dimanche 13 décembre 2009

Richard Colvin: Garder le contrôle

Il y a des sujets incontournables pour ce blogue. Le cas de Richard Colvin en est un. Vous en avez sûrement entendu parler. Sûrement entendu parler qu’il était diplomate en Afghanistan pour une période de 18 mois entre 2006 et 2007. Entendu parler qu’il a rapporté des cas de torture; tortures de prisonniers capturés par les soldats canadiens et transférés aux autorités afghanes. Entendu parler que pendant et après son témoignage devant le comité parlementaire spécial sur l’Afghanistan, le gouvernement Harper a traité ce diplomate sans aucune diplomatie.

Le cas Colvin est intéressant car au cours des derniers mois, Le Meneur! diffusait la série sur la culture du leadership. Entre autres dans cette série, j’expliquais qu’il faut des conditions favorisant le leadership pour que ce dernier se développe et prenne forme. La culture du leadership, c’est ce qui donne la saveur d’une organisation. Bien sincèrement, on repassera pour la saveur du gouvernement fédéral.

L’attitude des Conservateurs à l’égard du diplomate Colvin rappelle le traitement de Linda Keen il y a deux ans. Dans l’étude de cas, Linda Keen est présidente de la Commission canadienne de sûreté nucléaire. Elle refuse d’autoriser le redémarrage de la centrale nucléaire de Chalk River pour cause de sécurité. Pour sa part, le gouvernement Harper veut qu’elle coupe les coins ronds afin de remettre sur le marché les isotopes médicaux normalement produits par la centrale.

Malgré les demandes du gouvernement, Madame Keen a agi avec intégrité et assumé ses fonctions. Pour sa part, le gouvernement Harper voulait remettre Chalk River en opération le plus tôt possible. Il a donc réglé le problème à sa façon. Il a tout simplement congédié Linda Keen!

Tout de même intéressant de savoir que quelques mois après sa remise en opération, la centrale de Chalk River a été fermée à nouveau. Aujourd’hui, cela fait plus d’un an que la centrale est fermée. Elle devrait rouvrir au printemps prochain. Faut-il comprendre que la position de Linda Keen n’en était pas une d’incompétence? Le gouvernement l’avait tout de même traitée d’incompétente!

Richard Colvin reçoit actuellement le même traitement que Linda Keen. Directement ou indirectement, on le traite d’incompétent. On remet en doute ses écrits, remet en doute ses rapports. On parle de ouï-dire et quoi s’encore pendant qu’on censure ses rapports! Tout ça pour le discréditer et ainsi ne pas avoir à remettre en cause les choix et positions du gouvernement Harper par rapport aux allégations de torture en Afghanistan.

Après Linda Keen, c’est maintenant au tour de Richard Colvin d’être victime de la culture du leadership du gouvernement de Stephen Harper. Dans cette culture, il ne faut pas mettre dans l’embarras l’équipe dirigeante. Dans cette culture, on dénigre et rabaisse ceux qui ne pensent pas comme l’équipe dirigeante. Dans cette culture, il n’y pas de place pour le respect des individus qui osent soulever les erreurs ou tergiversation des hautes instances. Dans cette culture, on ne fait pas d’erreur. Ce sont les autres qui deviennent des erreurs. Dangereuse culture!

Tout bon conférencier a ses phrases-chocs qui font réfléchir. Je ne fais pas exception à la règle. Pour qui veut l’entendre, ce n’est pas compliqué le leadership.

Pour développer le leadership, il faut s’assurer de mettre en place une culture du leadership. Pour développer le leadership, il faut regarder le gouvernement Harper et comprendre. Comprendre qu’on veut des leaders, à condition qu’ils fassent ce qu’on leur dit. Comprendre qu’on veut des leaders, à condition de garder le contrôle!

À lire sur le sujet:
Mathieu Bélanger de Rue Frontenac, Harper s’enferme dans son mutisme
Hugo de Granpré de La Presse, Harper ment selon l’opposition
Vincent Marisal de La Presse, Harper torture la vérité
Dossier Afghanistan sur Radio-Canada, Témoignage percutant du diplomate Colvin

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