dimanche 1 novembre 2009

A H1N1: Maturité organisationnelle

Je ne sais pas si vous faites de la fièvre mais les derniers rebondissements sont à rendre malade. Vous avez vu dans les médias les citoyens insatisfaits du déroulement de la campagne de vaccination? L’un qui parle de désorganisation. L’autre trouve qu’il y a un manque d’information. "Personne ne vient nous dire ce qui se passe". Et son voisin d’ajouter qu’ils ont eu le temps de se préparer mais ça ne parait pas.

Que dire de celui qui est parti de l’Outaouais pour se faire vacciner en Montérégie? Et son semblable qui suspecte que les Montréalais sont montés dans le Nord pour profiter de «leurs» doses! N’en rajoutez pas, la cour est pleine! Et S.V.P., calmez-vous avant que l’insécurité fasse place à l’hystérie collective.

Entre nous, vous savez quoi? Il n’y en a pas de problème avec la campagne de vaccination pour le A H1N1.

Toujours entre nous, vous savez quoi? Le problème avec la campagne de vaccination pour le A H1N1 n’est en fait qu’un problème de perception. Le problème avec la campagne de vaccination est un problème d’attentes. Attentes non pas dans le sens d’attendre mais dans le sens d’avoir des attentes envers quelque chose. Et vous savez quoi? Les attentes de la population pour la campagne de vaccination contre le A H1N1, c’est ce qui arrive lorsqu’on augmente de façon indue les amendes pour excès de vitesse!

Là, je suppose que vous vous demandez où est-ce que je veux en venir. Si c’est le cas, je tiens à vous rassurer, vous êtes tout à fait normal. Il est normal de se demander quel est le lien entre les amendes pour excès de vitesse et le désarroi d’une population aux prises avec la peur de mourir. Ouuups!, le mot est un peu fort. Disons aux prises avec la peur d’être malade de la maladie qui peut faire mourir.

Comme vous vous demandez où est-ce que je veux en venir, je vais m’expliquer. Commençons avec la campagne de vaccination. À ce niveau je l’avoue, j’ai peut-être une déformation professionnelle. Que voulez-vous, je suis un ingénieur qui a évolué en milieux manufacturiers. Et confidence d’ingénieur, tout ce que je vois dans la campagne de vaccination, c’est un processus de fabrication. Déformation professionnelle vous disais-je.

Évidemment, si vous avez peur de mourir du A H1N1, vous croyez peut-être que je fabule. Je respecte votre point de vue. Après tout, ce n’est qu’un point de vue. Mais cela n’empêche pas que la campagne de vaccination fait effectivement partie d’un processus de fabrication. Un processus qui commence dans le microscope de l’expert et qui se termine par une aiguille dans un bras, éventuellement le vôtre.


Si vous doutez toujours que la campagne de vaccination soit un processus de fabrication, regardez autour de vous lorsque vous irez vous faire vacciner. Voici à quoi ressemble un processus de fabrication dans le cas qui nous concerne: "Numéro 87, 88, 89, 90, 91, 92, 93, 94 et 95. Assoyez-vous ici S.V.P. Avez-vous des allergies? Prenez-vous des médicaments? Faites-vous de la fièvre? Relevez votre manche S.V.P. Prenez un grand respire. Vous allez sentir un petit pincement. Voilà c’est terminé. On vous demande de rester 15 minutes dans la salle de repos. Merci bonne fin de journée. Suivant…."

Selon ce que je vois dans les médias, je déduis que la majorité de la population ne sait pas à quoi ça ressemble un processus manufacturier. Je ne crois pas que la majorité de la population sait que lors de la mise en route d’un processus manufacturier, il y a toujours des ajustements à faire. Et les ajustements, ce n’est pas à cause de l’incompétence du gouvernement. C’est juste que c’est comme ça.

Il ne faut pas s’énerver avec la nouvelle donne, la semaine prochaine, il y aura 600 000 doses de vaccin disponibles au lieu d’un million. Eh bien!, vous savez quoi? C’est toujours ce qui se produit dans un processus manufacturier lorsque le client change d’idée. Lorsque ce dernier change d’idée, il faut arrêter la ligne de production et faire quelques ajustements pour tenir compte des changements demandés. Après les ajustements complétés, la ligne de production est remise en marche.

Dans le cas du A H1N1, le gouvernement a demandé des vaccins sans adjuvant le plus tôt possible afin de pouvoir vacciner les femmes enceintes. Le problème est qu’en production, c’est les vaccins avec adjuvant qui étaient fabriqués. Pour répondre à la demande du client, il a donc fallu arrêter la production, faire les changements nécessaires et redémarrer les équipements. C’est ce qui explique que la semaine prochaine, il y aura 600 000 doses au lieu du million prévu initialement.

Bien sûr que l’on peut dire que le gouvernement avait juste à faire son choix plus tôt. Si c’est ce que vous pensez, vous n’avez juste pas compris qu’on parle de la fabrication d’un vaccin pour contrer un virus. Un virus inconnu il y a 1 an. Si vous pensez que le gouvernement aurait dû faire son choix plus tôt, vous n’avez juste pas idée du travail à faire pour identifier un virus et créer un vaccin.

Si vous pensez que le gouvernement… peut-être que vous pensez… Vous vous demandez c’est quoi le lien entre l’hystérie de la campagne de vaccination et les amendes pour excès de vitesse?

En juillet dernier, je mentionnais que je n’étais pas d’accord avec l’augmentation des amendes pour excès de vitesse. D’ailleurs, je ne suis toujours pas d’accord. Mais n’allez pas croire que je ne suis pas d’accord parce que je roule vite en voiture. Je ne suis pas d’accord parce la hausse des amendes n’a rien à voir avec la prévention des accidents. Je ne suis pas d’accord avec la hausse des amendes parce que ce n’est qu’une façon de garnir les coffres du gouvernement.

Je ne suis pas d’accord avec la hausse des amendes parce que ce n’est que de la répression gratuite. Ce n’est qu’une façon de faire peur. Et comme je l’expliquais en juillet dernier, je suis contre la hausse des amendes parce cela n’est qu’une façon de contrôler au lieu d’inciter les gens à devenir confiant et responsable.

En juillet dernier, j’expliquais que ce n’est pas en contrôlant que l’on développe une organisation. Ce n’est pas en contrôlant que l’on favorise l’innovation, la créativité et la responsabilisation. Lorsque je regarde la façon de se comporter des citoyens dans la campagne de vaccination pour le A H1N1, je ne vois que des gens qui ne sont ni confiants, ni responsables.

Lorsque je regarde la campagne de vaccination, je ne vois qu’un processus de fabrication. Lorsque je regarde la campagne de vaccination, je ne vois que des individus immatures et irresponsables dus au fait que dans d'autres circonstances, on ne leur propose que des mesures disciplinaires (des amendes pour excès de vitesse) au lieu de les outiller à devenir confiant et responsable.

La campagne de vaccination pour le A H1N1 est une belle démonstration du niveau de maturité des individus.

Regardez ce qui se passe dans la campagne de vaccination et pensez à ça. Faites un parallèle avec votre milieu de travail. Pensez au type d’organisation que vous voulez développer. Surtout, pensez-y par deux fois avant de multiplier les mesures disciplinaires et autres moyens de contrôle. Pensez-y bien parce que comme le démontre la campagne de vaccination, les mesures disciplinaires ont un impact direct sur la maturité organisationnelle.

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1 commentaire:

  1. oui effectivement quand on regarde ça aujourd'hui (le 2 décembre) et que les files d'attentes sont disparues, on se demande pourquoi il y a eu toute cette hystérie collective, mais pire encore... quelle sera la prochaine? Mais souhaitons tout de même que la population québecoise aura appris de cette leçon.

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