dimanche 21 février 2010

Haïti: Vision opération

Je suis devenu perplexe jeudi soir en regardant le reportage* de Jean-Michel Leprince au Téléjournal de Radio-Canada. Il était question de l’aide humanitaire au port de Port-au-Prince en Haïti. Des tonnes et des tonnes de matériel en attente faute de contrôle douanier. J’ai parfois l’impression que ce n’est pas demain la veille que la nature humaine cessera de me surprendre. Leadership! Avez-vous dit leadership?

Je suis devenu d’autant plus perplexe jeudi soir puisque la communauté internationale sollicite maintenant la somme de 1 500 000 000 $, oui!, un milliard et demi de dollars pour venir en aide aux Haïtiens. Je n’ose imaginer le port de Port-au-Prince si rien ne change et que la générosité planétaire se mobilise pour répondre à l’appel.

Dans le reportage que je mentionne ci-haut, il était question du don de la fondation Clinton : seize beaux camions flambants neufs. Dans 8 d’entre eux se trouvent 4000 tentes du Québec et de l’Ontario dédiées aux sinistrés de Petit-Goâve, Jacmel et Léogâne grâce au dévouement de Poncho Jacot, un montréalais de descendance haïtienne. Contrairement aux équipements qui s’empilent dans le port, les camions ont heureusement pu prendre la route avant la fin du reportage. Vivement le journalisme!

Dans le reportage qui fait état de l’imbroglio, le douanier affirme que les délais sont causés par l’agent maritime qui ne fait pas son travail correctement. Et son vis-à-vis qui lui croit pour sa part que les douanes demandent des choses impossibles. Quant à moi, j’ai l’impression qu’il serait préférable de demander l’avis des sinistrés. Ou celles des donateurs. Surprenante nature humaine…

Moi qui pensais que la douane servait à assurer que les biens entrant dans un pays ne sont pas illégaux ou sujets à une taxe pour par exemple, protéger le marché intérieur. Je ne dis pas de fermer les yeux, mais il me semble que les dons aux sinistrés, il me semble que les biens provenant d’agences internationales, il me semble qu’au moment où le marché intérieur produit peut-être que du plantain, autres fruits et légumes, il me semble dis-je, que le mot d’ordre devrait être quelque chose du genre : Pas de niaisage. Go! Go! Go!

Bien entendu, pour comprendre les ratés au port de Port-au-Prince, il faut penser plus loin que le pot-de-vin. Il faut penser à ces employés qui semblent très occupés à faire ce qui n’apporte aucune valeur ajoutée. Il faut penser à ceux qui n’ont rien à faire une fois leurs tâches complétées et que leur superviseur est absent.

Pour comprendre ce qui se passe au port de Port-au-Prince, il faut tout simplement admettre que les ratés sont l’apanage des organisations peu performantes. L’apanage des organisations où il n’y a pas de directives claires. L’apanage des organisations où l’initiative des employés n’a jamais été valorisée. L’apanage des organisations où les processus et procédures sont inadaptés aux activités journalières.

Les ratés au port de Port-au-Prince sont en fait une démonstration. La démonstration qu’une organisation ne peut être performante sans la présence d’une vision claire qui définit la finalité de ses opérations.


* Le reportage débute à 9:46 du bloc 1/3
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