La question est intéressante, car tout comme le leadership, le charisme est un mot pour lequel tout un chacun a sa propre définition. Dans les circonstances, avant d’entrer dans le débat, regardons la définition du Petit Robert :
Au premier abord, avoir de l’ascendance ou de l’autorité sur un groupe, cela ressemble à du leadership. Un leader a effectivement de l’ascendance sur les autres. Cela dit, selon moi, on peut être un leader naturel sans nécessairement avoir de charisme. Cela est possible, car le leadership est l’aptitude à influencer les autres et l’influence d’un individu provient de différentes compétences ou attributs personnels; différentes compétences ou attributs dont parfois, je dois l’admettre, le charisme.
Le charisme peut contribuer au leadership d’un individu, mais ce n’est pas le charisme qui est son leadership. Pour s’en convaincre, regardons du côté de nos feux politiciens. Par exemple, pensons à René Lévesque qui selon moi, était quelqu’un qui avait du charisme. Pour sa part, Pierre-Elliot Trudeau n’était pas charismatique. Pour autant, cela ne l’a pas empêché de devenir premier ministre du Canada et même, devenir l’un des mythiques Premier ministre du pays.
La distinction entre leadership et charisme est encore plus évidente lorsqu’on fait intervenir le modèle auquel je réfère régulièrement, Les Force Leaderiales. Ainsi, les fidèles lecteurs penseront immédiatement au leader affectif et au leader cognitif. Dans ce modèle, René Lévesque était un affectif. Pour sa part, Pierre-Elliot Trudeau était un cognitif.
Cela dit, le maire Régis Labeaume, lui-même un affectif, n’est pas quelqu’un de charismatique comme l’était René Lévesque. Est-ce que cela l’empêche de diriger la ville de Québec avec brio? Absolument pas. Comme certains s’amusent à l’appeler, Régis Premier a indéniablement du leadership. Et j’ajouterais un leadership positif, constructif, pour sa collectivité.
Pour tenter de distinguer plus encore le charisme du leadership. Je dirais que le charisme nous interpelle au niveau des émotions. C’est quelque chose de ressenti. Quelque chose chez l’autre qui nous fascine. Le charisme me semble être un mélange d’envie, d’admiration et de projection de soi dans l’autre.
Tout comme le charisme, le leader affectif nous interpelle au niveau des émotions. Mais là s’arrête la similitude, car le leadership affectif éveille surtout nos besoins et désirs. Entre autres, le besoin d’accomplissement et de réalisation de soi.
De façon générale, le leadership nous pousse à passer à l’action. Il nous mobilise à poser des gestes que nous n’aurions pas faits normalement. Ce qui n’est pas le cas avec le charisme. Le charisme ne mobilise pas, il transpose. Souvent, il transpose dans un état d’adulation, de vénération, d’idolâtrie ou un mélange de ces ressentis.
Isolément, le charisme n’est pas une source de motivation aux yeux des autres comme peut l’être le leadership. Le charisme est selon moi, principalement une source d’admiration.
À l’occasion, le charisme peut être une composante du leadership d’un individu. Mais il ne sera jamais le leadership de cet individu. Je conclus donc en affirmant qu’il est effectivement possible d’être un leader naturel sans charisme.
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