dimanche 12 septembre 2010

Religion et leadership

Je commence cette chronique avec certaines craintes. J’ai l’impression de marcher sur des œufs. Effectivement, y a-t-il plus délicat que de parler de religion? Craintif au moment d’écrire ces lignes, mais peut-être plus encore perplexe. Perplexe devant le branle-bas de combat que soulève le projet d’autodafé du pasteur Terry Jones. Perplexe surtout lorsque je regarde les réactions à travers le monde sous l’angle de la religion. Mais vous comprenez que c’est une tout autre histoire sous l’angle du leadership! Avez-vous dit leadership?

Au-delà de mes craintes et ma perplexité, je trouve intéressantes les réactions que soulèvent les propos du pasteur. Intéressantes les réactions, car elles mettent en évidence les mécanismes du leadership. Inutile de le cacher pour qui veut le comprendre, le leadership est à son meilleur derrière les cris de haine et les appels à la vengeance qui fusent ici et là. Je sais que ce n’est pas le leadership qu’on recherche dans les organisations, mais pour comprendre, on se doit d’admettre qu’un chat demeure un chat.

Pour se convaincre qu’il y a bel et bien du leadership dans le dossier qui a fait les manchettes au cours de la dernière semaine, rappelons-nous ce qui en découle : la mobilisation. Le leadership pousse à l’action. Et dans ce cas-ci, il faut l’admettre, dans les réactions à travers le monde, il y a mobilisation et surtout, appelle à l’action. Si ce n’est pas du leadership, qu’est-ce que c’est? Encore une fois, ce n’est pas parce que la mobilisation n’est pas celle que l’on souhaite que ce n’est pas du leadership.

Je rappelle ma définition du leadership; celle qui guide tous mes écrits et recherches sur le sujet. Le leadership est :

L’aptitude à faire faire aux autres ce qu’ils n’auraient pas fait d’eux-mêmes.

Je partage également cette variante que j’ai également toujours en tête :

L’art de faire faire aux autres ce qu’ils n’auraient pas fait normalement.

Suite aux propos du pasteur Terry Jones, on ne peut nier que plusieurs ont fait ce qu’ils n’auraient pas fait normalement. Le projet d’autodafé du coran de Terry Jones a été un élément déclencheur pour de nombreux musulmans et chrétiens. Ce projet a incité les gens à passer à l’action. Ils sont nombreux à s’être mobilisés afin de dénoncer cette façon de protester contre l’ouverture du centre culturel islamique à quelques pâtés de maisons de Ground Zero à New York. À noter que de ce côté-ci de l’Atlantique, ils sont également plusieurs à dénoncer l’ouverture de ce centre culturel.

Ce que je trouve intéressant sous l’angle du leadership, c’est de voir qu’un individu est en mesure de mobiliser directement ou indirectement les uns ou les autres, et ce, peu importe ses motifs, peu importe qu’il soit sain d’esprit ou non, peu importe si son projet est constructif ou non pour la communauté. L’événement est intéressant, car il permet de comprendre que le leadership prend forme à même les besoins, désirs et croyances des individus.

On dit souvent qu’un leader est quelqu’un qui rassemble les gens. Quelqu’un qui propose des projets mobilisateurs pour ceux qui le côtoient. On ne peut nier ces faits, mais pour autant, il ne faut pas croire que par définition le leadership est constructif.

Avec Terry Jones, il faut comprendre que le leadership prend forme avant tout dans les croyances, de toutes formes et origines, des individus. Pour s’en convaincre, il suffit d’observer cette rencontre de la religion et du leadership.

.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire