dimanche 18 mai 2008

Prétentieux

60 ans! Pour certains, c’est l’âge de la retraite. Pour d’autres, c’est l’âge que jamais ils n’auront. Ailleurs sur la terre, sur une petite parcelle de notre grande planète, c’est la durée d’un conflit qui a fait des milliers et des milliers de mort et de victime. Il y a 60 ans, au tournant de la Deuxième Guerre mondiale, suite à l’extermination de plus 6 millions de juifs dans les camps de concentration, les Nations Unies ont créé de toutes pièces l’État d’Israël. On connaît la suite, 60 ans de guerre et de conflits. Certes, on ne refait pas l’histoire. Il serait toutefois inconcevable de ne pas apprendre des leçons qu’elle nous propose.

Non, je n’étais pas encore né il y a 60 ans. Non, je ne suis pas un stratège géopolitique. Non je ne suis pas un expert des conflits dans le monde. Et non, je ne suis pas juif, ni d’ailleurs musulman. Je ne suis qu’un individu qui s’intéresse au leadership. Je suis également un individu qui, comme bien d’autres, espère vivre dans un monde de paix et non de guerre.

Pourquoi la guerre ai-je un jour demandé alors que j’étais enfant. On m’a répondu que je n’avais pas à me demander pourquoi la guerre si je n’arrivais pas à m’entendre avec mon voisin. Une réponse trop simple pour l’enfant que j’étais à l’époque. Une réponse troublante pour tout adulte le moindrement intègre. Qui n’a jamais eu de conflits au cours de sa vie? Qui ne s’est jamais moqué d’un autre? Qui n’a jamais eu mal à partir avec un collègue de travail, un employé, un patron? Qui?

Évidemment, il ne serait pas réaliste de croire que l’on puisse aimer tous les gens qui nous entourent. Et loin de moi l’idée de préconiser ce genre de solution. Je ne vois pas dans la paix un message d’amour. Je vois dans la paix, le respect. Le respect des différences, le respect des croyances, le respect des idées, des intérêts. Le respect de la liberté de l’autre et vice-versa. Ce qui rend difficile le respect, c’est notre tendance à croire que nos idées sont meilleures que celles des autres

Il y a 60 ans, on a cru que l’on devait expatrier les uns pour rapatrier les autres. Il y a 60 ans, on croyait résoudre un problème. Il y a 60 ans, on a créé un autre problème. Il y a 60 ans, on n’a pas respecté les croyances de l’autre. Il y a 60 ans, on a cru que notre idée était meilleure que celle des autres. Il y a 60 ans on a pris à l’un pour donner à l’autre. Faut-il se surprendre que l’autre ne soit toujours pas d’accord?

Il y a 60 ans… À vrai dire, cela fait beaucoup plus de 60 ans que certains croient que leurs idées sont meilleures que celles des autres. Je n’étais pas encore né, mais je crois que depuis que l’humain pense, il se croit. Il est là le dilemme de la paix : se croire. Dilemme car au-delà des entorses à la paix, se croire est le moteur de l’innovation. Si l’on ne croyait pas en soi, on n’arriverait pas à faire quoique se soit. Le problème est que lorsqu’on croit, on risque de trop se croire.

George W. Bush nous donne un bel exemple d’un surplus de croyance. Je ne veux rien lui enlever. S’il est parvenu à se hisser à la Maison-Blanche, il doit avoir certains talents – ou beaucoup d’argent et beaucoup d’amis! Blague à part, indéniablement, Bush croit en lui. Dernièrement, il a toutefois démontré qu’il se croyait trop. Bush croyait pouvoir régler le problème Israël/Palestine d’ici la fin de son mandat. Il croyait pouvoir régler un problème alors qu’il ne s’y est attardé qu’au cours des derniers mois. S’il avait cru un peu moins en lui et plus au problème Israël/Palestine, il se serait mis à la tâche dès le début de son premier mandat en y consacrant tous ses efforts. Mais en moins d’un an, vouloir régler un conflit qui dure et perdure depuis 60 ans, c’est une utopie. Penser pouvoir régler en moins d’une année un problème qui a fait des morts et engendré la haine, ce n’est qu’une démonstration que trop se croire, mène à la prétention.

Ce n’est que de la prétention que de croire pouvoir régler un problème aussi complexe en un tour de main. Que de la prétention de vouloir dire, c’est moi qui ai réglé LE problème. De la prétention que de croire qu’on n’a pas à respecter les différences des uns et des autres. De la prétention que de croire que notre solution sera meilleure que celles des autres.

Les 60 ans d’Israël est une leçon d’histoire et de leadership. Les 60 ans d’Israël doit nous faire comprendre que le respect des uns et des autres est nécessaire pour que les solutions soient réelles et durables. Les 60 ans d’Israël prouve que la paix est impossible sans le respect de la liberté des autres. Les 60 ans d’Israël est une preuve qu’on ne peut se croire sans tenir compte des croyances de l’autre. Les 60 ans d’Israël nous fait voir qu’on aime être celui qui aura LA solution. Les 60 ans d’Israël est une démonstration que le leadership ne peut se développer lorsqu’on est prétentieux.

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