dimanche 20 juin 2010

Old Harry: Pouvoir et Leadership

C’était une journée d’été. Le soleil était resplendissant. On jouait au ballon chasseur dans la rue. Et tout à coup, sans raison évidente, le chien du voisin s’est mis à courir après sa queue. On était jeune et pour ma part, je croyais que ce n’était qu’une expression, courir après sa queue. Ça nous amusait de voir Fido (nom fictif!) tournoyer encore et encore. Était-il devenu fou? Il semblait courir de plus en plus vite. Peut-être avait-il l’impression qu’il se rapprochait du but et qu’en y mettant plus d’effort, il y parviendrait?

Est-ce par plaisir qu’un chien court après sa queue? Est-ce par plaisir qu’une souris court dans sa roue? Au moins, nous les humains, lorsqu’on court sur le tapis roulant, c’est soit pour la forme, soit pour maigrir. Quoique depuis quelques années, plusieurs courent pour la forme et pour maigrir. Voilà peut-être l’avantage de la malbouffe; on sait pourquoi on court!

Laissons courir et supposons maintenant une soirée brumeuse. La visibilité n’est que de 3 mètres tellement le brouillard est dense. Nous sommes dans une voiture sur une route parfaite. Autrement dit, il n’y a pas d’arbre, ni courbe, ni enfant, ni autre voiture sur le même chemin. Aucun danger aucun obstacle, on peut donc rouler à la vitesse que l’on veut.

Bon, il n’y a jamais rien de parfait. Supposons donc qu’il y a un obstacle quelque part devant la voiture. Un seul. En fait, il y a un mur. Il est supposément assez loin. Mais on ne sait pas exactement où. On peut donc circuler sans problème pendant un certain temps. On sait toutefois que tôt ou tard, on y arrivera. Mais quand?

C’est vous qui êtes au volant de la voiture. Tous les passagers à bord vous font confiance. Considérant ce qui précède, comment aller vous conduire? À quelle vitesse? Allez-vous mettre la pédale au plancher et rouler à toute allure? Ou conduire prudemment à vitesse réduite?

Je présume votre réponse: vous allez conduire à vitesse réduite. Par contre, si je vous dis qu’il y a d’autres voitures sur d’autres chemins similaires. Et que plus vous avancez, plus votre voiture devient luxueuse. Plus vous prenez les devants sur les autres, plus votre voiture devient confortable. Un confort qui souvent est superflu, mais pourquoi s’en priver puisqu’il est disponible?

N’oubliez pas le brouillard qui réduit la visibilité à 3 mètres, mais considérant les autres voitures, le confort et le luxe, à quelle vitesse allez-vous maintenant rouler?

Lorsque j’entends parler du gisement pétrolier Old Harry situé dans le Golfe St-Laurent à proximité des Îles de la Madeleine, j’ai l’impression que l’humain est comme le chien qui court après sa queue. Lorsqu’il est question de développement économique, j’ai parfois l’impression que l’humain pense qu’il faut courir de plus en plus vite. Le problème est que contrairement au chien qui court en rond, l’humain court dans le brouillard.

Lorsqu’on parle de Old Harry alors que le pétrole coule à flot dans le Golfe du Mexique et que la marée noire s’étend, je me dis que le problème, c’est qu’on fait fi du mur caché par le brouillard parce qu’on veut être devant les autres. On veut être devant les autres pour le confort, le luxe, le superflu et surtout, il ne faut pas se le cacher, pour le pouvoir. Mais c’est tabou le pouvoir, on préfère parler de leadership. Avez-vous dit leadership?


À voir: Reportage de Daniel Thibeault sur Radio-Canada.ca

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