lundi 19 octobre 2009

Crise de leadership à Montréal

Ce soir à Radio-Canada, je regardais le débat des chefs aspirants à la mairie de Montréal. Un débat qui évidemment, m’a fait penser au leadership. Comment aurait-il pu en être autrement? Surtout après le week-end qui vient tout juste de se terminer. Les postulants ont beau nous parler de leadership, cela ne fait pas d’eux des leaders.

Commençons avec Louise Harel qui affirme avoir agi prestement dès qu’elle a constaté que Benoît Labonté ne pouvait pas aller rétablir sa crédibilité au réseau TVA. Par contre, elle ne mentionne pas que la veille, elle réitérait sa confiance envers son bras droit. «Je suis à ses côtés parce que j’ai confiance en lui.» Comme Gérald Tremblay, elle mentionne avoir agi dès qu’elle a su.

Le problème de Louise Harel et Gérald Tremblay n’est pas d’avoir agi ou non. Le problème est qu’ils ont agi une fois qu’ils n’avaient plus le choix de le faire. Agir parce qu’on est forcé de le faire, ce n’est pas du leadership. Le leader n’agit pas parce qu’il est obligé. Le leader agit parce que son âme et conscience le motive à le faire. Agir parce qu’on voit l’eau bouillir autour de soi, ce n’est pas la façon d’agir du leader. Un leader agit en fonction de ses valeurs et de ses convictions réelles et profondes.

Un autre problème qui affecte actuellement le leadership est le mode «affirmation». Mode dans lequel se retrouvent les candidats à la mairie. Je sais bien que d’une élection à l’autre, de la municipale à la fédérale en passant par la provinciale, c’est toujours la même histoire. Tous semblent avoir la solution infaillible pour la prospérité et tout ce que vous voulez.

Le leader n’est pas celui qui est implacable. Le leader est celui qui est capable d’humilité. Le leader est celui qui est capable d’admettre ses torts, capable d’admettre ses erreurs. Le leader n’est pas celui qui laisse croire qu’il n’a que des solutions à tous les problèmes. Le leader est celui qui admet qu’il n’a pas nécessairement la solution ici maintenant et tout de suite. Le leader est celui qui explique qu’il trouvera une réponse aux problèmes qu’il croise sur son chemin et ce, au meilleur de ses connaissances.

Dans le registre de l’affirmation, que dire de monsieur Tremblay qui ne voyait pas de problème à ramasser 360 000$ lors d’une activité chez Frank Zampino. Celui-là même qui a causé la controverse à la ville de Montréal et qui a dû démissionner de chez son nouvel employeur. De ces 360 000$, que 50 000$ soient déclarés dons anonymes, monsieur Tremblay n’y voit pas de problème non plus. "Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise, ce n’est pas illégal. C’est la loi. Que l’on change la loi s’il le faut."

Un leader ne justifie pas ses actions en expliquant qu’il n’a pas contrevenu à la loi. Un leader agit en fonction de règles d’éthique rigoureuses qui le guident dans sa conduite, ses décisions et ses choix.

Lors du point de presse après le débat, un journaliste demandait à Louise Harel si elle avait regardé les livres avant de joindre le parti Vision Montréal. Elle a répondu par l’affirmative en enchainant sur sa politique de divulgation des dons. Pour contourner encore mieux la question, elle a de nouveau interpellé les citoyens à faire des dons afin que la démocratie se porte mieux.

Louise Harel n’est pas la première politicienne à ne pas répondre à une question. Pour autant, cela ne veut pas dire que c’est la bonne façon de faire pour développer le leadership. Le leader n’est pas celui qui se défile face aux responsabilités. Le leader est celui qui répond aux questions que les gens lui posent. Il le fait car il n’a pas peur de perdre sa crédibilité.

Pour terminer, j’aimerais préciser que le leader dont il était question dans cette chronique est bien entendu celui qui agit pour le bien de son entourage. Dans mon modèle du leadership, je qualifie ce leader comme étant positif. Celui dont les actions visent le succès de l’équipe et non seulement son propre succès.

Vous l’avez compris par vous-mêmes, agir comme le leader positif semble être une utopie aux yeux de plusieurs. Vous avez également compris que faire autrement mène directement à une crise de leadership.


À lire sur le même sujet :
Jeanne Corriveau et Marco Bélair-Cirino (Le Devoir): Un débat sous haute tension
Le blogue de l’édito (Cyberpresse): Débat des chefs: Beaucoup d’attaques peu de vision

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