jeudi 25 février 2010

Vision: Besoin d'être un ex?

Il y a des choses que je comprends. Il y en a d’autres que je ne comprends pas. Je ne m’en fais pas trop avec ça. Je n’ai pas l’impression d’être le seul dans mon cas. Par exemple, il y en a qui comprennent la dernière sortie de Lucien Bouchard sur le financement des universités. Il y en a d’autres qui ne la comprennent pas. Ils ne comprennent pas pourquoi ils devraient payer. Et les autres ne comprennent pas pourquoi ils ne veulent pas payer.

Payeras-tu, payeras-tu pas. Celle-là, plusieurs la comprennent. Même s’ils préfèrent faire comme s’ils ne la comprenaient pas. Comme si on ne comprenait pas que ce que tu payes, l’autre ne le paiera pas. Comme si on ne comprenait pas que l’argent manque, ici comme là-bas.

Allez savoir pourquoi, la dernière sortie de Lucien Bouchard a ravivé un vieux souvenir. Je commençais le CEGEP. C’était pour moi un retour aux études. Je n’avais donc pas temps à perdre. Surtout pas de temps à perdre avec une histoire de grève. Oui!, il y a 25 ans, le gel/dégel des frais de scolarité était déjà à la mode. Comprenais, comprenais pas.

Il y a 25* ans, je ne comprenais pas le dilemme des frais de scolarité. Par contre, je comprenais qu’à gauche comme à droite, lui voulait que l’autre paye pour lui pendant que l’autre voulait que lui paye pour l’autre. Autrement dit, le syndicat accusait le patronat qui accusait les étudiants qui accusaient le gouvernement qui accusait le syndicat… Il y a 25 ans, tout était comme aujourd’hui, ou presque.

Il y a 25 ans, je n’avais jamais réellement réfléchi auparavant et là bang!, cet éclair de génie. Je cours voir ma sœur pour qu’elle me réécrive une lettre manuscrite. Je cours voir ma sœur parce qu’il y a 25 ans, il y avait plus de fautes dans mes écrits que de mots! Mais ne nous attardons pas sur le chemin parcouru depuis, il y a plus intéressant. Dans cette lettre donc, j’affirmais du plus profond de mes croyances qu’il serait temps que l’ensemble des intervenants de la société change le cours de l’histoire. Wow!, mais où donc ce décrocheur avait-il pu aller chercher cette idée? Comment avait-il pu sans pour autant être un ex?

Peu importe si l’idée venait de mon cortex gauche ou droit. Il a y 25 ans, il était déjà clair à mes yeux que l’ensemble de la société devait changer ses paradigmes – un mot qui en passant, je ne connaissais pas à l’époque! Changer nos paradigmes afin que les différents intervenants cessent d’interpeller l’autre pour qu’il paie à leur place ce qu’ils ne veulent pas payer.

Il y a 25 ans, ma vision était que syndicats, patrons de tous horizons, étudiants, payeurs de taxes, groupes de pression, gouvernement, bref tous devaient s’asseoir à une table afin de trouver des solutions communes et globales afin qu’ainsi, on puisse développer une société harmonieuse et prospère. Il y a 25 ans, je voyais bien que notre société s’en allait droit dans le mur – probablement le même auquel fait référence Monsieur Bouchard dans sa sortie. Droit dans le mur si les intervenants ne cessaient d’en demander plus aux autres et aux gouvernements sans contribuer eux-mêmes.

Aujourd’hui 25 ans plus tard, je constate que la société fait face aux mêmes problèmes qu’autrefois. Je constate que l’un accuse toujours l’autre que c’est à lui à payer. Aujourd’hui 25 ans plus tard, je comprends pourquoi je m’intéresse au leadership. C’est parce que ceux qui détiennent le pouvoir prétendent en avoir, du leadership, alors qu’ils n’en ont pas.

Aujourd’hui 25 ans plus tard, je m’intéresse au leadership parce que ceux qui pourraient changer les choses n’ont pas de leadership. Pas de leadership en fait parce qu’ils n’ont pas de courage. Probablement le même courage auquel fait référence Monsieur Bouchard et ses acolytes dans leur sortie sur le financement des universités.

Aujourd’hui 25 ans plus tard je comprends le leadership. Mais je ne comprends pas le manque de courage. En fait, je ne comprends pas pourquoi la majorité des cosignataires du pacte pour le financement concurrentiel de nos universités sont des ex; ex-premier ministre, ex-ministres, ex-présidents, ex-recteur, etc.

Je ne comprends pas pourquoi les ex n’ont pas pris les décisions qu’ils nous demandent de prendre aujourd’hui. Pourquoi n’ont-ils pas pris ses décisions au moment où ils étaient au pouvoir? N’était-ce là le temps de les prendre? Leur manquaient-ils le courage dont ils nous demandent de faire preuve aujourd’hui?

Aujourd’hui 25 ans plus tard, je comprends que j’avais une vision juste le jour où j’ai commencé à penser. Je comprends également qu’il faut du courage pour avoir du leadership. Mais plus important, je comprends que le manque de leadership dans nos organisations est probablement dû au fait que plusieurs pensent qu’il faut être un ex-quelque-chose pour avoir une vision!

* Avec le recul, c'est bien 25 et non 20 ans comme écrit initialement. Le temps passe plus vite qu'on le pense!

Crédit photo: Jacques Nadeau - Le Devoir.
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