontière entre l’objectivité et la subjectivité. La frontière entre le rationnel et l’irrationnel. La frontière où les arguments deviennent des croyances. La frontière où les propos deviennent partisans alors que l’on cherche à convaincre à tout prix. La frontière où les uns comme les autres sont convaincus qu’un simple point de vue est la vérité. La frontière où nos idées deviennent un dogme.

La défense du français devient un dogme lorsqu’on constate qu’une majorité des défenseurs sont eux-mêmes bilingues. Un dogme lorsqu’on évacue la réalité du monde qui nous entoure. Un dogme lorsqu’on avance que l’on peut très bien gagner sa vie au Québec en ne parlant qu’une langue, le français. Un dogme lorsque l’on passe sous silence qu’une grande partie de la vie économique mondiale se passe en anglais.

C’est bien de vouloir défendre une culture mais pour ce faire, il faut une relève de défenseurs. Et ces défenseurs, dans le futur, n’auront pas le choix. Ils devront parler anglais pour survivre économiquement. Être bilingue dans une économie mondiale, c’est un fait incontournable. Le renier n’est rien de plus qu’un dogme avilissant pour les générations futures.

Le problème des dogmatistes est leurs désirs de défendre leur point de vue sans tenir compte de la réalité et des conséquences de leurs positions. Souvent, consciemment ou inconsciemment, ils cherchent à aveugler les autres avec leurs croyances. Lorsqu’on est en position de pouvoir, il devient facile de croire que son point de vue est la réalité.

Lorsqu’on est en position de leadership, il faut faire attention au dogmatisme. En position de leadership, il devient facile de se croire et ainsi donner des arguments qui cachent une partie de la réalité.

Lorsque vous êtes convaincu d’une chose, prenez du recul face à vos propres arguments. Et surtout, faites un effort pour voir plus loin que le bout de votre langue afin qu’elle ne devienne fourchue. Vous verrez, c’est bon pour le leadership! C’est bon bon!

À tous les amoureux!

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