dimanche 11 mai 2008

Guerre de clocher

Déjà 400 ans que l’illustre Samuel posait le pied à Québec. Difficile d’imaginer plus belle occasion pour se mettre à la fête. En ce début mai, de La Rochelle aux plaines d’Abraham, le vent est dans les voiles pour que les célébrations commencent. Sortez vos ceintures fléchées et plus beaux atours afin de commémorer ce moment d’histoire. Partagez votre joie dans l’héritage de ces courageux navigateurs du passé. Soyez de la fête avec le bonheur que nous procure la terre d’accueil. Venez autour du feu où petits et grands chanteront, danseront, main dans la main à la mémoire de nos ancêtres.

Si la vie était comme ça, on n’aurait pas besoin… de politiciens! Au lieu de ce tableau idyllique, de Québec à Ottawa, on s’époumone sur l’odieux de la tournure des événements. Monsieur le Président, le 400e, c’est la fête de la ville de Québec et des Québécois… Monsieur le Président, comment se fait-il qu’on laisse la place… Monsieur le Président, c’est clair que le premier ministre n’a pas de… Leadership! Avez-vous dit leadership?

À l’ordre S.V.P.! Monsieur le Président… se pourrait-il que tout cela ne soit qu’une guerre de clocher? Monsieur le Président, pourquoi une guerre de clocher? Tout simplement parce qu’on a peur! Oui, on a peur. Peur de perdre la face. Peur de perdre de l’importance. Hô! Peur de perdre notre pouvoir d’influence sur les autres. Peur de perdre du territoire sur l’échiquier organisationnel. Ha! Peur de ne pas être en mesure de justifier sa raison d’être. Depuis près de 30 ans qu’on argumente sur la place du Québec dans le Canada. Pourrions-nous passer à autre chose?

Remarquez, je ne me considère ni fédéraliste, ni souverainiste. Je suis tout simplement quelqu’un qui, comme bien d’autres, croit qu’il serait plus avantageux de chercher des solutions pour les nombreux problèmes auxquels notre société est confrontée que de ressasser une sempiternelle crise identitaire. Autrement dit, pourquoi ne pas chercher des solutions à de réels problèmes au lieu de chercher des querelles sans fin?

Côté solution, j’ai aimé la réaction du maire de Québec, Régis Labeaume. Je devrais d’ailleurs dire agréablement aimé car j’avais entendu son nom à quelques reprises auparavant. Certes dans les médias, également lors des conférences que j’ai présentées à Québec. J’interagis à quelques occasions avec les participants et les gens m’ont parlé de leur maire avec un sourire en coin. Chaque fois, l’auditoire réagissait avec un rire bien senti. Sur le coup, je ne savais trop quoi en penser. Dans la controverse de La Rochelle, j’ai eu la chance de comprendre.

En fait, j’ai eu la chance de l’entendre réagir à l’insistance des journalistes pour qu’il commente la guéguerre de clocher. "Je peux comprendre que la controverse est bonne pour vos cotes d’écoute mais ce n’est pas moi qui va l’alimenter. Les gens de La Rochelle nous font un cadeau, pourquoi ne pas célébrer? Tout le monde a le cœur à la fête ici, je suis touché par leur générosité. Pourrait-on oublier la petite politique et prendre le temps de célébrer?" Il m’excusera si je n’ai pas rapporté ses propos mot à mot mais cela donne une très bonne idée de sa vision des choses.

Le maire Labeaume est un gars de terrain. Quelqu’un qui n’a rien à faire des guéguerres de clocher. Quelqu’un qui regarde les choses pour aller de l’avant et non pour tourner en rond ou alimenter des intérêts personnels. Je ne peux pas le juger sur l’ensemble de ses actions et décisions. Mais de l’extérieur, avec mon expérience des organisations, j’avoue sans réserve que l’attitude du maire Labeaume ressemble à celle que j’attribue aux réels leaders. Il ne fait pas dans la dentelle mais il ne se laisse pas aveugler par les Hô et les Ha des uns et des autres.

Je ne sais pas comment ça se passe dans votre entreprise mais par expérience, je suis certain qu’il y en a des Hô et des Ha. Il y en a un qui veut plus de budgets parce que son projet est meilleur que celui de son voisin. Il y a l’autre, qui veut plus d’employés parce que lui a son budget. Et l’autre encore qui veut plus d’espace parce que si les autres revendiquent, il doit le faire également s’il ne veut pas se faire damer le pion. Avez-vous déjà pris le temps de réfléchir à quoi servent réellement ces demandes territoriales? Ne jouez pas à l’autruche et surtout, sachez que les vrais leaders ne perdent pas leur temps dans des guerres de clocher.

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