dimanche 17 août 2008

Excellence

Pas de chicane dans la cabane. Et encore moins dans la cabane en bois rond. Que voulez-vous, on est comme ça les Canadiens. On n’aime pas ça la chicane. Et nos athlètes nous en donnent un bel exemple. Après avoir entendu nos impatiences, ils ont fait un meeting. Et là ils se sont dit : « Aïe la gang, il nous faut des médailles… Les médailles, les médailles, y pensent juste à ça… On c’est bien, ce n’est pas eux autres qui souffrent et qui suent. Ça peut avoir l’air facile assis dans leur salon… J’aimerais bien ça les voir sur le tatami… Ou les fesses sur le ti-banc en plastique pas de coussin… De toute façon, si on gagne une médaille, après ça, y vont dire qu’elle n’est pas de la bonne couleur… Oui mais! Oui mais si… OK groupe! On va leur clore le bec… Bonne idée! Une d’Or!, une d’Argent! et une de Bronze!... Lets go gang! On est capable!... On est des Canadiens!... Ouuiiii! On est des Canadiens! ».

Félicitations à nos trois premières médailles : Carol Huynh pour l’Or à la lutte (48 kg et moins), David Calder et Scott Frandsen pour l’Argent à l’aviron et Tonya Verbeek pour le Bronze, également à la lutte (55 kg et moins). Tout ça en une journée! Encore mieux, en moins d’une heure messieurs dames! Évidemment, d’autres médailles ont suivi. On est des Canadiens après tout. Au moment de mettre la dernière touche à ce texte, nous en sommes à 7 médailles – 2 d’Or, 1 d’Argent et 4 de Bronze.

Avouez que c’est plaisant de les voir gagner. En demi-finale, à l’aviron, 2 de couple, j’ai pu voir les Canadiennes Melanie Kok et Tracy Cameron remporter leur qualification. L’une devant, l’autre derrière, elles se sont serrées la main une fois l’épreuve complétée. Vous savez, lorsqu’on donne la main pour connecter avec l’autre sans avoir nécessairement besoin de parler. Je pense que leur poignée de main voulait dire : « Yess! On l’a… On s’est qualifié… Super!... T’imagines, on l’a fait!… On passe en finale!… ». Elles ont répété le même geste lorsqu’elles ont gagné le Bronze à la finale.

Entre nous, leurs poignées de main voulaient probablement dire autre chose. Vous comprenez? Il y a des choses comme ça qui ne s’expliquent pas. Des choses qu’on ne peut vraiment dire. Il y a des choses qu’on ne peut que ressentir. On appelle ça une émotion. Mais dans le cas des Olympiques, j’ai l’impression que ce n’est pas d’une émotion dont il est question. Il doit y en avoir plusieurs, qui s’entremêlent les unes les autres pour n’en faire qu’une. Je ne suis pas psychologue mais une émotion Olympique ça doit être tout un méli-mélo de stimuli. Un méli-mélo parce qu’il y a tout un cheminement à faire avant que l’émotion envahisse le corps une fois sur le podium.

Un cheminement à travers lequel on doit se dire toute sorte de choses qui parfois nous donnent le goût de tout abandonner. Parfois, les athlètes doivent avoir le goût d’abandonner leur routine, leur régime et faire comme tout le monde : aller au cinéma, prendre une bière avec les chums, le party du vendredi soir, etc. Vous imaginez? Toujours avoir à surveiller ce que vous mangez, l’heure que vous vous couchez, vous levez, les heures d’entrainement, la physio, le chiro, aller au gym, courir sous la pluie, sous la neige, sous le vent et oui, par chance, parfois sous le soleil. Malgré ces contraintes, ces sacrifices, ils poursuivent en espérant un jour être sur l’une des marches.

Mais avant d’y arriver, il y en a des échecs. Il y en a des échecs qui probablement leur font dire : « Suis-je vraiment capable? Est-ce que ça peut réellement arriver? Est-ce que ça en vaut réellement la peine? » Et sans en avoir la certitude, ils y croient et ils poursuivent. C’est pour ça que la poignée de main des Canadiennes voulait probablement dire autre chose. Quelque chose qui ne s’explique pas. Quelque chose qu’on ne peut que ressentir. Quelque chose qu’on ne peut que vivre. Que vivre lorsqu’on fait quelque chose qui sort de l’ordinaire.

Lorsqu’elle était sur la première marche du podium, Carol Huynh s’est mis à pleurer lorsqu’elle a entendu l’hymne national canadien. Aux journalistes, elle a dit : « Je pensais juste au fait que je suis fière d’être canadienne. Je pensais aussi au long chemin qui m’a mené jusqu’ici. C’était un long chemin, mais le bon. »

Avouez qu’on ne peut avoir meilleure leçon de leadership : « C’était un long chemin, mais le bon! » C’est ça le rôle du leader : Prendre le bon chemin. Peu importe ça longueur, peu importe les obstacles qu’on y croise, peu importe les découragements qu’on ressent, il faut poursuivre. Il faut poursuivre lorsqu’on sait qu’on fait tout en son pouvoir pour être sur le bon chemin.

Lorsqu’on est sur le bon chemin et qu’on fait les efforts dont on est capable, lorsqu’on persévère, lorsqu’on persiste parce qu’on y croit, vient un moment où on fait des choses qui sortent de l’ordinaire, on fait alors des choses extraordinaires. C’est ce qu’on appelle, l’Excellence.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire