mercredi 30 septembre 2009

Coderre: Le biais du leadership

Avant d’entreprendre cette chronique, je surfais sur le site Urgence Leadership du journal Les Affaires. Je regardais quelques vidéos où il était question de leadership. Encore une fois, comme c’est souvent le cas dans les livres sur le sujet, il y avait de nombreux superlatifs pour LE leader. Est-ce nécessaire de préciser que les superlatifs n’ont souvent rien à voir avec la réalité des organisations?

Quoi de mieux pour s’en convaincre qu’un exemple! D’autant plus que l’actualité nous le sert sur un plateau d’argent. À moins qu’il soit plus juste de dire qu’il (l’exemple) déambule comme un éléphant dans un magasin de porcelaine. Oui!, je crois que le magasin de porcelaine est plus représentatif que le plateau d’argent. Euuh!...

Non non ne vous y trompez pas, je mets l’emphase sur la porcelaine et non pas... De quoi est-il question vous demandez-vous… N’est-ce pas que la démission de Denis Coderre du poste de lieutenant libéral du Québec a fait tout un fracas! Fracas… porcelaine… Coderre… vous me suivez?

Crédit photo: Ryan Remiorz/Canadian Press

Avouez que la démission du futur-aspirant-chef est intéressante sous l’angle du leadership. Intéressante car d’une part, on ne peut nier que Denis Coderre a du leadership au sein du parti Libéral du moins, jusqu’à tout récemment – jusqu’à sa démission en fait. Intéressante démission d’autre part car elle démontre qu’un leader n’est pas nécessairement (ou toujours) un être vertueux alors qu’il place les intérêts de l’organisation avant ses propres intérêts.

En politique, mettre les intérêts de l’organisation avant les intérêts personnels, on repassera. Mais que cela plaise ou non aux encenseurs du leader et du leadership, l’actualité, et dans ce cas-ci la démission de monsieur Coderre, est tout simplement le reflet de la vraie vie au sein des entreprises; la vraie vie qui, elle, est différente de la théorie qu’on retrouve dans les livres.

Lorsqu’il est question de leadership, moi personnellement, c’est la vraie vie qui m’intéresse. La démission de Denis Coderre est intéressante parce qu’elle met en lumière tout le volet humain de l’individu qui a du leadership. On le comprend aisément, Denis Coderre avait de l’ambition. Peut-être même un peu trop. C’était lui le lieutenant libéral du Québec et il voulait que ça fonctionne à sa façon.

Je ne suis pas psychologue mais il est facile de comprendre que monsieur Coderre a peut-être abusé de son rôle au sein du parti. Il était l’organisateur et il a peut-être un peu trop organisé. En ce sens, il y a eu des critiques à son égard. Les gens trouvaient qu’il en menait un peu trop large. La cerise sur le Sundae est bien entendu la confrontation entre lui et Martin Cochon pour savoir qui allait être le candidat dans le comté d’Outremont. Avec en conclusion, la démission que tout le monde connaît.

Évidemment, certains voudront arguer que Denis Coderre n’est pas un leader. Et c’est justement ça le problème du leadership dans les organisations. Le problème est que nous sommes à la recherche DU leader parfait. Le leader dévouer pour les autres et qui sert au lieu de se servir. C’est dommage mais ce leader n’existe que dans les livres et les théories.

Remarquez, cela ne veut pas dire qu’en tant qu’individu, on ne peut pas faire des efforts pour devenir un meilleur serviteur en contrôlant nos pulsions et ainsi moins se servir. D'ailleurs, c’est l'un de mes services en coaching. J’aide mes clients à mieux comprendre leurs motivations ainsi que leur environnement afin qu’ils puissent devenir l'individu que les autres ont réellement le goût de suivre.

Denis Coderre est le modèle idéal du leader qu’on retrouve dans les organisations. Le modèle du leader qui mobilise les autres. Celui qui travaille avec acharnement pour que les dossiers avancent. Celui qui se dévoue pour que l’équipe soit compétitive et qu’elle gagne face aux adversaires. Le leader qui pense également à son avenir et qui parfois, essaie de tirer profit de ce qu’il fait. Le leader qui a des rivalités avec certains de ses collègues. Le leader qui maladroitement, dépasse les limites de son mandat.

Le parti Libéral est également un modèle qui aide à comprendre le leadership. Le modèle de l’organisation typique. L’organisation à la recherche de leaders. Celle qui probablement, se plaint du manque de leadership dans ses rangs. Celle qui aime le leadership des individus mais qui après un certain temps, réalise que le leadership est parfois menaçant pour le contrôle que l’on veut garder pour soi.

Comme j’aime le dire : «On veut des leaders, à condition qu’ils fassent ce qu’on leur dit. On veut des leaders, à condition de garder le contrôle.» Denis Coderre est un bel exemple de ma phrase fétiche et il ne faut pas se mettre la tête dans le sable. Nous avons de grandes attentes envers le leadership. Les organisations sont à la recherche de celui qui apportera le succès et la croissance. Sommes-nous réalistes?

Dans le monde des affaires, on idéalise le leadership. On met tous nos espoirs dans l’individu, celui qui on l’espère, générera le succès. Notre vision du leadership est malheureusement erronée et cela explique les nombreux problèmes de leadership présents dans les organisations. En ce sens, la démission de Denis Coderre est une excellente démonstration. La démonstration qui met en évidence le biais du leadership.

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