dimanche 4 mai 2008

Insubordination!

Cette semaine, je dois avouer que l’actualité me laisse bouche bée, pantois. Le sujet est pourtant intéressant : l’insubordination. Mais l’histoire, on ne peut plus insipide. En fait, encore une fois, tout ce qu’on entend d’un côté n’est que du camouflage, de la diversion et de l’autre, de la politicaillerie de bas étage. Ce qu’a réellement fait Bruno Fortier, ex-délégué général du Québec à New York, on le saura au plus tôt, la semaine des quatre jeudis. Comme leadership, j’ai déjà vu mieux!

L’insubordination! On se croirait à la petite école alors que madame la professeure envoyait les petits comiques dans le coin pour réfléchir. Avouez que le parallèle est sympathique! Mais sincèrement, je n’en crois pas mes yeux, ni mes oreilles. À vrai dire, sous l’angle du leadership, il n’y a rien à comprendre. Un délégué général qui n’écoute pas ses supérieurs! ALLO! il y a quelqu’un? On ne parle pas d’un jeune ado dans son premier emploi. On ne parle pas d’un mal léché frustré de la société. On parle d’un individu qui devait représenter le Québec dans le plus important pôle économique de la côte est américaine. Leadership! Avez-vous dit leadership?

Souvent, les gens me demandent quel est le lien entre l’ingénierie et le leadership. À l’occasion, on me demande comment un ingénieur a-t-il pu mettre de côté sa profession pour s’intéresser au leadership. Le cas Fortier n’est qu’un exemple parmi tant d’autres et donne à ma réponse toute sa profondeur : À quoi cela sert de faire de la technique si le fond du problème relève de l’humain!

Je m’intéresse au leadership parce j’ai vu nombre de situations où les dirigeants en place n’étaient aptes à comprendre ce qui se passait réellement autour d’eux. Je m’intéresse au leadership parce que nombreux sont les gestionnaires qui n’arrivent pas à percevoir les jeux de pouvoir auxquels ils sont confrontés. Je m’intéresse au leadership parce que trop d’entreprises embauchent les mauvaises personnes. Le cas Fortier en est qu’un exemple de plus.

Bien sûr, les problèmes de leadership des organisations ne sont pas tous aussi critiques que le cas Fortier. Mais c’est un bel exemple du principe de Peter’s – s’élever à son niveau d’incompétence. Certains avancent que le poste de délégué général a monté à la tête de Fortier. Ça ne me surprendrait pas. Cela arrive assez régulièrement. Une fois élevés au niveau de cadre, certains deviennent tout simplement gagas. Par exemple, il y en a qui se transforment en maître de la délégation.

Cela m’est arrivé de voir un directeur prendre plus de temps à expliquer une tâche à faire que de la faire lui-même. Comble de la fainéantise, un jour, un autre m’a dit que je ne me comportais pas en directeur parce qu’à l’occasion, je transportais des boîtes au lieu de demander à mes employés de le faire! Curieusement, on ne voyait pas le travail d’équipe de la même façon. Cherchez l’erreur!

Des gens dont le titre leur monte à la tête, il y en a généralement un ou deux dans les entreprises. Et cela est bien dommage car leur attitude contamine l’ensemble de l’organisation. Leur présence nuit au développement d’une synergie forte et constructive. Et cela est facile à comprendre : personne n’aime faire le travail des autres, même si c’est un supérieur qui le demande. Les employés ne sont pas dupes. Ils sont capables de déterminer si leur supérieur délègue plus qu’il ne travaille. Lorsque les gens ont l’impression qu’on leur délègue des tâches que l’on pourrait faire soi-même, ce n’est qu’une question de temps pour qu’ils développent des sentiments négatifs face à l’équipe de gestion.

Est-ce que Fortier a rencontré sur son chemin une personne qui ne voulait pas s’en laisser imposer? Est-ce qu’on lui a passé une commande et laissé tomber lorsqu’on a réalisé que ça n’allait pas comme prévu? Est-ce qu’il a eu une main baladeuse? Est-ce qu’il est devenu la grenouille qui voulait être plus grosse que le bœuf?

Je n’en sais rien mais avant d’embaucher un gestionnaire, assurez-vous que c’est une personne compétente. Faites preuve de discernement sur l’attitude qu’il pourrait développer. Soyez certains de bien comprendre ses motivations. Et surtout, assurez-vous qu’il partagera les valeurs et la culture organisationnelle de l’entreprise. Parce que si cette personne cause de l’insatisfaction chez vos employés, les chances sont grandes pour que vous vous retrouviez avec un cas d’insubordination!

2 commentaires:

  1. Bonjour M. Lanthier,

    D'abord, j'ai assisté à une de vos conférence récemment (congrès sur la gestion de projet à Montréal) et j'ai beaucoup aimé votre approche. Je tiens également à vous féliciter pour votre blog - du contenu intéressant, pertinent, qui porte à réfléchir. Je suis juste étonné qu'il y ait 0 commentaire à vos articles; vous devez pourtant être lu, non? Bon, je sais que ça fait un peu "têteux" mais je devais le souligner.

    Je me permet de réagir à cet article, particulièrement les 4 derniers paragraphes.

    Un directeur "leader" doit respecter les compétences de son personnel. Si un membre de son personnel est qualifié pour réaliser un travail ou si un mandat permet à cet individu de se développer sur le plan personnel, professionnel et organisationnel, alors, je pense qu'il n'est pas insensé que le directeur prenne tout le temps nécessaire pour expliquer la tâche à son employé. Et ce n'est pas de la paresse.

    Alors que j'étais responsable du département informatique, j'avais parfois à rédiger des documents destinés au comité de direction ou au conseil d'administration de mon entreprise, documents qui étaient relus par mon directeur avant d'être présenté. Je lui faisais parvenir le premier draft par courriel. Lui l'imprimait, barbouillait ses commentaires de façon manuscrite, me rencontrait, m'expliquait ses commentaires et me disait: "Va maintenant produire ta version 2 de ton document et soumet-le moi à nouveau". Il aurait très bien pu faire les corrections lui-même (surtout quand il n'y avait qu'une phrase ou deux à corriger). Au début, je ne comprenais pas: quelle perte de temps! Après quelques années, j'ai compris. Il préférait me montrer ce qu'on pouvait écrire et ce qui ne se disait pas. Il prenait le temps de le faire. La paresse pour lui aurait justement été de faire le travail à ma place; ça aurait été tellement plus simple! Et s'il l'avait fait à ma place, je n'aurais jamais appris!

    Dans la même entreprise, mon équipe informatique a grossi et je me suis embauché un coordonnateur technique. Il était responsable de l'architecture technologique et de "dispatcher" les tâches à ses subalternes. Avant qu'il entre en poste, je faisais ce travail à travers d'autres responsabilités et une bonne partie de mon expérience professionnelle était reliée à cela. Une fois le coordonnateur en fonction, j'ai dû me freiner pour ne pas nuire à son autorité auprès de son personnel et à sa crédibilité auprès de ses clients internes. J'aurais pu régler bien des problèmes qui lui était soumis. J'étais toujours disponible pour l'aider, l'écouter, l'aiguiller. Mais, je ne devais pas faire le travail à a sa place. Je ne devais pas intervenir sans qu'il n'y ait eu une entente préalable entre nous deux et sans avoir "négocié" les limites de mon intervention.

    Je suis maintenant un directeur dans ma boîte et je dois remercier mon premier directeur qui m'a permis de développer mon acuité organisationnelle. Et je m'efforce de respecter les compétences de mon monde. Quand on fait un blitz de déménagement ou de ménage, je n'hésite pas à transporter des boîtes. Si je ne dois pas faire le travail à leur place, je ne dois pas non plus, leur demander de réaliser MON travail ou le travail d'un collègue. Je dois être tout ouïe, je dois les aider, je dois les supporter et je dois accepter qu'ils fassent des erreurs et en accepter la responsabilité lorsque ça se produit.

    Avec ce que je viens de vous dire, peut-être me qualifierez-vous d'un des ces "gens dont le titre leur monte à la tête". J'essaie tellement, au quotidien, que ce ne soit pas le cas.

    Merci de m'avoir lu.

    Bonne journée.

    Daniel Tremblay
    Directeur Support Stratégique et Projets
    Réseau de Transport de la Capitale

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  2. Bonjour Monsieur Tremblay,

    Merci pour vos bons mots concernant ma conférence.

    J’apprécie également votre réaction à mon blogue sur l’insubordination. Et n’ayez crainte, je ne vous considère par comme une personne dont le titre lui monte à la tête.

    Je suis d’accord avec vous lorsque vous abordez le rôle du gestionnaire dans ses fonctions d’apprentissage. Il est parfois important de prendre le temps d’expliquer les choses à faire.

    J’aime cette nuance que vous apportez et vous avez sûrement compris que dans le cas auquel je faisais référence, il n’y avait pas vraiment de chose à apprendre ou à maîtriser. Il y a tout simplement des gestionnaires qui aiment rester assis à leur bureau en dirigeant les autres du bout du doigt. Ce n’est pas mon cas et cela ne semble pas être le vôtre également.

    Au plaisir de vous revoir!

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