dimanche 7 février 2010

Rapaille Labeaume: l'Audace

Je connaissais Clotaire Rapaille avant la controverse créé par son arrivée à Québec. En fait, je l’ai connu indirectement. Je l’ai connu par l’entremise de son livre: The Culture Code – An ingenious way to understand why people around the world live and buy as they do. Un livre qui à mes yeux, devrait faire partie de la liste du top 10 des livres à lire.

Une fois tournée la dernière page de The Culture Code, j’avais le goût de prendre contact avec l’auteur. Parce que voyez-vous, il y a un lien entre ce livre et le leadership. Un lien entre ce livre et le vrai leadership. Oui! oui!, le vrai leadership! Pas le leadership inventé par les écoles de management, pas le leadership qui relève des responsabilités du gestionnaire, pas le leadership que tout un chacun défini à sa façon parce qu’il pense comme ci ou qu’il pense comme ça. Non, pas ce leadership-là.

Je parle du leadership. Je parle du leadership qui mobilise, le leadership qui parfois tétanise. Je parle du vrai leadership, le leadership naturel, le leadership inné. Je parle du leadership qui nous fait réagir sans qu’on sache réellement pourquoi. Bref, je parle du leadership enfoui au plus profond de nous. Et c’est ce qui explique pourquoi j’avais le goût de rencontrer Clotaire Rapaille après la lecture de son livre. Clotaire Rapaille s’intéresse à la source des motivations inconscientes de l'humain et du leadership, l’Inconscient collectif.

Après la conférence de presse annonçant le mandat du Français vivant aux États-Unis, il y en a eu pour tous les goûts. Quoique plus pour le mauvais que le bon. Pourtant, lorsqu’on prend le temps de bien y penser, la méthodologie de Rapaille n’est pas aussi charlatanesque que certains veulent le laisser croire.

Après quelques exercices de réchauffement, Clotaire Rapaille fait étendre 300 personnes dans une salle. Il leur pose alors des questions afin que les participants scrutent individuellement leur inconscient. Par la suite, le psychanalyste leur demande d’écrire les idées qui leur sont venues en tête. Idées qu’il collige, ausculte et cogite afin d’élaborer ses recommandations.

L’analyse des pensées issues de l’inconscient de 300 personnes, est-ce que cela peut réellement être le reflet de l’inconscient collectif d’une collectivité? Une façon de trouver ce qui importe aux gens partageant le même milieu de vie? Pourquoi pas?


Personnellement, je crois à l’idée. Je crois au concept. Je crois à l’expertise. Je crois oui je crois, mais je ne comprends pas. Je ne comprends pas la réaction collective des uns et des autres. Je ne comprends pas les agences de marketing qui crient à l’injustice parce qu’on ne les a pas interpellés pour le mandat. Je ne comprends pas cette vague de protestation parce que le maire Labeaume sort des sentiers battus pour essayer une idée inhabituelle sinon, originale. Serait-ce de la résistance au changement?

Ce n’est pas dans son mandat, mais j’imagine que déjà, Clotaire Rapaille a son idée des Québécois. Il doit se dire que nous sommes un peuple insécure. Un peuple qui manque de confiance. Un peuple qui a peur de l’inconnu venu d’ailleurs. Un peuple stigmatisé par le cousin Français qui l’imagine encore dans sa cabane en bois rond avec son traîneau à chien. Un peuple qui a peur de reconnaître l’expertise de l’autre. Un peuple mal informé, car le cousin se considère lui-même plus Américain que Français.

Il n’a pas encore fait étendre un seul des 300 qui le feront, mais Clotaire Rapaille le sait déjà : les Québécois ont de la difficulté à reconnaître le leadership. Il le sait parce qu’il en faut du leadership pour affronter les critiques. Il en faut du leadership pour multiplier les événements qui font jaser. Oui il en faut du leadership pour embaucher un expert dans son domaine. Et encore une fois, c’est Régis Labeaume qui nous le démontre en embauchant Clotaire Rapaille. En fait, Régis Labeaume nous démontre que le leadership, c’est parfois avoir de l’audace.


Liens pertinents :
Un «gourou» new-yorkais rajeunirait l’image de Québec de Jean-François Néron, Le Soleil
L’image de marque de Québec : les gros sous n’assurent pas le succès de Ian Bussières, Le Soleil
Québec sur le canapé de Donal Charrette, Le journal de Québec
Québec et le complexe des vieilleries de Richard Martineau, Le journal de Montréal
Stéphanie Kennan sur le mandat de Clotaire Rapaille : une mentalité de colonisé de l’équipe de rédaction, Infopresse

.

3 commentaires:

  1. Êtes-vous toujours aussi sûr de vos propos aujourd'hui ?

    RépondreSupprimer
  2. Très bonne question! Et elle tombe bien puisqu’effectivement, le revirement de situation m’interpelle. Je vous invite à revenir me visiter dans les prochains jours pour prendre connaissance de mon point de vue. Tout cela évidemment, sous l'angle du leadership.

    RépondreSupprimer
  3. Pourquoi Rapaille a échoué ? Parce qu'il devait faire face à des journalistes couvrant la politique et non ceux de la culture ou du monde des affaires.

    Et ils ont aussi confondu sa conférence avec son travail. Rapaille aussi ne s'est pas adapté à cet auditoire différent. Son site web est là pour mousser ses livres et conférences d'abord. Il n'y a pas de CV là. Mais pourquoi diable, ce site est aussi romancé ? Aucune idée.

    Quand aux extraits de votre conférence sur Youtube ? Pour moi, c'est que vous parlez à des gestionnaires de choses qu'ils connaissent et vous les dérider tout en les faisait un peu réfléchir. Pour moi, c'est comme dans le sport, c'est une question de croyances et d'affinités.

    Un coach au hockey, n'a pas à être un grand stratège ou technicien mais un bon motivateur, un bon rassembleur cela peut aider. Si les joueurs sont prêts à le suivre, comme Jacques Demers en 1993.

    Alors pour Rapaille, lui s'il a trouvé des observations pour le P.T. Cruiser, le Jeep Wrangler, pour Boeing, Turbochef, Proctor & Gamble, etc. Le code n'est qu'un OUTIL, pour aider à mieux développer les caractéristiques du produit pour les clients...

    Cela peut donner du marketing intelligent. Pour Québec, par contre, il a mal évalué son client. En politique, vous êtes surveillés pas à pas dans vos gestes qui font du bruit. Les journaux vont surveiller le 300 000$ qui aurait pu rapporter des millions mais ils ne vont pas parler des autres dollars gaspillés en pure perte si cela ne rapporte pas de scoop !

    RépondreSupprimer