mardi 26 mai 2009

Enquête Villanueva: Agir avant

Hier soir au Téléjournal de Radio-Canada, peut-être avez-vous vu le reportage d’ouverture en rapport à l’enquête du coroner sur la mort de Freddy Villanueva. En résumé, le reportage fait état du démarrage chaotique de l’enquête entre autres parce que la famille et les deux personnes blessées lors de l’événement tragique refusent de participer. Il y a également des groupes de défenses qui ont annoncé qu’ils ne participeraient pas.

Le problème derrière ces refus de collaboration est en lien avec la représentation des partis par des avocats. Les proches de feu Freddy Villanueva et autres personnes impliquées allèguent qu’ils n’ont pas les moyens de se payer des avocats. Ils demandent au gouvernement de leur en payer étant donné que les policiers eux seront représentés par des avocats payés par les deniers publics.

En entrevue avec l’avocat Jean-Claude Hébert, Céline Galipeau demandait pourquoi ces problèmes n’avaient pas été réglés avant le début de l'enquête. D’autant plus que depuis plusieurs semaines, les partis avaient annoncé qu’ils ne participeraient pas s’ils ne pouvaient avoir d’avocats payés par le gouvernement. C’est à ce moment que j’ai pensé leadership! Avez-vous dit leadership?

Combien de fois laisse-t-on trainer les problèmes au sein des entreprises? Attendons d’être rendu à la rivière avant de penser comment nous la traverserons semble parfois être la devise.

Ce qui se passe actuellement dans l’enquête du coroner reflète bien la façon dont on traite certains conflits organisationnels. Souvent, on préfère attendre d’être rendu à la rivière afin de voir comment les uns et les autres réagiront sous la pression ou sous la menace de sanction. Dans le cas qui nous intéresse, le coroner a averti les membres de la famille et les témoins qu’ils pourraient être arrêtés s’ils ne se présentaient pas aux audiences.

Personnellement, je comprends très bien que le dossier est épineux. Indirectement, c’est un débat entre le bien et le mal. De son côté le gouvernement ne veut pas créer de précédent en payant des avocats à ceux qui veulent faire valoir leurs points : les policiers ont abusé de leurs pouvoirs, le profilage racial, etc. De l’autre côté, les gens se sentent lésés et croient que l’intérêt des autorités est de clore le dossier le plus rapidement possible afin de cacher ce qu’ils considèrent être une bévue policière.

À mes yeux, l’actuelle impasse est intéressante car elle démontre l’impact que peut avoir sur le leadership la rencontre de deux visions diamétralement opposées. Lorsque les gens ne sont pas d’accord avec l’approche que préconisent ceux qui ont le pouvoir de décider, le leadership est tout simplement impossible.

Pourquoi avoir attendu demandait Madame Galipeau à Maitre Hébert. Parce que souvent, ceux qui détiennent le pouvoir espèrent gagner leurs points par l’entremise du temps. Souvent, on espère que l’autre parti va abandonner ses positions par résignation ou par peur de représailles. Souvent, on préfère la méthode réactive à la méthode proactive. Souvent, on préfère le contrôle à la collaboration.

Avec une mort d’homme, je comprends très bien que les enjeux sont grands. Il y a les possibilités de poursuite, l’image et la réputation des services de police au sein de la population, l’ordre public, etc. N’empêche pourquoi avoir attendu?

Le démarrage chaotique de l’enquête du coroner est un bel exemple que le pouvoir ne fait pas toujours bon ménage avec le leadership. Cela est d’autant plus vrai lorsqu’on espère que le temps agira à notre avantage. Il est vrai que parfois le temps nous permet de gagner ce qu’on veut. Toutefois, il est important de comprendre qu’à ce moment, c’est le pouvoir qui gagne au détriment du leadership. Plus important de comprendre est que si l’effet du temps ne fonctionne pas, c’est alors le pouvoir et le leadership qui sont perdants. Parce que le pouvoir sans crédibilité mène au chaos.

Ce qu’il faut retenir de ce début d’enquête chaotique lorsqu’on veut du leadership, c’est que l’attitude réactive n’est pas celle à adopter pour faire avancer un dossier. Lorsqu'on veut du leadership, il faut être proactif. Lorsqu'on veut du leadership, il faut agir avant d’être rendu à la rivière.

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