dimanche 27 décembre 2009

L'Inconscient collectif

Dernièrement, j’étais à SkiBromont pour lancer ma saison de Snow – Snowboard pour les non-initiés, planche à neige pour les puristes. J’étais seul pour cette première puisque mon habituel comparse était pris par l’arrivée du temps des fêtes. Les circonstances m’ont donc permis quelques conversations impromptues le temps d’une remontée. Des conversations souvent agréables, d’autres parfois, qui invitent à la réflexion.

Par exemple celle avec ce skieur qui quelques instants avant de prendre place sur le siège du remonte-pente, me lance qu’il n’aime pas les planchistes. Pour renchérir sa boutade une fois passé l’embarcadère, j’abaisse la barre de protection en précisant que je tente de sauver la face. Peine perdue me répond-il, mon idée est faite et bla-bla-bla…

C’est ainsi que j’ai appris que ça fait 50 ans qu’il s’adonne au ski. Ce à quoi j’ai répliqué qu’il avait dû commencer à l’âge de trois ans. Et lui de me remercier car il en a 77. Mieux!, sa jeune femme de 74 ans était sur le versant Soleil pour prendre ça plus tranquille et se reposer un peu. Probablement par admiration, le couple complétant le quatuor de la remontée a pris part à la conversation.

Et notre doyen de nous parler de montagnes aujourd’hui fermées. Tout en ajoutant qu’à ses débuts, il pouvait réserver un chalet pour le temps des fêtes sans se demander s’il y aurait ou non de la neige. "C’est une question qui ne se posait même pas dans ce temps-là", précisa-t-il. Pour ce qui est de la pluie, ce n’était rien d’autre qu’une lubie selon l’Expérience de la vie. Au débarcadère, on s’est souhaité de joyeuses fêtes et une bonne saison. Petite confidence, je souhaite avoir la même forme physique lorsque mon horloge indiquera l’âge vénérable de mon éphémère ami skieur.


Comme les descentes, chaque remontée est différente. Un peu plus tard dans la journée, j’étais l’inconnu d’un groupe de trois. À leurs yeux, il n’y avait pas assez de neige pour la période de la saison. Je paraphrase: "Y a vraiment pas beaucoup de pistes d’ouvertes". "Ça fait vraiment dur". "La période des fêtes est la plus importante de la saison". "Je ne sais vraiment pas ce qu’ils font". "T'as vu le Snowpark, y a vraiment rien de fait". "C’est 50% de la clientèle pis y font rien pour eux autres". "Ça parait qu’y est parti", en parlant d’une connaissance. "Y doivent chercher du monde".

Ce n’est pas le genre de conversation qui m’inspire, à parler. Et encore moins lorsque les interlocuteurs ne semblent pas en mesure de mettre les choses en contexte. Dans leurs propos, mes provisoires colocataires n’avaient aucune considération pour le début de saison exceptionnellement doux. Que les températures froides soient arrivées tout juste pour le début du mois ne nuançait nullement leurs arguments. N’en fallait pas plus pour me mettre en mode réflexion.

C’est ainsi que cette remontée m’a fait penser à la culture du leadership; difficile de passer à côté du sujet, c’est le thème que j’aborde dans le volume 3 du Meneur! Le mensuel du leadership. Difficile de passer à côté du sujet, le manque de nuance dans l’argumentaire des individus est l’un des fléaux des organisations.

Combien de fois les uns ou les autres discutent entre eux sans pour autant tenir compte de tous les faits? Trop souvent lorsqu’il est question de leadership. Le problème est que les discussions sans nuance alimentent les idées critiques et sans fondement.

Par exemple, avez-vous déjà remarqué comme plusieurs aiment parler contre le gouvernement? C’est généralisé, les gens trouvent qu’ils paient trop d’impôts tout en se plaignant que les services de l’État sont pourris. À leurs yeux idéalement, il faudrait plus de service, cela bien sûr, accompagné d’une réduction d’impôt. Je prends en exemple le gouvernement mais c’est la même chose lorsqu’il est question des décisions organisationnelles.

Si vous avez de la difficulté à exercer du leadership, vous devrez tôt ou tard prendre conscience de l’aptitude des employés et collègues à nuancer leurs propos. Pour améliorer votre leadership, vous devrez prendre conscience des sujets à la mode et pour lesquels il se dit n’importe quoi ou presque. Pourquoi en prendre conscience? Parce c’est souvent les discussions sans nuances des uns et des autres qui minent le leadership des gestionnaires.

Le manque de nuance est un fléau qui nuit aux performances organisationnelles. Un fléau qui va à l’encontre du développement du leadership. Un fléau qui mine la présence d’une culture du leadership forte et mobilisatrice. Un fléau qui malheureusement, on retrouve chez nombre d’employés. Autrement dit, un fléau qui prend place dans ce que j’appellerais, l’inconscient collectif d’une organisation.

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4 commentaires:

  1. Est-ce que le terme potin est plus politiquement correct que le terme utilisé par nos ancêtres (qui étaient rétrogrades?, arriérés?) ?

    médisance /me.di.zɑ̃s/ féminin

    1. Action de médire, dire du mal de quelqu'un ou de quelque chose.
    * La médisance est très commune dans le monde. - Le péché de médisance. - L’habitude de la médisance. - Le mal fait par la médisance. - Avoir horreur de la médisance.

    Synonymes

    * diffamation
    * calomnie

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  2. Vais-je recevoir des tomates par la tête avec cette citation? C'est à craindre...

    "Les esprits d'élite discutent des idées, les esprits moyens discutent des événements, les esprits médiocres discutent des personnes."

    Jules Romains, 1885-1972, écrivain français.

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  3. Un très bon livre qui explique ce phénomène et les remèdes:

    "Le Harcèlement moral dans la vie professionnelle"
    ---»Prévenir et gérer le harcèlement moral au travail"
    Marie-France Hirigoyen, psychiatre et psychanalyste.

    Comment définissez-vous le harcèlement moral au travail ?

    "Pour moi, le harcèlement moral au travail se définit par une conduite abusive (des gestes, des paroles, des attitudes, des comportements...) qui porte atteinte, par sa répétition et sa systématisation, à la dignité, ou à l'intégrité physique ou psychique d'une personne. Une conduite qui va dès lors mettre en péril l'emploi de cette personne ou dégrader le climat de travail. "

    Suite: http://www.psychologies.com/Moi/Travail/Relations-professionnelles/Interviews/Reperer-et-prevenir-le-harcelement-moral-au-travail

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  4. "Les esprits d'élite discutent des idées, les esprits moyens discutent des événements, les esprits médiocres discutent des personnes."

    Jules Romains, 1885-1972, écrivain français.


    C'est un excellent post Sébas....

    Pour ce qui est de l'article de l'inconscient collectif, effectivement, le leadership et les gens manquent trop souvent de nuances lors de conversations, décisions, et réflexions.....justement, c'est un manque de réflexions qui portent les gens à porter des jugements hâtifs, qui manquent de profondeur et de nuances.
    Au lieu de simplement répéter ce qu'ils ont entendus, il serait plus sage de se faire sa propre opinion des choses, oser questionner d'avantage, creuser, susciter de nouvelles réflexions. Celà peut parfois déstabiliser l'ordre et l'habitude, ...mais enfin, les réflexions plus poussées mènent éventuellement à de bien meilleurs décisions et vision d'ensemble plutôt qu'étroite.

    Chantal

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