dimanche 18 juillet 2010

C'est quoi manquer de leadership?

C’est un fait, lui et l’autre ont souvent à dire et redire lorsqu’on apprend que Pierre a fait ci, Jean a fait ça et que Jacques n’a fait ni ci, ni ça ou le contraire. Et les arguments semblent d’autant plus abondants lorsqu’il est question du système de santé. Omettons le CHUM et ceux du genre, mais pensons aux urgences où plus rien ne semble urgent. Que penser des familles sans médecin de famille! À croire qu’il est légitime de dire et redire, mais comment en sommes-nous arrivés là?

Pour un gars qui s’intéresse au leadership, le sujet me semble au cœur de la solution. D’ailleurs, l’une d’elles me trotte dans la tête depuis quelque temps. Elle est revenue me titiller l’esprit mercredi dernier alors que je regardais le Téléjournal de Radio-Canada. Il était question des super-infirmières, ou pour ceux qui préfèrent, les infirmières praticiennes. Cliquez ici pour voir la source de mon titillement.

À l’écoute du reportage, il n’y a qu’un mot qui me vient en tête, «C’est quoi le problème!» Je sais, c’est plus qu’un mot, mais est-ce que ça change le problème pour autant? C’est quoi le problème surtout que les intervenantes du reportage ont l’air de savoir de quoi elles parlent? À tout le moins, elles ont le bon vocabulaire. En un mot je résumerais ainsi, «collaboration».

Je vous l’avais dit, en un mot! Me semble que ce n’est pas compliqué, collaborer. Évidemment, pour collaborer, il faut savoir qui fait quoi. Ainsi, on évite de se marcher sur les pieds.

Entre deux orteils donc, Isabelle Milette, infirmière praticienne à l’Hôpital de Montréal pour enfants, résume bien la situation : "Le médecin est en charge de l’unité. Moi je suis en charge de mes patients. Le médecin, c’est lui qui en bout de ligne, a la responsabilité des soins qui sont donnés à ce patient-là." Claire comme ça, que faut-il de plus pour collaborer?

Selon Gyslaine Desrosiers, présidente de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ), l’Association des infirmières du Canada a sorti un dossier sur les infirmières praticiennes. Ces dernières favoriseraient la réduction des listes d’attente, la réduction du temps de prise en charge, etc. De plus, ces infirmières peuvent faire des actes médicaux ainsi que prescrire des médicaments. Il serait incontestable que leur présence améliore le système de santé…

Un fait intéressant, les super-infirmières sont reconnues depuis 30 ans aux États-Unis et depuis 10 ans en Ontario où on en compte 1261. Elles sont 105 à Terre-Neuve et 42 dans les Territoires du Nord-Ouest et Nunavut. Au Québec, seulement 34 super-infirmières sont reconnues depuis 2003. Comme mentionné dans le reportage, comment expliquer un tel décalage alors qu’un million de Québécois sont sans médecin de famille? En un mot, «C’est quoi le problème!»

Comme le dit la présidente de l’OIIQ, le problème est peut-être le Collège des médecins qui ne veut pas partager la médecine à n’importe quel prix et avec n’importe qui…

Évidemment, pas facile de collaborer dans un tel contexte. Encore moins évident comme l’explique Yves Lamontagne, PDG du Collège des médecins. "Au début, il y a des choses qui font peur. On va dire qu’est-ce qu’à va venir faire ici? Mon pouvoir? etc. Mais une fois qu’on s’est compris l’un et l’autre, ça va très bien."

«Mon pouvoir», ne serait-ce pas ça ce qui nuit à la collaboration? La peur de perdre le pouvoir que l’on détient?

Bien sûr, il y a l’envers de la médaille. Comme gestionnaire, on veut des faits. Ceux du CIRANO semblent donner un bon portrait de la situation, cliquez ici pour le rapport ou ici pour un résumé sous formes graphiques.

Au début, j’écrivais qu’une solution me trotte dans la tête depuis quelque temps. Faits ou pas, j’ai pour mon dire que les mieux placés pour trouver la solution à un problème donné sont ceux qui ont à lui faire face jour après jour. Autrement dit, laissons les intervenants s’organiser entre eux dans un cadre collaboratif. D’ailleurs, à écouter le reportage, chacun semble prêt à le faire. Et selon moi, ils ont toutes les chances de réussir, car ils ont le bon langage pour collaborer.

Bien entendu, il est difficile de collaborer lorsqu’on a peur de perdre son pouvoir. Et c’est peut-être ça le problème du leadership, ceux qui existent par l’entremise du pouvoir qu’ils détiennent. Avec la peur de perdre son pouvoir, vaut-il la peine de se le demander, c’est quoi manquer de leadership!

.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire