dimanche 18 janvier 2009

Obstacle au leadership

Il y a deux semaines dans ma chronique intitulée Mission impossible, je m’inspirais de la télésérie Mission antarctique et la guerre Israël/Palestine. Entre autres, je mettais en lumière l’importance que revêt le cheminement intérieur lorsqu’on aspire exercer du leadership. Il y avait un intéressant parallèle à faire entre les explorateurs du Sedna IV et les populations israélienne et palestinienne qui ont eu et qui ont à vivre à proximité les uns des autres. Cette semaine avec les derniers événements et la vague de froid qui nous engourdie les mains et les pieds, je reviens avec le thème glace et guerre.

Commençons avec la glace. J’ai entendu ça il y a quelques jours à la radio. Il y a maintenant un nouveau règlement concernant le port du casque protecteur dans les ligues de hockey junior. Dorénavant, le joueur qui enlève son casque volontairement avant ou pendant une bataille recevra une punition; expulsion du match ou 5 minutes je ne sais trop mais ce n’est pas ce qui est important dans cette chronique. Ce qui importe, c’est la question suivante : Pourquoi une punition parce qu’un joueur enlève son casque protecteur?

L’an passé (ou l’année avant) lors d’une violente bagarre, il y a un joueur qui a enlevé son casque protecteur. Dans l’échauffourée, il a perdu pied, il a glissé et il est tombé la tête sur la glace. Cette chute lui a été fatale et il en est mort. Après l’analyse de l’événement, la ligue de hockey a conclu que pour éviter d’autres morts tragiques du genre, elle allait punir les joueurs qui enlèvent leur casque volontairement avant ou pendant une altercation.

À la radio, le commentateur sportif expliquait qu’à ses yeux, cette décision est ridicule. Selon lui, le problème n’est pas le port du casque ou non. Le problème, ce sont les batailles. De son point de vue, il aurait été préférable d’intervenir à la source du problème et donc, simplement interdire les bagarres. Vous vous doutez probablement que je suis d’accord avec cette réelle solution mais je dois vous avouer que je ne suis pas surpris de la décision de la ligue de hockey. Je ne suis pas surpris parce que l’humain aime la violence. L’humain aime la violence, je sais, vous êtes sceptiques. Allons donc voir ce qu’il y a du côté de la guerre.

Passons la mise en contexte, tout le monde sait ce qui se passe dans la bande de Gaza. Entre autres, tout le monde sait qu’il y a eu de nombreuses victimes civiles. Dans les circonstances, cela va de soi, la communauté internationale a pressé Israël de cesser ses attaques aléatoires qui font d’innocentes victimes. D’autant plus que ces victimes ne peuvent être secourues étant donné qu’Israël bombarde tout ce qui bouge; même les bâtiments de l’ONU n’ont pas été épargnés par les tirs. Pour faire taire les appels au cessez-le-feu, Israël a suggéré une solution : une pause de trois heures chaque jour afin de permettre l’évacuation des blessés.

Trois heures de cessez-le-feu! Avouez que c’est aussi éloquent comme solution que de donner un 5 minutes de punition au lieu d’interdire les bagarres lors d’une joute de hockey.

Trois heures de cessez-le-feu! Belle preuve d’humanité! "Pauvre eux, ils sont blessés. Permettons-leur de se faire secourir afin qu’ils ne souffrent pas trop! Après qu’ils auront été secourus, on recommencera à bombarder. Et si jamais il y avait d’autres innocentes victimes, ne vous en faites pas, il y aura une autre pause demain à la même heure. En passant, évitez dont de vous faire blesser à la reprise des bombardements. Ainsi, vous n’aurez pas à attendre vingt heures pour les secours!"

Trois heures de répit pour l’évacuation des blessés! Pourquoi ne pas avoir arrêté définitivement les bombardements? Pourquoi donner une punition à un joueur qui enlève son casque au lieu d’interdire les bagarres? Comme je vous le disais, tout simplement parce qu’on aime la violence.

Bien sûr, au lieu d’admettre qu’on aime la violence, certains vont avancer que le Hamas est un groupe terroriste ou d’islamistes extrémistes et ci et ça. Moi-même, sans être un expert du Moyen-Orient, je comprends que ce ne sont pas des enfants de choeur. Malgré ce constat, il faut toutefois reconnaître qu’une grande partie de la population palestinienne appuie le Hamas.

Au lieu d’admettre l’appui de la population au Hamas, d’autres vont parler de propagande et encore une fois de ci et de ça. Mais au-delà des ci et des ça, il faut reconnaître qu’il y a un problème de fond à la réalité Israélopalestinienne. Et le problème de fond n’est pas que le Hamas soit des extrémistes ou des propagandistes. Le problème est que deux populations veulent occuper le même territoire. Le problème est qu’une population veut en contraindre une autre. Le problème est qu’une population veut en dominer une autre.

Voilà pourquoi on aime la violence. La violence permet la dominance. On aime dominer. On aime dominer parce qu’on aime être meilleur que les autres. On aime dominer parce qu’on aime être puissant. On aime dominer parce que cela nous permet de posséder.

La glace et la guerre nous font voir pourquoi on n’aime pas résoudre les problèmes à la source. C’est tout simplement parce qu’on aime la violence. On aime la violence parce qu’on aime la dominance. On aime la dominance parce qu’elle est le reflet de notre puissance.

Évidemment, les problèmes de dominance n’aboutissent pas tous à une bousculade sur la glace ou quelques bombes sur la tête. Parce que la dominance ne se retrouve pas seulement sur une patinoire ou à la frontière d’un pays. Elle est souvent présente dans nos organisations sous différentes formes. Elle passe par le harcèlement, l’intimidation, les menaces, la persécution, la provocation, l’abus de pouvoir. Et combien d’autres formes de travers humain?

Lorsqu’on la regarde sous ses différentes formes, c’est à ce moment que l’on comprend que la dominance n’est rien d’autre qu’un obstacle au leadership.
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