mercredi 13 mai 2009

Croyez-vous au leadership?

Hier je vous parlais du Forum Urgence Leadership qui aura lieu à Montréal le lundi 1er juin comme étant un événement incontournable pour qui s’intéresse au leadership. Aujourd’hui je vous demande si vous croyez au leadership. Cela frôle la contradiction me direz-vous. Pour ma part, je dirais que c’est plus une question de doute. Je l’avoue, j’ai parfois des doutes. En fait, il serait plus juste que je dise que j’ai souvent des doutes. Des doutes encore plus grands lorsque je regarde l’actualité.

J’ai des doutes sur la motivation des gens à vouloir exercer du leadership. J’ai des doutes sur la compétence des organisations à identifier correctement leurs soi-disant leaders. Entre nous, j’ai des doutes sur le réel désir des entreprises à développer le leadership au sein de leur personnel.

Je doute lorsque je prends connaissance que la CDPQ a continué à acheter des PCAAs alors que l’industrie avait émis des signaux d’alarme. J’ai des doutes lorsque je vois un ancien premier ministre dire que son erreur a été de ne pas documenter adéquatement ses tractations alors qu’il recevait plus de 200 000$ dans des enveloppes brunes. J’ai des doutes lorsqu’on annonce le congédiement du PDG de la SOLIM parce qu’on vient de prendre conscience que sa gestion n’est pas conforme aux attentes.

Je doute lorsque j’entends des excuses de la part de ceux qui ont commis des fautes. «Je n’aurai pas dû mettre l’argent dans des coffrets de sûreté. J’aurais dû déclarer plus tôt les montants reçus auprès du ministère du Revenu». «On ne croyait pas que tous les marchés pouvaient s’effondrer en même temps». «Je m’excuse, c’est mon erreur». Je doute lorsque j’entends des excuses car ces dernières sont recevables que dans les cas accidentels. Elles ne sont pas recevables dans les cas intentionnels.

Je doute lorsque je vois qu’il faut une commission d’enquêtes, ou parlementaire, pour tenter de faire la lumière sur les événements. Je doute lorsque j’entends les excuses parce que je me dis que tout aurait pu passer incognito. Je doute lorsque je pense que la petite brèche par laquelle on tente de faire la lumière aurait pu ne jamais s’entrouvrir.

Je doute concernant les attentes que plusieurs ont par rapport au leadership. Je doute lorsque je communique mes connaissances à grande échelle ou ici sur mon blogue. Je doute lorsque je pense que mon expertise pourrait être utilisée à mauvais escient.

Je doute parce que j’aime douter. Le doute permet d’ouvrir nos horizons. Il permet d’entrevoir les différentes avenues et possibilités. Le doute consolide nos idées. Il permet une meilleure compréhension des enjeux. D’une certaine façon, le doute accélère l’apprentissage.

Lorsque vient le temps d’apprendre, il est important de douter. Parce que c’est le doute qui permet d’avancer. Et cela est d’autant plus vrai lorsqu’il est question de leadership. Le doute est salvateur pour le leadership car il permet d’éviter de trop se croire.

C’est dangereux de trop croire en soi parce que lorsque c’est le cas, on en vient à se voir au-dessus des règles et des lois. C’est à ce moment que nos actions dérapent. C’est à ce moment que l’on pense qu’il est normal de recevoir de l’argent comptant et de le mettre dans des coffrets de sûreté à l’abri des regards et des impôts. C’est à ce moment que l’on pense qu’il est impossible que les marchés financiers ne s’effondrent.

Le doute permet de s’arrêter et nous interpelle intérieurement. Le doute nous demande si ce qu’on fait a du sens. À voir l’actualité des derniers jours. On comprend que plusieurs ne doutent pas assez. Plusieurs se croient au-dessus des règles et des lois.

Ce qui se passe dans l’actualité me laisse croire que plusieurs organisations ne doutent pas assez. En découlent de nombreux problèmes. En fait, les organisations rencontrent des problèmes parce qu’elles ne doutent pas du leadership. Plusieurs organisations croient que le leadership est quelque chose de bien. Est-ce toujours le cas?

L’actualité nous donne la réponse. On trouve plus facile de croire au leadership que de douter du réel leadership des gens. Lorsque la brèche s’entrouvre, on fait une quelconque commission pour se rassurer. Une commission qui nous donne l’impression qu’on a la situation en main. Ce qui nous laisse croire qu’on a du leadership.

Bien des problèmes seraient évités si plus de gens doutaient. De nombreuses guerres n’auraient jamais eu lieu si certains avaient eu un minimum de doute dans leur esprit. Des milliers et des millions de gens auraient pu vivre normalement si d’autres s’étaient arrêtés pour prendre conscience que leurs actions n’avaient aucun sens. Des millions et des milliards de dollars ne seraient pas disparus des poches des investisseurs si certains avaient douté de la qualité des PCAAs.

Le doute ouvre l’esprit. Il facilite l’acquisition de nouvelles connaissances. Il permet les échanges avec l’autre qui a un point de vue différent. Le doute est essentiel pour assurer une démarche claire, lucide et mobilisatrice. Alors je vous pose la question : Croyez-vous au leadership?

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1 commentaire:

  1. J’ai atteint votre article via un lien que vous avez laissé sur le blogue de Josée Legault le 10 septembre.

    Votre titre me surprend toujours chaque fois que je le vois….conseiller en leadership….parce que je suis déléguée syndicale malgré que je n’aie aucun leadership. Pourquoi occuper ce poste alors vous demandez-vous peut-être?.....parce que personne ne veut l’occuper, même les leaders « naturels » qui se disent expérimentés et de qui, disent-ils, je devrais prendre conseils.

    Mes convictions personnelles de la vie en société et plus particulièrement en tant que travailleuse syndiquée, m’ont poussé à prendre la place. Avoir des opinions c’est très bien, mais ça prend aussi un champ d’application concret. Je suis bonne 2e…. sur le front je fais ce que je peux.

    Je crois qu’il faut y aller avec sa personnalité. Parce qu’il y a des standards naturels pour être leader : être un grand homme avec une voix grave et faire peur….je n’ai rien de tout ça. Je l’ai expérimenté : la même phrase dite par moi n’a pas le même impact que si elle est dite par exemple par mon directeur syndical, autant face au patron que face aux employés. Quand j’ai commencé en 2005, ça faisait 13 ans que je travaillais avec eux. Ils m’ont tout appris mon travail de terrain et je connaissais donc leurs forces, leur potentiel et leur intelligence.

    Ma première approche était de faire la communication entre ce qui se disait au syndicat, l’employeur et les employés. Lorsqu’il y avait litige entre un employé et la « ligne syndicale », je rencontrais l’employé et au travers la discussion, je prenais connaissance de son point de vue et lui disais syndicalement ce qu’il serait préférable de faire. Ce à quoi je me suis fait souvent répondre : oui mais moi ça fait mon affaire. Je terminais toujours la discussion en disant : tu sais ce qui en est, tu es un adulte, tu es capable de réfléchir, fais ce que tu crois être le mieux.

    Par cette attitude, on m’a dit que je manquais de leadership, ce à quoi je répondais : je le sais je n’avais même pas d’autorité sur mon chien, alors le reste de l’humanité….je ne suis pas un bourreau et j’applique dans ma vie de travail les mêmes valeurs que dans ma vie privée. La liberté en est une, faire confiance, privilégier la discussion plutôt que de donner des ordres ou de contraindre, et surtout aller chercher le côté intelligent que je sais qu’ils ont.

    Est-ce-que ça marche? Je ne sais pas trop….la majorité apprécie mon travail, les autres me conspuent. L’important est d’être soi-même. Ne pas se travestir à l’image qu’on se fait d’un leader. Je ne suis pas une héroïne, ni une missionnaire, ni un bourreau, ni un punching bag, je n’ai pas de testostérone, j’ai le même titre d’emploi qu’eux, je fais le même travail qu’eux, nous avons la même convention collective….bref je suis leur égale qui fait une job de communication. Vont-ils suivre les consignes lorsqu’elles viendront en temps et lieu?....je ne sais pas…je sais qu’il y a des leaders de terrain qui tirent du bord contraire…

    Il est difficile d’agir en employé syndiqué quand les médias et en général ceux qui nous dirigent, autant patrons que politiciens, sont clairement anti syndicalistes. Faut que je deal avec tout ça. Est-ce-que j’aime ça? Lorsque quelqu’un va se manifester pour prendre la place, je vais lui ouvrir grande la porte. Et je deviendrai une excellente soutien au délégué.

    Pour répondre à votre question : Croyez-vous au leadership? Définitivement. Il y a les bons leaders qui dégagent de l’énergie positive et les mauvais leaders qui dégagent le contraire. Et tous les leaders, peu importe leurs bonnes ou mauvaises valeurs de vie, ont leurs appuis et leurs opposants. Certains en ont payé de leur vie : Ghandi, Kennedy, Martin Luther King, Pablo Escobar, pour nommer les plus connus. Ailleurs que dans notre pays, à tous les ans, des leaders syndicaux sont assassinés.

    Enfin, c’est un petit témoignage de mes quelques années dans une position dite de leader et les quelques réflexions qui en ont surgi.

    Danièle Bourassa

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